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3,81

sur 4186 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
l'intemporalité de cette pièce en font un chef d'oeuvre incontestable, une merveille. Chaque fois que je la vois, je la lis, et chaque fois que je la lis, j'espère que Phèdre va s'en sortir et je pleure !
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Parue en 1677, je me souviens de Phèdre pour l'avoir étudié en khâgne puis en licence de lettres modernes. Cette pièce de théâtre reprise de la mythologie grecque raconte l'histoire de la soeur d'Ariane et deuxième femme de Thésée. Alors que son époux vainqueur du minotaure est parti aux Enfers sauver l'un de ses amis, Phèdre tombe amoureuse du fils qu'il a eu d'une première union avec la reine des amazones. Tragédie éternelle que celle de l'amour sans retour, auréolé du scandale de l'inceste par alliance : rongée par la honte, dévorée par l'amour, Phèdre revit sous la plume de Racine les événements qui l'ont conduite à sa perte.

Comme dans beaucoup de tragédies du Grand Siècle, la plupart des personnages de Phèdre se semblent se réduire à des archétypes. Il y a Hippolyte, le fils farouche au coeur pur ; Aricie, la princesse héritière d'une lignée ennemie (au coeur tout aussi pur) ; Thésée, le héros absent ; Théramène, le sage précepteur ; Oenone, la confidente, et enfin Phèdre, la reine jalouse et perverse. Mais il faut se garder des apparences… En effet, nulle indication dans la pièce ne permet de préciser l'âge de Phèdre, qui pourrait très bien être une jeune fille et non une femme mûre. de monstrueux, l'amour qu'elle éprouve envers Hippolyte deviendrait d'autant plus naturel que son héros de mari a abandonné sa soeur Ariane sur une île après qu'elle lui ait sauvé la vie.

En regardant le texte de plus près, toutes les analyses concourent à innocenter Phèdre, qui n'est plus un monstre mais la victime innocente de passions qui la dépassent. Tout comme Hippolyte, qui succombe lui aussi aux sentiments excessifs de son père… « le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur » : cet alexandrin de douze mots, prononcé par la reine malheureuse, est aussi, sur le plan technique, le vers le plus réussi de la langue française. Plutôt que la condamnation d'un amour malvenu, il faut voir dans Phèdre un avertissement sur le danger des passions, quelles qu'elles soient, car c'est en s'emparant du coeur des hommes qu'elles les conduisent à leur perte et à leur malheur.

Tout l'intérêt de Phèdre est de revêtir un sens différent selon que l'histoire s'inscrit dans le contexte de la Grèce antique, de la France du XVIIème siècle ou du monde d'aujourd'hui. Je pourrais relire sans fin cette pièce écrite dans une langue absolument sublime !

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Ça faisait extrêmement longtemps que je n'avais pas lu de drame à l'antique.
Cette pièce de Racine m'a vraiment donnée envie de m'y replonger, ne serait-ce que pour apprécier cette ambiance un peu mythologique et ces situations alambiquées.
Un réel plaisir.
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Il fallait bien que je vous parle de cette pièce de théâtre, mon livre de chevet, mon livre de coeur, tellement lu et relu qu'il part en lambeau, recollé maintes fois, annoté à n'en plus pouvoir, connu pratiquement par coeur et vu et revu cent fois au théâtre… Je lève le voile sur: Phèdre de Racine!

Racine a utilisé les règles simples du théâtre classique: l'action est simple et se déroule dans un lieu unique, le palais de Trézène, en une journée.

Mais de quoi parle-t-elle cette tragédie?
Phèdre, épouse de Thésée, tombe amoureuse du fils de celui-ci, Hippolyte, lui-même amoureux de l'ennemie de son père, Aricie. Voilà la situation de départ, typique des tragédies.

Lorsque Thésée est porté disparu, Oenone, confidente de Phèdre lui enjoint de déclarer sa flamme à Hippolyte plutôt que de s'ôter la vie. Mais alors, Thésée revient… Oenone persuade donc Phèdre d'accuser Hippolyte en premier de lui porter un amour déplacé.

