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sur 4167 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne me lasse pas de lire et de relire cette pièce de Racine, que je considère comme étant le plus grand écrivain français de tragédies. Il met en scène une femme amoureuse de son beau-fils. Si le sujet est tabou, Racine voulait ainsi prouver qu'un grand dramaturge pouvait faire passer le pire des meurtriers en victime. Il va ainsi s'attacher à la psychologie des personnages. Phèdre, "fille de Minos et de Pasiphaé" (tout est dit par cet admirable vers : petite-fille du Soleil, elle ne peut déroger aux valeurs et aux règles) est délaissée par son mari, Thésée qui, soit dit en passant, part en guerre tous les quatre matins et a plus de maîtresses que de jours dans la semaine. Celui-ci a un fils, Hippolythe, né d'une première union avec une Amazone. Phèdre s'est attachée à le rejeter, à être odieuse avec lui afin que Vénus lui ôte ce cadeau empoisonné de son coeur. Mais elle se meurt, soucieuse de cette faute indigne de son rang. Elle se confie à Oenone, sa nourrice et confidente. Lorsque le bruit court que Thésée est mort, Phèdre ne peut s'empêcher de dire ses sentiments à son beau-fils. Alors qu'on pouvait s'attendre à une réaction violente de sa part, ce dernier se montre peu dynamique et prend seulement la décision de partir. On voit déjà qu'il n'est qu'au second plan pour le dramaturge. Toutes ses répliques convergent vers le "excusez-moi". de ce fait, le lecteur ou le spectateur aura de l'empathie envers Phèdre, dont le pathos arrive à son apogée. Soudain, coup de théâtre, on annonce que Thésée est revenu à la vie (dans les tragédies classiques, les Dieux manipulent les humains. Il n'est donc pas rare qu'il y ait ainsi des résurrections). Phèdre est perdue : elle a avoué son amour et imagine bien que son mari va l'apprendre. Oenone, qui brille par sa dévotion, encourage sa maîtresse à mentir et à inverser les rôles. Ce que ne peut faire Phèdre...

Racine a emprunté ici le sujet à Euripide et ne s'en est pas caché. Mais il a transformé la pièce. Ainsi, Phèdre n'apparaît pas comme odieuse car elle ne semble pas maîtriser la situation : ce n'est pas par sa propre volonté qu'elle est tombée amoureuse mais par celle de Vénus. Hippolyte a une grandeur d'âme (chez Euripide, on laissait entendre qu'il avait abusé de sa belle-mère). S'il se laisse faire, c'est pour ne pas accuser sa belle-mère du "crime". Racine met en relief les faiblesses des uns et des autres : dues à l'amour pour l'une, à trop de gentillesse pour l'autre. Finalement, seul Thésée ne remporte pas l'adhésion de la lectrice que je suis. Il apparaît plus ici comme un rustre que comme un guerrier valeureux. Là encore, les faiblesses apparaissent : il peut aller se battre contre tous les monstres de la terre, toute la ville ne parle que de ses conquêtes amoureuses et le fustige...

Avec un style inimitable, des règles contraignantes et une poésie flamboyante, Racine a su mettre en scène un thème qui, finalement se résume à peu de choses : une belle-mère qui, en cachette, est amoureuse de son beau-fils et qui sera punie non pas d'être passée à l'acte mais seulement de sa mauvaise pensée. Quand on pense qu'il doutera de sa pièce ! Il écrira dans la préface : "(...) je n'ose encore assurer que cette pièce soit en effet la meilleure de mes tragédies. Je laisse aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix." Chapeau bas, Monsieur Racine ! Quelques siècles plus tard, nous nous délectons encore de vos vers !

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"Ah ! cruel, tu m'as trop entendue !
Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur.
Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur..."

Déclamer ces vers éternels sur une scène de théâtre,vivre cette passion amoureuse d'une Phèdre qui déclare sa flamme au jeune Hippolyte quel moment transcendant! Aucune femme ne dira jamais aussi bien les affres d'un amour impossible et sans retour.Une Phèdre si lucide,si déroutante,si humaine et pourtant si courageuse dans son suicidaire aveux de ses transports amoureux.
Amoureuse de l'amour qui la détruit,qui la fait souffrir au point de sacrifier tout son être à une soumission extrême:celle d'afficher son désir de fusion à un être qui refuse de la faire exister.Une obsession amoureuse qui n'a pas d'égale,un autisme qui l'enferme dans ce tsunami affectif qui la ronge,la blesse,la maltraite.Seul face à elle-même et à ce sort inéluctable d'aimer un être vide de toute substance passionnelle.Son feu d'amour s'auto alimente du refus de l'objet de sa quête,elle se fane,se délite jusqu'à devenir une immense étendu de larmes et de souffrance.Une héroïne tragique si humaine!

