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EAN : 9782811218140
544 pages
Milady (17/10/2018)
3.7/5   20 notes
Résumé :
Miss Siddal, ne vous a-t-on jamais dit que vous aviez incontestablement été créée par les dieux pour être peinte ? Quoi qu'il en soit, si vous ne croyez pas que votre beauté transcende les époques, vous vous sous-estimez. »
Avec son teint diaphane et sa longue chevelure cuivrée, Lizzie Siddal n'a rien de l'idéal victorien aux joues roses. À l'atelier de chapellerie où elle travaille, Lizzie assemble des coiffes somptueuses destinées à de jeunes élégantes for... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Dès le tout début du roman, un décor romantique s'esquisse : une rencontre au crépuscule sur un pont baigné de brouillard. Une jeune femme en danger, l'intervention d'un preux chevalier des temps modernes, une silhouette fuyante et l'espace d'un instant deux regards qui se croisent. le destin est en marche et impossible, pour moi, pauvre et faible lectrice de lâcher ce récit. J'ai été envoûtée, subjuguée, par cette force narratrice et terriblement tragique. Notre petite Lizzie, tant sa beauté éclatante et si différente des stéréotypes de l'époque avec son caractère si pur et franc, nous évoque par sa blancheur éthérée la possible union d'une humaine et d'un ange. Tout le long du roman, l'accent est continuellement mis sur sa personnalité quasi-surnaturelle. Sans jouer la coquette ou la femme fatale, elle aimante et attire avec naturel les artistes. Sa chevelure de feu longue et bouclée objet sensuel par excellence attise toutes les imaginations. Elle saura se garder pour un seul homme et ne se transformera pas en modèle superficiel et léger de moeurs. Personne ne résistera à son charme ! Une muse pour tous ces peintres en mal de chef-d'oeuvre !
Quel plaisir de battre le pavé des promenades londoniennes aux bras des plus grands noms de la peinture anglaise de XIXe siècle en jaquettes et hauts de forme. Vivre leurs balbutiements sur des toiles, partager leurs doutes et leurs joies. Des oeuvres qui traverseront les siècles et que nous admirons encore. « La nuit des rois » de Walter Deverell et Lizzie qui incarne Viola en jeune page timide et amoureux. Les toutes premières poses d'Elisabeth Siddal en tant que modèle qui lui permettront de rencontrer son unique et grand amour Dante Gabriel Rossetti. Celui-ci croit reconnaître en elle, la réincarnation de Béatrice, le grand amour de Dante Alighieri dont il traduit les vers. Il porte un grand intérêt à la littérature et l'art médiéval italien. Il la dessine et la peint compulsivement.
Rossetti, toute à sa peinture apparaît comme un jeune homme fougueux et un amoureux égoïste ; il ne voit pas plus loin que le bout de ses pinceaux tout à sa palette de couleurs, obnubilé par ses transfigurations de la beauté. Il ne s'aperçoit pas de la fragilité de Lizzie et de ses besoins et aspirations, ou bien, il se refuse à les voir. Tout au service de son art, est-il vraiment à blâmer ? Lizzie n'est pas totalement différente ! Elle aussi, s'épuise et s'oublie lorsqu'elle dessine et jette sur papier ses poèmes, si tristes et si beaux ! Elle ne se ménage pas et elle prend très au sérieux son rôle de modèle. Elle vit son rêve ! Rappelons à notre mémoire, son abnégation totale dans les longues heures de poses pour le peintre Millais plongée dans une baignoire. Une oeuvre magnifique et poétique verra le jour, la très célèbre « Ophélie ». Elle flotte et chantonne entourée de fleurs avant de sombrer dans les eaux sombres. Terriblement prémonitoire …
Demandons comme Lamartine, au temps de se suspendre pendant cette lecture à l'écriture féerique, si juste dans le choix de la narration et du vocabulaire, aux belles envolées lyriques maîtrisées. Une mise en scène impeccable d'une destinée trop courte et si belle, chère aux poètes romantiques, nous charme et nous attriste. Une deuxième lecture s'imposera par-delà l'effet de la découverte pour mieux s'imprégner et se laisser bercer par cette si belle et particulière atmosphère. Nous nous surprendrons à chuchoter certaines passages si beaux et si enchanteurs. Et aussi, partir à la découverte du poète Tennyson, si cher au coeur de Lizzie, simplement pour prolonger le charme …
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Si vous êtes un.e habitué.e de ce blog, vous savez sans doute que le mouvement préraphaélite est mon préféré entre tous. La bannière est là pour le prouver, bien que le peintre John William Waterhouse soit affilié au mouvement et non membre officiel.

