Aussi, ils étaient tous là. Dans la foule, on pouvait voir la boulangère et son mari pour une fois sortis de son fournil ; Perrine, curieuse de revoir le garçon qu’elle avait aguiché ; Marie qui se réjouit du malheur des autres ; les commères promptes à critiquer ; le père Michel avec son fusil, prêt à tirer au cas où ; le facteur et le cafetier, car un monstre dans le village, on n’avait jamais vu ça.
Tous veulent voir le monstre et le chasser si besoin. Ils ne veulent pas qu’on leur jette la réalité de cette guerre à la figure. Entre déni et culpabilité, ils veulent rester dans l’ignorance du massacre.
On n’avait pas besoin que cet inconnu vienne les mettre devant leurs propres difformités morales. Et la raison s’efface devant les délires d’une foule haineuse, difficilement contrôlable.