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sur 832 notes
Philip Roth « Un homme » est un livre qui se lit facilement. On entre tout doucement dans l'histoire et on glisse inconsciemment jusqu'à la dernière page.
Pourtant le sujet est à la fois profond et ordinaire. Il s'agit de se regarder vivre, en avant en arrière, de se reconnaître dans ces parcours de vie, avec un regard franc, mais au minimum, sans complaisance.
Il s'agit de notre impétuosité dans la jeunesse, de nos sanctions irrémédiables, chassant les uns pour subsumer les autres, à bon ou à mauvais escient, et de se bâtir une cour, ou selon, un désert. Il en est d'aimer la vie jusqu'à la sacraliser quand elle devient fuyante, tandis qu'on l'a gâchée, parfois sans compter, quand elle était offerte. Par ressenti, on découvre le lien indestructible de la filialité, au-delà des choses terrestres et comment la mémoire nous accompagne, ici, pour le meilleur.
Et enfin, quand on évoque les travaux de terrassement, je dirai qu'il faut ratisser large pour conserver une bonne ouverture d'esprit, quand on s'aperçoit mais un peu tard, que dans un moment d'extrême solitude, on peut trouver du réconfort auprès d'un illustre inconnu et combien il est impossible d'en obtenir à point nommé, sur notre simple impulsion, auprès des proches.
Allez, petite mise en bouche :
Extrait : il ne couchait plus avec Phoebe depuis six ans, mais il ne pouvait guère livrer ce détail intime à ses fils pour leur expliquer son deuxième divorce. Il avait été le mari de Phoebe pendant quinze ans, le père à demeure de Nancy pendant treize ans, le frère de Howie et le fils de ses parents depuis sa naissance, un brillant publicitaire pendant plus de vingt ans : ces titres parlaient pour lui...
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L'histoire peu banale commence par la fin: nous sommes dans un cimetière juif et l'on enterre cet homme, fils d'un bijoutier, père de trois enfants dont deux fils qui le détestent et une fille qui l'adore, trois ex-femmes dont deux ne se sont même pas donné la peine de venir à son enterrement et un frère qu'il idolâtrait. .
Publicitaire renommé, cet homme s'est aussi consacré à sa passion: la peinture qu'il a enseignée au cours de ses dernières années. On voit défiler l'histoire de cet homme, ses histoires d'amour, ses rapports avec ses enfants, ses passions et surtout ses séjours à répétition dans les hôpitaux. Avec sa santé fragile, dès son plus jeune âge il enviera tous les bien-portants et vivra au gré de ses maladies...

Philip Roth nous décrit avec fatalisme et brio le destin de cet homme, dont on ne connait même pas le nom. Ainsi, chacun pourra y trouver sa part de vérité. La maladie, la vieillesse, la peur de ne plus séduire, les mariages ratés, les enfants détestés, une fille chérie, des liens très forts avec un frère, l'histoire du papa juif qui aura tout fait pour cet homme... autant de petites aventures, certes banales dans la vie de tout un chacun, que Roth a le secret de dévoiler gentiment et avec justesse. A travers la vie et ses questionnements, Roth décrit les peurs, les craintes, le combat au quotidien, les erreurs commises au cours de sa vie et les liens avec les proches. Et c'est avec une certaine amertume que cet homme finira sa vie, parce qu'il est devenu quelqu'un qu'il ne voulait pas être.
Un roman noir, comme la mort et la maladie omniprésentes, mais que l'écriture riche et tendre a su rendre véritablement d'une grande beauté.

Un homme... une femme conquise...
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Philippe Roth est un écrivain américain qui rentre en littérature en réaction à ses parents.

Chacun de ses livres représente une difficulté.

Dans un homme finalement c'est de lui qu'il nous parle, des difficultés qui ont jalonné sa vie en Angleterre puis dans le Connecticut ;

Un destin rempli de scandales. (sexe, adultère).

D'une première union, il aura deux fils qui le méprise, d'un second mariage, naitra Nancy qu'il adore, puis il s'engagera dans une troisième union par mensonge et dépit.

Durant toute son existence, il connaîtra une santé précaire et jalousera celle de son frère ainé Howie.

