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3,29

sur 351 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Mais qu’est-ce qui fait que Simon Axler, brillant comédien très réputé, ne puisse subitement plus entrer en scène et déclamer son texte comme à son habitude ? Comment se fait-il que quelque chose qu’il faisait jusqu’ici d’instinct soit totalement inaccessible à ce moment-là de sa vie ? Qu’est-ce qui a bien pu provoquer une telle catastrophe ?

Chez Philip Roth, tout est toujours très noir. D’emblée le livre s’ouvre sur une catastrophe : Simon a perdu son naturel de jeu et il ne sait plus comment revenir en arrière. Jusque là Simon savait écouter et rebondir sur les répliques de ses partenaires, comme il savait séduire les femmes qu’il rencontrait simplement en se concentrant sur ce qu’elles disaient. Désormais il ne voit pas comment s’en sortir et envisage sérieusement de mettre fin à ses jours.

Sa femme Victoria ne supporte pas de le voir dans cet état et le quitte pour rejoindre son fils. Seul, en dernier ressort pour échapper au suicide, il décide de se faire interner dans un petit hôpital de bonne réputation, où il séjourne pendant vingt-six jours. L’un des bons moments de ce séjour reste la rencontre avec une autre patiente, Sybil Van Buren, mariée à un homme très riche qu’elle présume coupable d’abus sexuel envers leur fille de huit ans. Surpris en pleine action le père trouve un prétexte qui empêche Sybil de dire quoi que ce soit. Murée dans le silence pendant quatre jours, elle ne voit d’autre solution que dans le suicide. Et puis elle y renonce et devient alors convaincue que la seule solution face à un être aussi monstrueux que son mari est de le tuer. Peut-être Simon voudrait-il l’aider à se débarrasser de ce monstre ?

Devant le refus de celui-ci Sybil s’éloigne et laisse la place dans le récit à l’agent d’Axler qui tente de le convaincre de prendre le rôle de James Tyrone dans Le Long Voyage vers la nuit de O’Neill. Mais pour Simon c’est impossible : il n’arrive plus à rendre une pièce réelle pour un spectateur ou rendre un rôle réel pour lui. Et tous les courriers que lui amène son agent ne l’intéresse plus sauf la lettre signée par Sybil…

Commence alors la seconde partie du Rabaissement.

Ici Simon croise la belle Pegeen, la fille de ses amis comédiens Carol et Asa Stapleford, et c’est l’éblouissement. Axler retrouve son appétit de vivre en tombant raide amoureux de cette lesbienne de vingt-cinq ans plus jeune que lui. Et ce rôle lui va à merveille.

Philip Roth est très fort pour parler de la vieillesse et de ses conséquences sur le désir. On pourrait facilement faire le portrait psychologique de Pegeen et dire d’elle qu’elle est narcissique, qu’elle ne sait aimer qu’elle-même rejouant le même scénario perpétuel dans lequel son partenaire ne sera jamais le bon. Pegeen est l’exact opposé de Sybil. Mais le plus intéressant reste le personnage de Simon aux prises avec le sentiment amoureux. Il faut dire que Pegeen fascine tous ceux qui l’approchent. La période où les deux personnages cohabitent pourrait être l’une des plus réussies de sa vie, si elle n’était pas gâchée par la désapprobation que ressentent les parents de Pegeen à l’idée que leur fille vive avec un homme beaucoup plus vieux qu’elle. Mais Pegeen est prise d’une réelle vivacité sexuelle que, quand elle invite une inconnue croisée dans un bar à la rejoindre Simon et elle dans leurs jeux érotiques, tout va basculer très vite, beaucoup trop vite…

