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3,83

sur 121 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Texte indispensable. J'étais enfant lors de la fatwa, et cela restait dans mon esprit quelque chose d'assez obscur. Ce qui est passionnant dans ce texte, ce n'est pas la vie de Rushdie lui-même pendant ces longues années (il y a quelques longueurs, en particulier lorsqu'il met en avant sa vie amoureuse), mais la façon dont son univers a été bouleversé par sa condamnation à mort via un imam extrémiste, et surtout les soutiens ou condamnations politiques, religieuses et (un peu) littéraires dont il a été l'objet. Longtemps lynché par la presse anglaise, critiqué par l'archevêque de Canterbury qui exigeait de lui des excuses, soutenu par ses amis (connus ou inconnus) écrivains, ce récit est édifiant. Il révèle la lâcheté d'un gouvernement à défendre la liberté d'opinion, dans un pays réputé pourtant libre et multiculturel.
Une lecture indispensable, qui m'a apporté un nouvel éclairage sur cette époque, mais aussi sur la diplomatie.
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Voici un livre qui m'a bien trotté dans la tête... A tel point que ma critique comporte des épisodes...

(Février 2015) Lorsque Salman Rushdie se vit infliger une fatwa, à l'occasion de la publication des "Versets Sataniques", il fut contraint de devenir une sorte de passager clandestin de sa propre vie, sous le nom de Joseph Anton. L'auteur nous narre ces années jusqu'à ce qu'il choisisse d'abandonner sa protection policière, alors que la menace pesant sur lui n'est toujours pas définitivement écartée. L'atmosphère est pesante et le livre paraît long, mais sans doute ces traits traduisent-ils cette sorte de chape de plomb qui s'est abattue sur Rushdie le jour où des Mollahs décidèrent de lancer cette chasse à l'homme contre lui. Une observation retient l'attention: l'hostilité qu'avait suscité Rushdie dans la presse à l'époque. Son bouquin fut vilipendé et l'auteur parfois calomnié par une presse réputée libre et indépendante. Les tabloïds lui reprochèrent le coût de sa protection. Le monde réagirait-il de la même manière aujourd'hui ? Ce que j'ai apprécié dans cette autobiographie est que l'auteur est sans complaisance vis-à-vis de lui-même. Il n'apparaît pas particulièrement sympathique mais Salman Rushdie réussit à mettre en évidence que tel n'est pas le propos ni le problème, la question étant celle de l'avenir de la liberté d'opinion et de pensée...

(Août 2015) Retour sur ce livre pour une double réflexion qui me fait froid dans le dos. L'auteur révèle que les services de sécurité britanniques l'obligèrent, à un moment donné, à changer de domicile, la maison précédente étant estimée trop peu sûre. Il fut ainsi contraint d'acheter une maison bien plus chère sur laquelle il dut faire réaliser des travaux de sécurisation particulièrement onéreux. Et le tout à ses frais. Heureusement pour Rushdie qu'il est un écrivain à succès, qui vendit des centaines de milliers de livres sinon plus et que tout cela s'est passé à une époque où les gens achetaient des livres bien davantage qu'aujourd'hui...
Première réflexion: pour un Rushdie heureusement sauvé, combien d'écrivains plus confidentiels assassinés notamment parce qu'ils n'ont pas eu les moyens de se protéger ?
Seconde réflexion: la paupérisation croissante des artistes - pas seulement écrivains, je songe notamment aux musiciens dont la musique est aujourd'hui pillée mais il y en a plein d'autres - pose en elle-même un grave problème, qui dépasse largement les individus concernés. Outre l'appauvrissement de notre culture, due au fait que nombre d'entre eux "laissent tomber" ou ne tentent même plus la "carrière" artistique, la paupérisation croissante des artistes marque également l'épuisement des formes d'expression "non conformes", originales ou avant-gardistes. En fait l'on constate que les seuls artistes vivant encore correctement aujourd'hui, à quelques exceptions près, sont soit des vendeurs de soupe (ils ont toujours existé) soit plutôt des artisans que des artistes, c'est-à-dire des faiseurs, des "répéteurs de déjà-vu". J'ai la chance de connaître un certain nombre d'artistes - des vrais - dont la carrière est déjà longue. Tous concordent pour dire qu'il leur serait difficile voire dangereux de "refaire" aujourd'hui des œuvres créées il y a 20 ou 30 ans. Et, quelque part, que les artistes se trouvent ainsi de facto muselés, n'arrange pas que les intégristes de tous poils mais aussi ceux qui détiennent aujourd'hui le pouvoir économique (avec la complicité des Etats) et qui se montrent de moins en moins regardants sur les moyens de le préserver et de le renforcer...
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Le 14 février 1989, la vie de Salman Rushdie auteur des versets sataniques bascule. Il apprend par un journaliste que l'Ayatollah Khomeini a lancé une fatwa contre lui. Désormais sa tête a un prix. Durant neuf longues années, sa vie et celle de sa famille sont bouleversées. Il est placé sous protection policière en permanence et devient Joseph Anton un personnage clandestin. Sa liberté est réduite à néant. Son domicile ressemble à une forteresse, le peu de ses déplacement doit être approuvé par la police. Il est comme un prisonnier qu'il n'a commis aucun délit. S'il trouve du soutien auprès de ses amis, de certains écrivains ou de personne connues, son cas embarrasse à plus d'un niveau. Sur les places politiques, on lui lui offre un soutien déguisé devant les journalistes. Mais la diplomatie et les relations avec l'Iran sont pour certains pays plus importantes que le cas Salman Rushdie.
Au fil du temps, les médias s'insurgent du coût de sa protection payée par le contribuable, certains de ses éditeurs font marche arrière pour la publication des versets sataniques en livre de poche et d'autres prennent le risque. La fatwa est une pieuvre qui s'étend à tout ce qui touche l'auteur et son livre.
Si chaque 14 février est un anniversaire particulier, l'opinion publique semble lassée mais Salman Rushdie continue à se battre pour la liberté. Un combat qui mobilise tant d'énergie que l'auteur n'écrit plus ou presque. Sa vie d'homme, d'époux, de père, d'auteur et d'homme est en affectée. Face à des moments de solitude, il ne perdra jamais espoir ni son sens de l'humour.