J'ai récemment lu Autumn de Philippe Delerm qui prenait déjà place au sein du cercle préraphaélite, entre les artistes, leurs muses et leurs proches et j'avais adoré cette vision d'ensemble, pleine d'intensité et habitée par un magnifique élan créatif. Mais j'ai trouvé ici, grâce à Rita Cameron, une intimité encore plus grande et donc encore plus d'émotions fortes. Je suis ressortie tremblante de ce livre, définitivement marquée par cette histoire et certaine que j'y reviendrai un jour, pour une relecture à un prochain moment de ma vie.

Pourtant, toujours pas de point de vue interne ici, mais tout de même un focus sur la relation entre Dante Gabriel Rossetti et Elizabeth Siddal. Si Philippe Delerm et la mini série Desperate Romantics nous offraient une vue d'ensemble, passant un peu de temps auprès d'autres artistes et d'autres couples du cercle, Rita Cameron se concentre uniquement sur Rosetti et Lizzie. Et encore plus sur cette dernière.
On croise donc brièvement les peintres Millais et Hunt, un peu plus le critique d'art Ruskin, la serveuse (prostituée ?) Annie Miller et la famille proche du couple ; mais le lecteur est surtout enfermé dans le huis-clos et la vie assez introspective d'Elizabeth Siddal, marquée par la vision artistique de Rossetti qui souhaitait peindre la nature, la lumière et la beauté, loin des définitions restrictives imposées par l'académie officielle. Une vie marquée par une quête artistique, une vie de bohème. Et quelle vie !

Non considérée comme une « belle femme » selon les standards de l'époque, Lizzie marque pourtant les esprits grâce à sa silhouette élégante, son allure charismatique et surtout, cette épaisse chevelure rousse symbole de toutes les ambiguïtés. Lorsque Rossetti la croise la première fois, elle lui apparaît comme une incarnation de la Béatrice de Dante Alighieri (l'auteur de la Divine Comédie, qu'il est justement en train de traduire), une figure médiévale idéalisée et rêvée.
Dès lors, Rossetti n'aura de cesse de courir après cette vision. Lizzie sera l'instrument qui transcendera son oeuvre et lui permettra de traverser les époques. L'a-t-il véritablement aimée, elle, Elizabeth Siddal, ou ne voyait-il en elle que sa Béatrice idéalisée ? Difficile à dire. Je préfère penser qu'il y avait au moins une petite réciprocité même si les éléments ici apportés par Rita Cameron (pour la plupart largement romancés) font tout de même parfois douter des sentiments du peintre pour sa muse.
Quant à Lizzie, jeune femme passionnée de littérature, d'art et de poésie, elle vécut sans doute plus de moments difficiles que de longues périodes de bonheur mais sa rencontre avec le cercle préraphaélite changea le cours de sa vie.

J'aurais pu me scandaliser en découvrant sa situation, j'aurais pu avoir envie de lui ouvrir les yeux, j'aurais pu lui hurler de fuir un destin tragique et de se tourner vers un autre homme, plus stable… mais en fait non, je crois que je l'ai comprise. J'ai donc été particulièrement touchée par le côté introspectif du texte. Rita Cameron parvient parfaitement à décrire les pensées et émotions qui peuvent traverser la jeune femme. Quelle intensité là-dedans !
Alors oui, l'histoire finit mal. Je ne spoile pas, La Muse retrace la vie de figures ayant réellement existé, au milieu du XIXe siècle en Angleterre (le contexte historique n'est pas tellement mis en avant, c'est plutôt la recherche artistique de cette époque qui l'est !). Oui c'est tragique, oui c'est infiniment triste et parfois révoltant. Mais mieux vaut une passion qui détruit qu'une vie d'ennui, non ?

Outre la retranscription de la relation entre Lizzie et Rossetti, j'ai aussi beaucoup apprécié que Rita Cameron s'attarde sur une facette méconnue de la vie de la jeune femme. Jusque là, Elizabeth Siddal était surtout connue comme « la muse de Rossetti » (et des autres peintres préraphaélites) mais elle était elle-même une jeune artiste talentueuse, d'une grande sensibilité et ses oeuvres (ses dessins, ses peintures, ses poèmes) étaient habitées d'une force remarquable, reconnue par Ruskin lui-même ! Elizabeth Siddal n'était pas que « la muse », elle n'était pas qu'une femme amoureuse ; mais une femme de chair et de sang, une artiste à part entière. Je remercie l'autrice de nous le rappeler.

