Peu connu, voire inconnu en France, Mack Reynolds (1917 — 1983), auteur populaire aux États-Unis durant les années 1960, est redécouvert par les éditions, « le Passager Clandestin », qui traduisent deux de ces nouvelles : «
Les gaspilleurs » ainsi que «
le mercenaire ». Je vais m'intéresser dans cette critique au premier titre cité, à savoir,
les gaspilleurs.
L'histoire se déroule en pleine guerre froide. Ainsi, Paul Kosloff, agent secret étasunien d'origine russe, reçoit un nouvel ordre de mission. Cet espion que la réputation précède doit infiltrer un groupe communiste originaire des États-Unis et soupçonné de vouloir renverser le modèle économique et sociétal étasunien. À la fois froid, convaincu et redoutablement efficace, Paul Kosloff parviendra sans trop de mal à se faire accepter au sein de cette nouvelle organisation. Anticommuniste convaincu, Paul Kosloff va cependant, peu à peu, voir ses convictions ébranlées. Mais. Jusqu'où ?
«
Les gaspilleurs » est donc le rite d'une nouvelle de science-fiction qui traite de sujets sérieux comme la politique et surtout l'économie. Je dirais même que l'intérêt du livre réside justement dans l'analyse que fait Mack Reynolds sur le modèle économique qui domine à l'époque aux États-Unis. Il s'agit bien entendu d'une analyse critique montrant les travers du capitalisme et du tout consumériste. Aussi, du point de vue de l'analyse économique, le livre de Mack Reynolds est extrêmement moderne puisqu'il est bien entendu question de la surconsommation et du gaspillage, mais aussi de l'obsolescence programmée et de bien d'autres thèmes encore débattus de nos jours. le père de Mack Reynolds fut candidat au poste de vice préside des États-Unis pour le Socialist Labor Party of America en 1924 et l'on ressent indéniablement dans cette nouvelle (
les gaspilleurs) l'influence que ce dernier a pu avoir sur son fils.
Par contre, les éléments de science-fiction introduits par petites touches au fur et à mesure de l'intrigue n'apportent que peu de chose à l'histoire. Je dirais même que ce texte aurait pu ne pas être considéré comme un livre de science-fiction. Ainsi, autant l'analyse économique est restée pertinente et toujours d'actualité, autant les éléments qui caractérisent ce livre de science-fiction n'ont à mon sens pas très bien vieilli. le court passage du livre qui traite de la carte bancaire d'un point de vue technologique illustre parfaitement mon précédent propos, mais je n'en dirai pas plus afin de ne pas trop dévoiler l'intrigue. Bien que très différente, cette nouvelle de Mack Reynolds me fait penser au chef-d'oeuvre d'idéalisme d'
Edward Bellamy : « C'était demain ».
Alors, qu'ai-je pensé du livre ? Tout au long de l'histoire, la tension est palpable ainsi que la paranoïa ambiante et le style de l'auteur est agréable. L'intrigue quant à elle est aussi très bien menée. Cependant, si vous vous attendez à un livre de science-fiction au sens strict vous risquez d'être déçu. Les éléments futuristes sont bien présents dans l'histoire, mais ils sont aussi que très peu développés. Ces derniers ne servent pas l'intrigue et la nouvelle de Mack Reynolds sert surtout à dénoncer la décadence du capitalisme et en cela elle remplit parfaitement son but. La nouvelle est agréable à lire et elle se lit d'une traite. Cependant, l'intrigue n'est pas non plus transcendante et c'est surtout l'analyse des dérives du capitalisme aux États-Unis qui rend l'oeuvre de Mack Reynolds intéressante.