Le titre est évocateur, presque poétique pour aborder la dimension clinique de la problématique SDF (ou SDS). Rien de vraiment nouveau quand on a déjà lu sur le sujet mais des passages intéressants sur piercings et tatouages, sur la compagnie des animaux ou encore sur les processus qui conduisent à la rue, l'institutionnalisation durant l'enfance par exemple. On retiendra le terme d"'asphaltisation" pour désigner l'enracinement au trottoir ; les SDF sont "[...] comme soudés au sol, les pieds pris dans l'asphalte, au point qu'on ne peut plus repérer s'ils savent se tenir debout."
Vraiment intéressant car on dépasse la seule question économique, contextuelle pour aborder la souffrance psychique, les traumas ("La mémoire en souffrance") mais aussi pour interroger la vacuité des dispositifs d'accompagnement, leur décalage avec la problématique de cette population.
A lire pour mieux comprendre et questionner une réalité que l'on ne nous rappelle que lorsqu'il fait froid....
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S. Quesemand Zucca est psychiatre et a collaboré avec le Samu social de Paris, notamment via les maraudes.
Au travers de ce livre, elle nous fait partager son expérience, ses rencontres, ses réflexion... Ce n'est pas un documentaire, mais elle y décrit pourtant avec beaucoup de justesse et de compassion (je me permet ici de porter cette opinion par rapport à ma modeste expérience) ces "gens de la rue", ces "sans-abris", ces "exclus" de la société (voire de l'humanité !) que nous côtoyons pourtant.
Ce livre est fort, de part la retranscription fidèle de la réalité du terrain, des témoignages des gens de la rue (poèmes et autres citations) et par son sujet tout simplement.
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livre cru d'une psychiatre faisant des maraudes.
Une réalité à ciel ouvert pour des gens qui ne demandent qu'à le fermer.
A ire de toute urgence pour ceux intéressés par le sujet
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j'ai voulu me pencher sur ce livre dans le cadre de mon travail avec cette population.
Il est intéressant et se lit plutôt bien.
Je reprocherais juste cette vision trop psycho de la désocialisation de ce public sans un étayage pluridisciplinaire et parfois trop simpliste.
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L'asile s'est vidé et il ne faut pas le regretter. Mais on ne l'a pas remplacé. Avec la fermeture de ces lits, ce sont des centaines de vieux patients à qui l'on n'a plus donné asile, au sens propre du terme. C'est à partir de ce moment que s'est opéré, silencieusement, le déplacement du champ psychiatrique vers le champ social de toute une population de malades. [...] Peu à peu ils ont donc intégré les structures sociales à" bas seuil", et les prisons. Ils ont aussi rejoint les errants de la rue.
Ces modifications du seuil de la douleur se situent à la jonction sans doute la plus archaïque entre corps, psyché, douleur physique, douleur morale, et sensation d'appartenir ou non au corps social. Car lorsque le lien au corps social s'amenuise, c'est peu à peu le lien de l'humain à son propre corps qui s'estompe à son tour.