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3,81

sur 4167 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette pièce ? Quel style, mes aïeux ! quel style !
Quel superbe dompteur de vers indociles !

À l'aide ! à l'aide ! Les vers me dévorent !
Ils m'habitent, ils me creusent mais je les adore.
Ils durent emprunter l'allée connue de moi
Qui conduit du livre jusqu'à mon tendre émoi.

Aux armes ! aux armes ! On veut m'assassiner !
Mieux qu'une flèche que je ne puis dessiner,
Mieux qu'une lance, mieux qu'un glaive, trépasser
Aux charmes de ce style, sans jamais m'en lasser.

Encore ! encore ! Mon âme crie : « Encore ! »
Et mon cœur que mon corps ne sait plus guère enclore
S'avoue si bien vaincu par le stylet du style,
Que le roc de sa chair est devenu ductile.

Vous me voyez figer, mon corps s'enracine
Si vous coupez mes ailes, si vous m'ôtez Racine.
À Paris, au pays de France, au français,
Les vers de Racine, les tragédies qu'on sait,
Manqueraient autant qu'Eiffel et sa tour d'acier
Si par malheur, vous les lui retirassiez.

La pièce, lue jadis et jadis aimée,
Et encore lue ce jour et ce jour, adorée...
Assez parlé ! Quel décor ? quel scénario ?
Pas de scène à New York, aucune scène à Rio.

Ici, Phèdre, follement, aime Hippolyte,
Le fils du grand Thésée, son légitime époux,
Lequel vieux héros n'enflamme plus le pouls
De sa compagne, dont l'amour se délite.

Redoutant que son inclination la trahisse,
Phèdre s'ingénie à éloigner son beau-fils.
Elle met toute sa haine et tout son art ici.
Hippolyte, lui, ne rêve que d'Aricie.

Soudain, la nouvelle dit que Thésée est mort.
Phèdre alors pense qu'elle peut aimer sans remord
Et se déclare, sans pudeur hypocrite,
Au très sombre et très vertueux Hippolyte.

Stupeur, horreur, tout cela le laisse interdit,
Il n'arrive pas à croire qu'on le perdît
Pour un amour faux et qu'il n'a point consenti.
Serait-ce donc vrai tout ce qu'elle a ressenti ?

Quoi ? Qu'annonce-t-on maintenant ? Voilà Thésée ?
« Bonjour ma femme, mon fils. Quoi ? Vous vous taisez ? »
Quel étrange accueil, remarque le vieux héros.
Quelles foudres ? Quels dommages collatéraux
Attendre de Thésée lorsque la fourbe Œnone
Lui dira des mensonges avec l'air des nones ?

Qui croira-t-il mieux, de son fils ou de Phèdre ?
Lequel de ces êtres aura-t-il peur de perdre ?
C'est ce qu'à présent je ne veux plus vous dire ;
Je vous veux laisser jouir, vous la laisser lire.

Et des critiques en vers, peut-être je vous lasse,
La dernière, je crois, était pour Ruy Blas.
Rassurez-vous cet avis creux, cette glose,
Cette fantaisie n'est vraiment pas grand-chose.
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Phèdre ou le destin ô combien tragique d'une femme amoureuse de son beau-fils...

Phèdre est une héroïne particulière ; en effet, partagée entre son amour passionné pour Hippolyte, le fils de son mari Thésée (célèbre héros de l'Antiquité), et son rôle de Reine qu'elle se doit d'honorer, elle s'appuie sur sa confidente Oenone pour vaincre son chagrin. Une confession de son amour pour Hippolyte est ainsi inévitable :
"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler."
Malheureusement, des évènements terribles vont s'abattre à la fois sur la pauvre Phèdre et le bel Hippolyte, les entraînant vers une seule issue possible...la mort.

Phèdre, bien que coupable de son amour incestueux, est aussi innocente aux yeux du lecteur, comme le prouve la dernière scène ô combien intense, mettant en scène une Phèdre devenue une héroïne sublime, au fil des péripéties.