La Muse c'est l'histoire tragique d'une passion amoureuse qui nourrit autant qu'elle détruit, au coeur de l'Angleterre, au milieu du XIXe siècle, dans les cercles d'artistes bohèmes. La Muse c'est l'histoire d'une femme dont l'image sacralisée a traversé les siècles et qui est irrémédiablement associée aux oeuvres qu'elle a inspirées car sans Elizabeth Siddal, le mouvement préraphaélite n'aurait sans doute jamais pris son envol.
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Et bien, oui, j'ai lu ce roman et bien m'en a pris finalement. J'avais un a-priori sur la collection, mais j'aime la peinture pré-raphaélique, le mouvement art and craft
J'avais déja lu un très beau roman, peut être peu connu de Philip Delerm, "Autumn" qui retrace l'histoire des peintres de la PRB (Pre-Raphaelic Brotherhood), surtout Rosseti et les femmes dont Elizabeth Siddal.
Avec "La Muse", nous incarnons E. Siddal, jeune femme cultivée, mais dont la famille est devenue pauvre. Elle construit des chapeaux (et fait office de vendeuse dans la boutique) et entre son physique atypique pour l'époque et sa culture, elle se distingue de ses collègues. Elle est remarquée par un peintre, Walter Deverell , qui vainc ses résistances à devenir modèle et incarne un page (Viola déguisée en page dans "La nuit des rois" de Shakespeare) pour un des tableaux de l'artiste. C'est lors d'une séance de pose qu'elle rencontre Dante Gabriel Rosseti et que leur histoire commença. Une histoire complexe, faite des désirs d'E. Siddal de ne pas être une femme comme les autres (car elle était un peintre talentueux ainsi qu'un écrivain), tout en voulant épouser Rosseti, qui lui freinait des 4 fers, ne voulant pas s'engager tout en gardant E. Siddal en chasse gardée. C'est l'histoire d'une femme à l'époque victorienne où une femme n'existe que par le biais de son mari, où être intelligente et cultivée semble une contre-indication à la vie sociale, surtout quand vous n'avez pas d'argent. L'histoire entre Rosseti et Siddal, même mariée à ce dernier, finira mal pour la jeune femme, après le décès de l'enfant du couple à la naissance et le laudanum prescrit trop généreusement à l'époque. L'homme qu'était Rosseti ne sort pas grandi de cette histoire. E. Siddal l'aimait terriblement, il l'aimait aussi, mais pas assez pour la comprendre dans toute sa complexité.
C'est un texte qui se lit rapidement, pas si léger que cela, peut être un peu trop sentimental, mais après tout, je n'étais pas là pour voir ce qui se passait et l'extrapolation de l'auteur a le mérite de donner une voix à celle qui reste la très belle et très inquiétante Ophélie du tableau de John Everet Millais.
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Avec la Muse, nous plongeons dans le Londres Victorien, chez les artistes préraphaélites, dans un monde de peintres bohèmes et libertins. Nous suivons la vie d'Elizabeth Siddal, le modèle le plus célèbre de Dante Gabriel Rossetti, que l'on peut admirer sur nombre d'oeuvres préraphaélites, elle est La Muse. Mais ce que l'on sait moins est que cette femme n'était pas qu'une égérie, qu'un modèle, elle était aussi une artiste de talent...

On nous présente le livre comme une romance historique, je pencherais pour un drame historique, la vie de Lizzie Siddal, artiste elle-même et poète, ne fut en rien un conte de fées.

Elizabeth Siddal était une très jolie femme, mais son allure et sa beauté étaient atypiques pour son époque. Elle était grande, mince, élancée, avait un port de reine, mais surtout portait une extraordinaire chevelure rousse. Elle confectionnait des chapeaux dans un atelier de modiste, c'est là qu'elle fut remarquée par un étudiant de la Royal Academy. Mais à cette époque, être modèle pour les artistes était synonyme de prostitution. La jeune femme y vit tout de même son intérêt, un avenir financier plus sûr et une vie plus exaltante.

Nous nous concentrons donc sur la relation entre Elizabeth Siddal et Dante Gabriel Rossetti, les autres artistes préraphaélites et figures historiques passent et repassent elliptiquement. Lorsqu'il la croise sur un pont de Londres, Rossetti l'idéalise aussitôt. Elle est l'incarnation de sa Béatrice de Dante Alighieri, elle sera, pour lui, tant d'autres femmes à la fois... L'artiste se trouve être le gentleman dont Lizzie a toujours rêvé d'épouser... Oui mais Rossetti aimait bien plus son art que Lizzie, seul, Ruskin, le critique d'art, poussa Lizzie à s'exprimer, à continuer d'écrire des poèmes, à dessiner, à peindre, à vivre...

