La joueuse de go

Je ne sais pas jouer au Jeu de Go, ni même aux échecs, mais cela n'a pas été nécessaire pour entrer dans ce roman, et le comprendre.

A la rigueur, il m'aurait plutôt fallu reprendre des cours sur les relations bien tendues, entre la Chine et le Japon ! 😉

L'histoire et les deux personnages principaux :

La joueuse de Go, dont nous n'apprenons le nom qu'à la toute fin, est une jeune fille mandchoue de 16 ans, talentueuse et résistante, au sens propre du terme, qui terrasse nombre d'adversaires plus âgés, et masculins au Jeu de Go, sur la Place des Mille Vents, au sein d'une ville de Mandchourie, "copie minutieuse de Pékin", convoitée par l'armée japonaise.

A cette époque, vraisemblablement le milieu des années 30, les jeunes filles n'ont trop rien à dire, passant d'un père à un mari, mais elle, a un sacré caractère ! A la limite de l'agaçant...😉

Comme tout adolescente, elle s'ennuie un peu et voudrait vivre des aventures !

De l'autre côté de la table, ou des frontières, comme on veut, et c'est ce qui m'a plu, on fait connaissance avec un jeune homme, dans une alternance parfaite de parole, avec celle de notre héroïne.

Il a 24 ans, fait partie des envahisseurs, et même de l'armée japonaise, au grade de lieutenant, et va jouer les espions en se déguisant, fort de son apprentissage du chinois, autrefois, avec sa nounou venant de ce grand pays, au Japon. C'est la place où il peut espérer capter des infos.

Jusqu'à arriver à leur "affrontement" au Jeu de Go, on apprend beaucoup de choses sur leur vie, leur famille, leur culture, l'honneur, la formation de soldats, les différences avec l'Europe de cette époque, c'est super intéressant.

Une époque et un lieu dépaysants :

C'est donc un moment de vie, quelques mois tout au plus, qui sont croqués ici, sur fond d'attaque, de résistance à l'envahisseur, de choix politiques des représentants politiques, mais aussi d'amour, de découverte de la sexualité, de ce que chacun des joueurs ressent de l'autre, et de son jeu et de rapports humains complexes.

Il y a aussi de nombreux passages au bordel, vies de soldats obligent, et la dureté des rapports homme/femme et dominant/dominé est difficile à accepter, aussi brèves que soient les descriptions de viols... comment appeler cela autrement ?

J'ai vraiment aimé cette alternance de prises de parole, leur histoire à chacun, les descriptions de nature, de la ville, des vêtements, c'est un roman qui m'a transportée ailleurs.

L'autrice a quitté la Chine en 1990 pour la France, et a écrit ce livre directement en français, belle prouesse ! La langue m'a parue belle, maîtrisée, poétique et violente à la fois. 👏

Pas de coup de coeur, mais un bon moment de lecture et une histoire dont je me souviendrai avec plaisir.

Une lecture agréable pour un étrange récit , rythmé par des chapitres assez courts , concis, alternant les pensées des deux protagonistes principaux , une chinoise et un japonais s'affrontant au jeu de go.
C'est à la fois cru et poétique, très imagé, envoûtant parfois.
Un beau texte sur un récit globalement d'une infinie tristesse.

Elle est chinoise, lycéenne, joueuse de go hors pair. Il est japonais, soldat, joueur de go, lui aussi. Tandis que la Mandchourie est envahie par le Japon, elle découvre la passion. Il est prêt à donner sa vie pour la grandeur de son pays. Ils ne font que se croiser autour d'une longue partie, mais la guerre, comme le jeu, est impitoyable.

J'avais lu ce roman adolescente, et je n'avais pas souvenir qu'il soit si poétique et cru : découverte de la sexualité, prostitution et scènes de tortures sont décrites sans aucun tabou, et c'est assez dérangeant quand on se met à la place des personnages. On alterne les points de vue de la jeune fille et du soldat, dont on ne connait l'identité qu'au tout dernier moment. Les deux personnages sont à la fois des inconnus et des intimes pour le lecteur, ce qui ajoute à la sensation de malaise lors de la lecture.

