Un livre intéressant, qui traite d'un sujet peu commun : les murs, physiques, qui ont été édifiés - et le sont toujours - dans le monde. Des murs qui, heureusement, ont une forte tendance à être détruits...
L'analyse est intéressante, mais se concentre peu sur l'aspect psychologique du mur ainsi que les murs plus consensuels, comme ceux qui délimitent nos maisons. C'est surtout les aspects historiques et (géo)politiques qui sont abordés ici. le parti pris est intéressant, le ton assez neutre et le contenu plutôt factuel, avec quelques anecdotes intéressantes. Ce n'est pas un livre qui passionne, mais sa lecture est agréable et productive.
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Tout au long de son histoire (qui est loin d'être terminée), le mur "politique" apparaît donc en négatif, à quelques exceptions près. Le mur est contre ; il est anti ... Il n'est pas défensif au sens du château médiéval, mais, politiquement et philosophiquement parlant, offensif, agressif. On pourrait parler de "murs antipersonnel" comme des mines du même nom. On a vu à propos du mur anti-migration - celui qui émerge le plus sur la scène internationale - que sa nature n'était pas seulement matérielle, mais aussi symbolique, psychologique. quelle que soit sa fonction (souvent polyvalente), le mur d'interdiction prétend dissuader au-delà et rassurer en deçà.
Il apparaît donc que les murs ont de l'avenir. Le mur de Berlin, salué dans sa chute comme la fin des murs, constituait plutôt le début d'une génération nouvelle. Trop souvent comparés à lui, les murs qui aujourd'hui interdisent s'en distinguent pourtant en ceci que le premier empêchait de sortir alors que les seconds empêchent d'entrer. Ce n'est plus du tout la même chose.
Plus généralement, tous les murs qui interdisent un passage, bien que très différents dans leur histoire et leur raison d'être, ont en commun de susciter une condamnation universelle. Cependant, ceux qui en jugent - et notamment en France - sont toujours à bonne distance desdits murs et des problèmes aigus qui les ont provoqués.
Les murs d'aujourd'hui se distinguent décidément dans le domaine de l'exclusion, de l'ostracisme, de la fermeture collective. parmi eux, une nouvelle famille est née assez récemment - et il semble que ce soit paradoxalement celle qui ait le plus d'avenir. Il s'agit des murs avec lesquels, à défaut de pouvoir enfermer (on pense au mur antidélinquant de Padoue et à la vague d'indignation qu'il a soulevée), on s'enferme soi-même, toujours collectivement.
Il n'est pas des murs que de fermeture et d'interdiction. Il en est aussi qui proclament et manifestent. Le plus célèbre est celui de la démocratie à Pékin.
Storia Voce - 5 juin 2019
Une histoire incorrecte de la Révolution
Plus qu’un simple objet d’histoire, la Révolution Française est pour certains un mythe, un fantasme, une idole. Un mythe aux contours flous qu’il faut sans cesse réinventer et adapter, un mythe populaire écrit par des intellectuels, un fantasme qui ensorcelle et qui fascine. Mais la Révolution française est aussi une idole, qui semble pourtant chanceler depuis 1789 dans son sanctuaire. Elle est une idole ébréchée mais dont les débris semblent toujours replacés dans le saint des saints du temple de l’histoire. L’historiographie semble le montrer : étudier la Révolution française ne peut-être qu’un pèlerinage ou une guerre sainte. Une chose est sûre, la salle capitulaire ne se désemplit pas même si tout le monde ne semble pas avoir le droit au chapitre. Mari-Gwenn Carichon reçoit au micro de Storiavoce, l’historien Claude Quétel, qui vient de publier aux éditions Tallandier et Perrin, l’ouvrage : Crois ou meurs, une histoire incorrecte de la Révolution française.
L'invité: Claude Quétel est un historien tout d’abord spécialiste du 18ème siècle Directeur de recherche honoraire au CNRS, il est spécialiste de la folie et de la psychiatrie. On lui doit, entre autres une Histoire de la folie, de l’Antiquité à nos jours (624 pages, 12,5 euros) chez Tallandier et une Histoire des murs (320 pages, 9 euros) chez Perrin. Reconnu comme un fin connaisseur de la Seconde Guerre mondiale, il a également été directeur scientifique du mémorial de Caen avec La Seconde Guerre mondiale (Perrin, 480 pages, 24,9 euros), L’Impardonnable Défaite (Tempus, 480 pages, 11 euros). Son Crois ou meurs est le récit historique de la période la plus controversée de l’histoire de France et l’aboutissement d’un travail de plusieurs années. Il a été coédité par Perrin et Tallandier (512 pages, 21,90€).
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