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3,81

sur 49 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
“Pampa Asiain n'a jamais rêvé d'être policier. Il n'a jamais rêvé d'être rien”, drôle de gars ce Pampa, même sa mère ne savait pas s'il était content, triste, enthousiaste ou fâché, encore moins le sait-il lui-même.....Dans la province argentine, flics, ils sont deux au poste de police rural de Monge, cohabitant avec la friture d'une radio délabrée, Pampa Asiain et Andrés Parra. Ils marchent, regardent par la fenêtre, boivent du maté, s'ennuient en attendant que le téléphone sonne.....

Je ne suis pas très sûr que ce livre soit à proprement parler un policier, bien qu'il y ait un cadavre et deux flics. Dans un paysage glacial et figé le jeune policier Pampa découvre le corps d'une jeune femme pendue à un arbre. Il va enquêter seul, une quête qui va au-delà de celle d'un assassin .....
L'auteur dans un style propre à lui, fluide, simple et concis, est dans l'introspection, que ce soit celle des personnages, des évènements ou état des lieux. Les réflexions qui concrétisent les sensations sont touchantes et passionnantes ("Pampa aimerait savoir quel effet produirait l'un de ses pas dans cette quiétude, mais il ne sait plus lire la nature qui l'entoure, la neige a changé les règles et le paysage où il se trouve lui est désormais étranger"). Le silence, la solitude, la neige et le froid mettent en relief la moindre sensation , le moindre détail physiologique,....et dans ce cadre surréaliste, les personnages souvent décalées par rapport à leur propre présence physique, sont condamner à contempler leur propre image. C'est très cinématographique par moment, surtout les détails, et le silence, la solitude et la pudeur des personnages rappellent indubitablement l'atmosphère des livres d'Eduardo Mallea, le grand écrivain argentin.
Un grand coup de coeur pour moi !


"Et en oublie ce qu'elle devine derrière cette neige. Que dans la plaine, les vivants et les morts se confondent facilement."
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Je ne sais pas si j'ai tout compris. Je me pose des questions quant aux mobiles du crime, des crimes, car dans une histoire de meurtre, il y a toujours un mobile ou plusieurs mobiles, n'est-ce pas ? Tout se confond dans ma tête et il m'est d'avis que c'est bien là l'objectif de Ricardo Romero que d'amener son lecteur dans une espèce de confusion, une confusion poétique, une confusion du sens de l'histoire pour mieux honorer l'atmosphère incroyable qui s'en dégage.


Oui, et si l'atmosphère distillée était le véritable personnage de ce livre, elle qui anime les protagonistes, leur volonté, leurs croyances, scelle les destins ?
Un conte de neige, un conte d'hiver où les vivants et les morts se confondent facilement, s'entrelacent, font boule de neige, où toute trace de raisonnement s'estompe, s'efface, au profit d'un blanc immaculé quasi féérique qui n'a que l'apparence de la pureté cachant en réalité, en petites traces à peine perceptibles, en petits bruits étouffés emplis de pressentiment, la folie des hommes, leurs obsessions, leur noirceur.
Si le lecteur accepte de mettre au premier plan ainsi l'atmosphère, ce livre peut être considéré comme un véritable chef d'oeuvre, une pépite rare, s'il veut en revanche absolument comprendre le pourquoi du comment, ce livre risque de dérouter fortement l'amateur de polar classique. Je fais partie de la première catégorie de lecteur, plaçant très souvent la poésie et l'ambiance avant la quête rationnelle de sens. Ce livre est ainsi de mon point de vue un livre hors norme, un livre qui se déguste, se lit à voix haute, qui a gravé en moi des images terribles, flashs de pendus telles de monstrueuses ruches incongrues. Ça bourdonne en moi, ces persistances rétiniennes ont du mal à s'effacer, comme lorsque l'on ferme fort les yeux après avoir trop regardé la lumière, formes monstrueuses noires auréolées d'un rouge inquiétant, virevoltant follement, Ricardo Romero sait nous embarquer avec lui et nous ensevelir sous un blanc inquiétant…

« Tout est blanc autour de lui, tout est lumineux. le froid est lumière, la fatigue est lumière, les minces flocons de neige sont des quartiers de lumière qui lui touchent le visage, seule partie de son corps qui soit encore nu, car il a remis ses gants et enroulé son écharpe autour de son cou ».


