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sur 1215 notes
Portnoy et son complexe, quatrième livre de Philip Roth, contient en un mot plusieurs des caractéristiques qui deviendront distinctives de l'écrivain américain, c'est-à-dire l'une des plumes les plus tranchantes et les plus pénétrantes du dernier demi-siècle. Avant Pastorale américaine - roman qui lui a valu le prix Pulitzer en 1997 - et les vicissitudes de Zuckerman, personnage récurrent dans plusieurs romans, l'auteur expose ici les revendications libertaires qui seront plus tard, peut-être, meilleures définies et formalisées, mais qui sont maintenant grossièrement criées et véhiculent un sentiment de libération explosive rarement décelable dans les oeuvres ultérieures. le patient Alexander Portnoy donne vie dans ces pages à un monologue qui ne devient dialogue que dans les dernières lignes, le seul endroit où le psychanalyste prononce ses mots, dix dans tout le livre : « Alors (le Docteur a dit). Peut-être que maintenant nous aurions pu commencer. Non?" (.
le monde, dans la vision manichéenne qui prévaut dans la maison Portnoy, est partagé entre juifs et goyim (non-juifs). Ces derniers, il va sans dire, incarnent l'anti-modèle par excellence aux yeux de leurs parents. Ce sont eux que Dieu punira pour leur conduite immorale et pour avoir transgressé des interdits absolus comme manger des homards. Cependant, il convient de répéter que la satire juteuse de Rothian pointe vers une forme mentale qui infecte ceux qui entrent en contact avec elle et assure le développement de névroses insidieuses. Une religion n'est pas attaquée : elles sont toutes visées, quoique de manière moins insistante, dans la mesure où elles appuient leur main sainte sur l'individu, limitant sa liberté : « Écoutez, je ne crois pas en Dieu et je ne crois pas croire en la religion juive ou en toute autre religion. Ce sont tous des mensonges », et plus loin on lit : « Je méprise les Juifs pour leur étroitesse d'esprit. Pour l'ostentation de leur droiture […] mais lorsqu'il s'agit de criarderie et d'ostentation, des croyances qui feraient honte même à un gorille, il est pratiquement impossible d'atteindre les niveaux des goyim. "
Même la psychanalyse, n'échappe pas à l'ironie de l'écrivain. le langage déformé du médecin suggère peut-être une issue pas tout à fait rose de la thérapie dont tout le roman est le monologue préparatoire.
Pour garantir des polémiques sans fin et, en même temps, un succès enviable auprès du public était l'utilisation de termes et de descriptions à la limite, et au-delà, de la pornographie. le jeune Alexandre anticipe la sexualité à venir en se consacrant, dès la première puberté, à des activités onanistiques épuisantes, agréables échappatoires aux contraintes quotidiennes. Les rêves de pénétration se matérialiseront dans des « rapports sexuels » improbables avec des steaks ou des pommes, et le sexe sera alors conçu comme une forme mixte de vengeance et de liberté.
« Pourquoi aurais-je si honte d'être, comme on l'appelait honorablement il y a des années, un célibataire ? En gros, tout se résume à ceci : le célibat. Quel est le crime? Liberté sexuelle ? de nos jours? Pourquoi devrais-je m'incliner devant les bourgeois ? Est-ce que je lui demande de s'incliner devant moi ? […] Je suis, si je puis dire, un homme honnête et sensible ; à en juger par l'homme moyen, je suis... Mais pourquoi dois-je me justifier ? Pardon! Pourquoi dois-je justifier mes envies avec Honnêteté et Sensibilité ? J'ai juste des envies...
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Une lecture très en demi-teinte… le livre est en fait un long monologue de Portnoy à son psychanalyste. Il lui décrit sa lutte constante contre ses pulsions sexuelles, afin de répondre aux ambitions de ses parents de le voir comme un fils parfait. Et pour être parfait, Portnoy doit être un gentil petit Juif, qui épousera une gentille fille Juive et ils auront ensemble de beaux et gentils petits enfants Juifs. Seulement, Portnoy n'aime que le sexe dans la vie, et plus est, avec des filles qui répondent pas du tout aux critères de la gentille fille Juive. Bref… le sexe est omniprésent dans ce bouquin de Roth, chaque page, ou presque, nous raconte un acte sexuel. Ça devient lassant, et ça prend le pas sur ce qui aurait pu être bien dans le bouquin, soit les réflexions sur la famille, la religion, l'amour… Bref, pas très enthousiasmé par cette lecture.
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L'histoire déjantée d'un homme et ses perversions racontées à un psychiatre New-Yorkais. Tout y passe, ses problèmes affectifs, sexuels, sa relation avec sa mère, le tout baigné d'un humour cru et souvent auto-flagellateur. le style est une tentative de fusion entre un langage oral, avec des termes souvent grossiers, mais avec une certaine sophistication propre à l'écrit. J'en conseille la lecture, même si le ton décalé peut en choquer certains.
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Oui, certainement, un petit garçon ne se retrouve pas à devoir se palucher 6 fois par jour sans qu'il ait un problème psy.
Oui, certainement, les propos, les actes de sa mère, et toute cette vision du monde où la frontière est entre "gentils" (juifs) et "goys" (non juifs) - les "gentils" se devant d'être parfaits, y sont pour quelque chose.

