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Marguerite Derrida (Traducteur)
EAN : 9782020005876
254 pages
Seuil (01/06/1970)
3.96/5   55 notes
Résumé :
Parue en 1928, la Morphologie du conte est à l'analyse structurale du récit ce que le Cours de Saussure est à la linguistique : la source d'inspiration. Cent contes de fées russes permettront à Propp d'identifier une matrice dont tous les autres sont issus. Reconnaissant en lui son précurseur, Lévi-Strauss évoque son «immense mérite» et ses «intuitions prophétiques
La présente traduction est la première à suivre l'édition russe définitive de 1969; S'y ajouten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Après Barthes et ses Mythologies, un autre ouvrage classé dans la catégorie linguistique. Morphologie du conte de Vladimir Propp est un livre qui présente les travaux d'un ethnologue russe du siècle dernier, contemporain de Lévi-Strauss et qui le premier démontra l'existence d'une structure commune à tous les contes merveilleux. La matrice qu'il propose se fonde sur une analyse de centaines de contes de fées russes; elle servira de base à ses successeurs dans le monde entier. le propos est intéressant, mais paraîtra surement rébarbatif pour qui ne souhaite mobiliser ses méninges trop intensément durant une lecture. Une fois de plus, un chercheur montre qu'un récit commun lie les êtres humains...
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"Morphologie du conte" devrait être un livre de chevet pour tout amateur de littérature de l'imaginaire.

Analysant une centaines de contes russes, Vladimir Propp en extrait une grammaire, mettant en évidence les schémas narratifs de base.

Au delà des contes de fées de notre enfance, on retrouve assez régulièrement ces schémas dans la littérature fantastique, la fantasy ou encore la science fiction.

La compréhension de ces ressorts, loin de diminuer le plaisir du lecteur, l'augmente d'avantage. La richesse d'un auteur se mesurant à la qualité des variations sur des thèmes pourtant classiques.

Dans tous les débats sur le copyright, la compréhension des morphologies des contes de fées, permet de se rendre compte à quel point le débat est aujourd'hui biaisé.

Le schéma narratif étant difficilement original, c'est son habillage plus ou moins élégant qui est l'expression créatrice de l'auteur.
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Propp établit un parallèle entre le fonctionnement d'un conte merveilleux et celui de la phrase. Certains éléments ont des "fonctions" nécessaires (comme sujet-verbe-objets du verbe) et d'autres facultatives (compléments). Par leur nature, ces éléments nécessitent le recours à d'autres fonctions spécifiques (comme certains verbes nécessitent un objet direct, indirect ou deux objets… comme le déterminent appelle un nom) : l'interdiction souvent énoncée par les parents appelle l'acte de transgression, le méfait commis par un agresseur (enlèvement, vol…) appelle la quête du héros, un combat et la réparation du méfait… le point de fin de phrase pourrait être la transfiguration du personnage principal en héros, c'est-à-dire le passage de l'enfant à l'adulte. Ainsi considéré, l'essai a des airs d'ouvrage de grammaire rébarbatif dans lequel seraient listés des fonctions et les différentes natures d'objets qui peuvent les remplir...

Maladroitement caché derrière sa posture de scientifique du littéraire, à la manière de ses collègues formalistes russes, Propp propose un outil descriptif efficace mais suggère mal le potentiel d'interprétation que permet son analyse. Si les fonctions ont une importance spécifique dans les contes, c'est que la structure répétitive et donc attendue soutient la portée éducative des contes. C'est-à-dire qu'une fonction appelle une fonction réponse (interdiction-transgression-conséquence ; épreuve-échec-nouvelle épreuve… méfait-quête-réparation…) et les lecteurs ou auditeurs du conte prêtent particulièrement attention à la nature d'une fonction qu'ils reconnaissent comme telle dans la mesure où ils savent que viendra une fonction qui lui fera réponse est dont ils attendent la nature. C'est par cette interdépendance forte qu'apparaît une lecture morale (qui sera l'objet du travail de Bettelheim dans Psychanalyse des contes de fées).

