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EAN : 9782021549492
368 pages
Seuil (05/01/2024)
4.88/5   4 notes
Résumé :
« Naissant, ne parlant pas, sans force, projeté dans les airs, nu, pleurant, surgissant dans l'orée du soleil... » Qu'est-ce que les anciens Romains entendaient par enfance ? Pourquoi, chez les anciens Grecs, le premier des dieux est-il Chaos, avant même le ciel et la nuit ? Qu'est-ce que le sommeil ? Qu'est-ce qu'une énigme ? Que veut dire Tirésias dans sa réponse alambiquée sur l'immense plaisir que ressentent les femmes ? Quelle est l'origine du mot sex ? Qu'est-... >Voir plus
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critiques presse (2)
Marianne_
15 février 2024
Cet essai de Quignard est d’une pertinence absolue, s’appuyant avec une volupté taquine sur les étymologies significatives ou les récits de ses expériences particulières.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LePoint
12 février 2024
Dans son essai, l’écrivain, convoquant Montaigne, Rousseau, Tristan et Iseut ou saint Marc, interroge les fantasmes et interdits qui entourent l’« étreinte fabuleuse » dont nous sommes issus.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
Il est possible enfin que l’érotisme lui-même, par rapport à
la source, soit une manière de fraude. C’est au moins un accoutrement qui fait pitié. Le bandeau, le carquois, les flèches acérées,
les ailes emplumées : pauvres objets de dérision. Les anneaux,
les colliers, les bracelets : tous des dérivés du servage. La langue
fait disparaître alors qu’elle prétend suppléer ce qui différencie
l’animalité vivante des corps qui sont en train de s’accoupler
pour jouir ou pour se reproduire. Et s’ils ne sont plus ni femmes,
ni hommes, ni glabres, ni barbus, ni devancés de mamelles,
ni dotés de pommes d’Adam, ni vulves rencoignées, ni pénis
exhibés, ni soprano, ni ténor, les Je et les Tu qui parlent entre
eux, alors il semble que, dans l’humanité, les deux battants de
la porte originaire se sont refermés à jamais.
Sauf dans les rêves.
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Il se peut que certains de nos désirs ne correspondent ni
au corps – ou à ce qui en lui fait défaut, manque, s’affame,
s’exaspère –, ni au hasard du sexe que nous portons entre nos
jambes – et qui nous coupe de l’autre moitié du monde –, ni à
l’image qui nous repère sous le regard des intimes – un peu
impudique, maladroite, un peu inapprivoisée encore –, ni à
la silhouette qu’on se souhaite en se privant de nourriture, en
buvant moins encore, en s’amincissant pour ne plus être vu,
– ni à celle dont on croyait absurdement qu’elle nous oblige
parce qu’elle était censée nous protéger dans l’esprit de ceux qui
nous avaient créés, – ni à celle si délaissée qui nous caricature
dans le monde tellement proche des petites maisons où on vit,
avec ses familiers, ses voisins, ses chats, ses chiens, ses merles,
ses petits écureuils, ses furets, sa fouine, son hérisson, sa taupe
et sa corneille, ou du village où l’on va chercher le pain, où l’on
va, de potager en potager, acheter les légumes, où l’on va, de
cave en cave, goûter et acheter son vin.
Ni à l’identité et aux numérotations qui nous rappellent à
l’ordre à l’intérieur du groupe.
Ni à la société dans laquelle nous sommes surgis inopinément.
Ni au temps où nous vivons – à supposer que nous passions
notre temps à vivre dans notre temps.
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Pourquoi la vision du coït est-elle toujours une mauvaise
rencontre quand elle prend par surprise notre regard, alors que
nous en sommes, d’abord, initialement, les tout petits bourgeons
pris de glu au fond de la pénombre ? Puis les fleurs, dont les
pétales se déplient, s’ouvrent et se sculptent dans la lumière ?
Puis les fruits qui gonflent, se colorent, mûrissent, se fendillent ?
Puis les semences qui se dispersent dans l’air et essaiment
dans le monde ? Puis les feuilles d’automne qui se froissent, se
recroquevillent, se détachent, tombent, s’effritent, s’éteignent,
s’émiettent, disparaissent, s’oublient ?
Alors que nous en sommes la stupéfiante épiphanie, pourquoi
cette seule allusion à l’ensemencement, lorsqu’elle nous est
adressée, est-elle jugée le plus souvent comme injurieuse ?
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Le sommeil façonne au cours de la durée de la nuit, à trois ou
quatre reprises, des successions d’images qui fascinent comme
des féeries. Or, il est possible que la seule féerie qui règne de
manière tyrannique au fond de la psychè soit la pornographie la
plus crue, la moins sublimée, la plus animale, la plus indomesticable, la plus fière, la plus sincère, la plus indemne, la plus sainte,
la plus pure. Elle est plus archaïque que l’Antiquité même et ses
premières cultures. Elle est végétale, elle est bestiale, elle est
féroce, elle est vivante. Tout le reste est rationalisation, dénomination, symbolisation, décoration, déguisement. Verbalisation
c’est-à-dire mise à distance, dédain, discrédit moral, édulcoration
sentimentale, oubli ou plutôt obliviscence. C’est un étrange
miroir que celui que l’ombre, puis le reflet, puis le songe, puis
l’image incontrôlable tendent au désir : l’aube elle-même, au
terme de chaque nuit, le ternit en moins d’une seconde. Les
paupières se relèvent. La psychè, la conscience, le langage, le
sujet, même la re-présentation articulée qui dédouble la présence,
même la signification qui virtualise la sensation, tout le monde
structuré et conventionnel et arbitraire des signes linguistiques,
toute la vantardise des directions et des causes les anéantissent
comme s’ils n’avaient jamais présidé à l’émergence de notre
corps. Comme s’ils ne contribuaient pas sans cesse à la résurrection de notre désir.
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Tout le monde croyait que ce qui nous liait, Dominique Aury
et moi, c’était Maurice Scève. Elle l’avait fait renaître – avant
Thierry Maulnier, avant Pierre-André Boutang. À la fin des
années 1960 j’établis la première édition complète de ces œuvres
que Dominique avait commencé de réhabiliter dans deux de ses anthologies avant la guerre et pendant la guerre. En vérité, ce qui
nous liait, ce n’était pas Maurice Scève, ce n’était pas non plus
Janine Aeply, c’était Cervantès. Ce qui nous liait était notre détestation commune et absolue du Don Quichotte. Il y a des amitiés
même profondes, même sexuelles, qui se nouent simplement à
partir de haines mortelles : je pense maintenant que ces révulsions étaient de véritables valeurs. Nous détestions la dérision,
la parodie, le rabaissement de la passion, l’humiliation de la
fragilité et de l’inquiétude et de la pusillanimité des amants,
le persiflage de l’amour. Nous écœuraient toutes les pièces de
boulevard, tout le théâtre de vaudeville. Nous aimions l’amour
fou, la passion aveugle, Tristan, Lancelot, la châtelaine de Vergy,
toute la matière de Bretagne, Les Mille et Une Nuits, Thérèse d’Avila,
Jean de la Croix, l’Arioste, Pétrarque, Scève, Fénelon, Les Torrents
de Madame Guyon.
Et nous étions meurtris.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
#amour #litterature #language ______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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