A l'aune de sa vie, Philippe Roth dresse le bilan, de ses joies, de ses peines, de ses réussites, de ses échecs personnels, professionnels, amoureux.

Un roman corrosif où se conjuguent indécence et désespoir.

Philippe Roth nous a quitté au mois de mai.
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« Combien de temps peut-on passer à fixer l'océan, quand bien même on aime cet océan depuis qu'on est tout petit? Combien de temps pouvait-il contempler le flux et le reflux sans se rappeler, comme n'importe qui dans une rêverie littorale, que la vie lui avait été donnée, à lui comme aux autres, par hasard, fortuitement, et une seule fois, sans raison connue ni connaissable? »

Flux et reflux – Naissance et mort ? Venir au monde et le quitter.
Flux et reflux – Naissance et renaissance ?
Vague échouée qui aussitôt repart, Vague suivie d'une autre vague,
Va et vient inlassable, inusable …

Elle ne meure pas la mer ?
Seule la vague lassée de son voyage vient lécher la mort du bout des lèvres.

Flux : sang pulsé, sève impatiente, éclosion de vies, tout ces printemps d'enfance, ces rires de jeunesse, tout ces visages, ces mains, ces bouches, ces yeux, ces corps, ces peaux qui vont en l'éclair d'un ciel se croiser, se happer, se mêler, se coller, s'épouser, s'enfiévrer et peut-être s'aimer, toutes ces vagues chaudes de passions passagères, de désirs illusoires , tout ce remue-ménage de chairs et de pensées, ce bric à brac de voix et de lumières, de parfums, d'odeurs, de sexes et de sueurs, tout ce tourbillon de questions, ces tâtonnements, ces turbulences, tout cela - incroyablement tout cela - finira par se défaire et par se taire … par s'assécher et se dissoudre.
Tout s'achèvera par cette poignée de terre sombre et froide qu'on jettera sur le bois de ton cercueil : poussières sur ta poussière.

« Un homme » commence là, dans le huis clos de ses poussières.
Flash-back de sa vie, qui peut-être la tienne, l'ordinaire fait d'unions et désunions, méandres compliqués de la maladie qui s'installe, insidieuse douleur de la vieillesse qui « massacre » les corps et le reste, de cette jeunesse fuyante dont on n'accepte ni les rides ni le sépia.
L'Homme s'interroge, s'observe, se souvient, se raccroche à ses pelletées d'enfance, à la force de ses désirs, à ses lumières d'autrefois, se cogne à ses échecs, ses mensonges et ses manques, regrette ses dérives, s'enferme dans son requiem de mémoires, finit recroquevillé sur son effroi de solitude.
Sauf à se faufiler entre les mailles d'un filet que l'on ne maitrise pas, l'ordinaire en somme de notre fragilité …

A roder autour de l'inéluctable, Philippe Roth, dans l'intime de son sujet, nous invite ainsi de manière intense à nous pencher sur la couleur de notre propre existence.
J'y vois pour ma part, loin de la désespérance, une furieuse envie de Vivre cette vie de chien qui nous meurtrit, à la Vivre, ivre, avide, à la respirer, entière, puisque si courte, elle en est d'autant plus précieuse et fascinante …

Flux et reflux des jours qui soleillent et des nuits qui s'endeuillent, toutes ces questions qui vont, qui viennent et qui resteront sans réponse : notre seule destination est-elle le silence, une poignée de terre froide et sombre jetée sur un néant ?
Ou comme la vague en bout de course, finit-on du bout des lèvres par regagner le large ?

Je me demande …

Flux et reflux, serait-elle la miniature de notre destinée ?


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J'ai aimé ce livre. J'ai aimé l'histoire de cet homme avec ses qualités et ses défauts, ses doutes et ses certitudes, ses amours et ses désillusions, ses réussites et ses échecs. J'ai aimé l'écriture de Philip Roth sage et concrète pour nous parler de la vie. Ce pourrait être la vie de tout un chacun tant elle est universelle et observée sans complaisance.

Inutile de résumer cette histoire. C'est la mienne, c'est la vôtre. Chacun y reconnaîtra sa propre page. C'est beau, touchant, bouleversant parfois, criant de vérité, criant d'amour, de mal-être et de solitude aussi.

