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3,67

sur 1197 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En lisant, la quatrième de couverture, j'avais imaginé tout à fait autre chose:
"Jour et nuit, au travail et dans la rue - à trente-trois ans d'âge, et il rôde toujours dans les rues, avec les yeux hors de la tête. Un vrai miracle qu'il n'ait pas été réduit en bouillie par un taxi étant donné la façon dont il traverse les grandes artères de Manhattan à l'heure du déjeuner. Trente-trois ans, et toujours à mater et à se monter le bourrichon sur chaque fille qui croise les jambes en face de lui dans le métro." J'imaginais, un récit à la troisième personne, avec un personnage frustré qui se trouve à demeure dans des situations humiliantes. Mais je n'étais pas du tout déçu. C'était du grand Roth!

Le cas d'un juif américain tiraillé entre la perfection imposée par les parents et la liberté personnelle, touche à l'universel! Alexander (en tout cas pour moi) n'est pas le prototype du juif vivant aux Etats-Unis, étouffé par une éducation sévèrement exemplaire, où les parents choisi l'itinéraire à suivre pour leur fils, ce dernier qui trouve cette vie fade et exigeante, qui se jette dans la sexualité la plus insatiable (dès son enfance), c'est un être universel qui existe partout dans le monde: il peut être chrétien, juif, musulman...etc), il a des doutes vis-à-vis la croyance, et l'importance de cette bienséance et ces moeurs, il ne croit plus au fondement de la famille, ni au mariage.

Et ainsi le monologue que mène Alexander devant son psychiatre (le lecteur plutôt) continue avec plein d'humour et de g(roth)esque. Des histoires d'enfance (un "grand masturbateur") et des histoires de relations sexuelles (avec le Singe notamment). Alexander hésite à choisir entre la vie selon les attentes de sa famille ou la vie libre qui lui échappe dans l'impossibilité de faire un choix! Ainsi il n'a pas de vie, il a une image, une copie très blême d'une vie. En plus il développe une vision très pessimiste du mariage, une vision tragi-comique!
Alexander nous touche, nous envoûte avec sa vision des choses, il ne nie pas son appartenance ni déteste ses parents, mais il s'oppose à certaines manies ou croyances.

Roth a pu nous présenter l'âme d'un juif américain sans clichés, avec une maîtrise excellente du caractère de son personnage, et avec un humour (je ne dirais pas à la Woody Allen) plein d'ironie (original).
Un roman à lire sans doute!
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Il faut le lire pour le croire ! Dans l'intime jeunesse d'un petit juif américain, étriqué dans un appartement où se croisent une hideuse soeurette, un père constipé et une caricature de la mère juive, le pauvre auteur, conscient de sa supériorité intellectuelle mais trop attiré par ses vices, se masturbe à n'en plus pouvoir en prétextant la colique. Dans son univers décapant, une fille facile s'appelle "le singe" et n'apprécie guère les plans à trois avec une prostituée italienne ; les jeunes goyim font du patin à glace et rigolent devant les nez crochus ; les noirs ne s'assurent guère, même le dimanche ; et les pèlerinages en Terre Sainte font débander les obsédés. Portnoy n'a pas pris une ride ! Un concentré d'humour fiévreux, gluant et mélancolique, dans ce chef d'oeuvre de la littérature américaine.
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Ce livre est un régal : drôle, incisif, faisant fi de tous les tabous, bottant le cul de tous les dogmes... un livre pour les libres penseurs rebelles et hédonistes !! un livre à offrir à tout les fistons "chouchou chéri de leur maman possessive et castratrice", une belle revanche pour toutes les femmes goy que la diaspora a rêvé de voir disparaître de la vie de leurs rejetons. Ceci est un avis émis par une shikse ;-)))) qui adore les gens à l'esprit ouvert quel que soit leur dieu (y compris quand il n'y en a pas !), la musique klesmer, la carpe farcie et même son mari ... quoi qu'en pense la famille de celui-ci !
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Alexander Portnoy est profondément désespéré. Sa personnalité chancelle, déchirée entre l'envie de respecter les valeurs juives inculquées par sa famille, dans le désir de faire la fierté de son père et de sa mère, et entre ses aspirations propres qui se définissent strictement à l'opposé de cet idéal. Se marier avec une juive ? Fonder une famille ? Garder cette famille ? Alexander en aurait bien du mal. Alors que l'heure tourne et qu'il n'a toujours rien accompli, il se livre à son psychiatre dans un long monologue lui faisant part des contradictions qui l'assaillent.

