S'il y a bien un mouvement artistique qui me fascine c'est le préraphaélisme. Ces cercles de peintres, critiques, poètes, penseurs de la deuxième moitié du XIXe siècle avaient des considérations auxquelles je suis sensible mais les ouvrages en français sur le sujet ne sont pas très nombreux.
J'étais donc plus que curieuse de découvrir la poésie de
Christina Rossetti ainsi qu'une mise en contexte la concernant… mais force est de constater que je referme ce petit livre en étant particulièrement déçue.
Pourquoi ? Parce que je n'ai pas trouvé ce que je cherchais dans cet ouvrage.
Derrière ce titre (
Le Marché aux elfes) et le nom de son autrice sur la couverture, je m'attendais à lire le poème de
Christina Rossetti certes, mais aussi d'autres de ses écrits et/ou quelques pages biographiques.
Malheureusement, à part la préface qui lui est dédiée (écrite par
Virginia Woolf au début du XXe siècle), la grande majorité des pages est consacrée aux portraits de celles et ceux qui ont gravité autour d'elle :
Dante Gabriel Rossetti son frère (évidemment…) et les trois muses de celui-ci : Elizabeth Siddal,
Jane Morris et Fanny Cornforth. C'est tout de même un peu court, moi qui pensais me plonger dans la vie et les créations poétiques de Christina. Finalement, elle est à nouveau écrasée par son frère imposant et les conquêtes de ce dernier. Mouais.
Malgré tout, j'aurais pu me contenter des autres portraits proposés et j'aurais même dû m'en régaler (comme j'ai pu le faire avec la fiction grâce à des romans comme
Autumn de
Philippe Delerm ou
La Muse de
Rita Cameron…) car encore une fois, pénétrer dans ce mouvement préraphaélite est un plaisir… Enfin, d'ordinaire.
C'est
Patrick Reumaux qui se charge de dépeindre la vie et l'oeuvre de ces personnalités sans doute loin d'être parfaites (je pense même que
Dante Gabriel Rossetti était véritablement un sale type doublé d'un fainéant et qu'il a bien profité des charmes de ses muses… qui ne sont pas toutes blanches non plus !) mais il ressort un tel mépris des paragraphes qu'il nous offre que j'en ai été plus que mal à l'aise. Selon lui Siddal feint une indolence étudiée, Rossetti a la démarche et l'aspect d'un rat d'égout et n'a absolument aucun talent de peintre, Cornforth est d'une vulgarité sans nom, Morris une sainte nitouche… ce n'est même pas de la moquerie teintée de tendresse. Non. C'est du mépris. du mépris pur et simple.
Mais pourquoi écrire sur un sujet et des personnalités qu'on ne supporte pas ?
Je ne souhaitais pas lire des portraits romantiques qui embellissent et travestissent la réalité ni même un discours journalistique neutre sans émotions ; je ne suis pas contre le fait de pointer du doigt les défauts des artistes décrits et j'apprécie généralement le second degré… mais je n'ai malheureusement ressenti que du dédain dans le texte de
Patrick Reumaux.
Heureusement que plusieurs photos et illustrations – en couleur – parsèment le texte, c'est toujours agréable d'avoir un appui visuel (de bonne qualité en plus !) pour enrichir la lecture.
Si je me concentre uniquement sur le poème –
le Marché aux elfes – qui donne son titre à ce petit ouvrage, oui j'ai apprécié ma découverte et je suis heureuse d'avoir lu un tout petit quelque chose de la plume de
Christina Rossetti. Pour le reste, ce n'est que déception : trop peu de la poétesse dans ces pages finalement consacrées à d'autres qu'elle (comme si même après sa mort, son frère et son entourage lui piquaient encore la vedette !)… et le ton méprisant utilisé par le « spécialiste » m'a clairement laissée sans voix.
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