Boulevard des étrangers

De la Première Guerre Mondiale, nombreux sont les récits de poilus ayant vécu l'enfer des tranchées. Ce que l'on connait moins, ce sont ces voix qui racontent l'arrière loin du feu des bombes et qui pourtant ont tant de choses à relater sur ces événements. C'est le cas de Hugo Ringer, jeune allemand installé en France qui, lors de la mobilisation, a vu sa vie basculer sur le territoire français.
Ce témoignage, enfermé dans les cartons des Archives Départementales des Côtes d'Armor, a été exhumé il y a un peu plus de 20 ans par Ronan Richard à l'époque étudiant en histoire. A travers son travail acharné, notamment de traduction, Ronan révèle alors avec les éditions briochines Les Archives Dormantes un trait de notre histoire loin d'être glorieux, à savoir l'internement des civils étrangers.
Installé dans une ancienne usine désaffectée, le Camp du Jouguet a accueilli plusieurs centaines de ressortissants étrangers dans des conditions plus que précaires avec pour seule raison d'être du camp ennemi donc potentiellement « suspects ». En écrivant ses carnets, Hugo Ringer souhaitait relater la vie qui s'était construite peu à peu entre ces murs et où chacun tentait de (re)prendre une vie proche de la normalité. Il y décrit des scènes de vie quotidienne, les rapports entre les internés et les soldats, les contradictions de l'administration française, les espoirs et surtout l'ennui, l'attente.
L'existence de tels camps, car celui-ci ne fut pas le seul en France ni sur Saint-Brieuc, fut pour moi une réelle découverte et un véritable choc. On ne peut que constater, une fois de plus, à quel point les temps de guerre provoquent des situations insensées et bouleversent la vie d'individus.
Boulevard des Étrangers est un formidable et nécessaire témoignage sur la Grande Guerre qui ne cesse de nous révéler des secrets, à quelques semaines de la commémoration de son premier centenaire.
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Une chronique quasi quotidienne d'un épisode peu connu de la première guerre mondiale