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sur 89 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La lecture de l'Acte V de « Niels » dégage une atmosphère différente de celle découlant de l'Acte IV et ce n'est pas le moindre rebondissement de ce passionnant roman, oh combien instructif, sur l'occupation, la résistance et la collaboration d'un certain monde littéraire.

Difficile de ne pas mettre en parallèle « les fidélités successives » de Nicolas d'Estienne d'Orves dont j'avais estimé « les fins de ses livres ... aussi improbables qu'invraisemblables. » et « Niels ». L'un nous emmène chez les auteurs de Théâtre, l'autre chez les écrivains, deux mondes proches, voir identiques comme l'illustre parfaitement Alexis Ragougneau qui publie ici des pages superbes alternant scènes de théâtre et pages romanesques.

Peu banal d'observer Jean-François Canonnier mettre en scène avant guerre « les iles Kerguelen », « Krankenstein » et « Kaiser » des pièces qu'Alexis Ragougneau publia en 2009, 2010, 2011 … Uchronie qui fait naitre une apparente complicité entre l'écrivain et son personnage, mais que l'antisémitisme dénoue au fil de l'intrigue.

Analyser l'évolution des protagonistes (peut on les comprendre ?) au fil des années 1936/1956, nous interpelle nous qui n'avons pas vécu ses années mais qui observons depuis l'an 2000 une vague antisémite monter en occident.

Qu'aurions nous fait en 1940, en 1942, et en 1944 ?
Et ensuite, à la Libération, quelle place réserver aux anciens collaborateurs ?

René Bouquet, fut administrateur de la Dépêche du Midi de 1959 à 1971, et joua le rôle que l'on sait auprès de Francois Mitterrand …

Dans l'acte V, comment ne pas reconnaitre La Reynière, le critique gastronomique du quotidien le Monde durant 40 ans ?

La dernière page m'a projeté le fantôme de Lucien Rebatet, l'auteur de « Les décombres » » diffusant le manuscrit de son célèbre « Les deux étendards »…

Il faut lire « Niels » et le faire lire aux adolescents si nous voulons éviter à notre époque une réincarnation de Jean-François Canonnier.