Pour la fin de l'histoire, un dénouement tragique bien sûr que je ne vous dévoilerai pas. Mais voici la liste des personnages importants de cette tragédie:
Phèdre: épouse de Thésée, fille de Minos et de Pasiphaé, soeur d'Ariane (du célèbre fil)
Thésée: fils d'Égée, roi d'Athènes
Hippolyte: fils de Thésée et d'Antiope, reine des Amazones
Aricie: princesse du sang royal d'Athènes
Théramène: gouverneur d'Hippolyte
Oenone: nourrice et confidente de Phèdre
Ismène: confidente d'Aricie

Et pour finir de vous mettre l'eau à la bouche (j'espère), quelques répliques marquantes:

"Partez, Prince, et suivez vos généreux desseins.
Rendez de mon pouvoir Athènes tributaire.
J'accepte tous les dons que vous me voulez faire.
Mais cet empire enfin si grand, si glorieux,
N'est pas de vos présents le plus cher à mes yeux."
(Aricie à Hippolyte)

"Quand tu sauras mon crime, et le sort qui m'accable,
Je n'en mourrai pas moins, j'en mourrai plus coupable."
(Phèdre à Oenone)

"Ariane, ma soeur, de quel amour blessée,
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée!"
(Phèdre à Oenone)

"Et comment souffrez-vous que d'horribles discours
D'une si belle vie osent noircir le cours?
Avez-vous de son coeur si peu de connaissance?
Discernez-vous si mal le crime et l'innocence?
Faut-il qu'à vos yeux seuls un nuage odieux
Dérobe sa vertu qui brille à tous les yeux?
Ah! C'est trop le livrer à des langues perfides.
Cessez: repentez-vous de vos voeux homicides;
Craignez Seigneur, craignez que le ciel rigoureux
Ne vous haïsse assez pour exaucer vos voeux.
Souvent dans sa colère il reçoit nos victimes;
Ses présents sont souvent la peine de nos crimes."
(Aricie à Thésée)

Bonne lecture!
Lien : http://lorrecrietic.tumblr.c..
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La vie ne semble pas très cool à Trézène

Résumé pour les gens pressés :
Phèdre est une des pièces emblématiques du répertoire classique, une sorte de perfection du style.
En 1677, c'est une nouvelle consécration pour Racine, après les succès de Britannicus, Bérénice et Iphigénie et un nouvel exemple de l'adaptation brillante d'un récit déjà traité par les auteurs grecs et latins, Euripide et Sénèque.

Phèdre a de nombreux atouts : la richesse des thèmes abordés, la maîtrise de la versification, le respect des règles d'airain de la tragédie classique et des passages magnifiques.

Phèdre est un monument.
Mais pour y entrer, cela va nécessiter quelques efforts car :
- la langue classique est exigeante et les nombreux et indispensables renvois, hachent la lecture ;
- l'histoire de Thésée qui a conduit à la situation exposée par la pièce, est complexe. Sans connaissance de ce contexte, attaquer le 1er acte bille en tête peut s'avérer décourageant.
Mais rassurez vous, l'effort est récompensé.

Résumé pour les autres.

Phèdre est en soi un monument, c'est indéniable.
Elle a traversé les siècles sans perdre de sa renommée, suscitant l'admiration de tous.
Marcel Proust la cite indirectement dans un passage de " du côté de chez Swann " (celui où Bloch l'ami de l'auteur, rapporte une phrase méprisante selon laquelle le seul vers bien rythmé chez Racine serait : "La fille de Minos et de Pasiphaé " qui de plus, "aurait le mérite de ne rien signifier ".
Tout comme certains considèrent " La Vue de Delft " et son " petit pan de mur jaune " comme " le plus beau tableau du monde " , la caution Proust pose son homme.

Mais de quoi s'agit-il donc ?

D'abord, pour bien entrer dans l'histoire, il faut revenir au mythe de Thésée.
Disons pour faire simple et selon la version la plus communément admise, que Thésée est une sorte d'aventurier qui a passé le plus clair de son temps à tuer divers monstres et à coucher à droite et à gauche. (chez racine, on parle d' " inconstance "...)
Son exploit le plus célèbre reste le trucidage du Minotaure rendu possible par l'appui astucieux de la belle Ariane qu'il récompensera en l'abandonnant lâchement sur son rocher de Naxos faisant le bonheur de Richard Strauss et celui de Phèdre, la propre soeur d'Ariane (elle aussi fille de Minos et de Pasiphaé) qu'il va épouser.