Une petite histoire qui associée aux autres petites histoires font une vie, comme aurait dit l'ami Guy de Maupassant.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Un vieux cimetière, une tombe...Famille et amis sont réunis pour saluer une dernière fois un homme qui n'est plus.
Un homme dont la vie a été rythmée par les problèmes cardiaques et la peur-panique de la mort.
A côté de cela, une brillante carrière de publicitaire, trois mariages ratés, deux fils qui le détestent, une fille qui l'adore, et de nombreux pontages coronariens qui le laissent chaque jour un peu plus diminué, un peu plus aigri et désabusé.
Et puis, l'opération de trop qui met un terme définitif à sa vie d'homme parmi tant d'autres.

Le livre de Philip Roth commence avec la mort et finit avec la mort.
Toute une vie abordée comme un véritable précis de décomposition.
Maladie et Mort, parties intégrantes de ce roman magistral, aussi fondamentalement présentes et intrinsèquement liées à toute vie humaine.
De la première expérience, enfant, jusqu'à l'ultime intervention, adulte, c'est de la lente et inexorable décrépitude du corps dont il s'agit, qui conduit inéluctablement au fond d'un cimetière.
« Un homme » qui amorce la série de courts et fulgurants romans rassemblés sous l'appellation « Cycle Némésis »...
Cet homme, dont on ne saura jamais le nom, qui est vous, qui est moi, qui est chaque être humain avec ses peurs, ses passions et ses doutes...
Cet homme férocement ausculté dans ses travers, ses craintes et ses désarrois...
Cet homme, donc, c'est encore une fois le vrai fondement du travail de l'Ecrivain Philip Roth, à savoir la représentation d'une société dont, toujours aussi remarquablement, l'auteur pointe les faiblesses et les aberrations, avec autant de mordant que d'ironie désillusionnée.
Encore une fois, Roth est brillantissime !
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On assiste aux funérailles d'un homme, qui vient de disparaitre à la suite d'une intervention chirurgicale. Roth va nous conter la vie cet homme lambda, sorte d'autopsie d'une vie cahotique, une carrière professionnelle réussit, mais une vie sentimentale compliquée, un premier mariage et deux fils qui l'oublie, un deuxième avec une fille qui adore son père. Et puis ces problèmes cardiaques récurrents avec la peur de la mort, alors que ce corps se délite petit à petit.
Roth signe un roman mélancolique, qui dissèque le poids des années sur un simple mortel, la décrépitude inévitable et tant rédoutée, chaque mot met en avant la précarité de la vie et la peur que tout s'arrête à jamais. Un texte très Rothien en forme de testament (?) terriblement touchant et humain. Ce chant funêbre est un grand roman d'un très grand auteur.
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Un homme est un court roman (moins de 180 pages chez Folio) que je trouve très marquant. Il commence par « autour de la tombe… » et se termine par « Arrêt cardiaque. Il n'était plus. Affranchi de l'être, entré dans le nulle part, sans même en avoir conscience. Comme il le craignait depuis le début ». Donc ne vous attendez pas à un moment d'amusement intense.
*
Ce livre est construit autour d'un personnage central, âgé, jamais nommé et qui réfléchit à son existence passée et présente. Il est construit, ce qui est rare, autour des expériences physiques du corps et, plus particulièrement, des maladies. Nous assistons donc à l'ensemble des problèmes de santé du narrateur, de celui qui manqua de le tuer enfant jusqu'au dernier, celui qui l'emportera. Par différents aspects il est difficile de ne pas penser à « La mort d'Ivan Ilitch » en lisant Roth.