Portnoy doit toujours être le meilleur, être parfait. Il y parvient (hormis son obsession onaniste) - mais il souffre.

Sa soeur, plus âgée, parle au petit Portnoy de l'intense antisémitisme de l'époque (2nde guerre mondiale), qui peut expliquer l'attitude des parents. Mais Portnoy est petit. C'est par eux qu'il souffre, c'est de leurs travers à eux dont il est le témoin direct : les préjugés communautaristes, le racisme (dirigé contre les noirs), la posture : "les juifs contre le monde entier", les efforts désespérés de son père pour singer les postures de ses oppresseurs non-juifs (habits, autoritarisme), qui le rendent maladivement constipé.

Alors Portnoy se révolte.

Sa révolte ne va pas d'abord être tournée vers la résolution de son problème personnel, ni tournée principalement contre ses parents : il va vouloir embrasser la cause de tous les opprimés, juifs ou non juifs, ouvriers, noirs. Mais, pour lui, cela signifie s'engager auprès des Démocrates. Bonne idée ? En tous les cas il devient militant.

Mais, mais... dans le face à face humain, dans la proximité avec autrui, un autre rapport se révèle où Portnoy se retrouve, pour une fois, en position de force. Il se retrouve en position de force face à des femmes qui pensent n'avoir rien d'autre à lui offrir que de l'accompagner dans son obsession sexuelle, qu'il va pouvoir mépriser.

Ses copines, il les appellent toutes d'un nom de légume ou d'animal ("le singe", "la citrouille", etc. ).

Alors qu'il va avoir pour maîtresse une femme "goy" (non juive), étudiante comme lui, partageant son militantisme, il ne pourra pas s'empêcher de privilégier sa relation avec une femme illettrée, sans autre ambition que de se marier avec lui, mais qui va au devant de son désir sexuel ; une femme qu'il méprise... mais qu'il peut dominer

D'opprimé, il se fait oppresseur, voire agresseur de femmes.

Programmé pour réussir à tout prix, il réussit socialement. le voici titulaire de hautes fonctions dans la société. Mais il est toujours malade.

Il essaie de se fuir, en allant en Israël où il serait enfin juif... comme tout le monde : enfin appartenir à la majorité ; enfin être entouré de "frères" et de "soeurs" ; enfin ne plus être persécuté. Et guérir ainsi ?

Mais il s'aperçoit qu'il y a loin de la communauté d'identité religieuse à la fraternité : il connaît tout un tas de tracasseries et se voit renvoyé à son statut d'étranger...
Alors son sexisme, présent tout du long de son récit, reprend le dessus et... tourne au crime.

Il m'a semblé en lisant quelques critiques sur Babelio, qu'aucun lecteur, même pas ceux qui ne sont pas tendre avec l'auteur, ne fasse remarquer que, dans ce livre, l'auteur raconte un viol, le viol que commet Portnoy (et peut-être l'auteur lui-même si le livre est autobiographique) - du moins une tentative de viol très violente, en Israël. On est très mal à l'aise devant le ton détaché presque humoristique, avec lequel il raconte la scène sordide. Sentant qu'il a sans doute fait quelque chose d'illégal, Portnoy s'imagine à son procès (dont il n'a jamais été inquiété) : "Tout ce que je voulais c'était seulement donner un peu de plaisir et m'en faire un peu à moi-même. Pourquoi, oh pourquoi ne puis-je obtenir le moindre plaisir sans que le châtiment vienne à sa suite comme en remorque" "Pourquoi bon Dieu est-ce que je ne pourrais pas m'amuser un peu ?"

Alors certes, Portnoy souffre et veut guérir. Et on le sait depuis le début : Portnoy est allé voir un psy. Et tout le livre consiste dans ses confidences à ce psy.
Mais ce qui passait encore, au début, pour courageux et honnête : parler ouvertement de choses plutôt inavouables pour les analyser comme symptômes d'une certaine condition et comme origine d'une révolte potentiellement féconde, se change, pour moi, en pleurnicheries complaisantes et lassantes pour justifier ce qui est devenu une vie d'agresseur sexuel. La révolte devient un alibi. En tous les cas, si disposer d'un bouc émissaire (la femme) le dispense désormais de combattre pour changer la société, cela ne le guérit pas. Bien fait !

Le ton et le style libre et original de l'auteur, qui lui ont attiré succès et estime, ne parviennent pas à me faire négliger le fond sexiste du propos ; ne parviennent pas à me faire apprécier l'auteur dont c'est ma première lecture - surtout s'il a fait ici oeuvre plutôt autobiographique comme je l'ai lu quelque part.

