Un autre recueil de nouvelles débordant de l'humour surréaliste qui caractérise les belges et qui confirme tout le bien que j'avais déjà écrit de
Bernard Quiriny. Je vous le recommande très chaudement !
Par hasard, j'écris ce commentaire le jour même où
Bernard Quiriny fête ses 42 ans, un nombre qui réveillera de bons souvenirs chez les lecteurs du "Guide du routard galactique" de
Douglas Adams. Assurément, il mériterait un bien meilleur cadeau que les modestes éloges que je vais lui offrir ici et qui s'ajoutent à ceux que j'ai déjà eu l'occasion d'écrire ici. Car des éloges, il en mérite, tout comme nombre de nos auteurs belges. Il en mérite pour son imagination extrêmement fertile qui parvient à nous donner une vision décalée de notre quotidien. "
Une collection très particulière" a d'ailleurs été honorée du Grand prix de l'imaginaire en 2013 (meilleure nouvelle francophone), un prix connu sous ce nom depuis 1992 mais créé en 1974 par
Jean-Pierre Fontana comme "Grand prix de la science-fiction française".
Et justement, je m'étais dit qu'il y avait dans ces nouvelles de
Bernard Quiriny un petit parfum de science-fiction, même si je reconnais n'avoir jamais bien réfléchi au périmètre exact de ce genre. Et je ne sais pas non plus si "nouvelle" est le bon mot pour qualifier les textes de ce recueil-ci.
Ce sont des textes courts, mais ils ne racontent pas d'histoires. 25 de ces 27 textes sont répartis en trois séries qui se chevauchent: "
Une collection très particulière", "Dix villes" et "Notre époque".
Chaque chapitre d' "
Une collection très particulière" est consacré à une section de la bibliothèque de Gould, prétendu ami du narrateur. Par exemple, je citerai "Les évaporés", la section dont le contenu des livres s'évapore, peu à peu, imperceptiblement, pour améliorer le texte en éliminant des mots inutiles. Vous percevez le petit parfum de science-fiction ? Et l'imagination de l'auteur qui, partant d'un conseil de base que l'on prodigue tous les jours aux auteurs, nous embarque dans un délire où les livres s'expurgeraient par eux-mêmes.
Les autres nouvelles suivent le même schéma. Mais ne croyez pas que je m'en serais lassé: à chaque fois, je me suis laissé agréablement surprendre, un peu comme on se laisse surprendre par chaque tour d'un bon prestidigitateur, en se demandant "où il va chercher tout ça".
"Notre époque" part de faits de société. Je citerai par exemple "D'outre-tombe", dans laquelle l'auteur imagine une époque où les morts ressuscitent, peu après leur décès. Il s'agit bien de résurrection et pas de réincarnation.
Bernard Quiriny est professeur de droit, je me suis donc amusé de le voir se poser la question de savoir comment on devrait juger l'auteur d'un meurtre dont la victime ressusciterait pendant le procès ! Et je vous laisse découvrir les autres questions que poserait la résurrection. de même que je vous laisse découvrir, dans "La grande renommée", comment l'auteur traite la possibilité que l'on aurait de changer aussi souvent que l'envie nous en prendrait.
Les textes de "Dix villes" sont tout aussi plaisantes, tout aussi drôles et surréalistes, mais je n'en parlerai pas pour ne pas risquer de vous saoûler de mon enthousiasme (si ce n'est déjà fait).
Comme d'autres auteurs belges,
Bernard Quiriny a quitté la Belgique, appelé à occuper un poste de professeur à l'université de Bordeau, une région qui ne manquent pas de bons produits pour agrémenter une fête d'anniversaire. Pour me consoler de la tristesse de voir nos excellents auteurs s'exiler, je me plais à croire qu'ils partent plutôt infiltrer des terres étrangères. Par les temps qui courent, je préfère ne pas les comparer à des colonisateurs civilisateurs...
Bref, c'est bon, c'est du belge, lisez !