*
Ce qui est remarquable ici, en dehors du choix de faire porter ce récit sur la vie du corps, est que cet homme peut être chacun de nous. Il vit d'abord une enfance assez heureuse avec ses parents et un frère ainé. Ensuite il se construit une vie professionnelle plutôt réussie selon les critères habituels, devenant un publicitaire reconnu et bien payé. Sa vie affective est un peu plus chaotique sans être extraordinaire puisqu'il se marie une première fois, a deux fils et divorce par amour. de ce second mariage, heureux, naîtra une fille qui l'adorera jusqu'à la fin. Il se remariera une troisième fois vers 50 ans, ayant été attiré, avant tout sexuellement, par une jeune et belle femme de 24 ans, bien peu capable dans les autres domaines et dont il se séparera au final. Il aura aussi quelques maitresses, plus ou moins marquantes. Cet homme a d'autres passions, la principale étant la peinture, qu'il tentera de vivre plus intensément une fois à la retraite. Il aime aussi la natation et est raisonnablement sportif, du moins tant que sa santé le lui permettra.
*
Je trouve saisissant deux éléments majeurs :
- D'une part cet homme a une vie banale, dans les faits mais aussi sur le plan des vécus intimes. À l'orée de la mort il constate que ses deux premiers fils le haïront toujours pour avoir quitté le domicile conjugal partagé avec une femme qui ne l'aimait pas et qu'il n'aimait pas. Assez lucidement il s'en attriste sans parvenir à s'en sentir profondément coupable ni à ressentir une grande affection pour ces fils cinquantenaires somme toute peu sympathiques. Sa fille l'adore et il s'en réjouit, pour autant cela ne saurait remplir sa vie. Il est assez fier de son parcours professionnel mais sans lui attribuer une importance démesurée. Il accorde, comme beaucoup de personnes lorsqu'elles vieillissent, une part conséquente de ses souvenirs à son enfance mais combien de temps peut-on vivre intensément dans le seul passé ? Il tente de se réaliser comme peintre pour devoir finir par s'avouer que, s'il n'est pas mauvais, il n'a pas de talent majeur. Il repense aussi à sa vie amoureuse et sexuelle, avec regrets mais sans que cela soit d'une grande intensité là encore
- Roth montre admirablement combien le vieillissement et la maladie vont progressivement et inéluctablement restreindre le périmètre vital du narrateur, le contraignant progressivement à des renoncements croissants dans différents domaines : séduction et vie sexuelle, vie sportive, soins croissants à accorder à son corps, hospitalisations, perte progressive de nombreux amis, jalousie par rapport à un frère profondément sympathique car ce dernier, pourtant l'aîné, jouit d'une santé « de fer ». D'une certaine façon et comme chacun d'entre nous en son temps cet homme aura commencé à mourir, à lui-même et aux autres, bien avant son décès.
*
Ce qui est profondément troublant mes yeux est donc ce mélange d'une existence somme toute à la fois riche et « assez réussie » selon les critères les plus acceptés socialement même si imparfaite par ailleurs, de l'absence de sens et d'intensité de cette dernière pour qui l'aura vécue et d'un naufrage final, inéluctable et sans aucune surprise.
L'ensemble dégage avant tout une impression de profonde vacuité, l'impression d'un triste gâchis.