J'avais d'autres livres de lui dans ma PAL : vais-je y retrouver ce que je n'ai pas apprécié ou bien vais-je avoir une bonne surprise ? Si oui, avec quel livre ? Merci.
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Heureusement qu'il y a les challenges Babelio pour dénicher des romans sulfureux...
Je connaissais déjà Philip Roth mais avec "Portnoy et son complexe" je découvre que le romancier américain est profondément marqué par la culture juive. Si l'on retrouve les obsessions sexuelles récurrentes dans son oeuvre, ce livre est d'abord un roman sur l'humour juif.
Alexandre Portnoy, le narrateur, raconte sa vie à son psychanalyste. Il porte sur ses épaules tout le poids de son éducation juive qu'il critique à volonté en justifiant sa sexualité débridée. Il ne veut surtout pas être parfait comme le souhaiterait sa mère évidemment. Alors qu'il a réussi professionnellement, il multiplie les conquêtes féminines et les expériences sexuelles mais il est incapable de s'engager à 33 ans.
Comme il est en thérapie il est bien évident que nous allons découvrir son enfance et rire du portrait qu'il fait de sa famille entre une mère possessive et un père perpétuellement constipé.
L'humour juif c'est cela et s'il semble souvent agacé par les siens c'est parce qu'il les aime. Les caricatures et l'autodérision est un mode d'expression typique de la culture juive. C'est une façon de se mettre à distance de soi-même, de voir ses faiblesses et c'est surtout une façon de montrer que l'on est vivant.
Si Philip Roth est parfois graveleux il sait aussi faire rire.


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Dans un langage direct et sans retenu, Alex Portnoy, 33 ans, raconte a son psychanalyste sa vie d'enfant juif à Newark dans le New Jersey, écrasé par l'amour étouffant de sa mère, par sa juiveté qu'il porte comme un fardeau et dont il tente de s'extraire pour mieux l'assumer. Il nous parle de ses obsessions, a commencer par son addiction à la masturbation, et son besoin sans fin de séduction comme pour combler ses failles narcissiques.
Philip Roth provoque le lecteur, surtout celui de l'époque, avec sa crudité et un humour féroce, et nous livre un Alex à la fois drôle et pathétique.
Même si parfois, le rythme se perd dans la répétition, cela reste un grand livre
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Le style de Roth est reconnaissable en quelques lignes. Agressif. Impétueux. Parfois sournois et pourtant, on aime déjà cet enfant terrible. le livre suit sa vie, et surtout ses pensées et état d'âme, pas toujours joli joli.
Le cynisme est évidement de mise. L'attrait pour les substances et les femmes est incontestable. On assiste à la digression morale de son auteur, jamais à court de la bonne formule pour faire rire ou dégouter. Ou les deux à la fois.
C'est une lecture qui m'a de suite plu. On adhère au style, ou non, mais rien ne laisse indifférent !
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J'ai tellement entendu parler de ce livre et de cet auteur que j'ai décidé de le lire, profitant de quelques jours pluvieux. J'en ressors un peu déçu, bien que quelques passages m'aient pu. L'agencement désordonné et la loghorée verbale m'ont un peu déstabilisé. Je ne connais pas les coutumes juives, ni la signification de certains mots employés, mais j'ai compris que ce jeune homme se révoltait contre un système, une religion pleine d'interdit qu'il refuse. L'auteur sait bien décrire l'envahissement de sa mère avec beaucoup d'humour. Les passages sur le sexe été son amie surnommée "le singe" m'ont semblé un peu exagérés.
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Ces heures en compagnie d'Alexander Portnoy sont soulignées de grand moments d'introspection, de partage de souvenirs, de remises en question de tout un univers avec un personnage auquel on s'attache et que l'on aime détester. Philip Roth mets en place ce long monologue qu'il ponctue de fabuleux dialogues, drôles, théâtraux, vif et pleins de rythmes. On a envie de continuer la lecture des divagations de cet adulte en mal de fondations. Oui, l'histoire tourne autour de ses désirs, de ce qu'il se dit être inaccessible, d'une manière directe d'exprimer des obsessions, mais pas que, et c'est ça qui est le plus exitant, comprendre jusqu'où va nous emmener Alexander Portnoy. J'ai aimé lire ce livre. J'ai enlevé une demi-etoile pour certains passages qui m'ont parus non necessaires à la compréhension du personnage, mais ce n'est que mon avis de lecteur "impatient". En tout cas, n'hésitez pas, Pornoy n'attend que vous.
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Les lamentations d'un adulte (sexuellement) dysfonctionnel coincé entre son éducation juive émasculante et la pudibonderie wasp américaine. Portrait d'un salopard misogyne prêt à blâmer la terre entière (et ses parents en premier lieu) pour justifier ses lâchetés et faiblesses existentielles.

Le style Roth se déroule au fil de la pensée, si foutrement galopant qu'il en est quelque fois difficile à raccrocher. Les lamentations et confessions geignardes du narrateur oscillent du pathétique au très drôle, en passant par le révoltant et le lourdingue.

Si particulier qu'il me faudra le relire une fois à jour sur l'ensemble des oeuvres de Philip Roth.
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