Alexander ne comprend pas ce qui l'a dévié du chemin de la réussite. Il disposait pourtant de toutes les conditions requises pour faire la fierté de ses parents. Mais cette attente, précisément, s'est abattue sur lui comme une fatalité dès son enfance. Et tant qu'Alexander n'aura pas répondu à cette attente, il restera un enfant dévoué, immature, totalement incapable d'éprouver le moindre sentiment pour quiconque. Et 33 années sont déjà derrière lui…
Aujourd'hui comme toujours, ses parents exigent qu'il atteigne la perfection. Alexander sait toutefois qu'il en est incapable. Il n'en a pas la carrure, il n'en a pas l'ambition, et le sexe est la seule activité qui donne un sens à sa vie. Pratiquée frénétiquement lors des premières heures de son adolescence, rien n'échappe au désir furieux d'Alexander, qu'il s'agisse d'une tranche de foie, d'une pomme évidée ou d'un des soutien-gorge de sa soeur. Plus tard, Alexander délaisse le plaisir solitaire pour le partager avec de jeunes et jolies femmes, blondes de préférence – des shikses ! Quel malheur pour ce jeune homme qui sait que la voie de la perfection est unique. Ce n'est pourtant pas compliqué de réussir sa vie ! Il suffit de faire de bonnes études, de trouver un emploi gratifiant, de se marier avec une jolie petite juive et de faire quelques enfants. le soir, Alexander pourrait alors s'installer devant la télé, avec un journal, pendant que sa femme le dorlote et que ses enfants jouent sagement dans le salon.
Malheureusement, Alexander est trop profondément perturbé pour se satisfaire de ce mode de vie. Il a pourtant essayé de s'y plier, cherchant dans ses conquêtes le visage de sa future femme –mais à chaque fois, il ne l'a pas trouvé. Peut-être pensait-il trop à sa mère ? Et puis, comment se satisfaire d'une seule et même femme -aussi charmante, tendre, cultivée et excitante soit-elle- tout au long de sa vie, alors que chaque nouvelle rencontre éveille en Alexander des fantasmes incontrôlables ? Alexander ne sait pas après quoi il court, mais il court. Et pendant ce temps-là, l'heure tourne. A 33 ans, il constate avec désespoir qu'il n'a toujours rien construit alors que les autres hommes de son âge semblent déjà avoir tout accompli.

Alexander Portnoy est malheureux, et sa détresse provient d'une trop grande lucidité qui l'empêche de choisir entre une vie qui comblerait les attentes de ses parents, mais lui donnerait le sentiment de vivre dans un environnement étriqué, et une vie dissolue, sans attaches, une vie dont il n'a visiblement pas encore identifié les caractéristiques puisqu'il passe son temps à lui courir après.
Si encore Alexander pouvait se détacher définitivement des attentes de ses parents… Mais non, il vénère ses géniteurs, aussi dégénérés qu'ils soient. Sa mère est dévorante, envahissante, hystérique et futile. Malgré cela, Alexander ne peut s'empêcher de la considérer comme la femme parfaite, celle qu'aucune de ses amies ne pourra jamais égaler. Son père, figure effacée et résumée à l'image d'un homme qui partage ses journées entre la cuvette des toilettes –éternel constipé bourré de pruneaux et d'All Brans- et ses heures dans l'administration, trouve tout de même grâce à ses yeux ne serait-ce que parce qu'il a réussi à devenir ce qu'Alexander ne pourra jamais se résoudre à être : un père de famille dévoué et fidèle à son épouse.

La lucidité, qui pulvérise tous les dogmes et les préjugés, permet également à Alexander d'évoquer ses déboires et ses misères existentielles avec un recul et un cynisme enchanteurs. Ce récit ne tombe jamais dans le sordide. le désespoir du personnage, même s'il est profond, sait aussi s'effacer pour faire apparaître la réalité qui transparaît au-delà de la quête menée par Alexander : celle, peut-être, aboutissant à la conclusion qu'il n'y a rien à accomplir.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Quel plaisir que de découvrir les confessions sexuelles d'Alexander Portnoy sur le divan de son psy !
Complexe de Portnoy :
« Trouble caractérisé par un perpétuel conflit entre de vives pulsions d'ordre éthique et altruiste et d'irrésistibles exigences sexuelles, souvent de tendance perverse. Voici ce qu'en dit Spielvogel : Exhibitionnisme, voyeurisme, fétichisme, autoérotisme et fellation s'y manifestent à profusion ; par suite de l'intervention du « surmoi » du sujet, toutefois, ni ces fantasmes ni ces actes n'engendrent de réelles satisfactions d'ordre sexuel, mais plutôt un insurmontable sentiment de honte et la peur du châtiment en particulier sous forme de castration. » L'on peut considérer, selon Spielvogel, que la plupart des symptômes reconnus ont pour origine les liens nés des rapports mère-enfant.
Cet épigraphe résume parfaitement le problème d'Alexander, enfant doté d'un QI de 158, qui a bien du mal a trouvé sa place entre le modernisme américain et des traditions archaïques bien présentes dans sa famille juive, d'autant qu'il a été élevé par une mère castratrice et omniprésente et un père totalement absent ou presque.
Dans des chapitres intitulés « la branlette » ou « fou de la chatte », Alexander raconte ses désopilantes aventures de champion du monde des onanistes, le « Raskolnikov » de la branlade comme il se définit lui-même.
Philip Roth livre une oeuvre jubilatoire où l'humour et l'ironie ne sont qu'une façade pour aborder les thèmes plus profonds que sont le communautarisme ou les préjugés raciaux. Les passages sur la mère d'Alexander sont plein de tendresse. le rythme est soutenu et les confessions de Portnoy sont dignes du meilleur Woody Allen.
Pas mon roman préféré de Philip Roth mais assurément le plus drôle !
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Dans son livre « Portnoy et son complexe», Philip Roth décrit l'enfance d'Alexander Portnoy au sein d'une famille juive très traditionaliste avec des principes stricts habitant dans le quartier israélite de Newark aux Etats-unis ; la relation qu'il entretient avec ses parents et plus particulièrement avec sa mère a une empreinte très marquée sur sa personnalité : les tabous et les interdits l'insupportent, les conseils et les obligations fusent et l'enferment dans une culpabilité qui l'installe dans une situation angoissante d'autant plus que la sexualité et ses travers commencent à l'interroger. Il se confie à un psychanalyste sur la découverte de sa sexualité à l'adolescence et sur quelques-unes de ses relations amoureuses à l'âge adulte. Mais dans son for intérieur, il sait qu'il reste l'enfant dans les yeux de ses parents même si, après des études brillantes, il est devenu citoyen indépendant mais refusant de fonder un foyer, presqu'un « crime » pour ses géniteurs.
Un livre plein de tendresse et de cynisme, d'intolérance, de racisme et de préjugés qui prévalent dans cette communauté juive américaine des années cinquante aux Etats-Unis.
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Portnoy et son complexe aurait pu s'appeler : les Lamentations de Portnoy- comme pour le mur éponyme- tant Portnoy se lamente et tant la culture juive est omniprésente dans ce livre sans même parler du personnage de la mère… Livre jubilatoire profond inquiétant parfois extrêmement drôle et pathétique à la fois, et où le psychanalyste omniprésent est en fait… invisible. Lecture forte centrée sur un personnage masculin. A ne pas manquer.
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Portnoy est chez son psy.
Il a tour à tour 4, 16 ou 35 ans. Il crache sa bile, son amour et sa détestation de la médiocrité du monde. Qui l'a fait tel qu'il est. Et qu'il abhorre. Portnoy s'écorche mot à mot, phrase après phrase, dans un cri de rage.

