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EAN : 9782021011678
224 pages
Seuil (17/02/2011)
4.25/5   4 notes
Résumé :
La politique de la peur, c'est celle qui, menée par la droite comme par la gauche, empile les lois liberticides, développe sans relâche les techniques de surveillance et les fichiers, et choisit de brandir toujours plus haut la menace "terroriste". C'est celle qui, au nom du 11 septembre, s'en prend quotidiennement aux étrangers, aux jeunes, aux internautes, aux prostitués, aux chômeurs, aux autres, à tous les autres. Celle qui, avec l'active complicité des médias, ... >Voir plus
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Le Poulpe : La petite écuyère a cafté par Granotier

Le Poulpe

Sylvie Granotier

(8569)

199 tomes

Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Serge Quadruppani n'est pas seulement l'inventeur de la plantureuse commissaire Simona Tavianello (Saturne, La disparition soudaine des ouvrières…). Il fait aussi beaucoup d'autres choses. Grâce à lui, et à cet essai, j'ai appris, entre autres, que le fichier STIC (« Système de traitement des infractions constatées ») en France contenait en 2008 des données sur 25 millions de personnes. C'est ça qui devrait faire peur.

Dans « La politique de la peur », essai parfaitement documenté, Serge Quadruppani décortique l'essor des dispositifs législatifs, judiciaires et policiers au nom du combat contre le terrorisme depuis les années 1980, dans les pays occidentaux, en s'appuyant en particulier sur les exemples italiens et français. Réalisée au nom de la protection des populations et de la démocratie, il nous montre comment cet essor s'accompagne en fait d'un recul des garanties démocratiques, et sert les intérêts de ce que l'auteur appelle l'Empire, c'est-à-dire un ensemble sans cesse mouvant de puissances mondiales (les oligarchies mondiales sur lesquelles les politiques n'ont en général aucun levier, le complexe militaro-industriel …).

Avec l'immédiateté du récit qui s'impose aujourd'hui dans les médias, et l'enjeu de son contrôle du récit par les politiques, cet essai pointe du doigt le dangereux manque d'esprit critique des medias, en particulier à travers l'analyse de l'affaire de Tarnac.

Depuis la parution de ce livre, Ben Laden est mort, mais est-ce que cela a changé quelque chose à cette politique de la peur ? Et en France, a-t-on vu un changement de direction depuis 2012, ou bien les lois d'exception seront-elles maintenues à l'instar de ce qui s'est produit avec Obama qui n'a rien modifié au cours de son premier mandat aux mesures instaurées sous George Bush Jr au nom de l'antiterrorisme, malgré ses annonces de campagne ?

L'espoir doit venir de la vigilance et de la position de chaque individu.
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Belle analyse de la mécanique qui s'appuie sur la menace terroriste pour "dresser" le corps social.

Dans cet essai enlevé paru début 2011, Serge Quadruppani, à partir d'un matériel qu'il connaissait déjà bien ("L'antiterrorisme en France", 1989) dresse un tableau accablant et parfaitement documenté de la manière dont a pu se développer depuis 1995 et 2001, un arsenal judiciaro-militaro-policier d'une formidable puissance (et d'une non moins formidable rentabilité pour ses bénéficiaires), en s'appuyant sur une relecture permanente de la notion de "terroriste", et sur une complaisance qui abasourdit de la part de la majorité des média dominants.

Essai glaçant, tant le constat semble comporter d'irréversible (et le décortiquage de "l'affaire de Tarnac" le montre hélas de manière accablante pour les pouvoirs en place), mais essai roboratif toutefois, tant le re-développement de mouvements sociaux très déterminés, inventifs, et résolument non armés, remarquablement évoqués par l'auteur, peut comporter de lueurs d'espoir, aussi vacillantes soient-elles.

Une lecture politique indispensable à mon sens, et également - pas tant pour l'anecdote que cela - une excellente explicitation du logiciel décrit de manière plus souterraine par Alexis Jenni dans son récent "L'art français de la guerre".
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Big Brother incarne un moment unificateur de l’empire, la figure qu’il prend quand les diverses puissances qui le composent s’entendent pour désigner le terroriste, cet ennemi qui est la justification ultime à leur propre existence, à leurs propres exactions. Big Brother, c’est Bush mettant à prix la tête d’un Ben Laden que son pays a peu ou prou créé, c’est Poutine dénonçant les islamistes tchétchènes, seuls survivants de la guerre d’extermination menée par le président russe contre les indépendantistes démocrates, guerre lancée grâce à des attentats en Russie très vraisemblablement réalisés par ses propres services, c’est Ben Ali dont le clan met la Tunisie en coupe réglée au nom de la lutte contre l’islamisme ; Big Brother, c’est Berlusconi en intendant du G8, à Gênes, en 2001, quand sa police matraquait jusqu’au coma à l’école Diaz, torturait à la caserne Bolzaneto et tuait sur la place Alimonda : c’est l’alliance de tous les pouvoirs exerçant la terreur au nom de la lutte antiterroriste.
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Il n’y a que les fanatiques de la guerre des civilisations et autres « résistants à la montée du fascisme vert » pour croire que l’ordre mondial serait menacé par la fantasmagorie djihadiste. Le fait que le principal foyer d’intégrisme, l’Arabie saoudite, demeure sous l’inébranlable protection étatsunienne devrait suffire à les en convaincre. Comme le fait remarquer Mondher Kilani, « outre l’Amérique latine et l’Europe, l’espace d’influence américain s’étend aujourd’hui à la quasi-majorité du monde musulman ».
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Orwell laisse délibérément dans le flou la question de l’existence de Big Brother. On pourrait se contenter de la résoudre en disant que Big Brother est un rapport social médiatisé par des images. Mais, juste dans sa généralité, la glose sur la société du spectacle ne peut à elle seule rendre compte des complexités du réel. S’il existe bel et bien en tant que capacité à nous faire voir cinq doigts là où il y en a quatre, comme pouvoir de construire le réel en le racontant, s’il existe en tant que continuité d’une puissance d’illusion, le Grand Frère n’habite nulle part
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L’ordre planétaire né de la Seconde Guerre mondiale reposait sur la dissuasion nucléaire autrement appelée équilibre de la terreur. Vers le milieu des années 1980, il est clair que cet équilibre est rompu. Tandis que le projet de « guerre des étoiles » reaganien menace d’élever jusqu’aux cieux la course aux armements, il s’allie sur terre à la manipulation des prix du pétrole pour aggraver la déconfiture économique de l’Union soviétique.
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Si le gouvernement français s’efforce de rester dans les meilleurs termes avec la junte algérienne qui a tué pas mal de citoyens hexagonaux, c’est parce que, pour des raisons historiques mais aussi très contemporaines, il est impossible d’engager un conflit ouvert avec l’Algérie officielle et c’est surtout parce qu’elle pourrait tuer encore sur le territoire national, par « islamistes » interposés. Or les morts dans les métropoles et ceux sur des territoires considérés comme périphériques n’ont pas le même poids.
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Vidéo de Serge Quadruppani
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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