Les femmes sont tellement souvent les victimes de l'épanouissement personnel des hommes, qui à cette époque, agissaient encore plus en purs égoïstes inconscients, de plus, ces artistes préraphaélites n'étaient pas sans le sou.
Le destin d'Elizabeth Siddal n'échappe pas à sa condition féminine, elle est frustrée, muselée, entravée, privée de liberté, manipulée, trahie (un petit peu naïve aussi... non ?) mais également artiste si peu reconnue... Pourtant elle est le centre même du Préraphaélisme, si Elizabeth Siddal n'avait pas existé, le mouvement n'aurait pas eu le même impact. Cependant, et tout de même oserais-je dire, Dante Gabriel Rossetti peindra sa Beata Beatrix dix ans après la mort de Lizzie, elle le hantera donc longtemps...

Une fin sans surprise donc, mais il y avait des éléments que j'ignorais dans le destin de cette artiste, et si cette lecture introspective dans la vie de Lizzie Siddal est loin d'être un coup de coeur, la plume élégante et précise de l'autrice l'ont rendue toutefois agréable, les descriptions du Londres victorien sont exquises, et les émotions concrètes.
Désormais je sais que derrière la beauté des oeuvres de Dante Gabriel Rossetti se cachait une autre réalité...


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Lizzie Siddal est La Muse qui a inspiré les préraphaélites, en particulier Dante Gabriel Rossetti. Ce roman retrace son histoire, de son incursion dans l'atelier de Walter Deverell à son mariage avec celui qui la considèrera à tout jamais comme sa Béatrice.

Peu friande de peinture, je ne connaissais ni ce courant ni ses peintres avant de me plonger dans la lecture de ce livre, mais en effectuant quelques recherches, j'ai eu la surprise de découvrir que Rossetti était à l'origine d'un tableau que j'apprécie tout particulièrement pour le modèle qu'il représente : Lady Lilith.

Cette coïncidence a piqué ma curiosité, et… Eh bien, je dois dire que La Muse réussit très correctement sa plongée dans l'Angleterre artistique du XIXème siècle.

Vous sentez venir le mais ? Mais. C'est looong ! Les nombreuses descriptions collent certes au thème, mais contribuent à rendre le roman interminable. Contribuent, car elles ne sont pas les principales responsables. le vrai problème, ce sont les protagonistes.

Je ne sais pas dans quelle mesure l'auteur a pris des libertés avec l'Histoire. Toujours est-il que Dante est ce qu'on pourrait communément appeler un connard. Égoïste, menteur, manipulateur et tout un paquet d'autres défauts qu'il met sur le compte de son génie. Attention, léger spoiler dans le paragraphe suivant !

Tout au long du livre, il fait miroiter à Lizzie un mariage qui n'arrivera qu'à la fin (et il aura fallu pour cela qu'elle soit aux portes de la mort), sans jamais cesser de fricoter avec d'autres demoiselles, de les peindre également, alors qu'il interdit sans scrupules à son modèle de prédilection et fiancée de l'ombre de poser pour ses amis.

Face à un tel contexte, j'aurais dû éprouver de l'empathie pour Lizzie, sauf que non, pas du tout. En fait, elle m'a déplu dès les premières pages. Elle m'est apparue comme assez hautaine, avec une propension à critiquer les moeurs d'autrui (parce qu'ELLE, elle a eu une éducation, contrairement aux minables couturières avec lesquelles elle trime du matin au soir).

Là où le bât blesse, c'est que ces moeurs, elle est la première à les oublier quand ça l'arrange, et à s'en mordre les doigts dans la foulée. Et encore, on ne peut pas dire que ce soit la dignité qui l'étouffe. Je veux bien que l'amour ne se commande pas et qu'il pousse à faire n'importe quoi, mais pourquoi Dante se serait-il donné la peine d'épouser Lizzie quand il n'a qu'à lever le petit doigt pour qu'elle revienne vers lui à chaque fois qu'il la déçoit ?

Au bout d'un moment, ça devient un entêtement qui confine à la stupidité, et c'en est encore plus de croire qu'une bague au doigt changera quoi que ce soit. Elle accuse Dante de ne voir en elle que l'image qu'il peint, mais est-elle vraiment différente, à nier la véritable nature de son amant ? Ne s'est-elle pas plutôt accrochée jusqu'au bout à l'idée de (re)devenir une « femme respectable » ?

Quoique… Peut-être allaient-ils justement bien ensemble pour cette raison ? Heureusement, les personnages secondaires sont plus sympathiques et attachants, en particulier Lydia, Emma et ce pauvre Deverell, trop vite écarté et balayé de la mémoire collective. (Et je ne parle même pas de sa soeur, avec qui Lizzie semblait pourtant bien s'entendre.)

