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EAN : 9782848093277
144 pages
Joca Seria (14/01/2020)
4/5   2 notes
Résumé :
Après "Les Ancètres ne prennent pas l'avion", Pascale Ruffel revient avec un nouveau livre. Psychologue dans un centre pour réfugiés elle poursuit sa réflexion et évoque cette fois-ci dans une perspective plus personnelle et littéraire ce qui se noue dans notre relation au monde liquide, lieu de plénitude, de bonheur simple mais aussi de désatre. Ce livre est aussi une réflexion sur notre rapport au langage, les récits et les contes qui nous construsisent et sur l'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Livre reçu dans le cadre de l'opération « Masse Critique ».
Je me suis fait emporter par ce livre surprenant, déroutant, inclassable.
Ce n'est ni un essai sur la mer bien qu'il en fasse la perpétuelle description, ni un témoignage bien qu'il témoigne de sa beauté et de sa dangerosité, ni un roman bien que les chapitres autonomes rassemblent des histoires qui, si elles ne se suivent pas sous une forme narrative classique racontent sa fascination.
C'est l'histoire dramatique du monde, de la mort de son frère, du déracinement des migrants. Celle d'un monde liquide qui n'est pas frontière mais passage entre deux mondes, celui du haut et celui du bas, ou celui des limbes qui rejoignent les abysses.
C'est donc une sorte de long poème mélangeant les genres, relevé de nombreuses citations de poètes ou écrivains (Rimbaud, Federico Garcia Lorca, Édouard Glissant, Andrée Chedid, etc.). Cette ode à la mer peu classique est vécue comme lieu de liberté, source de joie et de détresse. Elle file le vocabulaire de l'imaginaire, du non langage ou du langage empêché. L'auteure mobilise tout le champ lexical et sémantique de l'eau pour distiller dans chaque réflexion, observation, souvenir, expérience, personnelle ou écoutée, un rythme, une cadence, un flux, une danse réglée par des répétitions, des anaphores qui produisent un tourbillon de mots et d'images. Elle construit une écriture liquide (p24), une « écriture du dégel », une langue étrange…qui épouse la fluidité de l'eau…s'ouvre au monde…défie les frontières et les barrages…oublie le temps…loin de la côte…et retrouve…la joie enfantine de naviguer librement… (p125).
Pratiquant un onirisme éveillé ou un surréalisme conscient, elle traduit l'enfant qu'elle a été, le frère qu'elle a perdu étant enfant, les enfants qu'elle écoute dans son métier. Elle décrit le maelstrom des cris et l'errance vers la paix de la matrice. Une enfance dont elle relate les histoires, les contes (Sind Bâb, Ulysse, Moïse, le Petit Poucet, Les mille et une nuits) et dont elle chante les refrains « hisse et ho » (p62). le titre du livre rappelle encore un jeu d'enfant. Mais le jeu tourne mal et le frère tant aimé s'efface comme l'enfance qu'elle ne cesse de réinvestir à travers les mots inaptes ou l'absence de mots, un langage du corps plus vrai.
Bien des souvenirs d'enfance sont liés à une langue difficile : Moïse est bègue, Poucet est muet, Moussa hurle, certains restent mutiques quand d'autres parodient (à Terezin, p108). Quant à Pascale Ruffel, elle a été touchée/coulée (p134) le jour où son frère a été touché/coulé, d'où le titre de son livre au masculin. Elle en gardera le traumatisme d'un « fratricide en mots ».
Néanmoins, l'écrivaine a su tirer l'élan de vie hors de sa blessure et de celles de ceux dont elle a partagé les drames. Comme la jeune Esperanza sur le bateau, Pascale Ruffel se poste en vigie et aimerait réenchanter le monde.
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Les migrants seront de plus en plus nombreux... Un des problèmes majeurs
des decennies à venir !
Pourtant , il y a le ciel ,la terre et surtout la mer !! et l'eau ...
Universel , Libre et sans appartenance ;
l'auteur nous le démontre à travers des exemples modernes ou mythologiques mais aussi avec son expérience personnelle.
La vie a commencée dans l'eau après tout.
Pas de frontière dans l'eau et nous sommes tous dans la même barque !
Et puis, il ya les abysses,les limbes pour se perdre dans les profondeurs.
Après la perte,l'abandon et la confusion,
il y a la renaissance
heureusement car je me serais noyée autrement!
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C'est un ouvrage à la forme narrative déstabilisante qui mêle plusieurs temps de narration et thématiques. L'eau est à la fois source de vie et de mort, d'espoir et de chagrin. C'est plus un long poème en prose qu'un roman à proprement parler.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Comment l'élément aquatique pourrait-il être frontière alors qu'il est confusion,rencontre et errance,qu'il est l'endroit de la dissipation,de l'évanouissement et des retrouvailles?Dans la baie des Coloradas,à Lanzarote,je me souviens.Tout au fond de l'eau,le sculpteur a monté un mur...Un portail permet d'en franchir le seuil.Mais l'eau n'en a que faire,elle s'en moque, elle est fluide et elle coule.Les coraux s'installent sur la misérable fortification et grignotent la frontière.
La mer se rit du mur,plus que tout ,elle vit
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Je suis partie chercher la paix et le silence. La rêverie aussi. Mais surtout, un asile à mes pensées errantes.
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Puisses-tu te laisser porter par la mer, te reposer sur son corps voluptueux.
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Il est des portes sur la mer que l’on ouvre avec des mots. (Rafael Alberti)
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Les histoires qui enchantent l’humanité ont leur source au fond des mers.
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