L’auteur de La bête qui meurt - une réflexion sur le pouvoir érotique du corps - ou de Exit le fantôme - une rencontre avec une jeune femme qui réveille les pulsions sexuelles d’un vieil homme incontinent - renoue ici avec ses thématiques récurrentes. Il sait comme peu d’autres décrire la vieillesse des hommes, la déchéance du corps, mais aussi le sexe vital qui ramène à la vie, à l’espoir et au futur. Dérangeant sans doute, Le rabaissement est peut-être son livre le plus sombre – mais comme dans Un homme chroniqué par Yohan, Philip Roth fait preuve encore une fois d’une vitalité littéraire peu commune.
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Le déclin d'un séduisant et talentueux homme de théatre est ici décrit avec précision et concision. Alors bien sur le salut aurait pu venir d'une histoire d'amour, et une fois de plus un vieil écrivain nous décrit comment son vieux héros seduit forcemment une jeune femme, mais ici il y a une mise en abime, en perspective, et la chute de cet acteur qui n'arrive meme pas à jouer son propre role dans la vie nous interpelle comme dans un veritigineux echo de tristesse.
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Le héros de ce court roman est un sexagénaire, acteur renommé de théâtre, qui a soudain perdu confiance, son talent. Ses questionnements, un séjour en hôpital psychiatrique ou diverses rencontres parviendront-ils à le retaper, le ramener sur le devant de la scène ? Je n'ai pas été spécialement conquis par cet ouvrage ; ni par le style ni par les situations qui se déroulent et qui m'ont paru tantôt superficielles, tantôt forcées.
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Le temps des grands romans de Philip Roth est sans aucun doute révolu, quoique avec cet animal littéraire-là, l'affirmation pourrait être contredite. le cas Roth n'est peut-être pas encore cuit. Mais, désormais, il faut s'habituer à des récits courts, qui semblent hantés par les mêmes thèmes : l'assèchement de l'inspiration, la mort et le sexe, ce dernier pouvant éventuellement retarder le précédent. le rabaissement est un livre simple, linéaire, qu'une lecture rapide pourrait inciter à taxer de terne, donc indigne de l'auteur de la tâche. C'est aller trop vite en besogne. Son héros, Roth a beau prétendre le contraire, on a du mal à ne pas y voir un double de fiction, est mal en point. Un artiste, acteur shakespearien qui a perdu sa "magie" et tout envie de remonter sur scène. Un candidat au suicide idéal, qu'un bref séjour en hôpital psychiatrique ne guérit pas vraiment. Telle une "déesse ex machina", apparaît alors une femme qui, bien que lesbienne, ne se fera pas trop prier pour accéder au lit du mal portant et l'inviter à quelques jeux épicés. Eros terrassant Thanatos ? Sans révéler le dénouement, disons que ce ne sera pas tout à fait le cas. Malgré un pessimisme de fond et un moral bas dans les chaussettes, le rabaissement n'est pas funèbre. le ton est enlevé, les dialogues souvent drôles et la dérision toujours au rendez-vous. Pour citer deux critiques, excessifs chacun à leur façon, ce n'est ni un "Roth au rabais", ni un "Diamant noir". Rien d'autre que le roman d'un écrivain vieillissant qui a toujours des choses à raconter et les mots justes pour les dire.
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Simon Axler, la soixantaine, est un acteur fini. Il est déprimé, il n'a plus confiance en lui, d'ailleurs il demande à être hospitalisé. Une fois rentré chez lui, il continue à broyer du noir et son agent ne réussit pas à le convaincre d'accepter un nouveau rôle. C'est alors qu'il a la visite de Pegeen, la fille d'amis d'enfance à lui. Elle a 25 ans de moins que lui, et est lesbienne, rien qui puisse les rapprocher. Et pourtant c'est ce qui arrive ! Tel un nouveau Pygmalion, il va transformer ce garçon manqué en ravissante femme et vivre une passion physique avec elle. Mais ce rêve peut-il durer ?...

Ma dernière phrase suggère que ce rêve pourrait bien se transformer en cauchemar... En effet Philip Roth réitère dans l'atmosphère intimiste et très noire de ses derniers romans. le talent est toujours là, l'écriture fluide et attachante. Toutefois j'ai trouvé l'argument bien léger et très rebattu. Un vieil homme qui retrouve vigueur et vivacité avec une femme plus jeune (fut-elle lesbienne) avant de retourner aux ténèbres... Un Roth contournable à mon avis, il en a tellement écrit de meilleurs...
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Ce roman traite de la vieillesse, de la solitude, du cercle infernal de la dépression. Simon Axler qui fut connu comme un acteur brillant tombe de façon brutale dans le cercle de la déchéance et de la dépression. le rabaissement est mon premier roman de Philip Roth dont l'écriture m'a semblée simple, dépouillée, sans fioriture mais qui va droit au but, à l'essentiel et en ce sens, c'est très agréable à lire. Cependant, le livre ne m'a pas entrainé dans une reflexion en profondeur sur les thèmes abordés, j'ai eu l'impression durant tout le livre de rester en superficie. La fin m'a semblé trop abrupte et juste au moment ou l'expérience de lecture devenait peu à peu immersive. Ce n'est pas un mauvais roman mais pour ma part, il m'a laissé sur ma faim.
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Encore une fois j'ai passé un bon moment avec Philip Roth, c'est bon de voir renaitre un élan! Quel qu'en soit sa nature.
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