En 1999, la fatwa est levée et Joseph Anton n'est plus mais la fondation 15 Khorad offre aujourd'hui 3,3 millions de dollars pour son meurtre...
Dans ce livre dense qui fourmille de détails, l'auteur a choisi de s'exprimer à la troisième personne. Sans se placer sur un piedestal, il se montre tel qu'il est toute franchise avec ses faiblesses et en revenant sur les erreurs qu'il a commises.

Malgré quelques longueurs, j'ai très vite été passionnée par ce livre qui interpelle et qui est une véritable mine de réflexions sur la liberté d'expression, l'Islam intégriste, les intérêts politiques qui hélas peuvent prendre le pas sur la vie d'un homme.
Un plaidoyer pour la liberté à mettre entre toutes les mains ! Un livre hérisson tant j'y ai inséré de marque-pages...

http://fibromaman.blogspot.fr/2013/04/salman-rushdie-joseph-anton.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Un livre très dense : 700 pages et seulement 10 chapitres avec une écriture très resserrée. Les premières années après la fatwa sont racontées avec beaucoup d'humour et de faconde. Rushdie est un excellent conteur et peut-être a-t-il inventé des détails croustillants sur ses nombreux gardes du corps car les deux cents premières pages sont truculentes. Les passages sur ses déboires avec ses éditeurs sont un peu répétitifs par contre . le meilleur livre de Salman Rushdie d'après Arnaud Viviant (Le Masque Et La Plume).
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Premier livre que je lis de Salman Rushdie. J'ai adoré ce passionnant récit sur la fatwa qui s'est abattue sur lui. Jamais je ne me serais imaginé ce que pouvait être une telle vie. Ce livre n'est pas parfait (il y a quelques passages longs et peu intéressants, beaucoup trop de personnages) mais l'humour et l'écriture donnent envie de s'accrocher. Bizarrement et d'après les descriptions qu'il fait de ces livres, je n'ai pas du tout envie de lire son oeuvre romanesque après la lecture de ce récit... Je conseille vivement ce témoignage.
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Habituellement, je ne me tourne pas volontiers vers les autobiographies : elles sont trop susceptibles de virer à l'auto-panégyrique et quoi qu'il n'existe pas de vie qui ne ferait un bon roman, il me semble que le principal intéressé est trop susceptible de manquer d'objectivité. Il suffit de prendre connaissance de l'autobiographie d'un personnage comme Lawrence d'Arabie pour s'en convaincre.

Néanmoins, Salman Rushdie a un parcours singulier : son parcours s'est inscrit malgré lui dans l'histoire contemporaine, et à travers l'histoire de la tristement célèbre fatwa prise à son encontre, c'est toute l'histoire de la montée de l'intégrisme religieux qu'on peut lire. de surcroît, les réactions gouvernementales à son sujet en disent long des rapports géopolitiques. Et puis Salman Rushdie est un excellent écrivain à la pensée acérée. J'ai donc dérogé à la règle pour me plonger dans son autobiographie : Joseph Anton.