Fraîchement émoulu de l'école de police, Pampa Asain est muté dans la petite ville de Monge, en pleine campagne argentine à plus de 400 km de Buenos Aires. Là-bas, il n'y a rien – une route, un bar, une quincaillerie, des maisons abandonnées – et il ne se passe rien, du moins en apparence. Souvent désoeuvré au sein du poste de police, à boire du maté et à essayer de régler une radio de laquelle émane le plus souvent que des grésillements, friture qui éclabousse le silence, avec son collègue Parra, un étrange appel lié à une pêche illégale, l'envoie au bord d'un étang ; là-bas, il tombe sur le corps d'une jeune fille pendue aux branches d'un arbre. La scène dure des heures, toute la nuit, Pampa prend le temps de regarder, de s'imprégner, de comprendre, de façon quasi animale. le froid est intense et la neige se met à tomber. Pampa semble ne faire qu'un avec ce froid, allant même jusqu'à se baigner dans l'eau gelée du lac. Est-il l'hiver comme il aime se le répéter tel un mantra ? Celui qui comprend intimement cette saison, qui fait corps avec elle, qui sait les sons, les silences, la lame tranchante du froid, ankylosante au point d'effacer les membres, comme si le froid ne laissait que moignons et membres fantômes ? Un instinct qui se fond avec le froid, « ignorant jusqu'à sa peau et sa chair, pour atteindre ses os » ? Qui devine ainsi des choses indicibles par dissolution avec et dans les éléments ?
Presque malgré lui, mû par cette compréhension viscérale, par ses souvenirs et ses obsessions, d'une manière qu'on peut qualifier de peu orthodoxe, Pampa va enquêter en pleine tempête de neige et découvrir les étranges secrets de cette petite communauté...C'est dans ses secrets que j'ai eu un peu de mal à démêler les liens entre les quelques protagonistes, mais j'ai accepté ce flou, comme je peux accepter et aimer le flou propre aux contours enneigés des paysages.


Le texte flirte avec le gothique, avec le fantastique. Parfois on se demande, avec Pampa, si tout cela existe réellement, si tout, y compris lui-même, ne va pas s'effacer et disparaître, à l'image des traces effacées par la neige… Ricardo Romero joue avec les distances et avec le temps, brouille les frontières entre le réel et l'imaginaire, brouille nos repères pour mieux nous perdre. La sorcière du conte n'est pas forcément celle que nous croyons et la neige semble posséder une force maléfique et suspendre le temps, étirer le temps présent…

« Pampa sait que les distances sont instables. Que l'obscurité rapproche les choses quand la lumière les éloigne. Maintenant il y a beaucoup de lumière ; jamais dans sa vie il n'a affronté autant de lumière. du ciel nuageux et compact tombent des cris d'oiseaux invisibles. Pampa les entend et n'y croit pas. Aucun oiseau ne volerait avec cette neige ».


Complètement envoutée par la langue magique de Ricardo Roméro, habitée tant par les images offertes que par les vérités, jamais dites, juste susurrées, suggérées dans un souffle glacial qui dépose en vous une couche givrée. Touchée par la proposition de titres musicaux, la playlist, à la fin du livre à écouter tout en lisant (je suis très sensible par cette association livre / musique). du Leonard Cohen (You want it darker), du Björk (Where is the line), du Roger Water (Amused to death), des titres hypnotisants et équivoques. J'aurais rajouté, si vous me permettez M. Roméro, un titre de Cocorosie, Smokey taboo par exemple…Allez y, écoutez et vous aurez une petite idée de l'atmosphère unique de ce magnifique livre…

Merci idil et Onee de m'avoir conduit à ce récit singulier, j'y ai trouvé vos empreintes encore chaudes et palpitantes sous le manteau de neige …
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Je voudrais tout garder.