Une lecture rapide, avec des chapitres très courts et qui alternent entre le point de vue des deux personnages. C'est un récit poétique et percutant, qui offre un beau parallèle entre la vie d'une adolescente préoccupée par la découverte d'elle-même et celle d'un soldat à peine plus vieux, confronté à la mort (celle des autres, sous ses yeux, et la sienne, qui peut arriver à tout moment).
J'ai moins aimé ce qui était annoncé comme “une magnifique histoire d'amour à la Romeo et Juliette” : les 2 personnages se parlent à peine, ils ne se connaissent pas. Leurs sentiment s'apparentent plutôt à des fantasmes d'adolescents, vécus chacun dans son coin et projetés sur l'autre sans qu'il en sache quoi que ce soit… ça semble visiblement toucher certains lecteurs, mais je ne suis pour ma part pas fan de ce genre d'histoires.
Je recommande tout de même pour la poésie du récit, la description de la vie en Chine dans les années 30, la large partie consacrée à l'histoire du conflit en Mandchourie et le développement intéressant des personnages!

N'ayant pas d'attente précise concernant ce roman, j'ai été agréablement surprise !
J'ai aimé l'écriture qui malgré la tragédie racontée est belle et assez poétique. Je suis moins fan de l'alternance de points de vue d'un chapitre à l'autre, mais cela permet de voir une même scène avec deux regards différents.
Sans trouver les deux personnages principaux particulièrement sympathiques, je les trouve finalement plutôt touchants, enfin non pas le soldat japonais que je trouve plutôt imbuvable jusqu'au geste final qui le rachète un peu à mes yeux.
Si l'on va au-delà du roman pour se pencher L Histoire dont les deux personnages sont les acteurs, les révélateurs et les témoins, le roman prend à mes yeux une autre dimension : finalement j'ai aimé cette lecture, malgré les différents bémols évoqués.
NB : mon commentaire est plein de paradoxes. J'imagine que je verrai plus clair dans mes sentiments une fois que cette lecture aura "décanté" un peu ....

Une bonne lecture qui nous en apprend plus sur les affres de la guerre et de la politique d'expansion du Japon, à travers les regards croisés d'un soldat japonais prêt à mourir pour sa patrie et d'une lycéenne chinoise exilée en Mandchourie avec sa famille qui vit une vie (presque) insouciante au début du récit.
Pour ma part je ne l'ai pas lu comme une histoire d'amour émouvante, comme cela a pu être vendu par certains. Et c'est tant mieux, j'aurai été déçue sinon. Ici, l'histoire d'amour n'est pas le sujet principal et elle est d'ailleurs quasi inexistante du côté de la jeune chinoise. Franchement si dans les derniers chapitres elle n'avait pas dit sur une phrase qu'elle ressentait quelques sentiments pour son adversaire au jeu de go, je ne l'aurai jamais su. Plus que de l'amour, pour moi j'avais plus l'impression qu'un sentiment d'amitié silencieuse s'était noué entre eux au fil des parties de go.

Globalement l'histoire est rapide à lire, les chapitres sont très courts et s'enchainent facilement en alternant les 2 points de vue avec un style épuré et des tournures de phrases poétiques. J'ajouterai néanmoins deux petits bémols : je n'ai ressenti aucun attachement particulier pour les personnages et la fin arrive trop rapidement comparé au rythme plus lent de l'ensemble du récit. La fin tragique ne m'a pas surprise. Elle aurait pu me tirer des larmes et être émouvante si j'avais été attachée aux personnages, mais je n'ai rien ressenti de particuliers, juste un sentiment de profonde vacuité. Etait-ce voulu par l'autrice ? Pour nous rappeler que la guerre n'a rien de romantique ? Peut-être.
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J'ai lu ce roman il y a quelques années déjà mais, je me souviens encore de la manière dont Shan Sa décrit le jeu de go, toile de fond de cette histoire. Chaque mouvement sur le plateau de jeu devient une métaphore de la vie elle-même, avec ses stratégies, ses sacrifices et ses conséquences. le jeu devient un miroir de la société chinoise de l'époque, où chaque décision est cruciale et chaque mouvement peut avoir des répercussions profondes.

L'écriture de Shan Sa est aussi poétique qu'
évocatrice, On ressent la tension palpable qui règne dans cette Chine en pleine transformation, et on ne peut s'empêcher d'être ému par le destin tragique des personnages.

"La Joueuse de Go" est un roman remarquable qui mêle habilement l'histoire, la culture et les émotions humaines. 

