J'avais besoin d'un petit dessert pour terminer cette semaine littéraire. L'entrée fut décevante, avec ce Mahmoud et la montée des eaux, équivalent littéraire, pour mes papilles probablement trop rustiques, de la Nouvelle Cuisine pour la gastronomie. Il semblerait que de tels écrits enchantent un grand nombre de lecteurs. Pour ma part, je restais sur ma faim avec même un léger ballonnement. Heureusement, le plat de Résistance, qualificatif idoine, me combla et le fumet de ces Abeilles grises, m'accompagnera longtemps.
Dorénavant rassasié, la friandise terminale devait permettre une complète sérénité digestive. Crèmes roboratives, feuilletés chocolatés et autres variations autour de l'oeuf étaient donc à exclure.
le Roman du Canard a fait office de coupelle de sorbet au cassis. La coupelle pour la quantité, le sorbet pour la fraîcheur et le cassis pour le sucre et la légère acidité. Embrasser 100 années, ou presque, du plus irrévérencieux des hebdomadaires revient à plonger dans de nombreuses turpitudes politiques ce qui fait forcément un peu grincer les mâchoires. Se dire que notre époque ne génère pas davantage d'élus ripoux, incompétents ou hypocrites qu'à d'autres époques est-il vraiment rassurant ? La question reste ouverte. Ce qui est certain, en revanche, c'est que le Canard poursuit depuis 1916 son oeuvre salutaire de vigie de la République. Il se tient farouchement à l'écart de tous les pouvoirs qu'ils soient culturels, économiques ou politiques, les trois ayant parfois du mal à être distingués.
Patrick Rambaud nous rappelle avec une plume alerte, mais aussi beaucoup de citations extraites du « Canard », les principaux événements du journal. Ouvrage indispensable aux lecteurs réguliers de ce journal, aux étudiants qui veulent comprendre la fin de la IIIème République, la IVème et la Vème en attendant la VIème, il risque de rebuter ceux que la politique indiffère. A moins que l'ouvrage de Rambaud ne donne à quelques uns l'envie de rejoindre les milliers de lecteurs, qui, chaque mercredi, se livrent au rituel du Canard. A chacun sa messe, fût-elle républicaine et laïque ! Alors, Patrick je te remercie, et bien aidé de la Comtesse, je te dis « Salut ! Patrick ! »