PS : "les fidélités successives" : ma critique
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Alexis Ragougneau est un auteur de théâtre, de roman français. Il oscille entre théâtre moderne classique et roman policier bien construit, Niels est un petit uppercut de lecture.
« En France, où l'on aime tant les idées, les écrivains ont un statut à part. Les mots peuvent tuer. Et ils peuvent aussi faire condamner à mort leurs auteurs. »
Cette citation du roman est le fil conducteur de la trame, comme le théâtre est le vecteur du roman.
Ce roman reste une lecture riche d'enseignement et d'enrichissement personnel, une formidable découverte, croisant ma route au hasard d'une destiné.
Alexis Ragougneau entremêle merveilleusement les genres pour édifier dans le marbre un roman puissant, une force des destinées, la recherche d'une vérité qui n'excite pas, une philosophie anthropique de l'homme à la croisée de la guerre 39-45. le théâtre respire sa noblesse, l'artiste est mis en avant, plutôt sa position face à la guerre, ses certitudes, en filigrane des noms connus s'invitent dans l'intrigue, comme une fresque historique, une vie narrée sans machinisme, une biographie de l'époque dans l'entremêlement de certaines personnes.
Le livre débute comme un roman d'espionnage, avec le sabotage d'un navire allemand, puis la libération du Danemark des allemands, puis d'aventure lorsque notre héros Niels va en France pour aider un ami d'avant-guerre , il embraque avec des anglais et deux dignitaires allemands ; partis signés la paix prés de Reims . le théâtre s'invite aussi comme la réflexion de ces hommes broyés par la guerre.
La construction du roman se divise en acte, tel une pièce de théâtre, et se greffe au sein même du roman deux petites pièces d'un acte
- L'hôtel particulier, vaudeville en un acte où s'affrontent verbalement des érudits du moment comme Jean Cocteau, Marcel Jouhandeau, Paul Léautaud, Claude Roy réunis par une bourgeoise tel les salons où Proust aimé s'y rendre…
-Miro et Lecacheux, pièce tragi-comédie burlesque en acte, se moque des institutions délatrices comme le FNT, CES, CNT et le SN
Alexis Ragougneau, homme de lettres aime le mélange des genres en composant un roman-théâtre moderne. Nielsnous ouvre les portes de l'après-guerre, une période difficile pour ces acteurs ayant subi, profité, collaboré, joué, résisté, noyé dans l'horreur de cette guerre sanglante.
De cette guerre, des journaux, des acteurs, des romanciers, des auteurs, des artistes, des hommes et des femmes ont basculés dans sentier minuscule du racisme humain, l'antisémitisme.
Au pilori journal crachant son venin antisémite les plus virulentes de l'époque de l'Occupation, où Lucien Rebatet avec son roman Les décombres, best-seller de cette époque sombre, sera réédité en 2015 dans le dossier Rebatet pour ne pas oublier ces années, puis comprendre ces pensées de violences et de colère…Puis Ferdinand Céline participant à ses écrits souffle cet élan antisémite, mode de l'époque, misère de l'épuration intellectuelle. Jean Paul Sartre s'invite avec ses Mouches produit au théâtre de la cité en 1943, Sous l'occupation allemande, le théâtre Sarah-Bernardt est renommé théâtre de la Cité, en raison des origines juives de la comédienne. L'ambiguïté des artistes sous l'occupation est un oxymore ambivalent entre se produire, vivre de leur passion, au prix d'inquiétante rapprochement avec l'occupant, le doute entre la profession et les idéaux reste inextricable dans l'esprit réelle de ces artistes –Soit rompre leur désir de se produire par principe ou coute que coute continuer sa vie d'artiste.
D'autres artistes sont cités comme Jouvet, désertant la France pour une tournée en Amérique du sud, prônant la langue française en jouant des pièces. Montherlant célébrant la virilité nazis dans ses écrits, Claudel avec une ode au Maréchal Pétain puis à la libération à De Gaulle, Cocteau, Guitry et tant d'autres participant plus que mesure aux soirées de l'institut Allemand. La comédie Française ouvrant ses portes aux troupes allemandes et de leur culture. Sans jugement Alexis Ragougneau nous invite à se poser la question du choix.
Le personnage Jean François, fantôme des autres artistes ayant vécus l'occupation allemande, devient le bouc émissaire, celui prisonnier de son art, perdu dans le purgatoire de l'époque avec les listes, Bernard, Otto…Comme beaucoup s'invite à la révolution culturelle nationale de Vichy pour lutter contre le théâtre commercial, ayant recours à l'Histoire, l'Antiquité devenant un outil « d'édification des masses. »
Jean François pris dans la folie de l'artiste, s'aliénant de la substance de la peur, de la jalousie, glisse lentement dans l'antisémitisme de circonstance, ne supporte pas l'idée de plus être joué, de ne plus être lu, écrit comme beaucoup des pamphlets contre les juifs où d'autres bifurquent dans la résistance, sentant le vent tourné, lui continue pour tomber dans la dénonciation puérile, la folie pure de l'artiste.
Un petit passage émouvant lorsque Niels devant l'Hôtel Lutetia rencontre le père d'un déporté attendant son retour, refusant sa mort lorsqu'il rencontre un camarade de circonstance lui annonçant sa mort peu de temps avant leur libération, ce dénis si révélateur de l'atmosphère de l'époque.
Alexis Ragougneau puise dans sa mémoire pour citer le Procès de Kafka, L'amant de Marguerite Duras pour cimenter dans le marbre son roman, cette pièce de théâtre moderne où le temps n'oublie pas.
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N° 1446 Mars 2020.

NielsAlexis Ragougneau – Viviane Hamy.