La suite sur mon blog :
Lien : http://tagrawlaineqqiqi.word..
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Joseph Anton est le roman que Salman Rushdie aurait souhaité ne jamais écrire. C'est avant tout un véritable plaidoyer pour la liberté d'expression. L'auteur nous invite avec une distance maîtrisée entre sa propre existence embrigadée par le MI5 britannique et le recul d'un conteur d'histoires hors pair.
Au delà de la trajectoire chaotique et terrifiante que l'on a pu deviner dans les médias, quoique souvent gauchie par la désinformation, on se rend surtout compte avec ce livre des rapports intimes qu'un auteur de romans entretient avec ses racines, son entourage, ses obsessions, sa perception du monde.
Au fil des pages, il donne envie de lire ou de relire toute sa biographie !
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Salman Rushdie tient son journal intime scrupuleusement tous les jours depuis des années. Voilà pourquoi cette autobiographie ultra dense (700 pages de paragraphes très serrés, quasiment sans respiration), fourmille de détails parfois insignifiants.
Si les multiples tergiversations de ses éditeurs sont parfois redondantes, les trois quarts du livre sont vraiment passionnants parce que ce récit est centré sur le combat de Salman Rushdie pour la liberté d'imagination et de création c'est-à-dire pour la démocratie ! La lâcheté du futur roi Charles, de Margaret Thatcher et beaucoup d'autres politiciens britanniques est véritablement accablante. Salman Rushdie est un esprit brillant et ses réponses aux nombreuses demandes d'interdiction de voir d'assassinat, sont toujours à la fois très drôles et très intelligentes ! Sa narration de sa vie sous protection est parfois hilarante.
On lit la fin du livre avec le coeur serré, quand il explique que 10 ans après la fatidique fatwa, il ne se sent plus en danger…
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919 pages.
(je commence par ça, c'est important quand même)

J'avais déjà eu très envie de lire ce livre lors de sa sortie, et puis un livre en chassant un autre, j'ai fini par ne plus y penser. Je l'ai reçu en cadeau à Noël, et j'ai décidé que ça serait ma première lecture de 2014.

Le 14 février 1989 une fatwa est prononcée contre Salman Rushdie pour avoir écrit Les Versets sataniques.
Rushdie relate ici sa vie à partir de ce jour. D'un homme libre, écrivain évoluant dans les cercles littéraires anglais il devient subitement un homme traqué, entouré en permanence de policiers et gardes du corps.

Cette autobiographie est écrite à la troisième personne. C'est assez surprenant, mais cela apporte une certaine distance et par moment on a l'impression qu'il s'agit d'un roman (l'inverse de Lennon, finalement). Mais finalement cela correspond parfaitement à la situation : assez vite il doit choisir un pseudonyme, Joseph Anton, et c'est la vie de cette personne que Rushdie raconte.

La présence et l'aide de ses amis et soutiens (certains passages tournent un peu au name dropping littéraire) ont été primordiales pendant toutes ces années. le courage et la fidélité de ce cercle proche m'a beaucoup impressionnée. Certains prêtent des maisons, d'autres choisissent de publier Les Versets dans leur pays, chacun met en oeuvre les moyens qu'il a à sa disposition pour soutenir la liberté de parole.

Cette situation a rapidement raison de son mariage (déjà un peu bancal), et ce que je trouve le plus dingue c'est qu'au milieu de tout ça, il réussi à retrouver l'amour, à se marier et avoir un enfant ! La rencontre avec Elizabeth et surtout la naissance de Milan marquent un tournant dans cette vie de "prisonnier", il fait preuve une vrai volonté de continuer à poursuivre sa vie le plus normalement possible (on ne peut pas lui tenir rigueur d'avoir eu un petit épisode dépressif…)

J'ai trouvé aussi qu'il avait des mots assez durs avec certaines personnes de son entourage (je ne parle évidemment pas des gens qui ont soutenu la fatwa), mais cela doit faire parti d'une volonté de rester au plus près de la réalité (ça aurait vite tourné "bisounoursland" s'il n'avait parlé que des gens géniaux qui l'avait soutenu, et ça aurait minimisé la menace dont il était la cible) mais par moment on dirait des règlements de compte.

Cette chronique est un peu morcelée mais c'est difficile de parler d'un livre de 900 pages racontant la majeur partie de la vie d'une personne en peu de mots.
Ce livre m'a donné envie de relire Les Versets sataniques (dont je n'ai aucun souvenir, mais je pense que maintenant que j'ai connaissance de la genèse du livre et des critiques (de la folie, plutôt) qui l'a entouré, je suis mieux armée pour le comprendre) et d'autres oeuvres de Rushdie.
J'ai mis beaucoup de temps à le lire mais à aucun moment je ne me suis lassée, je savais qu'il ne ferait pas parti des livres que j'allais abandonner dès les premières pages (j'ai même osé lire un autre livre au milieu, pour détendre un peu l'atmosphère, sans avoir peur de délaisser Joseph Anton).

Joseph Anton s'adresse autant à des gens qui ont lu les oeuvres précédentes de Rushdie, vous y trouverez de nombreuses informations sur les circonstances d'écriture de ces livres, qu'à ceux qui n'ont jamais lu de Rushdie avant, vous découvrirez sous un autre angle une des grandes affaires de la fin du XXe siècle, et cela vous donnera surement envie de lire ses romans !

Lien : http://pagecinquantetrois.co..
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