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EAN : 9782260007807
243 pages
Julliard (01/05/1991)
3.76/5   256 notes
Résumé :
« La Chenard et Walcker resplendissait sous ce beau soleil de juin 40 et ce d'autant plus qu'elle était entourée d'engins poussiéreux et bruyants qui la précédaient ou la suivaient et, parfois, la doublaient sur une autre file. Tout ce convoi se traînait sur une nationale devenue trop étroite, ponctuée de quelques arbres maigrichons et grisâtres : une nationale déchiquetée de temps en temps par les rafales forcenées et rageuses des stukas et, d'une manière performan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Ma curiosité a fini par avoir raison de ma réticence. J'ai finalement mis un pied dans l'univers de Françoise Sagan. Ce n'est pas avec Bonjour tristesse que je l'ai fait, mais avec cet ouvrage, Les faux-fuyants.

Alors que je ne m'y attendais pas, je découvre un ouvrage empreint d'un humour de ma prédilection. Un humour subtil, piquant à souhait, autant pour ceux qui en sont la cible que pour son auteure. Car on sent bien qu'avec sa fronde bourgeoise Françoise Sagan veut se défaire de quelque chose qui lui colle à la peau et l'insupporte. Une étiquette, une réputation, une classification dans un courant de pensée lui donnant l'impression de n'être nulle part à sa place, de jouir d'un succès à la fois flatteur et encombrant. Comme lorsqu'elle fit irruption dans une assemblée d'étudiants en mai 68 au volant de sa Maserati. Il est des notoriétés qui sont lourdes à porter. le succès peut être écorcheur, c'est une affaire d'estime de soi.

Le titre de l'ouvrage lui-même est un condensé de cette ironie qui me paraît être une marque de fabrique chez l'auteure. Autant que dérobade, échappatoire, subterfuge et autres synonymes que le lexique affecte à l'expression, ce titre pourrait se concevoir - avec le sarcasme que Françoise Sagan applique volontiers à ses personnages dont elle se plaît à brocarder la suffisance et la vanité - se concevoir donc sans le trait d'union, tant lui semblent factices ces couards bien nantis fuyant la capitale sous l'avancée des troupes allemandes en 1940.

La débâcle étant un contexte particulièrement propice au brassage des classes, Françoise Sagan se fait une délectation de projeter ces Parisiens méprisant de tout ce qui n'est pas eux-mêmes dans le monde repoussant de la cambrousse. Ils y sont recueillis dans une ferme beauceronne après la destruction de leur limousine par l'aviation ennemie. Leur chauffeur a été tué par le mitraillage. Son cadavre leur est encombrant. Ils n'ont pas l'habitude de traiter des convenances envers le petit personnel, encore moins celle de prendre l'outil pour gratifier le défunt d'une sépulture décente.

Le décor est planté. Il ouvre à tous les clichés de la répugnance citadine à l'égard de ces attardés de péquenauds. Françoise Sagan ne se prive de rien pour lancer ses flèches empoisonnées contre cette bourgeoisie qui l'a vu naître. Sa naissance dans ce milieu ne lui donnait-elle pas des semelles de plomb pour afficher l'humanisme désintéressé de bon ton pour faire carrière en littérature. Suffisance, mépris, égoïsme se confrontent à la spontanéité paysanne. Les Parisiens sont mis à contribution dans les travaux de la ferme par la marâtre du lieu. Une forme d'imposition pour dédommager leurs hôtes de circonstance de leur pension. Françoise Sagan se complaît à passer nos rescapés sur le grill de la nécessité faisant loi pour leur faire rendre gorge de leur complexe de supériorité, leur absence de patriotisme à l'égard d'un pays qu'ils s'empressent de quitter dans l'adversité.

C'est avec une truculence sournoise que l'auteure rehausse l'intrigue d'une idylle bucolique. Une façon de restituer une part d'humanité à ces protagonistes imbus de leur personne. L'empire des sens n'a pas perdu de ses prérogatives dans la défaite. le fils de la marâtre a la rusticité séduisante et la jeune Luce n'y est pas insensible. Mais l'expérience campagnarde de nos parisiens sera de courte durée et leur sort tôt remis aux hasards de la guerre dans ce périple qu'ils espèrent salvateur.

