Dans la collection "Destins" des Editions Mengès, une excellente biographie pour les néophytes de
Walter Benjamin, philosophe, écrivain et critique d'art, juif allemand, très agréablement illustrée de photographies, et rédigée dans un style accessible et vivant par
Tilla Rudel.
Tilla Rudel explorera, pendant vingt ans, la courte vie de
Walter Benjamin (1892 - 1940), celui reconnu aujourd'hui comme l'un des philosophes majeurs du 20ème siècle. Réfugié apatride en France, il mettra fin à ses jours à Port-Bou, le 26 septembre 1940.
A la lumière de cette biographie, le lecteur ressentira la dualité qui a habité cette homme pendant toute sa vie. Il était partagé entre le marxisme et sa judéité, il rejetait le sionisme, croyait en l'Europe, il refusait de s'engager tant dans le sionisme que dans le socialisme de l'époque, ne se fiant à aucune pensée déterminée. Il était inclassable et prônait les vertus de l'indétermination et disait "A mon sens, lequel des deux est le plus urgent, d'une oeuvre en Palestine ou d'une oeuvre juive européenne".
Il sera l'ami de
Gershom Scholem,
Adorno,
Brecht,
Hannah Arendt,
Rainer Maria Rilke, traducteur de
Baudelaire et de
Proust, ami de coeur et de pensée de Kafka.
A noté, il achètera fin mai 1921 une aquarelle de
Paul Klee "L'Angélus Novus", conservé à sa mort par
Adorno, puis remise à
Gershom Scholem et depuis le décès de ce dernier, exposée au musée d'Israël à Jérusalem.
Je voulais juste rappeler ici la confession de
Stefan Zweig dans le Monde d'Hier "Je n'ai plus ma place nulle part, étranger partout.....Même la vraie patrie que mon coeur s'est choisie, l'Europe, est perdue pour moi depuis que pour la seconde fois, courant au suicide, elle se déchire dans une guerre fratricide. Contre ma volonté, j'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison et du plus sauvage triomphe de la brutalité qu'atteste la chronique des temps".