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EAN : 9782818041000
112 pages
P.O.L. (04/11/2016)
3.88/5   33 notes
Résumé :
En 1697, John Locke avait trouvé plein de bonnes idées pour occuper les pauvres. Il les résumait dans un bref exposé : « Que faire des pauvres ? » Aujourd’hui, réduits à une foule semi-clandestine ou noyés dans la Méditerranée, les pauvres ne semblent plus être une question. D’après Nathalie Quintane, le véritable problème des sociétés modernes, ce sont les classes moyennes. Nourri par une foultitude de documentation récente disponible virtuellement ou sur du papier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je n’avais rien lu de Nathalie Quintane avant ce petit ouvrage. Sa forme littéraire est parfois un peu surprenante mais révèle quelqu’un qui s’intéresse à la langue et aux moyens de l’expression. Elle fait un usage abondant de l’ironie ; mais comment parler de notre déliquescente société sans ironie, c’est à peu près la seule défense qui nous reste pour ne pas sombrer, corps et biens. La conscience étant devenue, comme l’on sait, un grave inconvénient.

Ce petit livre parle donc de cet agglomérat vague que constituent les classes moyennes, de ses motivations, de ses choix désastreux et de leurs conséquences sur l'évolution de notre société. Il ne prétend pas apporter de réponses et se contente d’interpeller à travers cette interrogation d'autant plus inquiète que Nathalie Quintane se reconnait elle-même comme appartenant à cette catégorie sociale.
Ce que veut la classe moyenne, avant toute chose, c’est sauver ses fesses ; la classe moyenne a la hantise du déclassement. Les pauvres, eh bien qu’ils se démerdent les pauvres ! La classe moyenne n’aime pas se souvenir d’où elle vient, de ce à quoi elle appartient et surtout vers quoi elle est en train de retourner.
La classe moyenne veut à tout prix continuer à s’illusionner (par exemple, à admirer et imiter les riches qui la préssurent et rient d'elle) ; et peu importe si cette persistance dans l’illusion mène à son propre désastre puisque, après tout, la classe moyenne n’existe pas ailleurs que dans ses illusions. Le prolétariat : non et non ! La classe moyenne, malgré tous les démentis qui lui sont chaque jour infligés se voit appartenir à une élite. En tous les cas, elle veut y arriver et merde aux pauvres. Ces salops de pauvres qui, malgré tous les efforts que l’on fait pour ne pas les voir, pour habiter ailleurs qu’eux dans des « stratégies résidentielles », réapparaissent obstinément et toujours plus nombreux; ces pauvres qui le plus souvent se voient appartenir à la classe moyenne ...
J'ai noté aussi cette remarque: "Le ressentiment est une révolte qui a mal vieilli et c'est dommage, bien dommage pour celles et ceux qui en sont les victimes. "
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Au titre de "Que faire des classes moyennes ?" , comme en écho , je réponds par une question : C'est quoi ce livre ? Et n'entendez pas dans le "quoi" quelque chose de dépréciatif, de moqueur, de soupir excédé de lecteur ayant été agacé....non...entendez plutôt une interrogation épatée, celle de quelqu'un découvrant un territoire inconnu qui l'étonne agréablement.
Pour répondre à ma question disons que le livre de Nathalie Quintane serait de la sociologie qui aurait zoné chez Desproges, bu un verre avec un révolutionnaire et décidé de tirer la langue à tous ces illusionnistes du langage qui glosent à longueur d'année dans nos médias. En le qualifiant ainsi, je suis encore bien en dessous de la vérité, car ce texte presque foldingue développe bien plus que cela.
