Simon Axler personnage principal de ce roman (le trentième) de
Philip Roth est
un homme « fini », acteur prestigieux, il se retrouve du jour au lendemain dans l'incapacité de jouer, tout s'écroule. le physique, le psychique, les relations amicales et sentimentales tout va à la dérive et l'on retrouve le thème préféré de
Philip Roth : la vie n'est pas un long fleuve tranquille ou alors il faut qu'il soit assez profond pour s'y jeter… Mais … ce n'est pas le moment : une jeune fille apparaît à l'horizon, Pegeen, ce n'est pas une inconnue : la fille d'un couple d'amis que Simon a vu naître. Elle a maintenant 40 ans, belle, nonobstant son homosexualité, il est intrigué, surpris, et son désir de vouloir transformer sa vie et la sienne, l'emmènera à connaître des moments de bonheur intense : dans la transformation qu'il souhaite opérer chez Pegeen, dans sa relation sexuelle avec elle, enfin l'horizon se dégage.
Mais c'est sans compter sur l'esprit un tant soit peu machiavélique de Roth …. Simon tombe encore plus bas et l'avenir se rétrécit à vue d'oeil… Je ne vous raconterai pas la suite.
Mais comment fait-il pour que malgré la noirceur, la désespérance de ses personnages, leurs défauts, leurs vices, Comment se fait-il que
Philip Roth arrive encore et encore à nous subjuguer ? Un style extraordinaire, fulgurant, une façon de traduire le temps présent, dans le moment présent avec tout ce qui ressort de vivant dans tout ce qui entoure ses personnages, de donner l'impression que c'est ainsi que la vie se déroule et l'instant d'après, la magie des mots, la finesse du trait, malgré tout cela, nous basculons vers le sordide, vers le néant : la beauté des sentiments délivrée de toute morale, n'est qu'un le fantôme de la dépravation, au mépris de la vie et de l'homme… On entrevoit le bonheur à travers les rayons du soleil et le soleil devient noir….
Des pages 67 à 71, l'auteur nous présente un dialogue entre Pegeen et sa mère qui va justifier sa relation avec Simon. Pas de tiret marquant le dialogue, mais une suite de « je lui ai dit », elle a répondu…. Et vous restez en haleine, parce que tel que présenté, le dialogue prend toute sa véracité et sa « présence »…
Il semble que le talent de
Philip Roth, soit tellement prégnant, qu'il peut se permettre tout et n'importe quoi, il arrive presque à nous persuader, paradoxalement, que la vie finalement vaut la peine d'être vécue.