Je termine ce livre avec un mélange de soulagement et de tristesse qui me serre la gorge.

Soulagement… peut-être parce que la dure réalité de la population mandchou et chinoise, surtout pendant cette période de leur histoire, commençait à peser sur mon moral (Peut-être que je n'ai pas choisi le meilleur moment pour lire ce roman). Je sais bien que la vie des militaires et des civiles n'est jamais douce en période de guerre, mais ici on voit l'horreur au quotidien d'une façon assez brutale. Et il faut bien avouer que la Mandchourie est l'une des régions qui a connue plus que son lot de conflits, de conquêtes et de destruction.

Tristesse… Car il y a une poésie dans l'écriture Shan Sa que j'aurai aimé apprécier mais que la dureté de l'histoire rendait bien secondaire. J'aurais aussi aimé une meilleure fin pour les deux protagonistes. La joueuse de go est une jeune fille attachante et je lui aurais souhaité une autre vie. Une vie où elle aurait eu véritablement une emprise sur son destin, une vie où son intelligence lui aurait permis de briller parmi les maitres du jeu.

Bref, un excellant livre mais une histoire si rude… Il faut pouvoir apprécier la beauté de l'écriture sans être accablé par le fond du récit. Coeur sensible s'abstenir.

Des pions noirs; des pions blancs.
Des chapitres du militaire japonais; des chapitres de la jeune chinoise joueuse de go.
Et entre les deux, une mélodie qui balance. Tic tac. Tic tac.
D'un côté le défi, de l'autre la stratégie.
D'un côté l'intelligence, de l'autre la réflexion.
D'un côté la modernité, de l'autre l'insistance des traditions.
D'un côté la guerre, de l'autre la résistance.
D'un côté l'enfance, de l'autre le monde adulte.
D'un côté la violence, de l'autre la douceur du regard.
D'un côté la Chine, de l'autre le Japon.
Et au milieu des amours naissants.
Et la mort.

La joueuse de go a su trouver le chemin de mon coeur et a touché mon âme. J'ai été séduite par cette histoire d'un autre temps, d'un autre continent, de ce bout du monde aux coutumes ancestrales, pudiques, codifiées et si dépaysantes.

Certaines scènes m'ont happée, d'autres m'ont blessée.
Il n'y a pas de compromis dans l'écriture de Shan Sa.
Parce qu'il faut qu'on le sache : la vie n'épargne personne. La quiétude n'appartient qu'aux morts. La vie est une peine que seule une partie de go peut distraire.

Place des Mille Vents, le silence règne en maître. Dans mon coeur aussi.
Je ne m'attendais pas à un tel dénouement. Il me laisse sans voix. Il scelle la fin de la partie. Désormais, je vais devoir trouver un autre roman décapant, un autre adversaire. Un de ceux qui vaut le détour. Un de ceux capables de m'offrir des fleurs sous les bombes. Un de ceux dont la passion dévore tout !

"Le monde est un jeu de go dont les règles ont été inutilement compliquées." (Proverbe chinois).
Et si nous les simplifions tout en gardant leur intensité ?

Comme les joueurs d'une partie de go, deux narrateurs alternent. La première est une jeune collégienne mandchoue, pressée de devenir adulte, dont nous découvrons la vie par petites touches. L'autre est un soldat japonais envoyé en Chine en 1936 pour conquérir Pékin. Chacun a son langage, son univers, son existence avec ses centres d'intérêt. Ils se rencontrent autour d'un damier de go sans rien savoir l'un de l'autre et sans s'intéresser à autre chose qu'à leur partie toujours en mouvement. Mais tout en étant adversaires acharnés, ils découvrent aussi qu'ils se ressemblent bien plus qu'il n'y paraît et que si tout les oppose en apparence, ils partagent des valeurs finalement communes.
La langue de l'autrice est à la fois pure et belle dans les chapitres de la jeune fille, rude et sèche lorsqu'il s'agit du soldat. La partie de go est certes centrale, mais ce n'est pas tant ce qui se joue sur le damier que ce qui anime les personnages maniant leurs pions qui nous fascine. C'est ainsi tout un univers qui est dépeint par petites touches, territoire progressivement conquis où chaque chapitre est une bataille à livrer contre un adversaire insaisissable.