La description de certaines fonctions est intéressante en soi (éloignement, transgression, fonction du donateur, marque...), mais surtout peut à merveille servir de ressource pédagogique pour l'écriture de conte : l'apprenti conteur fait son choix comme dans un catalogue, est entraîné par ses choix dans son récit comme dans un livre dont vous êtes le héros. Mais c'est à la toute fin de son essai et plus explicitement dans l'article « Les Transformations du conte merveilleux », publié la même année donc comme une sorte de complément, que Propp évoque la lecture anthropologique qu'on peut avoir de son travail, suggérant très prudemment que les contes trouveraient leurs origines dans les cultures ancestrales d'avant l'antiquité… Il pense là aux peuples à croyances animistes (nombreux dans le nord et l'est de la Russie). Certains sujets (dragons, fées) et objets magiques peuvent être considérés comme des réminiscences de ces anciennes cultures où les peuples s'attiraient les bienfaits ou méfaits des esprits par leurs actions, préservés dans les contes car ils possédaient un potentiel symbolique fort. D'autres se sont transformés, s'adaptant aux contextes locaux et culturels. Mais ce qui ressort de ce rapprochement, c'est le parallèle évident qu'on pourrait faire entre le conte et le rite de passage à l'âge adulte de ces peuples anciens. le conte ainsi proposé aux enfants serait une vision déformée de la transformation qu'on attend d'eux (responsabilité, autonomie, justice, entraide...).

Pour illustrer ces "fonctions" et plonger dans l'interprétation anthropologique du conte, je vous propose mon Essai de reconstitution des rites de passages à l'âge adulte tels qu'on peut les imaginer à travers les contes, écrit d'après les descriptions de Propp et son idée que les contes merveilleux prennent source dans les rites et croyances des peuples ancestraux.
Ici : https://leluronum.art.blog/2022/06/01/mes-petites-ecritures-le-rite-de-passage-dans-les-contes-article/
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Un essai que j'ai trouvé passionnant.

Ce livre étant cité dans presque tous les ouvrages que j'ai lu ces derniers temps, je me suis dit qu'il était grand temps de s'y mettre. Et je l'ai vraiment adoré (oui, on peut adorer les essais).

Pour commencer, je dirai que j'ai été surprise par le style d'écriture. L'ensemble est fluide et plutôt clair. C'est un essai de très grande qualité qui sait être accessible à son lectorat. Bref, pas besoin d'avoir une grosse culture G pour le lire, et encore moins de faire le vide dans son cerveau pour réussit à saisir une phrase.
Vraiment, j'apprécie ce type d'essai qui a une écriture claire et accessible sans pour autant sacrifier au fond et au sérieux (cf mon amour des livres de Claude Lecouteux).

Ceci dit, je pense qu'au moins deux lectures doivent être nécessaires pour pouvoir parfaitement saisir l'ouvrage. Non pas que la lecture soit complexe, mais les « fonctions » s'agencent un peu comme des éléments mathématiques (notés A, B, etc.). Il est donc parfois – souvent – difficile de ses souvenirs des correspondances entre fonctions et symboles. La lecture n'en est pas gênante cependant.

Après, j'ai des difficultés à juger le contenu, car ce n'est pas un domaine que je maitrise, que ce soit les contes merveilleux russes ou encore ce type d'étude. Mais j'ai trouvé les démonstrations pertinentes et les exemples convaincants.
Après, l'ouvrage a son âge et je ne doute pas que beaucoup de choses ont dû être écriture pour appuyer ou contredire ses théories.

L'essai se compose, de deux autres textes :
Les transformations du conte merveilleux : Là, j'avoue, je n'ai pas tout suivi. Ce n'est pas du tout dans mon domaine et une seconde lecture va s'avérer nécessaire. Ceci dit, le texte possède les qualités de « Morphologie du conte ».
L'étude structurale et typologique du conte : cet article est tout l'inverse de « Morphologie du conte ». Je n'ai rien compris ! L'auteur évoque des théories, des auteurs et leurs idées, que je ne maitrise absolument pas. Et avec au moins 4 idées/notions complexes très spécifiques à chaque phrase, phrases qui font une demi-page chacune, je me suis complètement perdue.