Je ne suis pas déçu de ma découverte. J'ai apprécié le style badin avec lequel l'auteure au visage ennuagé de la fumée de son éternelle cigarette égratigne ces bourgeois sans scrupules quand il s'agit de préserver leurs intérêts, à commencer par leur intérêt à survivre à l'épreuve.
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Pour moi, il n'y a pas de doute, voici le roman des faux fuyants. Bien sûr le jeu de mot est très facile, mais je ne doute pas que Françoise Sagan le suggérait clairement.

Quatre amis mondains, et donc plus que superficiels, fuyant Paris occupé, sont emportés dans la tourmente des colonnes de réfugiés, sur les routes de juin 1940.

Contraints de trouver refuge dans une ferme de la Beauce, ils vont goûter aux valeurs et aux plaisirs saints et gratifiants de la rusticité. Ils vont se construire subrepticement et très temporairement.

L'écriture de l'auteure est fluide et sa lecture en est agréable, souvent amusante. Nous retrouvons le style de « bonjour tristesse » sans la profondeur. « Les faux-fuyants » fait partie de ces livres auxquels j'aime accoler l'étiquette « Bibliothèque verte pour adultes » tout y est simple, clair, un peu surprenant et sans prise de tête.

Je vois dans ce roman un message de Françoise Sagan, un appel au secours. Cette femme malmenée par la vie, mondaine désargentée, dont je revois clairement, dans mes souvenirs des entretiens télévisés des années 70 à 90, le mal-être, le regard biaisé, la souffrance.
Sans aucun doute aspirait-elle à une vie plus authentique mais ne pouvait la vivre coincée dans son personnage, comme le montre la fin qu'elle donne au présent opus.

Car après une intrusion de l'authentique dans la vie de nos quatre snobinards, la mondanité facile reprend le dessus

Et comme dans « Bonjour tristesse » c'est un mensonge, oh pas terrible, un mensonge regretté mais trop tard, qui aura cette conséquence si terrible

Un bon roman qui n'a pas vieilli d'un iota.
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Beauce, juin 40 : les aléas de l'exode jettent dans une ferme quatre Parisiens de la haute société.
Dès la première ligne j'ai senti que ça n'allait pas bien se passer : prenez un ingrédient rare et plongez le lecteur dedans d'emblée... ce n'est que page 17 que j'apprends, niaise que je suis, qu'une Chenard et Walcker est une "somptueuse limousine".
Cette fâcheuse impression n'a fait que se confirmer.
Les deux pages suivantes présentent les quatre protagonistes et honnêtement, c'est du niveau d'une rédaction de collège : "Présentez vos personnages."
Tous, ils sont tous caricaturaux, Parisiens comme paysans, jusqu'au fils de la ferme qui est "le sosie parfait du garde-chasse de Lady Chatterley."
Forcez le trait pour obtenir un effet comique : autant le snobisme des Parisiens que le côté rustre des paysans.
Côté Parisiens :" Vous nous voyez dans un joli pétrin, Monsieur, en effet, dit Diane avec bonhomie et une certaine bienveillance, car quelques films sur les Chouans l'avaient acquise à la paysannerie."
Côté paysans : " Des péquenots, des ploucs, dans leurs vêtements de coutil usé, avec leur hâle excessif et mal réparti."
Côté Parisiens : "Vous ne trouvez pas ça admirable, quand même, Luce, la campagne ? disait Diane. Quel spectacle !... On ne voit jamais ça, à Paris..."
Ajoutez à ça un grand-père privé de dents, un idiot du village entreprenant, un cousin égrillard...
Tout ce qui se veut drôle est plutôt malaisant, en fait.
Jusqu'aux inévitables coucheries qui tournent au vaudeville pénible.
Ça se veut léger et drôle sur un sujet de société, mais j'ai juste trouvé ça lourd et sans finesse.
Challenge Solidaire
Challenge Départements (46 - Lot)
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C'est en convalescence au bord de la mer que Françoise Sagan a écrit en 1990 "Les faux-fuyants" un de ses trois romans qui se déroulent durant la deuxième guerre mondiale. Et pourtant, il est unique puisqu'il s'agit d'une comédie dans un contexte tragique, celui de l'exode de 1940.
Il faut dire que la romancière française a le sens des dialogues et de l'humour, ce qui donne une lecture distrayante sur le choc des cultures.

