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EAN : 9782369350286
128 pages
Le Passager Clandestin (19/03/2015)
3.77/5   50 notes
Résumé :

En 1979, Jean-Pierre Andrevon imagine un coin de France, le jour d’Après.
« Je m’excuse, Monsieur. Je ne peux vraiment rien vous dire. C’est le secret militaire. Croyez bien que seules des raisons de sécurité sont en cause. Il ne faut en aucun cas vous affoler. Nous avons la situation bien en main. Tout danger est écarté dans l’immédiat. Maintenant je dois vous demander instamment de monter dans le camion. Nous ne pouvons pas perdre davantage de temps... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Dans le sud de la France, à la fin des années 70, un éclair bleu illumine soudain le ciel. François, éberlué, est jeté sur la route avec quelques personnes qui se trouvent là, se demandant ce qui est arrivé. Une explosion nucléaire...le déclenchement d'une guerre atomique, ou...un accident à la centrale toute proche ?

Très vite va se mettre en marche une petite machine militaro-civile qui va gérer la situation...

Manipulation des masses, dissimulation de la vérité, dérive autoritaire du pouvoir, incapacité des autorités à faire face à la catastrophe...Ce récit est captivant dans la description de chaque instant de ces personnes à la fois angoissées et inconscientes de la gravité de ce qu'elles vivent. Le propos est rendu crédible parce que les personnages restent toujours dans des préoccupations immédiates et très terre à terre (la vague excitation causée par la proximité d'une femme, les envies d'uriner, les problèmes d'intimité liés à la promiscuité d'un camp...). L'absurdité de la situation et de son traitement par les autorités est bien suggérée, avec même une pincée d'humour par moment, juste pour mieux mettre encore en relief son caractère hautement réaliste.

La vision d'Andrevon, dès 1979, alors que vient de se produire l'accident de Three Miles Island, est assez terrifiante. A cette époque, cet accident a montré les risques du nucléaire civil, mais l'accident tueur massif ou hautement impactant pour l'environnement mondial n'est pas encore arrivé...Du coup, Andrevon axe peut-être davantage son propos sur les travers de nos démocraties, bien vite enclines à restreindre les libertés publiques et désinformer au nom de la sécurité nationale, l'intérêt supérieur de la nation ou d'autres totems de ce genre, que sur les pures problématiques écologiques. En 1979, ses personnages ont encore la hantise du nazisme, de l'univers des camps de concentration, palpable jusqu'au moment d'aller prendre une douche...

La fin ouverte pourrait décevoir à chaud, mais elle traduit aussi l'absence d'issue et une fatalité absolue, un noir sidéral. C'est très pessimiste sur l'humanité.

Mais ce texte garde aujourd'hui une actualité et une puissance d'évocation incroyable à plus d'un titre. Si l'on retient les menaces sur la démocratie, les libertés, la fraternité et l'humanité entre les gens, il offre une idée de ce que peut être la vie dans des camps de réfugiés, désormais multiples dans notre Europe impuissante...
Et si on se recentre sur la sphère du nucléaire, que dire ? Andrevon avait parfaitement vu ce qui s'est finalement passé tant pour Tchernobyl que Fukushima, les mensonges d'Etat éhontés, et le petit discours bien rôdé et quasi-unanime dans notre pays sur l'absence de risque en France...Nous voici complètement rassurés...en croisant les doigts, peut-être ?

Pour moi un des meilleurs textes, écrit dans un style d'une grande finesse, de cette sympathique collection dyschroniques parue au Passager clandestin, qui prend intelligemment le contre-pied du tout fantasy actuel pour revenir à la source de la SF d'anticipation, en nous présentant des textes peu connus du grand public.