Tout garder en tête. Tout garder en bouche. Tout garder dans les yeux. Tout garder au fond du coeur.

Voilà un livre que la mémoire ne devrait jamais effeuiller tant la langue en est magique, tant les sensations qu'elle fait passer sont puissantes et  originales, tant les pensées qu'elle cherche à traduire ont quelque chose de sauvage et d'unique, tant les images qu'elle fait naître restent longuement imprimées sur la rétine, tant les personnages qu'elle met en branle nous demeurent à la fois si opaques et si proches.    

Des angles de vue cinématographiques.

  *Un long travelling un peu flou sur les petites maisons abandonnées du haut plateau de Monge, petit bourg perdu  à  400 km au sud ouest  de Buenos Aires,   de Monge que la neige lentement recouvre.
  *Un zoom lent qui se resserre et s'immobilise sur l' arbre du bord du lac et son "strange fruit",  comme chante Nina Simone.
  *Un plan fixe, en nuit américaine, sur le dortoir où se découpe , en ombre chinoise, la silhouette rablée, inquiétante,  de Pampa Asiain, le jeune policier qui mène l'enquête et la  perd .

Une ambiance tendue, un souffle retenu, des solitudes patiemment additionnées au fil des chapitres où,  un à un,   comme dans un jeu de rôles , sont introduits les personnages: Pampa, Gretel, Orlosky, La Directrice, Irina - protagonistes  énigmatiques du drame, bizarrement  étrangers à eux mêmes; des personnages qui , comme disait  Peter Handke "ne se connaissent pas d' avance" , et ...avancent dans l'histoire comme des somnambules,  ne sachant même pas s'ils sont encore vivants, déjà  morts ou s'ils errent entre deux mondes comme des fantômes.

Dans cette ambiance à couper au couteau, tendue comme la corde d'un arc, chaque sensation résonne, chaque image fait mouche. Tout compte et rien n'est vraiment signifiant, comme dans un cauchemar ou un poème. 

Pampa Asiain, jeune policier au passé tourmenté (qu'il cache dans des ballots, eux mêmes enfouis dans un silo abandonné),  découvre au bord d'un lac le cadavre d'une jeune fille suspendu à un arbre. La neige lentement tombe,  figeant le haut plateau argentin sous une croûte gelée.  L'enfant,  en Pampa , se réveille, qui guettait l'ombre menaçante de son père unijambiste et violent. Il redevient ce guetteur d'ombre, ce chasseur à l'affût qu'il n'a jamais cessé d'être. Et tout, bientôt,  lentement, déraisonnablement,  dérape, échappe,  glisse hors du cadre.

Une merveille.

De poésie,  de tension, de vérité suggérée, jamais nommément dite. Un thriller lent, dévastateur, intense, qui ne ressemble à aucun autre.

Je suis l'hiver, comme son leit motif, comme son titre,  est hypnotique.

On voudrait tout garder.

