L'auteur raconte de façon factuelle son expérience d'internement au sein d'un hôpital psychiatrique, pendant quelques jours, à des fins journalistiques.
J'ai trouvé intéressant les lettres de médecins et de patients qui alimentent le débat et la réflexion du lecteur sur ce sujet.
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Au départ, ce devait être une enquête classique, un article suscité par le rapport 2001 de la Cour des comptes. Ce dernier, dans un long chapitre consacré à la psychiatrie, relevait sans l'expliquer un chiffre qui, au Nouvel Observateur, nous avait plus particulièrement interpellés : 45% d'augmentation des hospitalisations sous contrainte entre 1988 et 1995. Pourquoi cette inflation? Je suis allé le demander à des psychiatres, à des malades, à des internés. Au fil des entretiens s'est dessinée une image de l'hôpital psychiatrique étrange, dure, parfois difficile à croire, souvent confuse et contradictoire. J'ai eu alors envie d'aller y voir de plus près, de raconter de l'intérieur le quotidien d'un internement.
Tous les psychiatres que j'ai rencontrés ont trouvé l'idée excellente... jusqu'au moment où je leur ai proposé de passer quelques jours dans leur service. Là, d'un coup, cela ne devenait plus possible, vous comprenez, l'administration, le secret médical, le droit des malades...
Le temps a déjà perdu de sa densité. J'ai l'impression que rien de nouveau ne se passe, que trois jours ont suffi à émousser mes capacités à observer, à noter.
Une infirmière vient m'annoncer mon départ proche. Je suis transféré à Maison-Blanche, un hôpital situé près de Paris. L'ambulance passera me prendre après le déjeuner.
Les adieux ne semblent pas de mise. Je n'en fais donc pas, me contentant de proposer à la cantonade ma carte téléphonique. Immédiatement, vingt mains se tendent pour l'avoir. Mon départ indiffère, sauf Michel qui me parle de ma "chance".
Notre devoir n'est pas de nous débarrasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie.
"Par la porte entrebâillée, les grabataires ne perdent pas un de mes gestes. Aucun des deux ne parle ni ne répond aux "bonjour". Tous les matins, à mon réveil, elles seront là. À quelle heure les sort-on ? Ne les rentre-t-on jamais ?"
Les 3 mousquetaires 1 & 2