Nous sommes au Danemark à la fin de la deuxième Guerre Mondiale. Niels Rasmussen qui a été un résistant courageux pendant cette période est maintenant confronté à l'après-guerre où il n'est plus question de combattre les troupes allemandes mais d'empêcher les communistes d'occuper le pays. Pourtant, au moment où il va pouvoir recevoir les lauriers de son action, il part pour la France où un auteur de ses amis, Jean-François Canonnier, dont jadis il a mis en scène trois de ses pièces à Paris, va passer devant une cour de justice pour intelligence avec l'ennemi et a toutes les chances d'être exécuté. Il considère de son devoir de le défendre, et ce malgré Sarah et son enfant à naître et traverse une partie de l'Europe dans des conditions rocambolesques. Il ne tarde pas à s'apercevoir que, par un mystère qui s'est vérifié chez beaucoup d'acteurs et d'écrivains pendant cette période, son ami, oubliant son talent littéraire, à préféré se compromettre avec l'occupant pour obtenir la reconnaissance et faire échec au silence et sans doute à l'oubli. Certes il n'était qu'un auteur de seconde zone, une seconde plume de la littérature mais c'était un choix suicidaire qui a amené, à la Libération, à son arrestation comme ce fut le cas de nombreux hommes de Lettres et de théâtre, avec des fortune diverses cependant. Cette prise de conscience de la part de Rasmussen, authentique Résistant, se sent au fil des pages, on le voit hésiter, se renseigner, tenter de comprendre, reporter la rencontre avec cet ami et peut-être son témoignage qui le sauvera. Comme par contraste et pour illustrer la différence entre l'attitude de Canonnier et la sienne, les analepses se succèdent , les exécutions des traîtres à la patrie danoise avec cette interrogation intime de savoir si son rôle de justicier était justifié. En détruisant les décors du théâtre de l'Olivier, il cherche à effacer la trahison de son ami mais les fantômes de ce cette période lui reviennent en pleine figure. Au cours de son procès, Canonnier est absent, comme s'il avait hâte d'en finir avec cette épreuve et peut-être aussi avec la vie. Cette attitude peut apparaître étrange à Rasmussen mais ce qu'il va apprendre par la suite, comme une confession, la justifiera. Il va prendre conscience de s'être complètement trompé à son sujet, d'être passé de bonne foi à côté de cette facette de sa personnalité qui devait sans doute dormir depuis longtemps et que les circonstances ont réveillé. L'amitié peut-elle survivre à ce genre de révélation, peut-on à ce point oublier ce qu'on a été et tourner la page pour une nouvelle vie, l'oubli étant un des apanages de l'espèce humaine, a-t-on le droit moral de vendre son âme pour un peu de notoriété et de reconnaissance, peut-on s'octroyer toutes les libertés au seul motif que les circonstances les favorisent, peut-on se tenir quitte de ses faux-pas quand on a « payé sa dette à la société » ?
Ce genre de temps troublés nous donne à voir des aspects peu glorieux de l'espèce humaine, veulerie, couardise, trahison, palinodie, flagornerie, délation, opportunisme, ce qui n'est pas sans nous inviter à nous poser des questions sur nous-mêmes et surtout sur ceux qui, après la guerre ont mis en sourdine leur période de collaboration pour tenir des rôles retirés ou officiels une fois la paix revenue. C'est sans doute facile pour nous qui n'avons pas connu cette période où il fallait survivre, de prendre position. Que penser de ces temps qu'on croyait révolus alors que notre XXI° siècle connaît des périodes meurtrières d‘antisémitisme… ?
C'est un roman divisé en 5 actes, comme une pièce de théâtre, haletant passionnant autant que dérangeant par les questions qu'il pose parce qu'il met l'être humain, face à lui-même, Rasmussen, l'idéaliste face à Canonnier, l'opportuniste, dans des circonstances aussi exceptionnelles que douloureuses. Il s'y mêle des moments du quotidien, de l'Histoire de cette période, et surtout des pistes de réflexions, dans un style fluide, agréable à lire.
©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com
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Des romans sur la guerre, sur la Résistance, j’en ai lu. Qui se déroulent en France, en Allemagne, en Autriche, j’ai eu l’occasion. Mais une histoire qui se déroule, entre la France et le Danemark, et qui traite essentiellement de la période de l’épuration, je n’en avais jamais lu. C’est déjà un bon point.