Alors tous y passent. Son père, sa mère, sa soeur, l'institution familiale (juive, bien évidemment) dans un jeu de massacre sans fin. La bêtise crasse, les mesquineries, l'étroitesse d'esprit, les carcans mentaux, la perversion et la méchanceté de personnages implacables sont éviscérés dans une diatribe ininterrompue, logorrhée verbale, exécration diarrhéique.
Il y a une jouissance de la profération, les points d'interrogation n'ont jamais autant résonné que dans cette éructation libératrice. Portnoy et son complexe ou de l'écriture utilisée comme un lance-flamme.

Dévoré par ses pulsions sexuelles, une libido qui ne demande qu'à déborder, ainsi la joie de la masturbation (hilarant épisode de l'ampoule), Portnoy est un moderne Kafka qui aurait enfin trouvé le chemin du psychanalyste.
Mais surtout, bien plus que la dénonciation, Philip Roth donne à entendre une voix, la singularité d'un être en quête éperdue de libérté.
Si Vipère au poing était un cri haineux contre la Famille et crachait le chagrin et la colère de l'enfance sans amour, Portnoy, en revanche, dit quelque chose de la solitude de l'adolescence en général et de l'identité masculine en particulier (il n'y a que le Virgin Suicides de Sofia Coppola qui ait ausculté avec autant d'acuité, quoique à l'autre bout du spectre des émotions, l'âme des garçons).
Très écrit, le texte de Roth est cependant fait pour être déclamé. A plusieurs reprises le lecteur est tenté de lire à haute voix. Dès qu'il est énoncé, le texte laisse entendre la musique de la littérature, dans sa fiévreuse et impérative nécessité.
Lien : http://leslecturesdecyril.bl..
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Quel roman! L'écriture est incroyable, ce texte est composé de longues phrases avec des digressions, typiques de la pensée. Ce n'est pas évident de retranscrire à l'écrit une pensée, un monologue qui se déroule, mais ici c'est parfaitement maîtrisé. le personnage principal est attachant malgré sa névrose, son obsession crue et perturbée pour son sexe. Il observe l'Amérique avec un regard cynique, tout y passe, les femmes, les hommes, les Noirs, les intellectuels etc. Mais surtout les Juifs et lui-même. C'est très drôle! Enfin, si l'on comprend que ce roman est imprégné de second degré... ! D'ailleurs, je ne sais pas si aujourd'hui, à l'ère de la "cancel culture", ce texte serait publié. En ce qui me concerne ce roman m'a beaucoup impressionnée et je n'hésiterai pas à lire d'autres textes de Philip Roth.
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Philip Roth est un auteur controversé. Et cet ouvrage est probablement le plus controversé de tous. Mais lorsque l'on aime, qu'est ce qu'on se régale. Tout d'abord, c'est hilarant, toujours moqueur d'une certaine société, on sent d'ailleurs beaucoup d'autodérision chez Roth. de plus, c'est magistralement écrit, chaque mot surprends à la lecture et pourtant il était toujours le meilleur possible à utiliser !

Enfin, rien que pour lire des choses qui détonnent, qui changent et se bouleverser un peu, il faut lire Philip Roth
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