Issu d'une bourgeoisie aisée, Regnard connaît une jeunesse aventureuse, marquée par des voyages lointains. Revenu à Paris, il achète des charges qui lui permettent d'accéder à la noblesse de robe, en faisant des placement judicieux. Mais il s'adonne aussi à la littérature, tout particulièrement au théâtre. Après des débuts au théâtre italien, dans lequel il connaît le succès, il se tourne vers la
Comédie-Française avec des comédies qui vont assurer sa postérité. Il sera avec Dancourt l'un des deux auteurs comiques importants entre
Molière et
Marivaux.
Voltaire d'une façon un peu sommaire, a considéré Dancourt comme l'héritier de l'aspect farce de
Molière, et Regnard comme celui qui a continué la haute comédie, oubliant entre autres, son passage chez les Italiens dont on retrouve trace dans certaines comédies françaises
De Regnard.
Attendez-moi sous l'orme, créée en 1694, est une petite pièce en un acte et en prose, accompagnée de musique et de danses. L'intrigue en est très simple. Une jeune, jolie et fortunée villageoise, a la tête tournée par un officier aux abois, prêt à l'épouser pour payer ses dettes. Elle néglige son fiancé paysan. Mais la servante de la jeune fille et le valet renvoyé de l'officier décident de la sortir des griffes de ce dernier. Lisette, la servante, se déguise en veuve encore plus riche, et fait attendre l'officier sous l'orme du titre. Tous les protagonistes viennent se moquer du jeune homme berné et le mariage des deux jeunes villageois est célébré.
C'est une petite intrigue très classique, menée d'une manière prévisible mais efficace. Nous avons les deux serviteurs malins qui mènent la danse, les patois des villageois, les intrigues d'amour, la cupidité du prétendant, et une fin heureuse. Tout ce qu'attendaient les spectateurs de l'époque. Regnard reprendra le titre pour une comédie du théâtre italien, dont l'intrigue, en plus de l'esprit, est différente. Certains spécialistes considèrent que la pièce française n'est pas de sa plume seule, mais que Regnard aurait réécrit une pièce composée par Dufresnay, pour s'assurer d'entrer à la
Comédie-Française, versant une compensation financière à son confrère.