Malgré l’histoire officielle, malgré le « roman national », il n’est pas nécessaire de consentir à un énorme effort d’imagination pour se douter que tout n’a pas été rose. Et reviennent alors quelques souvenirs d’enfance, lorsque mes grands-parents racontaient « leur » guerre, celle d’un cheminot et de sa femme, mère au foyer, et celle d’un militaire et de son épouse, secrétaire. Et me revient cette histoire, racontée par l’un d’eux, qui a vu quelqu’un vendre une bouteille d’eau pour un Napoléon. Oui, une pièce en or contre une bouteille d’eau…

Ici, les personnages sont tous en nuances de gris. Des salauds qui se sont rachetés à temps une virginité de façade ; des gentils qui, sous la pression des événements, ont franchi une fois la limite, mais le payent au prix fort ; des vrais lâches déguisés en héros de pacotille ; des hommes et des femmes qui se sont débrouillés comme ils le pouvaient. Et, tous, emportés par l’élan, qui se joignent, volontairement ou non, avec enthousiasme ou réticence, à la chasse aux collabos.

Personne ne peut savoir avec certitude s’il aurait été, s’il serait un traître, un lâche ou un héros. C’est souvent une question de circonstances, et, peut-être, de point de vue. Alexis Ragougneau nous raconte ce Paris dans lequel les loups ne sont pas toujours ceux que l’on croit avec une finesse, une élégance, une humanité que j’ai vraiment appréciées. Pas de caricature, pas de jugement tranché : seulement des hommes et des femmes, avec des faiblesses, des petitesses, mais aussi des moments de grâce.

Le seul point que j’ai trouvé un peu agaçant, c’est qu’Alexis Ragougneau mette en scène ses propres pièces de théâtre, que Jean-François est censé avoir écrites, et que Niels aurait mises en scène. Dans les articles scientifiques, on appelle cela de l’auto-citation, et c’est souvent employé par des chercheurs qui espèrent faire ainsi monter leur h-index… mais le procédé est en général considéré comme relativement inélégant. En même temps, on peut se dire que ce sont des pièces qu’Alexis Ragougneau connaît bien. Bon, j’ai décidé de lui accorder le bénéfice du doute…

En tout cas, au final, je vous recommande chaudement cette lecture. Moi, j’ai passé un très bon moment de lecture, qui fait réfléchir, et ce n’est pas à négliger !
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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J'ai été captivée par ce récit. L'impression de voir un film se dérouler devant moi puis d'être propulsée devant une scène de théâtre. Les mots sont percutants, l'histoire envoutante. Niels a choisi son camp pendant la deuxième guerre mondiale, son ami Jean-François, avec qui il a monté des pièces avant guerre, en a suivi un autre. Pour quelle raison ? Niels voudrait comprendre pourquoi son ami a s'est fourvoyé, par intérêt ? Il ne peut croire qu'il ait agi par conviction. C'est cette recherche que l'on va suivre au fil des pages, à travers les rencontres que Niels va faire. Il va essayer de combler le vide, de savoir ce qui s'est passé à Paris alors qu'il était à Copenhague. Jean-François va être jugé et risque la peine de mort, quel est son crime ?
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Nous sommes à la fin de la guerre, à l'heure où certains retournent bien vite leur veste, où d'autres reviennent des camps, et où d'autres s'enfoncent.
Nous sommes au théâtre, ou du moins dans ce qu'il en reste.
Et puis nous revenons en arrière. Qu'ont-ils réellement fait les uns et les autres pendant ces années noires? Qui sont les vrais héros, les vrais salauds?
Il y a beaucoup plus de gris que de tout noir ou tout blanc.