Un ouvrage que je recommande pour les gens qui s'intéressent au monde du monde, mais aussi à celui du fantastique en général, car l'ouvrage est encore une grosse référence dans son domaine.
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Vladimir Propp est le premier qui a montré que les contes obéissaient à une même structure. En partant de l'observation et de l'analyse d'une centaine de contes russes cet ethnologue a décortiqué leur schéma narratif de base. Cet ouvrage est d'une lecture aisée et fluide, aussi pointu soit-il . On ne peut s'empêcher de constater aisément que ce qu'il dit des contes russes s'applique tout aussi bien aux contes de Grimm ou de Perrault. Fascinant ! Et loin de diminuer le plaisir de la lecture de contes, il ne fait que le décupler car ce ce qui fait la beauté d'un conte ce sont l'inventivité de l'auteur dans les variations et le talent du conteur à captiver son auditoire ou ses lecteurs. C'est un ouvrage de référence pour l'univers du conte, et même du fantastique en général.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous entreprendrons de comparer entre eux les sujets de ces contes. Pour cela, nous isolerons d’abord les parties constitutives des contes merveilleux en suivant les méthodes particulières, puis nous comparerons les contes selon leurs parties constitutives. Le résultat de ce travail sera une morphologie, c’est-à-dire une description des contes selon leurs parties constitutives et des rapports de ces parties entre elles et avec l’ensemble. […] Ce qui change, ce sont les noms (et en même temps les attributs) des personnages ; ce qui ne change pas, ce sont leurs actions, ou leurs fonctions. On peut en conclure que le conte prête souvent les mêmes actions à des personnages différents. C’est ce qui nous permet d’étudier les contes à partir des fonctions des personnages. Nous devrons déterminer dans quelle mesure ces fonctions représentent effectivement des valeurs constantes, répétées, du conte. Tous les autres problèmes dépendront de la réponse à cette première question : combien de fonctions le conte comprend-il ? L’étude montre que les fonctions se répètent d’une manière stupéfiante. C’est ainsi que pour mettre à l’épreuve ou récompenser la belle-fille, nous rencontrons aussi bien Baba-Yaga que Morozko, l’ours, le sylvain ou la tête de jument. En poursuivant ces recherches, on peut établir que les personnages des contes, si différents soient-ils, accomplissent souvent les mêmes actions. Le moyen lui-même, par lequel une fonction se réalise, peut changer : il s’agit d’une valeur variable. Morozko agit autrement que Baba Yaga. Mais la fonction en tant que telle est une valeur constante. Dans l’étude du conte, la question de savoir ce que font les personnages est seule importante ; qui fait quelque chose et comment il le fait, sont des questions qui ne se posent qu‘accessoirement. Les fonctions des personnages représentent ces parties constitutives qui peuvent remplacer les motifs de Veselovski ou les éléments de Bédier. Notons que la répétition des fonctions par des exécutants différents a été remarquée depuis longtemps par les historiens des religions dans les mythes et les croyances, mais ne l’a pas été par les historiens du conte. Ainsi que les caractères et les fonctions des dieux se déplacent des uns aux autres et passent même finalement aux saints chrétiens, les fonctions de certains personnages des contes passent à d’autres personnages. Nous pouvons dire en anticipant que les fonctions sont extrêmement peu nombreuses, alors que les personnages sont extrêmement nombreux. C’est ce qui explique le double aspect du conte merveilleux : d’une part son extraordinaire diversité, son pittoresque haut en couleur, et d’autre part son uniformité non moins extraordinaire, sa monotonie. Les fonctions des personnages représentent donc les parties fondamentales du conte et c’est elles que nous devons d’abord isoler. Pour cela il faut d’abord définir les fonctions. Cette définition doit être le résultat de deux préoccupations. Tout d’abord, elle ne doit jamais tenir compte du personnage-exécutant. Dans le plus grand nombre des cas, elle sera désignée par un substantif exprimant l’action (interdiction, interrogation, fuite, etc.). Ensuite, l’action ne peut être définie en dehors de sa situation dans le cours du récit. On doit tenir compte de la signification que possède une fonction donnée dans le déroulement de l’intrigue. […] Des actes identiques peuvent avoir des significations différentes et inversement.