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Un roman post-apocalyptique de 1979 qui n'a guère vieilli malgré quelques éléments très datés dans les références des personnages. C'est dire l'intérêt de ce roman : l'accident de Three Miles Island vient d'avoir lieu, c'est assez terrifiant, mais sans conséquence. Andrevon imagine un accident, peut-être d'origine nucléaire mais sans en être absolument certain, les circonstances sont laissées dans le flou, ce qui augmente les possibles et l'angoisse. Car l'ignorance est ici un élément majeur, qui accentue l'angoisse. le personnage principal, François, un individu ordinaire, ignore, comme les autres protagonistes , ce qui s'est passé. On comprend qu'il pense à un accident nucléaire, civil ou militaire (mais d'autres personnages n'en sont pas là). L'armée vient à leur secours, mais les traite comme des numéros, ils sont parqués dans un camp, qui évoque les camps de concentration par certains aspects. Surtout, ils restent dans une ignorance totale de ce qu'il se passe, de la situation, de ce qu'ils risquent. le lecteur ressent avec eux leurs interrogations et leurs incompréhensions, il baigne dans un climat étouffant, une ambiance anxiogène très réaliste. Après Tchernobyl et Fukushima ce récit n'a rien perdu de sa force tant il a pressenti l'attitude des autorités, incapables de sérieusement faire face et, du coup, choisissant de dissimuler la vérité, ce qui accentue l'angoisse autant que la situation et réduit les gens à des préoccupations immédiates faute de pouvoir les rassurer. La fin du récit, très ouverte, déçoit sur le coup, mais c'est la fin parfaite, sans issue avec au-delà le néant. Un roman d'anticipation très réussi !
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Je viens de lire encore un petit bouquin de cette collection ("Le passager clandestin") si bien faite, qui comporte des annexes remettant l'oeuvre en place dans le contexte de l'époque et avant.
Dans ce court récit de 1979, nous suivons quelques rescapés (un en particulier, François) d'une explosion nucléaire, rapidement parqués dans un vaste camp militaire, avec miradors et soldats bien armés. Cela ne vous rappelle rien ? La référence aux camps de concentration de la seconde guerre mondiale est récurrente tout au long du roman.
Ce livre, malgré quelques défauts (pas très féministe, François), nous permet de nous interroger sur ce que nous ferions et ce qui risquerait de nous arriver en de pareilles circonstances (une explosion nucléaire hélas tout-à-fait plausible à l'heure actuelle, qu'elle soit d'origine militaire ou industrielle - ce qui n'est pas non plus précisé dans le bouquin).
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"En 1979, Jean-Pierre Andrevon imagine un coin de France, le jour d'Après."

J'ai effectué un petit retour par la science-fiction depuis peu après des lectures des plus variées. le Nuage noir en était certes, mais plus de la Hard-Science dont le style un peu trop chargé de descriptions ne s'accordait que peu avec mes préférences. La petite ogresse était du fantastique intimiste et poétique. Et puis entre-temps entre ces lectures "officielles" chroniquées pour le blog (lien en dessous) et le présent petit livre dont je vais parler, il y a eu un peu de tout. Je cite pêle-mêle en vrac du policier doublé de chronique rurale (Rouge ballast), des BDs érotiques (dont l'excellent Deviances de Bernardo Munoz et le rigolo Couvent infernal), du classique littéraire (L'amant de Lady Chatterley), du classique de la BD (des astérix), une biographie romancée du pianiste Thelonious Monk, la première BD officielle de Tim (Quotidien survival), une autobiographie d'Haruki Murakami par lui-même (Autoportrait de l'auteur en coureur de fond en audio-livre, que je termine tranquillement là, au compte-goutte sur l'ipod), une étrange histoire d'amour déviante entre une jeune femme et un ordinateur mégalomane (La semence du démon de Dean Koontz. le titre est un peu ridicule mais le bouquin est très bien. Une adaptation en avait été faite en film en 1977 avec Julie Christie, Generation Proteus que je brûle maintenant de voir. Dans la même lignée que Rosemary's baby ce bouquin). Pfiouuuu, je crois que le compte est bon.