On croise de vraies figures du théâtre de l'époque, Jouvet, Cocteau, Guitry... on découvre aussi les procès menés à la va vite à la fin de la guerre, et surtout que rien n'est jamais simple..
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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Il y a des romans qui vous dérangent, qui vous poussent au questionnement, qui vous mettent parfois mal à l'aise mais surtout qui vous enrichissent. "Niels" fait partie de ceux là.

Je l'avoue, le début m'a enchanté puis un petit passage à vide m'a cueilli. J'ai persisté car je sentais que cela était indispensable et je ne suis vraiment pas déçue. C'est un livre que je dirai édifiant et percutant.

C'est l'histoire...

Tout d'abord d'une belle amitié de trois ans autour d'une passion commune : le théâtre.

Le temps passe, la seconde guerre mondiale arrive.

Au Danemark, Niels choisit de se battre avec la résistance à coup de balles et de bombes contre l'ennemi  .

En France, Jean François quant à lui, utilise en tant qu'homme de théâtre les mots pour exprimer sa position et tenter de survivre.

Fin du conflit Niels, reçoit un article de presse annonçant le procès de son ami pour collaboration et prise de position en faveur du projet allemand... Il décide alors de rejoindre Paris pour aider Jean François et comprendre ce qui a bien pu se passer...
Lorsque vous aurez refermé ce livre, vous n'aurez qu'une envie tout comme moi, d'en parler et d'en débattre.

Il recèle vraiment de très beaux passages comme celui-ci qui commence par :

"Résister, c'était d'abord désobéir. c'était en assumer les conséquences. accepter l'exil, le vrai, celui qui faisait de vous un étranger dans votre propre pays..."

Ce roman est sur la première liste pour le prix Goncourt et il le mérite.




Lien : https://justelire.wordpress...
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"A quoi tient la façon de se regarder dans la glace pour le restant de sa vie ? Héros ou meurtrier, justicier ou assassin ?". C'est à cette question qu'est confronté Niels Rasmussen en cet immédiat après-guerre (l'armistice n'est pas encore signé), dans une France qui s'agite sur la scène du théâtre macabre de l'Epuration, un Grand-Guignol où les acteurs portent des masques interchangeables. Avant de devenir saboteur professionnel pour le compte de la Résistance danoise, Niels fut avant la guerre l'assistant de Jean-François Canonnier, metteur en scène de théâtre français. C'est quand il reçoit un article du "Parisien Libéré" lui annonçant l'arrestation de Canonnier et son futur passage devant le tribunal de l'Epuration que Niels, abasourdi par la nouvelle, décide de se rendre de toute urgence à Paris, afin de comprendre. Son ami aurait collaboré, lui qui était un homme droit, ne vivant que pour le théâtre ? Dans une France complètement étourdie par la fin de la guerre et rendue folle par des années de souffrance et de privations, Niels va tenter de démêler le vrai du faux, la fiction de la réalité (à noter deux chapitres remarquables, sous forme de pièce de théâtre, dignes de Jarry ou Ionesco, totalement vaudevillesques). Mais qui est qui ? Qui a fait quoi ? Et pourquoi ? Qui sont les collabos ? Qui sont les héros ? le pays doit faire face à une liberté retrouvée, au retour des prisonniers du STO, des déportés, au "jugement" de ceux restés sur place. Et Alexis Ragougneau illustre cette catharsis nationale en situant justement l'action de son ébouriffant roman dans le milieu du théâtre : certains se sont exilés, certains sont restés pour créer coûte que coûte, en collaborant ou en résistant, certains se sont cachés, d'autres ont fait comme beaucoup, ils ont suivi le mouvement. Un portrait mordant et hautement cynique des heures les plus sombres de la France, bien moins glorieuses que le portrait que veulent bien en faire certains... Impossible d'en dire plus sans tout raconter. "Niels" est un roman dont on ne sort pas indemne, écrit dans un style magistral, urgent, plein de tension. le lecteur est pris dans le maelstrom étouffant et lugubre qui entraîne Niels vers la noirceur de l'âme humaine (et sa beauté aussi parfois, par la grâce de certains personnages féminins). Merci M.Ragougneau pour ce coup de poing littéraire !
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