J'ai toujours beaucoup aimé le style de Racine, ses vers en alexandrins toujours aussi splendides à lire, et ses histoires antiques qui permettent de découvrir le destin d'un personnage inoubliable. Tel est le mythe de Phèdre, qui a marqué l'histoire du théâtre puisqu'il est encore aujourd'hui l'une des pièces les plus jouées sur scène, et bien évidemment, l'une des plus célèbres au monde, ou, du moins, en France...

A lire !!



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Racine, supplantant peu à peu son rival Corneille dans la faveur du public, devient le maître de la tragédie classique : l'action tragique est réduite d'une crise passionnelle qui débouche en général sur la mort. En 1677, Racine crée une nouvelle tragédie grecque : Phèdre, initialement intitulée Phèdre et Hyppolyte, aussitôt concurrencée par la Phèdre de Pradon, un poète sans grand renom, partisan de Corneille. Une polémique éclate et une série de sonnets partisans et injurieux circulent. Après cette pièce, Racine n'écrira plus pour le théâtre, sauf deux tragédies de commande. Bien que Phèdre soit inspirée d'une légende grecque, le dramaturge emploie des noms romains, plus connus à son époque, pour la plupart des dieux et des héros. L'histoire de cette pièce n'est pas si simple : Phèdre, l'épouse de Thésée, égarée par une passion coupable pour son beau-fils Hippolyte, le livre par jalousie à la vengeance injuste de son père. Chaque vers de Racine est d'une beauté absolue et unique. La jeune Phèdre, déterminée par son destin, n'a pas la maîtrise de son existence. Sa passion pour le jeune Hippolyte est violente et destructrice, elle aveugle totalement sa raison et la livre à la manipulation. Cette pièce de théâtre est à lire, ne serait-ce que pour la mélodie du langage qui transfigure l'univers tragique et génère de l'émotion.
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Je redoutais un peu cette lecture bien trop classique. Une tragédie grecque revue et corrigée par un auteur du 17e siècle avec un langage et un style de son temps... Pas trop de difficultés pourtant à me plonger dans l'intrigue et dans le drame. Pas d'impression d'ennui ni de longueur. J'ai vu, j'ai lu, j'ai apprécié, et suis heureuse d'avoir pu dompter mes appréhensions.
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Pièce écrite en 5 actes en 1677 en alexandrins.
Pièce sublime dans la forme. Très beau texte.
Mythologie grecque comme sujet, cela ne peut qu'être dramatique. Parce que les Dieux s'amusent, tourmentent les pauvres humains qui ne sont plus que des jouets dans leurs mains. Les épreuves pleuvent sur leurs épaules, le destin est cruel.

Phèdre. Femme de Thésée. le héros qui a vaincu le minotaure et abandonné Arianne la fille du roi Minos qui l'avait aidé et aimé. Héros qui part en guerre quand cela lui chante et trompe sa femme aussi souvent.
Phèdre fille de Minos et de Pasiphae et donc soeur d'Arianne.
Phèdre belle mère d'Hippolite , fils de Thésée né d'une autre union.
Thésée est annoncé mort. Phèdre qui aime passionnément Hippolite peut enfin lui révéler ses sentiments. Mais le jeune homme en aime une autre en secret.
Coup de tonnerre. Coup de théâtre. Thésée revient en chair et en os. Phèdre tremble de sa trahison, de sa passion incestueuse. Prise au pied du mur, voilà qu'elle annonce à Thésée que le jeune homme a essayé de la séduire.
Thésée (que je ne supporte pas) ne cherche pas à comprendre et fonce dans le tas comme d'habitude. le fils est aussi maudit.
La fin vous l'imaginez bien est tragique et magnifique.
Un pur régal de se replonger dans les passions et tourments de la mythologie.


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J'ai toujours préféré les comédies aux tragédies parce que je trouve ces dernières un peu austères. Mais je dois avouer que la plume de Racine est tellement belle que se plonger dans l'une de ses pièces permet de passer un grand moment de lecture.