Et donc Les retombées où, je ne le cache pas, c'est sa couverture de nuage radioactif sur fond gris qui m'a tout de suite intrigué, surtout avec la 4ème de couverture se réduisant à une seule ligne énigmatique, telle que je la livre également. La science-fiction à la française est moins répandue que sa cousine anglo-saxonne et c'est un tort au vu de la richesse du langage exploité par les écrivains de nos contrées, sans compter l'imagination assez folledingue que ces derniers emploient généralement. C'est bien connu, en France, on a pas les moyens, mais on a les idées, alors côté livres, on a de quoi être servi et on a de grands auteurs même si généralement on passe toujours à côté (l'effet "nul n'est prophète en son pays" qui marche très bien avec les cinéastes aussi). Autant prévenir, Les retombées ne dépeindra pas un futur bourdonnant d'inventions fabuleuses et propre à mille rêveries de ce côté là. Non, ici, on est dans un futur pas si éloigné, voire un présent parallèle en ce sens que ce qui arrive dans le livre pourrait très bien arriver n'importe quand et c'est inquiétant.

La nouvelle, courte et implacable, met en scène dès le début, 5 personnages d'âges et de sexes différents tous situés dans le même coin de campagne, qui, à divers distances, voient au loin l'éclair et le nuage avant d'être frappés par le fameux souffle brûlant. Des gens qui ne se connaissent pas et se retrouvent, perdus, haletant et tentent de lier connaissance malgré le choc de la situation. Par la suite, ils sont récupérés par l'armée et parqués comme bon nombre d'autres, dans un camp vite construit à la va-vite mais la situation ne s'arrange guère. Avec une écriture simple mais nette, Andrevon décrit les sensations et sentiments mêlés de François, le narrateur, jeune ingénieur d'une trentaine d'années, pris dans la tourmente. Ce qu'il ressent et voit chez les autres, ses pensées et peur d'être irradiée tout comme de la situation qu'il tente de rationnaliser sans jamais y arriver.

Et Andrevon fait assez fort pour rester dans un sentiment de flou qui ne se relâchera pas du long. On ne montre pas les symptômes, on ne peux que les imaginer. le narrateur lui-même n'inspecte pas son corps, au lecteur de se poser des questions hors-champs (le fait que des gardes rient en lisant son dossier n'augure pas forcément quelque chose de bon) ou d'imaginer des horreurs. de même, comme l'on est embarqué avec le personnage, on a une vision forcément restreinte des lieux et de ce qui se passe. On dit aux "rescapés" du camp que le président va faire une allocution, il y a des haut-parleurs mais finalement, on entend rien. Comme si même tout le pays lui-même était à la dérive. A un moment, on bute dans un corps au sol dans le brouillard, corps qu'on a même pas pris la peine d'enterrer. On imagine des tirs de fusils et un rappel douloureux de situations étant déjà arrivées dans les camps au cours de la seconde guerre mondiale, mais comme le héros, on ne peut que spéculer et la fin ouverte ne peut que nous laisser intrigués. Et c'est tout à l'honneur d'Andrevon puisque vu la teneur de ce court récit, on imaginait mal une fin heureuse, pas plus qu'une fin pessimiste qui n'aurait fait qu'entrer l'histoire dans une dimension glauque et sordide là où tout le reste est des plus sobres.

Bref, un récit à lire au plus vite (et à conseiller même dans les écoles et collèges).



En bonus, quelques pages qui ont le mérite d'évoquer l'auteur ainsi que le contexte d'écriture de la nouvelle, dates historiques liées à la bombe atomique en main (et ce n'est pas plus rassurant pour notre époque actuelle) avec aussi quelques films et ouvrages à voir et lire (j'en connais quelques uns là-dedans tiens).
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Publié initialement dans le recueil Dans les décors truqués en 1979 chez Présence du futur, la novella fut rééditée chez le Passager clandestin en 2015. L'histoire narre le destin de François et de quelques autres suite à un événement mystérieux : guerre, accident, attentat nucléaire ?
Alors qu'un petit groupe d'individus errent dans les paysages post apocalyptiques, ils sont recueillis par l'armée et envoyés dans un camp.

