La vie de Vivekananda et l'évangile universel

Le nom de yoga a été compromis en Occident par tous les charlatans et les attrape-nigauds qui en ont fait un emploi dégradant. Comme ces méthodes de l'esprit, basées sur une géniale psycho-physiologie, dont l'expérimentation s'est poursuivie pendant des siècles, assurent à celui qui les a assimilées une maîtrise spirituelle, qui forcément lui communique (sans rien de mystérieux) de puissants moyens d'action - (une âme saine et pleine est le levier d'Archimède : trouvez-lui le point d'appui ! elle soulèverait le monde) - c'est sur ces moyens, réels ou supposés, que s'est rué le pragmatisme intéressé de milliers de dupes, dont le grossier spiritualisme diffère peu d'une opération commerciale : la foi devient une monnaie d'achat, pour acquérir les biens d'ici-bas : argent, puissance, santé, beauté, virilité... (voir les réclames de médecins véreux et de louches fakirs, dans les journaux). Il n'est pas un Hindou de foi sincère qui n'ait le dégoút de cette basse exploitation ; et nul ne l'a exprimé avec plus de violence que Vivekananda. Aux yeux de tout croyant désintéressé, c'est le signe d'une âme avilie, de faire dériver vers un pire asservissement la voie qu'on lui montre vers la libération, et de lâcher, au premier tournant, l'Appel de l'Âme éternelle, pour suivre à la piste les désirs de chair, d'orgueil ou de puissance, que sur la route elle a fait lever.
Les vrais yogas du haut védantisme, tels que les expose en ses traités Vivekananda, sont une discipline de l'esprit, comme l'ont cherchée nos philosophes de l'Occident, dans leur « Discours de la Méthode », afin de s'acheminer, par la route droite, à la vérité. Et cette route droite est, exactement comme en Occident, celle de l'expérimentation et de la raison.

Au fond, la pierre d'achoppement à l'intercompréhension, le principal obstacle à la rencontre entre les hommes, que justement il avait pour mission de réunir, c''est ce mot : « Dieu », qui recouvre toutes les équivoques de pensée : - aussi bien le bandeau de toutes les oppressions que l'oeil clair de la Liberté. Vivekananda en a la conscience nette :
- « ... On m'a demandé souvent : « Pourquoi employez-vous ce vieux terme « Dieu ? » - Parce qu'il est le meilleur pour notre but. Parce que toutes les espérances et les aspirations de l'humanité y sont concentrées. Il est devenu impossible aujourd'hui de changer ce mot. Il a d'abord été forgé par de grandes âmes qui ont réalisé son énergie, et compris sa signification. Puis, à mesure qu'il eut cours, dans la société, les ignorants s'en sont emparés et l'ont dépouillé de son esprit... Le mot « Dieu » a été appliqué, de temps immémorial, à l'expression de l'idée de l'Intelligence Cosmique et de tout ce qu'on y a associé de grand et de saint... Si nous le rejetions, chacun offrirait un mot différent... », et ce serait la confusion des langues, la nouvelle tour de Babel... « Usons du vieux mot, dans l'esprit vrai, purifions-le de toute superstition, et réalisons pleinement son contenu... On comprend qu'il est été associé à d'innombrables idées majestueuses et puissantes, que des millions d'âmes humaines l'aient identifié à ce qu'il y a de plus beau et de meilleur, à tout ce qui est rationnel, à tout ce qui est digne d'être aimé, à tout ce qui est héroïque et sublime dans la nature humaine... »
Pour nous, précise Vivekananda, « il est la somme totale de l'intelligence manifestée dans l'univers », qui se concentre en son foyer. Il est « l'intelligence universelle ». Et « toutes les formes variées d'énergie cosmique, telles que Matière, Pensée, Force, etc., sont manifestations de cette Intelligence Cosmique. » (Jñânayoga : Le Cosmos, I, Macrocosme)