Tout.
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Une bien belle surprise que ce livre-là. Un polar argentin qui n'en a pas l'air mais il y a de tout de même un cadavre et un tueur. C'est un polar atypique, très bien écrit : à la fois drôle, poétique, absurde et d'une noirceur sans nom mais sans trop de violence.
J'ai eu un peu de mal rentrer dedans mais une fois dedans, je n'ai pas pu le lâcher. En deux après-midi le livre était terminé. Un petit résumé ne serait pas de trop.
Pampa Asiain, est un jeune policier dans un village argentin de 200 ames. Il travaille avec son collègue. Ils sont seuls tous les deux. Il ne se passe jamais rien sauf qu'un jour, en plein hiver, Pampa se rend près de la rive du lac après un appel téléphonique, il y aurait des pêcheurs illégaux. Mais quand il arrive, il n'y a plus personne. Alors, il se promène, traîne un peu, et trouve par hasard une jeune femme pendue à un arbre. Au lieu de donner l'alerte, il l'observe, et la reconnaît, c'est la fille du quincallier. ..
Ce roman cinématographique m'a fait penser à "Fargo". Paysage enneigé, lenteur, un peu hypnotique.
Un joli coup de coeur pour ma part.
Je ne peux que vous le conseiller.

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Encore une belle recommandation de Bookycooky pour cet attachant roman. Une jeune fille assassinée, son tueur, son amant, une institutrice, un flic tout juste promu et la neige omniprésente. Le suspens, on le trouve dans l'écriture et dans la profondeur de chaque personnage. Je croyais qu'il n'y avait que R. J. Ellory doué pour ça. le début peut faire penser à Buzzati, puis à Baricco. On a, dans certains restaurants, la surprise de déguster un mélange d'ingrédients sur un mets inattendu et d'une présentation à couper le souffle et l'on se dit : - Mais comment ont-ils fait ? Comment ont-ils eu ces idées ? La construction me fait penser à un film aux séquences tournées à remettre en ordre. Ce livre qui a remporté, en Argentine, le premier prix du Fonds national des arts en 2017 est à découvrir, à déguster, à consommer. Même refermé, ce roman continue de vivre en nous, on se refait l'histoire, on tente d'analyser chaque personnage. Un grand plaisir de lecture inoubliable, je pense, que je dois à mon mentor Bookycooky.
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Roman original, il ne faut pas s'attendre à un roman policier classique, il ne faut pas s'attendre non plus à lire un roman "nature writing". Non, ce n'est rien de tout ça et tout à la fois. Il y a bien un meurtre et la nature a un rôle omniprésent mais c'est un roman d'ambiance. Pas une ambiance feutrée ou une ambiance qui fait peur mais une ambiance noire, étrange, onirique.

Pampa Asiain, jeune policier découvre le cadavre de la jeune Greta Castellanos pendue à un arbre. Contrairement à toute attente et à la logique dans un roman policier, il ne va pas alerter son collègue mais décide seul de surveiller et surprendre l'assassin qui, il en est sûr, reviendra sur les lieux. La suite, je vous laisse la découvrir en lisant ce roman.

Tout comme les paysages enneigés, où tout semble s'être arrêté, figé, Ricardo Romero nous oblige à observer sans bouger en silence. Ce roman nous transporte dans un monde où tout est silence et lent mais cela n'est pas pour autant tranquille et serein.
La noirceur est bien là, le froid s'immice et nous glace.
Auteur que je vais avoir plaisir à mieux découvrir en allant piocher dans sa bibliographie, en esperant que beaucoup soient traduits en français.

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Cela fait maintenant dix ans que la maison d'éditions Asphalte publie de la littérature noire en se focalisant plus particulièrement sur les ouvrages en provenance d'Espagne et des pays d'Amérique du Sud. Nous avons pu ainsi découvrir la trilogie Santiago Quinones de Boris Quercia en nous aventurant du côté du Chili, ou les romans du brésilien Edyr Augusto qui nous entraine, à l'instar de Pssica, aux confins de la région amazonienne, ainsi que les mythiques romans de l'espagnol Carlos Zanón tels que Taxi ou J'ai Eté Johnny Thunders. On trouve également chez Asphalte un grand nombre de récits en provenance d'Argentine comme Puerto Apache de Juan Martini qui nous immergeait dans un de ces bidonvilles autogérés de Buenos Aires. A plus de 400 kilomètres de cet enfer urbain, dans le sud ouest de la province de Buenos Aires, Je Suis l'Hiver, de Ricardo Romero, est un roman policier aux connotations poétiques, voire même oniriques, se situant dans une région perdue des grandes plaines du pays qui portent le même prénom que son héros, le policier Pampa Asiain.