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Phèdre est amoureuse d'Hippolyte qui lui est amoureux d'Aricie. Phèdre est l'épouse de Thésée, père d'Hippolyte, amours interdites. Thésée a tué les frères d'Aricie, amours impossibles. Thésée est déclaré mort, Phèdre déclare son amour à Hippolyte qui en est horrifié. Thésée revient, Phèdre prend les devants et accuse Hippolyte de ce qu'on appellerait aujourd'hui des comportements inappropriés. Hippolyte est bien trop loyal, et les dieux s'en mêlent. Ils exaucent le souhait de Thésée, alors même qu'il apprend la vérité et regrette son voeu.
Une tragédie où les humains veulent bien faire, mais ne cessent d'empirer les choses. Pour finir, ils se heurtent à la décision des dieux, qu'ils soient loyaux ou manipulateurs. Écrits en alexandrins magnifiques, une pièce à savourer.
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Mais quelle belle tragédie
Telle qu'on l'apprécie
Racontée par Racine
Et qui toujours nous fascine.

Phedre est l'épouse de Thesée, roi d'Athènes. Il ne cesse de partir en guerre et ainsi la délaisse. Elle s'est éprise de son beau-fils, Hippolyte, fils de son mari et d'une amazone mais elle a toujours voulu le cacher jusqu'au jour où elle a cru que Thesée avait succombé.
Sur les conseils de sa nourrice, Oenone, elle s'en va lui déclarer sa flamme inceste mais qui n'est pas réciproque car il est épris d'une amazone, Aricie.
Reviens alors le roi qui ne comprends pas ce qui se passe sous son toit car tout le monde l'évite. Oenone décide de porter secours à sa maîtresse et faire retomber la faute sur ce brave Hippolyte, qui n'a d'autre défense que d'avouer pour qui son coeur bat.
Mais entre le fils et la femme, qui Thesée croira-t'il ?

Jean Racine a une plume qui se veut captivante. Sa pièce de théâtre écrite toute en vers, en Alexandrins, se lit avec facilité et nous permet de nous attacher à certains personnages.
Phedre est attachante car malheureusement l'amour ne se contrôle pas et on ne choisit pas qui on aime surtout quand on sait que c'est mal. Et ensuite elle est agaçante quand elle ne dit pas la vérité à Thesée et qu'elle laisse Oenone accuser Hippolyte à sa place pour ne pas assumer sa trahison.
Hippolite est réellement quelqu'un de bien qui ne cherche pas à accuser la fautive mais préfère s'enfuir pour ne pas causer plus de tort.
Thesée est une personne trop impulsive qui ne prend pas la peine de réfléchir avant d'agir. le premier ragot qui lui vient à ses oreilles, il le prend pour acquis et prend immédiatement des mesures drastiques. Son comportement va causer beaucoup de tort.

Entre amour, trahison et tragédie, nous sommes vraiment servis.
J'ai vraiment adoré cette histoire et elle se lit d'une traite. Un beau classique littéraire.
Lien : https://fantasydaniella.word..
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"Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace !
Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux ! "

À lire ! Que dis-je ! À déclamer !

Les vers de Racine sont somptueux. Toute la passion de l'Amour s'y consume. À croire que Vénus elle-même a guidé la plume de l'auteur.

Tragédie classique, certes mais les mots qui résonnent sont universels et intemporels. Ils transportent le lecteur et transcendent les sombres héros de cette tragédie antique.

Peu importe qu'il s'agisse d'inceste, de trahison, d'honneur, pour ma part, j'y ai surtout vu un déferlement de la passion amoureuse avec tous les tourments qui la caractérisent.

On pourrait croire à mes propos que Racine exalte cette passion. C'est loin d'être le cas. Car même si des vers prononcés par les personnages déferlent toute leur ardeur et toute leur rage, la fin - tragique comme il se doit - montre à quel point cette passion est destructrice.