Dans Phèdre, comme dans Bérénice, la règle des trois unités est respectée, il y a une action principale et on sait dès le début quelle en sera l'issue. Mais ce n'est pas l'intrigue de cette pièce qui m'a le plus intéressée : Phèdre est en proie à une passion qui la consume, à un amour tel qu'il ne peut qu'avoir été provoqué par un dieu – Vénus en l'occurrence – qui cherchait à se venger. La fatalité est donc bien présente : comment peut-on échapper au courroux d'un dieu ? L'issue ne peut qu'être funeste. Eh oui, c'est une tragédie. On sait donc dès la scène d'exposition que la fin ne sera pas heureuse. de toute façon, le tout a une visée cathartique : faire réfléchir les lecteurs et les aider à se libérer de leurs passions. le sort des personnages peut donc bien être funeste, la pièce n'en sera que plus cathartique.

Mais au-delà de cette intrigue, ce qui est vraiment appréciable, c'est l'écriture, les alexandrins, les tirades, les multiples citations que l'on peut tirer de cette pièce. Il suffit d'ouvrir le livre, à n'importe quelle page, pour se rendre compte de la beauté de ses vers :

« le voici. Vers mon coeur tout mon sang se retire.
J'oublie, en le voyant, ce que je viens lui dire. »

« D'un mensonge si noir justement irrité,
Je devrais faire ici parler la vérité. »

Voilà qui donne envie de lire d'autres pièces de Racine, de temps en temps, rien que pour apprécier la beauté et la richesse de la langue.
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Phèdre est l'épouse de Thésée, fils du roi d'Athènes, mais amoureuse de Hippolyte, son beau-fils. Envahie par la jalousie, elle sombre progressivement dans la folie et imagine une terrible vengeance lorsqu'elle apprend que celui qu'elle aime, en aime une autre.

Phèdre” est une pièce de théâtre écrite par Jean Racine, grand poète et dramaturge français du classicisme.

La pièce, parue en 1677, est une tragédie proposée en cinq actes. Elle comprend peu de personnages, ce que j'ai trouvé appréciable car on ne se perd pas entre les dialogues et les différentes scènes. 

Aux côtés de Phèdre, il y a Thésée, son époux, Hippolyte, le fils de ce dernier, et Aricie, princesse d'Athènes. Puis, nous trouvons Oenone, Théramère, Ismène et Panope, leurs confidents.

L'histoire débute par un échange entre Hippolyte et son gouverneur dans lequel il lui confie vouloir retrouver son père pour lui parler d'un sujet important. Puis, au fil des scènes et des actes, on suit ces retrouvailles, le rôle de Phèdre puis sa descente en enfer.

Il y a longtemps que je n'ai pas lu de pièce de théâtre et renouer avec ce genre littéraire m'a beaucoup plu. le texte se lit vraiment très bien. Je n'ai ressenti aucune difficulté à suivre le destin de ces personnages, et j'ai trouvé le contexte vraiment intéressant. J'ai également beaucoup aimé les références à la mythologie grecque.

Phèdre” est un texte court abordant l'amour, la vengeance et la folie dans le style des tragédies grecques du 17ème siècle que je recommande. Quant à moi, j'envisage de poursuivre dans ce genre littéraire dans les prochains temps.