Rentré chez lui à Athènes, il doit, pour récupérer son trône, tuer ses opposants, les 50 Pallantides (les fils de Pallas). Pour se purifier de ce massacre, il décide de s'exiler momentanément à Trézène, ville située en face d'Athènes, dans le Péloponnèse.

Thésée a emmené avec lui, son épouse Phèdre, Hippolyte (le fils qu'il a eu avec Antiopé, la reine des Amazones), et Aricie, la soeur des Pallatides anéantis, dont il se méfie. (" reste d'un sang fatal conjuré contre nous ")

Thésée connaît bien Trézène puisque c'est là qu'il est né, des suites d'une partie à trois (non, non pas à Troie, c'est une autre histoire) entre Ethra (et un et deux Ethra !) la fille du roi de Trézène, Egée le roi d'Athènes et Poséidon.
Qui dira encore qu'à Trézène, il n'y a pas de plaisir ?

Au moment où débute la pièce, Hippolyte cherche pourtant à fuir la ville. Est-ce en raison de l'hostilité que lui manifeste Phèdre, sa belle-mère ?
De son côté, Phèdre déclare vouloir mettre fin à ses jours.
Bigre, il y a de l'eau dans le gaz ! On est un peu dans la mer de passion et c'est pas l'Egée.

La raison des deux attitudes est à chercher du côté de l'amour impossible, éternel ressort de la tragédie.

Hippolyte qu'on croit pourtant rebelle à l'amour, aime Aricie tandis que Phèdre, aime son beau-fils.
On retrouve les éléments indispensables : le destin, la volonté des dieux, la passion, les lois sociales et celles du sang.

En voulant s'aimer, Hippolyte et Aricie, entraînent inéluctablement la vengeance du coeur délaissé et jaloux.

Phèdre aidée/trahie par sa nourrice, laissera croire à son mari, que son fils est coupable de pensées incestueuses.
Le drame devient inexorable quand Thésée demande à Poséidon* de châtier Hippolyte. Définitivement.

Phèdre est d'une perfection rare dans son déroulement : les confidences aux proches, les aveux réciproques et l'affrontement.
Les moments de bravoure ne manquent pas, les rôles sont forts, les sentiments ambivalents amènent des rebondissements inattendus. La déclaration d'abord voilée de Phèdre ou le récit de la mort d'Hippolyte sont parmi les plus beaux moments de la littérature.

Thésée qui a passé sa vie à combattre les monstres, ne voient pas ceux qui l'entourent.
Hippolyte est devenu un monstre pour Phèdre (" je le vois comme un monstre effroyable à mes yeux ') et pour Thésée. (" Monstre qu'a trop longtemps épargné le tonnerre ")
Phèdre est tout aussi monstrueuse aux yeux d'Hippolyte (" ...d'un sang, Seigneur, vous le savez trop bien, de toutes ces horreurs plus rempli que le mien "). Et enfin, Phèdre maudit sa servante Oenone. (" Va-t'en monstre exécrable...")

Un texte immense, une histoire terrible.

Pourtant, en dépit des toutes ses qualités, cette pièce contient des passages qui m'empêchent de la préférer à d'autres :

- le caractère de Phèdre.
Certes, Phèdre est le jouet des dieux : " Un dieu cruel a perdu ta famille " **
Certes, dans une tragédie, on doit accepter la démesure et l'exacerbation des sens. Que Phèdre s'abîme dans une passion violente, et brûle de se venger, est admissible. (surtout qu'elle découvre qu'Hippolyte qu'elle croyait détaché sentimentalement : " il a pour tout le sexe une haine fatale ", " il oppose à l'amour un coeur inaccessible ", n'est pas si insensible que ça...)

En revanche, on peut trouver peu glorieux qu'elle fuit un moment, ses responsabilités. Car Phèdre se montre mesquine en renvoyant avec une violence incroyable sa fidèle nourrice qui n'a fait que la servir et n'a intrigué qu'avec son accord tacite. (" Puisse le juste ciel dignement te payer ! Et puisse ton supplice à jamais effrayer...")
Surtout qu'il s'agit bien du choix de Racine, de privilégier le rang social de Phèdre en rendant Oenone responsable de la dramatique calomnie alors qu'Euripide et Sénèque eux, attribuaient ce forfait à sa maîtresse.
Chez Euripide (dans " Hippolyte "), Phèdre laissait derrière elle, des tablettes accusatrices : " Pour Phèdre, craignant de se voir trahie , elle a écrit ces lettres calomnieuses qui ont perdu ton fils, et auxquelles tu as ajouté foi. " ***
Chez Sénèque, elle calomnie de vive voix : " C'est l'homme que vous en soupçonneriez le moins. "

- le caractère de Thésée.
Thésée est trop obtus pour être vraiment crédible, refusant de voir les nombreux signes qui lui indiqueraient la vérité. Il maudit son fils sans une ombre de réflexion.