Fraichement émoulu de l'école de police, le jeune Pampa Asiain est affecté à la petite localité de Monge, un bled perdu dans les grandes plaines du sud de Buenos Aires. le froid mordant de l'hiver, une route unique traversant le village, des pistes de terre battue balayées par le vent qui ne mènent nulle part ou sur des fermes en ruine, il n'y a pas grand chose à faire à Monge que de s'ennuyer ou de se réfugier dans un silo à grain désaffecté pour jouer quelques morceaux avec la guitare de son père défunt. Et puis il y a cet appel téléphonique signalant des pêcheurs démunis d'autorisation qui conduit Pampa sur les rives d'un lac pour y trouver le corps d'une jeune femme pendue aux branches d'un arbre. Étonnement, le jeune agent décide de taire sa découverte afin de découvrir d'une manière peu commune l'auteur du crime. S'ensuit deux longues nuits d'attente dans le froid à observer ce cadavre pendu, oscillant doucement dans le souffle d'un vent glacial. Soudain les phares d'une voiture qui approche …



Garçon effacé et mélancolique, on est avant tout séduit par la personnalité atypique de Pampa Asiain, ce jeune homme habité par la mort de ses parents et notamment de son ivrogne de père estropié qui passait ses journées à écrire des poèmes qui restent figés dans leurs cahiers qu'il a récupérés et dont le dernier contient un vers resté sans suite : Je Suis l'Hiver. Effacé, mélancolique, les caractéristiques du jeune policier qui n'a jamais rêver d'embrasser cette profession font écho au paysage de cette région désolée dans lequel il évolue avec son collègue Andrés Parra. On découvre un individu sensible, attentif aux choses qui l'entourent et qui donne l'impression de se laisser porter par les événements comme une feuille morte balayée par le vent. Ainsi on ne s'étonne pas de son comportement vis-à-vis du cadavre de la jeune femme qu'il découvre pendu à une arbre. Attendre, observer et laisser ses pensées divaguer jusqu'à ce qu'un événement se produise, Pampa Asiain va donc mener à sa manière une enquête singulière s'échelonnant sur cinq chapitres auxquels s'ajoute un nouveau personnage tel que la victime, le meurtrier, son commanditaire et, pour conclure, une vieille femme qui hante les lieux pareille à un fantôme. Un ensemble de portraits saisissants où transparaît cette solitude commune qui lamine ces âmes et ces coeurs tourmentés ainsi que les contours du drame qui se joue autour de ces protagonistes.



Avec un texte aux intonations poétiques où le spleen transparaît à chaque instant tout comme ce froid hivernal qui saisit le lecteur, Ricardo Romero signe avec Je Suis l'Hiver un très beau roman policier oscillant entre le rêve éveillé et l'éclat d'actions lui conférant une terrible noirceur se déclinant au rythme lent d'un hiver qui paraît sans fin.





Ricardo Romero : Je Suis l'Hiver ( Yo so el hiverno). Editions Asphalte 2020. Traduit de l'espagnol (Argentine) par Maïra Muchnik.



A lire en écoutant : Utopía de Pedro Aznar & Ramiro Gallo. Album : Utopía. 2019 Pedro Aznar & Ramiro Gallo.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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L'hiver quelque part en Argentine. Une plaine immense recouverte de neige où tout se confond :  le bruit n'est plus que silence, les êtres vivants sont les fantômes de ceux qu'ils sont...

Roman de la lenteur, de la solitude et de la folie, Je suis l'hiver est obsédant et inoubliable !