*
Au-delà de la qualité d'écriture de Roth, de l'intérêt sociologique et psychologique indiscutables de ce roman je trouve qu'il incite à réfléchir à l'essentiel. le terme étant connue et, très largement, prévisible quant au naufrage inéluctable qui précédera l' "extinction des lumières » quel sens profond chacun d'entre nous va-t-il choisir de donner à son existence, précieuse et singulière, pendant qu'il le peut encore ?

« Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide »

Faut-il se résigner à être juste « un homme », un de plus ? Et sinon, que vivre ?
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".. Ce n'était pas lui qui serait dupe de ces balivernes sur la mort et sur Dieu, ou de ces fantasmes de paradis d'un autre âge. Il n'y avait que le corps, né pour vivre et mourir selon des termes décidés par les corps nés et morts avant nous. Son créneau philosophique à lui, si tant est qu'il en eût un, il l'avait découvert, de bonne heure, intuitivement, et, dans son minimalisme, il était indépassable; s'il écrivait un jour son autobiographie, il l'intitulerait " Vie et Mort d'un corps d'homme..."
Et c'est ce qu'est ce roman- car c'est un roman.
Rares sont les romans qui parlent du corps, de sa naissance à son enterrement ( ici, à la juive , quand ce sont les familles et les proches qui comblent la fosse, et que cela prend un temps infini). le roman commence par l'enterrement de cet homme. Et l'on remontera tout au long de sa vie, ponctuée d'atteintes physiques de ce même corps. Car si tout le monde meurt, les parcours de vie, qui sont tout sauf justes et équitables, sont plus ou moins sereins en ce qui concerne l'intégrité physique. Et lui, cet homme, n'est pas épargné.
Son enfance est d'ailleurs racontée au travers d'une opération bénigne. Ses parents sont là, à côté de lui, pour lui donner du courage. Mais , au cours de sa vie, et pendant qu'il accumule les interventions chirurgicales destinées à lui permettre de survivre, il sera de moins en moins accompagné. Et il mourra seul.
Après avoir fait, avec nous, le tour des choses inachevées et des erreurs commises. Après avoir mesuré la perte de tout ce qui avait de l'importance dans sa vie, et là on retrouve les thèmes majeurs de Roth -et ses qualités pour moi- tout d'abord la lucidité sur soi-même, sur ses facultés de résignation, d'acceptation des frustrations, sa tolérance à la solitude , et les remords accumulés tout au long d'une vie.

C'est sec, sans aucune concession ni auto-apitoiement. Un constat, simplement, d'un homme qui est ce qu'il est et fait face avec honnêteté:
"On ne peut réécrire l'histoire, lui dit-elle. Il faut prendre la vie comme elle vient. Il faut tenir bon et prendre la vie comme elle vient."

Et puis je voudrais signaler dans ce livre quelques pages sur la douleur physique chronique, qui est un monde en soi, où chaque minute est une vie par ce qu'elle a d'individuel, d'intraduisible , de non partageable, avec une re-naissance dès que cette douleur cesse.
"- Vous vous trompez, vous ne savez pas ce que c'est. La dépendance, l'impuissance, l'isolement, la terreur- c'est abominable et c'est honteux. Quand vous souffrez, vous vous mettez à avoir peur de vous-mêmes. Cette aliénation absolue, c'est terrible."

Rares sont les écrivains qui ont le courage de se pencher sur ce thème ....
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Philip Roth a beaucoup compté dans ma prime jeunesse, en particulier grâce à "Portnoy et son complexe", qui m'avait beaucoup marqué à l'époque. Plus tard, "J'ai épousé un communiste" m'avait également plu, avec son héros récurent Nathan Zuckerman. Mais à vrai dire, je m'en suis éloigné… Trop communautariste à mon goût, malgré la finesse de l'écriture, et son humour subtil. Pourtant, "Un homme" m'a réconcilié, en partie, avec cet auteur.
Le début, l'enterrement d'un homme dont on connaitra quelques moments de sa vie dans un grand flash-back à travers ce roman, est saisissant de réalisme et d'une émotion très forte. Sexe, aventures, séduction, auront rythmé sa vie, pour n'en conserver que… pas grand-chose au final : une solitude certaine et une forme de désoeuvrement. le tout sur fond de maladie, de vieillesse, conduisant à l'inéluctable : décrépitude, trou et pourrissement.
Roman profondément mélancolique… Tout cela pourrait être plus que glauque, d'autant plus que Philippe Roth se réjouit de nous conter par le menu les problèmes de santé, plus ou moins réels, rencontrés au cours de sa vie par le héros du roman. Mais l'écriture ciselée et précise du romancier nous tient la tête hors de l'eau, le nez au raz de la surface. Une réserve principale quand même, qui imprègne l'ensemble de l'oeuvre de Roth : toujours critique sur la religion, ses histoires – son histoire – restent embourbées dans cette éducation dont il peine à se détacher, un peu comme le héros du film « a simple man » des frères Cohen. Malgré cela, on suit, amusé, irrité, et finalement compatissant, l'histoire somme toute banale de cet homme : l'histoire de l'homme tout simplement. En refermant ce livre, on ne pourrait retenir finalement que la citation de John Keats, au début du roman, terriblement bien choisie :
« Ici-bas, où les hommes ne s'assemblent que pour s'entendre gémir,
Où la paralysie fait trembler sur le front un triste reste de cheveux gris,
Où la jeunesse devient blême, spectre d'elle-même, et meurt,
Où le simple penser est comble du chagrin… »
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