- la pudibonderie d'Aricie.
Alors que l'on évoque l'adultère, l'inceste, les meurtres, les accouplements avec taureau...Aricie amoureuse, refuse de suivre Hippolyte avant d'être mariée (" Me puis-je avec honneur dérober avec vous ? ").
Chochotte !

*Racine parle de Neptune, Vénus, Jupiter, c'est à dire les équivalents latins des dieux grecs.
** la famille de Phèdre était mal embarquée. Aphrodite cherche à se venger d'Hélios qui a cafté auprès de son époux Héphaïstos la relation adultérine qu'elle entretient avec Arès. Elle maudit donc sa descendance, c'est-à-dire Pasiphaé la mère et ses filles Ariane et Phèdre.
Du côté paternel, ce n'est pas mieux puisque Poséidon a maudit Minos, qui ne lui avait pas sacrifié le taureau blanc. du coup, si on peut dire, le dieu de la mer, fit monter Pasiphaé par le dit-taureau. (oui, la mythologie grecque ne recule devant rien)
*** Euripide est quand même à l'origine d'une des répliques les plus ridiculement décalées du théâtre. Imaginez un fils qui va voir son père et qui découvre sa belle mère morte à côté : 'Mais que vois-je ? ton épouse sans vie ? Voilà qui est bien surprenant : je viens de la quitter vivante, il y a peu de temps."
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Les thèmes de Phèdre : mort, amour, calomnie, malédiction, mort et expiation. Que du bonheur ! Pour résumer en bref, si possible, Phèdre aime Hippolyte, le fils de son mari Thésée, né d'un premier mariage. Hippolyte lui aime Aricie qui appartient au clan ennemi. Croyant que Thésée est mort, Phèdre avoue son amour à Hippolyte. Finalement, Thésée revient et Phèdre lui déclare que c'est Hippolyte qui est amoureux d'elle. Vous suivez ? S'ensuit un certain nombre de disputes et de morts. L'amour n'est donc jamais simple, semblerait-il. J'ai lu ce livre il y a fort longtemps, mais je me souviens encore de petits passages par coeur. C'est tellement joli à lire, ces alexandrins qui chantent et dansent tout au long de l'histoire. Un petit moment de plaisir.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Je crois que j'arrive un peu tard pour m'extasier sur la beauté de ce texte, toute l mythologie, dans tout ce qu'elle a de plus pur et de plus charmant !
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J'ai dû le lire et le traiter comme sujet d'élocution à expliquer devant la classe ceci à Bruxelles. J'ai adoré devoir travaillé sur ce sujet, au départ en travail de groupe au sein de la classe.
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ça finit mal mais on ne résiste pas à l'envoûtement...............
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Le talent de Racine réside dans la construction de ses textes et de ses vers.
Ils sont d'une puissance inouïe et ils nous plongent au coeur de la tragédie.
Ils sont aiguisés comme des lames qui transpercent l'âme.
Phèdre, épouse de Thésée, est coupable d'un crime honteux, l'amour qu'elle éprouve pour Hyppolite, son beau-fils, un amour incestueux. Son mal la ronge au point qu'elle souhaite mourir.
Cet amour va être à l'origine d'une succession de morts.
Je retiens plusieurs choses de cette pièce.
Tout d'abord, Phèdre indécise, rongée par la honte, qui ne sait pas comment exprimer ce qu'elle ressent.
Oenone qui profite de la situation pour manipuler Thésée et le retourner contre son fils.
Hyppolite digne et courageux qui se résigne à subir la colère de son père plutôt que d'accabler sa belle-mère.
Thésée le volage, l'infidèle qui se comporte en outragé. Il met son honneur au-dessus de son amour de père.
Jean Racine revisite ainsi la tragédie avec brio et vient nous toucher au plus profond du coeur.
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