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Phèdre est certainement une des pièces les plus connues de Racine.
Ce nom, ou plutôt ce prénom a toujours évoqué pour moi la passion, sans que je connaisse précisément son histoire…Quelques vagues souvenirs de ma période mythologie au collège me permettaient de ne pas être tout à fait ignorante, mais bon…
J'ai lu et adoré une partie de l'oeuvre de Racine pendant mes années lycées. Après, je reconnais avoir un peu tourné le dos à la littérature classique pour découvrir d'autres genres comme par exemple le roman historique, le polar et bien d'autres encore…Cependant, certains classiques non lus sont restés quelque part dans un petit coin de ma tête et puis voilà…..Il fallait bien que je m'y recolle un jour…
Ah, lire des alexandrins…je reconnais que cela faisait bien longtemps… mais quel plaisir, il faut le dire…certains vers sont magnifiques et puis c'est tout !
Et puis se plonger dans une oeuvre aussi puissante que Phèdre, cela décoiffe un peu il faut le reconnaitre. le mot clef de cette histoire est surement la passion Et quoi de pire qu'une passion non payée en retour ? Car Phèdre l'amoureuse va se révéler ô combien dangereuse pour l'objet de tous ses désirs…
Une oeuvre de Racine que j'ai donc lu avec plaisir, et qui m'a confortée dans mon objectif de continuer à lire régulièrement certains classiques.

Challenge Pyramide
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Dans mes plus profonds souvenirs, j'ai toujours eu une appréhension quand à lire une pièce de théâtre. Pourtant, le peu que j'ai lu, j'ai toujours aimé. C'est encore la cas avec Phèdre. Difficulté supplémentaire, je n'avais jamais lu une pièce en alexandrin complètement et de Racine. Vierge et innocent de cet auteur je m'y suis lancé sans apriori.

Malgré que la trame de l'histoire soit un peu connu avant le début de la lecture, comme c'est souvent le cas avant de lire les tragédies grecques célèbres, je m'y suis immergé totalement et sans difficulté. On dirait que les mots ont été créés uniquement pour ce genre de tragédie. Chacun trouve sa place avec un ordre millimétré comme du papier à musique, et qui donne une harmonie et une certaine beauté à cette pièce. L'autre aspect intéressant des tragédies grecques, est les questions que soulèvent les thèmes abordés dans les pièces. Ici il est question d'amour incestueux, du regard de la société, de liberté d'action, et de connaissance de soi. Tels on les thèmes qui reviennent souvent dans ces tragédies.

J'ai trouvé Phèdre touchante malgré sa monstruosité d'aimer son beau-fils et rendre coupable les autres de ses actes. J'ai détesté Hippolyte pour la froideur dont il fait face devant sa belle-mère, et les sentiments pour son aimée et son père.

La langue de Racine coule d'elle-même et les alexandrins sont très accessibles et ne sont pas lourd du tout. Tout les vers s'imbriquent les uns dans les autres. L'aspect immuable final des tragédies peur rebuter certains, mais quand on y pense, que ferions nous à la place des personnages ? Que peuvent-ils faire à part d'avoir le courage de regarder leur destin en face et de se remettre en question quitte à en finir puisqu'il n'y plus rien à faire dans ce monde là ? Je pense qu'à leur place nous n'aurions pas le courage d'agir et nous deviendrions tous fou.

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"Phèdre" de Jean Racine (ou plus simplement appelé Racine).

Je suis pas un habitué des pièces de théâtre, à part les quelques vues en cours de français au collège puis au lycée, je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce genre de littérature car celle-ci ne me donnait pas forcément envie.
Mais l'ayant trouvé pas très chère dans un magasin de livres en promo (je l'ai eu en lot avec d'autres livres pour 2 euros les 5 livres) j'ai passé le cap et ait tenté ce livre.

Je n'ai pas été déçu. En plus d'avoir été une lecture assez rapide, elle a été très fluide (ce que je redoute souvent avec les pièces de théâtre).
L'histoire d'amour à sens unique de Phèdre envers Hippolyte (et incestueuse car étant la belle-mère de celui-ci) est vraiment bien amené avec un dégoût de soit-même de la part de Phèdre envers ses sentiments.
Le fait que les Dieux grecques (avec des noms romains, je m'en remettrais pas) jouent un rôle important est plutôt intéressant car cette aspect divin rajoute dans la tragédie de la pièce de part la mort de certains personnages (que je ne spoilerais pas).

En bref, une petite critique rapide pour vous conseiller de lire cette pièce (ou d'en voir une représentation sur scène si vous en avez l'occasion).

(7.5/10)
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