La Muse est un roman intéressant à découvrir pour le portrait qu'il peint du préraphaélisme, mais si vous aimez les scénarios un peu plus palpitants que la fille qui s'aperçoit que son amant est un goujat, avant que le goujat ne s'excuse et qu'elle revienne vers lui, pour ensuite remettre ça une bonne demi-douzaine de fois jusqu'à la fin du livre, passez votre chemin. Même les shojos les plus répétitifs que j'ai pu lire ne sont pas aussi redondants.
Lien : https://leslecturesdecyrligh..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Cependant, dans cet amphithéâtre même, juste devant lui, se trouvait un tableau qui rayonnait de mille feux, comme s’il eût été éclairé par une source lumineuse depuis l’arrière. Il se redressa et regarda la marine comme s’il la voyait pour la première fois. L’or du soleil déteignait dans la mer et se réverbérait sur toutes les surfaces imaginables, irisant les contours des nuages et la crête des vagues, et s’accrochant aux voiles gonflées des navires. L’artiste avait su exactement saisir l’impression que l’on a au spectacle de la mer, lorsque le soleil se reflète avec une telle intensité dans l’eau que l’on est obligé de plisser les yeux pour la regarder, et que les nuages changent sans arrêt, baignant le rivage d’irréels lavis de jaunes et de gris.

Rossetti laissa échapper un rire caverneux. Ainsi Turner s’était-il écarté des pratiques rigoureuses de l’Académie, mais ses membres avaient néanmoins mis son tableau à l’honneur. Peut-être, songea-t-il, que les règles académiques ne s’appliquaient qu’aux médiocres. Si vous étiez un véritable génie, on se fichait comme d’une guigne que vous obéissiez aux règles ou non.
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Le physique de Lizzie attirait également sur elle, de manière excessive et importune, l’attention de ses collègues. Plus grande que la plupart des femmes, elle pouvait, du haut de ses dix-neuf ans, rivaliser avec de nombreux hommes en termes de taille. Au lieu de la rendre maladroite, cet aspect de sa physionomie ajoutait à son allure gracieuse, et il n’était pas rare qu’on la qualifiât d’éclatante, bien que plus rarement de jolie. Elle avait le teint pâle et de grands yeux gris aux paupières tombantes. Mais le plus remarquable chez elle était son abondante chevelure rousse, dont la lumière révélait les reflets d’or et qui tombait sur ses épaules en ondulant librement, lorsque celle-ci n’était pas attachée pour le travail.
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Fleet Street était encore noire de monde, même à cette heure tardive. Les journalistes retournaient travailler en titubant après avoir descendu quelques pintes au pub. Les garçons de bureau les frôlaient comme des flèches, faisant circuler informations et articles d’une rédaction à l’autre. Désireuse d’éviter la cohue, elle bifurqua dans une petite rue qui la mena jusqu’à l’oasis de verdure du quartier des avocats. Une allée étroite serpentait entre les élégants cabinets en calcaire et en briques des avocats de la City. Aux fenêtres, Lizzie aperçut le halo de leurs lampes et les imagina penchés sur leurs assignations et leurs plaidoiries. En passant sous un porche de pierre, elle déboucha sur une enfilade de placettes charmantes grâce à la présence de haies impeccablement soignées et de fontaines roucoulantes. Elle n’était qu’à quelques pas du vacarme de Fleet Street, mais l’endroit était si calme qu’elle aurait pu tout aussi bien se trouver à des lieues de là. Seul le claquement de ses bottines sur le pavé l’accompagnait dans l’allée qui la menait, le long d’une étendue de gazon, vers la Tamise.
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- Si je ne suis pas encore riche, commença-t-il, c’est uniquement parce que le public achète ce que l’Académie approuve, principalement des coupes de fruits et des vaches brunes parsemant un chemin de campagne, autant que je puisse en juger. Je n’ai aucune envie de peindre des objets de décoration pour salons.
- Et que veux-tu peindre, alors ?
- La beauté et la lumière ! Le style d’aujourd’hui est devenu si sombre et si morne. On nous inculque de nous concentrer sur les conventions et sur la perspective au détriment du vécu et de la beauté.
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Dante Gabriel Rossetti se trouva dans l’embarrassante situation qui consiste à s’assoupir pendant un cours magistral dans le grand amphithéâtre de l’Académie royale des beaux-arts de Londres. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à garder les yeux ouverts, et il ne cessait de piquer du nez pour mieux relever la tête en sursaut.
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