Le nom de yoga a été compromis en Occident par tous les charlatans et les attrape-nigauds qui en ont fait un emploi dégradant. Comme ces méthodes de l'esprit, basées sur une géniale psycho-physiologie, dont l'expérimentation s'est poursuivie pendant des siècles, assurent à celui qui les a assimilées une maîtrise spirituelle, qui forcément lui communique (sans rien de mystérieux) de puissants moyens d'action - (une âme saine et pleine est le levier d'Archimède : trouvez-lui le point d'appui ! elle soulèverait le monde) - c'est sur ces moyens, réels ou supposés, que s'est rué le pragmatisme intéressé de milliers de dupes, dont le grossier spiritualisme diffère peu d'une opération commerciale : la foi devient une monnaie d'achat, pour acquérir les biens d'ici-bas : argent, puissance, santé, beauté, virilité... (voir les réclames de médecins véreux et de louches fakirs, dans les journaux). Il n'est pas un Hindou de foi sincère qui n'ait le dégoút de cette basse exploitation ; et nul ne l'a exprimé avec plus de violence que Vivekananda. Aux yeux de tout croyant désintéressé, c'est le signe d'une âme avilie, de faire dériver vers un pire asservissement la voie qu'on lui montre vers la libération, et de lâcher, au premier tournant, l'Appel de l'Âme éternelle, pour suivre à la piste les désirs de chair, d'orgueil ou de puissance, que sur la route elle a fait lever.
Les vrais yogas du haut védantisme, tels que les expose en ses traités Vivekananda, sont une discipline de l'esprit, comme l'ont cherchée nos philosophes de l'Occident, dans leur « Discours de la Méthode », afin de s'acheminer, par la route droite, å la vérité. Et cette route droite est, exactement comme en Occident, celle de l'expérimentation et de la raison.

... Vivekananda est l'adversaire de toute religion dite « établie », (il la nomme congrégationnelle) - de toute religion d'Église.
« Les Églises peuvent prêcher, s'il leur plaît, tout leur soûl, des théories, des doctrines, des philosophies. » Cela n'a pas d'importance ! Mais quand il s'agit de la vraie religion, de la « religion supérieure », de la religion en action, qui est la prière, « l'adoration », le contact réel de l'âme avec Dieu, l'Église n'a aucun droit. C'est affaire entre l'âme et Dieu. « Le travail réel de la religion ne concerne que moi. J'ai mon idéal à moi, je dois le tenir secret et sacré. Jésus a dit : Quand tu pries, entre et referme la porte, et prie ton Père qui est en toi... « La religion profonde » ne peut être rendue publique... Je ne peux pas préparer mes sentiments religieux, à volonté, en cinq minutes. Une telle mômerie est le pire des blasphèmes ; c'est se moquer de la religion !... Comment des hommes peuvent-ils tolérer ce dressage religieux, analogue à celui des soldats à la caserne !... Portez armes !... Genou terre !... Prenez un livre !... Tout est réglé exactement. Deux minutes de sentiment, deux minutes de raison, deux minutes de prière, tout est arrangé d'avance... C'est une abomination !... Ces parades ont chassé la religion, et si on les continue quelques siècles, la religion cessera d'exister... »
La religion est - est uniquement - la vie intérieure.

... Le premier trait qui nous frappe dans cette méthode (Jñânayoga) qui, comme les autres yogas, a pour but l'Être absolu, c'est que son point de départ et ses moyens sont beaucoup plus proches de ceux de l'esprit scientifique que de l'esprit religieux d'Occident. Elle se réclame impérieusement de la science et de la raison.
« L'expérience est la seule source de la connaissance. » (Raison et Religion, VI, 47)
« Aucun des Yogas ne renonce à la raison, aucun ne vous demande d'abandonner la raison entre les mains d'un prêtre quelconque. Chacun des yogas vous dit de vous attacher à votre raison, de vous y tenir fermement. » (L'idéal d'une Religion universelle, II, 373)