En prenant comme thème l'idée que l'on se fait, que l'on essaie de nous donner des classes moyennes, l'auteure, navigue dans ce concept au gré d'une fantaisie que je qualifierai de rageuse. Avec une poésie gauguenarde, elle associe toutes sortes de théories, de calculs, décrits des schémas en bouteille, en pyramide, baguenaude au gré des clichés, cite longuement Debord, part en Afrique, rôde dans les lotissements de banlieue, débusque les moindres signes de ce qui pourrait caractériser cette classe moyenne, masse nébuleuse et moutonnière. Sans jamais répondre réellement à la question du titre, au fil des pages, par petites touches, par toutes petites saillies impertinentes, par des détails glissés subrepticement au détour d'une phrase, le portrait se dessine petit à petit. Et celui que j'ai cru dresser, moi membre de cette classe moyenne, est franchement pas sympathique. Je suis donc un ex pauvre qui fait tout son possible pour ne pas revenir en arrière, consommant, courant, me perdant dans des désirs balisés par des riches, fermant les yeux sur les miséreux pour qu'ils ne gâchent pas ma petite vie, ayant peur de l'étranger, vivant dans l'illusion de la richesse, de la culture et de la démocratie. Oui, c'est cinglant comme une des dernières phrases de son livre, qui ouvre des champs de réflexion pour qui veut l'entendre : " ...les classes moyennes étaient en train de mettre en place le système de compensation qui permettrait que tout change pour que rien ne change, ...", affirmation qui laisse à penser qu'elles sont sans doute le principal obstacle à tout changement démocratique.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Drôle de petit livre, tout à la fois l'impression de croiser Houellebecq pour le surplomb condescendant et affectif pour son sujet d'étude, Debord pour les sentences aussi justes que périssables et Perec pour les mathématiques facétieuses.
Tout a la fois emprunt d'une réelle acuité, parfois drôle, mais souvent erratique dans son travail d'exposition, d'où cette sensation de ne pas savoir en définitive à quel objet on a réellement affaire.
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critiques presse (2)
Telerama
27 novembre 2023
La démonstration de Nathalie Quintane tient en une centaine de pages, où le sérieux le dispute à l’ironie, et le sens du combat à une discrète mélancolie.
Lire la critique sur le site : Telerama
NonFiction
06 février 2017
En écrivain expérimental, Nathalie Quintane se saisit d’un concept central de la sociologie pour décrypter la situation politique.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Revenons brièvement sur la réduction de l'école au travail, puis à l'emploi : ce fut une sombre tactique, et mauvaise; une tactique de classe moyenne. (...)
Car l'école ne peut procurer un emploi que s'il y a des emplois, somme toute. Et l'école ne peut instituer une vie bonne que si l'organisation dans son ensemble s'est fixé pour but le bonheur de la population (pas seulement sa satisfaction immédiate), et s'en est donné les moyens - ou qu'au moins elle ne se contente pas d'aménager le malheur, avant de finalement s'en foutre. Quand l'organisation sociale, dans son ensemble, se fixe pour but de chiffrer les coûts et bénéfices, eh bien l'école chiffre les coûts et bénéfices comme tout le monde.
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Déjà c'est la crème de la crème de la classe moyenne qui comprend ce que signifie, grâce a la possession de biens culturels ou autres, s'accomplir. L'enseignante en lettres que je suis considère que l'accomplissement de soi-même passe par la lecture de la littérature. La littérature occupe selon moi le sommet de la pyramide de Masselo, car elle confère une richesse absolument indemne de pognon – on n'est même pas obligé d'acheter un seul bouquin tant qu'il y a des bibliothèques. Non pas que la lecture de la littérature lave à proprement parler de tout ce qui, autour, oscille entre le salissant et le dégueulasse mais elle construit un cocon d'où nos chevilles pourront muer, quand les barbares seront passées.
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Les personnes considérées comme faisant partie des classes moyennes appartiendraient en fait au prolétariat, écrit Jean Lojkine. Les classes moyennes ont jusqu’à présent été relativement épargnées car nous avons collectivement décidé de sacrifier les ouvriers à leur sécurité, écrit un autre. Aujourd’hui, la notion de classe moyenne sert encore d’illusion pour un peuple qui a honte de son état ou de déguisement pour certains membres des classes supérieures qui refusent de s’assumer comme tel, écrivent Huelin et Brustier.
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La présence ( exagérée ou avérée , peu importe) de classes moyennes ne peut pas faire de mal. Toute une représentation les accompagne - des idées de petits déjeuners à la campagne, de facteurs à vélos, de gouters dans le sac avant l'école, de vaccination canine, de soirées télé, de Wii, de cousinades et de barbecues, de baptêmes non suivis de communions et encore moins de confirmations, de longs trajets en voiture pour un oui ou pour un non, d'emballages cadeaux, de pommes , de poires.
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Le ressentiment est une révolte qui a mal vieilli et c'est dommage, bien dommage pour celles et ceux qui en sont les victimes.
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Videos de Nathalie Quintane (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathalie Quintane
Regards-croisés Québec-France Diffusion de la lecture-rencontre entre Alain Farah (Québec) et Nathalie Quintane (France).
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