Le même principe que «
le Square » de
Margueritte Duras : Un long dialogue entre deux personnes. C'eût pu s'appeler « le Bistro », car toute l'action se passe dans un bar d'une ville indéterminée, où seuls se trouvent une serveuse et un client, avec pour fond sonore la télé ou la radio. Mais ça s'appelle « La Langue », car c'est l'endroit où ils sont vraiment.
Le client est un « intellectuel », en tout cas c'est ainsi que la serveuse le perçoit. Il a lu des livres, il en a même sûrement écrit. On s'aperçoit vite qu'il aime bien raconter des histoires, qu'il manie parfaitement les métaphores, qu'il aime les mots, toutes les possibilités de la langue et qu'il ne supporte pas les discours tout faits, les lieux communs qui passent à la radio. La serveuse est une ancienne campagnarde, sans trop d'instruction. Elle n'a pas la même vénération de la langue. La seule chose qu'elle sait, c'est qu'elle s'ennuie. Mais, on va se rendre compte qu'elle fait elle aussi de la prose sans le savoir.
J'aime bien le style d'
Olivier Rolin, surréaliste, fantastique, on voit tout de suite d'où il vient. Peu à peu les deux protagonistes vont s'apprivoiser, s'entendre, et la fin est un beau poème moderne. « La Langue » est une oeuvre de commande pour le festival d'Avignon, une oeuvre commandée par une radio.
A la suite, on trouve la retranscription d'une intervention d'
Olivier Rolin lors d'un colloque sur « le français et le cosmopolitisme ». Rien d'extraordinaire, il dit : « Au fond de l'espace du français, il y a l'anglais, l'allemand, les langues latines, le grec, l'arabe, etc. », « l'ennemi de la langue littéraire – comme de la populaire, d'ailleurs (c'est pour simplifier qu'on emploie des singuliers) - , c'est la langue appauvrie, stéréotypée, que tendent à imposer certains usages contemporains dominants, le déclin, commercialement programmé, de la culture écrite et l'ascension concomitante de la « communication » audiovisuelle. »