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Dire une source unique ne signifie pas forcément que les contes ont pour origine, par exemple l'Inde, et qu'à partir delà ils se sont répandus dans le monde entier, prenant au cours de leurs voyages des formes différentes, selon ce que certains admettent. La source unique peut être, aussi bien psychologique, sous un aspect historico-social.
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À l'origine des contes, p. 131
Si tous les contes merveilleux sont aussi uniformes, cela ne signifie-t-il pas qu’ils proviennent tous de la même source ? […] il semble en effet qu’il en soit ainsi. Cependant, le problème des sources ne doit pas être posé de façon étroitement géographique. Dire « une source unique » ne signifie pas forcément que les contes ont pour origine, par exemple, l’Inde, et qu’à partir de là ils se sont répandus dans le monde entier, prenant au cours de leurs voyages des formes différentes, – selon ce que certains admettent. La source unique peut-être, aussi bien, psychologique, sous un aspect historico-social. […] Enfin, la source unique peut se trouver dans la réalité. Entre la réalité et le conte, il existe certains points de passage : la réalité se reflète indirectement dans les contes. Un de ces points de passage est constitué par les croyances qui se sont développées à un certain niveau de l’évolution culturelle ; il est très possible qu’il y ait un lien, régi par des lois, entre les formes archaïques de la culture et la religion d’une part, et entre la religion et les contes d’autre part. Une culture meurt, une religion meurt, et leur contenu se transforme en conte. Les traces des représentations religieuses archaïques que conservent les contes sont si évidentes qu’on peut les isoler avant toute étude historique, comme nous l’avons déjà indiqué plus haut. Mais étant donné qu’il est lus facile d’expliquer une telle hypothèse historiquement, nous établirons, en guise d’exemple, un bref parallèle entre contes et croyances. Les contes présentent les transporteurs aériens d’Ivan sous trois formes fondamentales : le cheval volant, les oiseaux, le bateau volant. Ces formes représentent justement les porteurs de l’âme des morts, le cheval dominant chez les peuples pasteurs et agriculteurs, l’aigle chez les peuples chasseurs, et le bateau chez ceux qui vivent au bord de la mer. On peut donc penser qu’un des principaux fondements structurels des contes, le voyage, est le reflet de certaines représentations sur les voyages de l’âme dans l’autre monde.
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Le mot de morphologie signifie l’étude des formes. En botanique, la morphologie comprend l’étude des parties constitutives d’une plante, de leur rapport les unes aux autres et à l’ensemble ; autrement dit l’étude de la structure d’une plante.
Personne n’a pensé à la possibilité de la notion et du terme de morphologie du conte. Dans le domaine du conte populaire, folklorique, l’étude des formes et l’établissement des lois qui régissent la structure est pourtant possible, avec autant de précision que la morphologie des formations organiques.
Si cette affirmation ne peut s’appliquer au conte dans son ensemble, dans toute l’extension du terme, elle le peut en tout cas lorsqu’il s’agit de ce qu’on appelle les contes merveilleux, les contes « au sens propre du mot ». C’est à eux seuls qu’est consacré le présent ouvrage.
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"Par fonction, nous entendons l'action d'un personnage , définie du point de vue de sa signification dans le déroulement de l'intrigue".
Les observations présentées peuvent être brièvement formulées de la manière suivante :
1.Les éléments constants, permanents, du conte sont les fonctions des personnages, quels que soient ces personnages et quelle que soit la manière dont ces fonctions sont remplies. Les fonctions sont les parties constitutives fondamentales du conte.
2. Le nombre des fonctions que comprend le conte merveilleux est limité
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