Que s'est il passé, pourquoi parquent-on la population ? Face aux éléments qu'ils ont vécu et devant le silence des institutions, chacun réagit comme il peut, et les réminiscences du passé reviennent en mémoire.
Une tranche de vie extraordinaire abordé d'une manière ordinaire : le quotidien. Comment réagirions nous face à l'impensable ? Dans abasourdissement du choc, la confiance en l'état et l'armée pour protéger est évident. Mais ...
Une écriture très visuelle, l'auteur nous immerge très rapidement dans la vie de notre protagoniste et arrive à faire monter la tension sur ce silence de ce qui s'est passé. La force du texte est de ne rien en dévoiler, qui en fait un récit très réaliste. Et cela force le lecteur à remplir les blancs, et à réfléchir.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il faisait toujours chaud, trop chaud, le vernissé froid des couleurs et de la lumière allant à contre-courant de la température. Un temps déraisonnable. Comment était ce poème, déjà ? Il fait un temps déraisonnable/On avait mis des morts à table... Quelque chose comme ça. C'était d'Aragon, croyait-il se souvenir. Eh bien, la réalité avait rejoint l'art, en ce matin de juin où le temps déraisonnait par suite de la déraison des hommes.
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L'eau cessa de couler, un militaire vint apporter des linges et des brosses. "Séchez-vous soigneusement. Ensuite vous prendrez une autre douche pendant laquelle vous insisterez particulièrement sur vos cheveux, vos aisselles, vos poils pubiens. Vous nettoierez aussi vos ongles des mains et des pieds avec la brosse..." Ils le firent, François éprouvait une telle impression d'irréalité qu ses craintes d'avoir subi une irradiation s'étaient enfouies quelque part, loin dans ce magma purulent qui formait les couches diversifiées de sa conscience. Après un nouveau séchage, on leur donna des habits ; ils consistaient en une veste et un pantalon de treillis, un tricot de corps et un caleçon blancs genre "Petit Bateau", des savates beiges à semelle de corde. François délaissa le tricot, mais enfila avec plaisir le treillis au tissu rêche et léger, qui sentait bon le propre. Habillés, les réfugiés avaient acquis une uniformité rassurante ; devenus semblables aux soldats qui les encadraient, ils se sentaient moins déplacés, moins aux ordres ; des corps étrangers, ils passaient maintenant à l'échelon supérieur de particules appartenant à un grand tout.
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La présence de ces militaires revêtus de leur uniforme protecteur emplissait François d'une angoisse rampante. Que pouvait bien signifier cet accoutrement, sinon que la région était contaminée par les retombées ? Que l'un d'eux au moins quittât son masque, ne serait-ce que quelques secondes, et il se serait senti rassuré. Aussi guettait-il les deux hommes, dont le profil d'insecte cuirassé devenait à ses yeux une représentation symbolique de l'âge de la peur, dans lequel il avait été poussé brutalement à partir d'une certaine heure d'un certain dimanche de printemps. Mais les soldats ne bougeaient pas, et leur respiration lourde, filtrée par les groins de métal, était une preuve supplémentaire de leur appartenance à un autre monde, où seuls seraient sauvés ceux pouvant arborer l'uniforme emblématique des temps nouveaux : la peau de pachyderme, le casque de coléoptère.
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Dans l’immédiat, on va vous demander de bien vouloir vous rendre aux douches. C’est une première mesure de décontamination externe, heu… valable pour tout le monde. Cela ne veut naturellement pas dire que vous soyez contaminés. Il est même très probable que la plupart d’entre vous ne présentiez pas le moindre degré d’irradiation, les retombées ayant été très… quasiment inexistantes.
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Tous se levaient d’un bond, tous la peur au ventre – et ce n’est pas un cliché : la peur, c’est cette main chaude qui vous agrippe les entrailles, qui serre, serre, vous comprime les viscères, remonte en traversant le diaphragme, vous empoigne le palpitant juste à hauteur de vie. Et ça fait mal ! Et ça vous coince le sang dans les artères, et ça le relâche, et ça le recoince, et…
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Vidéo de Jean-Pierre Andrevon
15 mars 2021 Rencontre avec Jean-Pierre Andrevon, Romancier et Scénariste de Science-Fiction. Modération : Julien de la Jal
Un entretien où il est question de "Gandahar", de René Laloux, Philippe Caza, un peu de Roland Topor et de Arthur C.Clarke, Le travail du Furet et du dernier ouvrage de JP. Andrevon "100 ans et plus de cinéma Fantastique et de Science-Fiction" donc de cinéma en général.
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