L'héroïne d'"Une femme singulière" et du "besoin de voir clair", dusse sa modestie en souffrir, a pris le parti de dire toute la vérité sur son passé.
Ses mémoires sont précédées d'une note où, prenant Jules Romains à témoin, elle atteste de leur véracité indiscutable.
Car ces lignes ne sont pas destinées aux âmes timorées.
Et persuadée qu'elle possède une bonne plume, Mme Chauverel n'est pourtant pas un écrivain ...
Jules Romain, dans ces "mémoires de madame Chauverel" s'amuse, joue avec ses lecteurs.
Écrit en 1959, ce roman en deux tomes est empreint d'un délicieux ton irrespectueux.
Le style, comme à l'accoutumée, est élégant.
Le propos, souvent teinté d'une fine ironie, parfois se fait grave lorsque Jules Romains, entre deux sourires, dénonce l'hypocrisie des convenances, le jeu politique chattemite de l’Église et des hommes de pouvoir.
Enfant, madame Chauverel était, à Rome, la charmante petite fille de la maison où se succédaient les amants de sa mère qui menait une vie plaisante de courtisane.
Lorsqu' éclate la "Grande Guerre", sa vie se partage entre la maison et la pension ...
La réflexion de l'ouvrage de Jules Romains, se cachant derrière un ton badin, est profonde.
Elle aboutit même parfois à des déclarations de principe de l'auteur.
Il se prononce, par exemple, sur l’Église, qui est alors une puissance politique, et qu'à ce titre on a le droit de juger ...
Le décor est celui de l'Italie, entre les deux guerres.
Rome y est peinte par petites touches.
Le pays se donne au fascisme et à Mussolini.
La dame de la via Firenze est devenue, grâce à l'organisation de dîners politiques, une femme avec laquelle il faut compter.
Sa fille, un instant attirée par un garçon d'origine russe, lui préfère finalement le parti plus avantageux du fils du comte Guglielmo ...
Ce premier tome, tissé de la plus plaisante des littératures, est agréable à lire.
Pourtant il contient de nombreuses longueurs qui gâchent un peu le plaisir.
Le récit est lent. L'intérêt pour le propos de madame Chauverel s'en ressent.
Et si parfois l'envie m'a pris de refermer l'ouvrage sans le terminer, je suis bien aise de ne l'avoir pas fait ...
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Je n'accepte pas non plus qu'on essaie de mettre ces principes en opposition avec ma croyance en Dieu, qui, je le répète, est très solide.
L'idée que je me fais de Dieu est tirée non de cantiques pour patronages, mais du spectacle des choses.
S'il avait eu tant de dégoût pour la lubricité, il n'aurait pas doté l'être vivant de tous les organes et instincts qui invinciblement l'y poussent.
De même que, s'il avait eu tant de pitié pour les faibles, tant d'aversion pour les forts et les implacables, il aurait fait la nature autrement.
Il ne nous aurait pas donné ce spectacle universel de la lutte pour la vie ; d'une nature où un animal ne peut subsister qu'en accumulant les victimes, qu'en faisant de sa vie un chemin qui s'allonge entre deux rangées de cadavres ...
Le lecteur pourrait s'étonner de voir les "Mémoires de madame Chauverel" entrer au catalogue de notre Maison. Ni le genre de passé qu'ils évoquent, ni l'esprit qui s'en dégage ne semblaient de nature à nous les recommander.
Il peut trouver encore plus surprenant que Mme Chauverel de son côté nous ait choisis pour éditeur ...
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l'idée de l'Homme nouveau.
En 1926, l'école s'installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim.
À Berlin, toute proche, le temps s'assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie. Ce sont aussi, entre rêves d'Amérique et désirs de Russie, d'autres raisons et déraisons.
Lorsque l'école sera prise dans les vents contraires de l'Histoire, les étudiants feront leurs propres choix.
À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu'il faut continuer ?
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