Voici un auteur oublié (en tant qu'auteur) mais rattrapé par les "affaires" . N'y pensons plus, je vais essayer de porter un jugement critique sur cette courte histoire en toute subjectivité, mais sans interférence avec la vie privée de F. M. Banier.
Tout d'abord, il s'agit d'un amour exclusif, fusionnel s'il en est, entre Cécile, 16 ans, et son frère , Olivier, 17 ans, vivant dans un milieu parisien plutôt aisé.
Or cette passion est entachée d'un fort sentiment de culpabilité, surtout chez Olivier, ce qui conduira le jeune garçon au suicide.
Cécile est inconsolable, bien sûr, et elle cherche à tout prix à prolonger cette passion en choisissant François, qu'elle façonne à l'image d'Olivier. Mais cette manipulation est toxique : après avoir joué le jeu, François ne tarde pas à s'éloigner de sa femme, fatigué de ses exigences.
Au cours d'une longue scène de jalousie, Cécile bascule dans la folie paranoïaque. Désormais, son univers gravitera autour des objets laissés par son frère adoré, qui seront ses compagnons mais pèseront aussi sur elle comme une menace.
Je lis dans ce roman un exemple de perversité qui se retourne contre son auteur (Cécile). Mais peut-être n'ai-je pas su décoder le texte car certains ont vu dans le personnage de François celui du parfait manipulateur... Alors ?
Dans ce court récit (120 pages) François-Marie Banier cultive l'ambiguïté. Je ne découvre rien d'extraordinaire, ni de novateur, dans ce roman qui pourtant a été bien reçu par la critique en son temps.
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Cette mort....cette mort inutile....elle avait figé leur aventure, elle avait transformé leur amusement en tragédie. Cette mort avait réduit la vie de Cécile à n'être plus que le prolongement factice de leur erreur.
On ne peut pas vivre avec toi. Tous les moments de la vie, tu les transformes, tu en fais autre chose que ce qu'ils sont, que ce qu'on souhaite. Tu es invivable. Je ne sais pas, même, si tu ne portes pas malheur. Il faut s'éloigner de toi. Au plus vite. Il ne faut plus croiser ton regard. Et déjà tu me fais peur. (p.121)
François pense que dans la vie chacun doit jouer un rôle : alors pourquoi pas celui-là ? D'autant plus qu'il ressemble vraiment à Olivier. François ne fera pas attendre les Lasserre. Donner l'illusion qu'il a le choix serait cruel et faux. On ne rencontre pas tous les jours un mort qui vous va. (p.85)
A la Closerie des Lilas, elle lui a dit : "Tous les gestes que l'on fait dans la vie comptent, même ceux qu'onn'a pas voulus." (p.64)
Cécile n'avait aucun principe : "Je prends le temps comme il vient", disait-elle, sans se poser de questions. Olivier était l'inverse, l'inverse de sa soeur. L'inquiétude même, le doute. (p.22)
François-Marie Banier à la manifestation contre la réforme des retraites