D'où l'éternel débat philosophique : Les passions sont elles toujours sources de souffrance ?
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Une hésitation hier après-midi entre la re-re-relecture de - Roméo et Juliette -, vue au théâtre, au cinéma, à l'opéra et - Phèdre -... beaucoup moins "fréquentée".
La seconde l'a emporté et je me suis plongé ( aucune offense à Neptune ) avec délice pendant deux heures dans la magnifique tragédie de Racine.
Cinq actes écrits en alexandrins qui se glissent dans les interstices de vos neurones avec quelle suavité !
Petit rappel contextuel... nous sommes à l'apogée du règne de Louis XIV, donc de l'absolutisme, "sous la férule " de l'augustinisme ; le classicisme, dont Racine est l'un des maîtres, régit l'art théâtral dont l'une des fonctions essentielles est de ne pas déplaire au "Roi-Soleil", et si possible de contribuer à en sublimer l'éclat.
Le théâtre a par ailleurs une vertu d'exemplarité, une vertu cathartique : purger le spectateur de ses mauvaises passions.
Pour cela deux "ingrédients" font recette : terreur et pitié... le tout inséré dans un univers où la mythologie et ses dieux peuvent agir et interagir avec les mortels et laisser ces pauvres diables se débattre avec un fatum dicté du haut de l'Olympe...ce qui n'exonère pas pour autant ces malheureux humains de la responsabilité, de la faute et du châtiment.
Phèdre ( fille de Minos et de Pasiphaé ) est mariée à Thésée ( fils d'Égée ) roi d'Athènes, et secrètement amoureuse d'Hippolyte ( fils de Thésée et d'Antiope ). Lorsqu'elle apprend la mort inattendue de son époux, elle confie sa passion à Hippolyte, lequel la repousse ; elle est sa belle-mère, la femme de son père... inceste et trahison sont dans l'air... de plus, Hippolyte est lui aussi secrètement amoureux d'Aricie ( princesse royale d'Athènes )
Une servante, Oenone, nourrice et confidente de Phèdre va alors se charger, pour le bien de sa maîtresse "d'arranger les choses" et de démêler ce qui paraissait inextricable.
Mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire surtout lorsque celui que l'on croyait mort ne l'est pas.
Thésée de retour de l'Épire ( les Enfers ) apprend la trahison de... non pas de Phèdre... mais d'Hippolyte, son fils. Eh oui, c'eût été trop facile !
La machine infernale du destin va alors tout ( ou presque ) broyer sur son chemin...
C'est du grand art... dit comme cela, ça peut paraître "gnangnan", mais ces cinq actes, ce sont quelques précieuses gouttes d'ambroisie dégustées dans un contexte où les Enfers ne sont pas très éloignés de notre quotidien... Alors profitons-en !
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Cette pièce est un exemple typique de tragédie en cinq actes et un respect presque total de la règle des trois unités. On ressent l'influence de la tragédie grecque sur Racine qui a utilisé comme source la tragédie « Hippolyte » de Euripide.
Le sujet principal de la pièce est la passion amoureuse et en l'occurrence un inceste plus social que naturel certes, mais quand même. La passionnée est bien sûr Phèdre. La fatalité est incarnée par la malédiction lancée par Thésée, qu'il essaye de retirer à un moment, mais doit cependant s'accomplir.
En filigrane est inscrite la politique et ses raisons sont souvent subordonnées à celle du coeur. Les jeux de l'amour et du pouvoir ?

Une pièce qu'il faut absolument lire ou voir au théâtre !
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Comment rester froid face à cette passion qui dévore Phèdre malgré elle? Comment ne pas avoir de compassion pour cette femme qui, choisissant un mari, découvre le fils et éprouve pour lui le pire sentiment qu'il soit, puisqu'il est non seulement adultère mais aussi incestueux?
Se battant désespérément contre ses propres sentiments, Phèdre est confrontée à un terrible dilemme: laisser cette passion la ronger de l'intérieur et la pousser à la mort, ou la révéler et détruire tout autour d'elle, en espérant secrètement que cet amour lui sera rendu. Or, Hyppolite, l'objet involontaire de sa passion, aime lui-même dans le secret et contre l'accord de son père la jeune Aricie, héritière légitime du trône à la mort de Thésée qui veut y mettre son fils.
Racine exploite avec perfection ces mouvements du coeur qui poussent les personnages à agir pour leur malheur et celui des autres, contre toute raison. Ils ne sont pas seuls: conseillés, manipulés par leurs confidents respectifs - c'est notamment Oenone, la nourrice de Phèdre, qui la poussera au malheur -ces personnages de tragédie subissent plus qu'ils ne décident un sort qui leur sera fatal.
Après Britannicus, je découvre une deuxième pièce de Racine avec un bonheur égal et surtout une aussi grande admiration pour cette oeuvre qui malgré les années, que dis-je, les siècles, reste intemporelle et si facile d'accès.
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Toujours dans mon défi de lire (ou de relire) le théâtre classique, je continue ma découverte en lisant Phèdre de Racine. Je peux dire que j'adore, même si la tâche n'est pas aisée, d'autant plus que je ne connais absolument rien en mythologie.

Quelle est l'histoire de Phèdre ? En 2 mots, Phèdre est la femme de Thésée roi d'Athènes et père d'Hippolyte. Jusqu'ici, tout va bien. Seulement, Phèdre, qui est donc le personnage principal, est amoureuse de… son beau-fils. Crime incestueux donc, elle a tout fait pour le faire fuir, pour l'oublier, mais, même éloigné, elle retrouvait chez Thésée, les traits de son beau-fils. Hippolyte, quant à lui, la déteste. Il faut dire qu'elle a tout fait pour.

A coup de quiproquos, de malentendus, de manigances, Racine nous emporte dans cette tragédie passionnante. Il faut dire que la lecture est tout à fait agréable à lire, mais résumer l'histoire est relativement difficile à formuler. Elle est évidemment plus compliquée que je ne l'indique plus haut.

En bref, une bonne lecture. Je compte persister par une autre pièce le mois prochain.
Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Lu et relu... Vu et revu sur scène avec toujours autant de plaisir. Repris en mains tout récemment après la lecture de "Titus n'aimait pas Bérénice" de Nathalie Azoulai qui donne envie de relire toute l'oeuvre de Racine. La magie opère à chaque fois. Toujours le même émerveillement devant tant de génie pour exprimer toute la palette des sentiments et particulièrement ceux qui ont trait à la passion amoureuse. Une bonne dose d'alexandrins parfois, ça repose du langage texto... Les textos passent, Racine demeure pour l'éternité !
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