Coup de coeur !
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Prendre un chemin de travers, en plus en hiver, sous une neige incessante, voilà où vous mènera ce roman envoûtant.
L'Incipit est une pépite et vous rassure d'emblée sur la qualité de l'écriture de RICARDO ROMERO. Elle est faite au cordeau de l'absurde, surprenante, parfois même déroutante.
Mais c'est surtout l'histoire, celle de Pampa, ce policier anti-héros, qui m‘a le plus déconcerté. L'auteur prend son temps, tourne autour du pot, autour d'un cadavre, disons-le, car Pampa est un policier, mais ce roman JE SUIS L'HIVER, est tout sauf un roman policer. La question de l'auteur du crime ne se pose pas ou si peu pour la simple raison que Pampa ne semble pas s'en préoccuper. Pampa vit l'instant, suit ses émotions, pleure, une arme de service à la main, chante, seul, dans un silo, observe les gens, en silence, le cadavre, des nuits entières et nous emmène dans son monde intérieur pour un périple glacé mais pas glaçant, au final touchant et de toute beauté.
Un livre empreint d'une forme de poésie qui m'a totalement séduit.
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Argentine, de nos jours. le petit poste de police d'une bourgade répond à un appel anonyme qui dénonce des braconniers en train de pécher dans le lac ; arrivé sur place, le policier Pampa découvre le cadavre d'une jeune femme pendue les mains dans le dos, assassinée. Assailli par un étrange pressentiment, Pampa, qui a une façon bien à lui d'interpréter les ombres et les silences, décide d'épier aux environs du cadavre dans l'attente que quelqu'un vienne le décrocher. Fini par arriver un homme gigantesque, qu'il décide de suivre afin de comprendre qui est à l'origine de cet assassinat.

***************

Voici un livre qui n'est pas vraiment un roman policier même si le personnage principal en est un car il n'y a pas d'enquête à proprement parlé, il s'agit surtout d'une aventure, une excursion dans les plis du passé et des destins comme savent le faire les vrais écrivains. J'ai bien aimé ce roman qui fleurte avec le fantastique, faisant se superposer des souvenirs traumatisants, des visions, des sensations, qu'éprouvent tous les protagonistes au fil des chapitres.
Pampa, le policier hanté par la violence d'un père mutilé qu'il épie depuis le dessous de table jeune enfant et qui continue d'observer sans fin le monde une fois adulte.
Gretel, la fille assassinée qui rêve de Buenos Aires et qui, une fois parvenue, rêve d'autre chose mais qui finira par rencontrer son destin fatal.
Orlosky, le géant empêtré dans son corps soumis à d'atroces douleurs d'arthrite qui devient le pantin et le bourreau.
Et enfin, la Directrice, qui vengera son petit-fils Esteban.

Durant toute la lecture, je savais que quelque chose de fou était arrivé ou allait se produire en lisant l'épigraphe :
"All work and no play makes Jack a dull boy."
Ce qui signifie qu'à force de travailler sans repos on s'ennuie et devient ennuyeux.

C'est aussi la phrase écrite sans fin dans "Shining" le roman de Stephen King.

Après son accident qui lui a fait perdre une jambe, le père de Pampa lui aussi écrivait sans fin la même phrase dans ses cahiers : "je suis l'hiver" ; tous les cahiers finiront dans la tombe de sa mère à part le dernier qui ne contient que 5 phrases ; celles-ci sont répétées à la fin de chaque chapitre comme un glas.
Pampa se met à remplir complétement le cahier inachevé des mêmes phrases comme pour boucler une épreuve et faire disparaitre quelques fantômes.

Est-il devenu fou ou est-il un fantôme lui-même ? parfois je me suis posée la question !

Un très bon moment de lecture rassemblant ce qu'il faut de poésie, de suspens, de description de l'intime : les rêves, les cauchemars, les espoirs, les petits bonheurs et les moyens de venir à bout des fantômes qui ne sont pas les plus effrayants.

Lien : https://lecturesencontrepoin..
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