Sur une route de Beauce, une luxueuse et puissante voiture, une Chenard et Walcker, est coincée comme les autres dans le flux chaotique de l'exode. Au volant, le chauffeur est au service de quatre personnes issues du gratin parisien, confortablement installées et décidées à gagner Lisbonne où un bateau doit les emmener aux Etats-Unis.
Mitraillés par les Stukas les mondains immobilisés vont devoir séjourner dans une ferme que la guerre a privé de ses travailleurs habituels pour les moissons. Alors, Bruno l'imbuvable gigolo fils de bonne famille, Luce sa jeune et riche maitresse pas très futée, Loïc le diplomate pique-assiette des aristocrates et Diane la grande snob autoritaire et égocentrique vont devoir mettre la main à la patte. Car à la ferme, ce que l'on mange on doit le gagner.

L'idée de Sagan est donc très bonne dans un cadre pourtant tragique puisque j'ai appris que des sirènes appelées Trompettes de Jéricho étaient montées sur les avions allemands, les Stukas, afin de terroriser les gens, juste avant de les mitrailler.
Mais Sagan s'amuse à se moquer de ses personnages auxquels on ne manque pas de s'attacher parce qu'elle sait les décrire avec malice et ils sont particulièrement bien incarnés.
Malheureusement, j'ai trouvé quelques incohérences comme quand Bruno met un pull parce qu'il fait "un peu plus froid" (page 50) alors qu'il fait "une chaleur torride" (page 54) ou encore quand Diane titube sur les "talons carrés de ses chaussures de sport" (page 58) alors qu'elle a coincé ses "talons hauts" (page 43) et qu'elle ne semble pas s'être changée entre temps.
Bref, ce n'est pas très grave mais cela me fait dire que ce n'est pas mon roman préféré de Françoise Sagan dont l'humour reste vraiment appréciable.


Challenge Riquiqui 2023
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Les Faux-Fuyants de Françoise Sagan (Julliard - 244 Pages )

J'ai lu ce livre pour le Challenge Solidaire sur Babelio pour faire grossir la cagnotte.
Eh bien, c'est une agréable surprise de redécouvrir le style alerte et vivant de Françoise Sagan.
Nous sommes en juin 1940, les parisiens fuient sur les routes : c'est l'Exode.
Les avions allemands mitraillent les civiles éperdus.
Dans une splendide voiture avec chauffeur se trouvent quatre parisiens, Je dirais même quatre snobinards.
Un beau gigolo, Bruno, Loïc, haut fonctionnaire efféminé, Diane et Luce, femmes de la haute société vont se retrouver dans une ferme perdue dans la Beauce.
Le choc de deux mondes à l'opposer vont vous amuser.
Certains personnages vont s'adapter et même très bien par contre, Bruno ne pourra pas.
Situations cocasses qui m'ont amusées.
Vous allez vous réveiller au chant du coq et des cris des animaux. Il faudra aider pour les moissons.
Ici il faut travailler pour gagner son pain.
Le dénouement va vous surprendre.
Mireine
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
..Il y avait chez elle, Diane, une intuition toujours en éveil, une sorte de divination qui ne lui avait jamais fait défaut : elle remarquait tout. Le moindre petit détail qui clochait, hop ! Elle l’attrapait au vol. C’était même épuisant, parfois, cette perméabilité et cette sensibilité excessives et permanentes dont on la félicitait sans cesse. Elle aurait bien aimé, elle aussi, Diane, de temps en temps ne rien voir et ne rien entendre. Elle eût bien aimé rester impavide comme une grosse bête ruminante, les yeux écarquillés, à l’instar de tant d’autres.
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Ces messieurs-dames ont-ils soif ? demanda Arlette (à qui ce prénom de fille légère allait aussi mal que possible avec son visage à la Memling, songea Diane). Car les visages austères étaient toujours des Memling, dans son monde, de même que Botticelli désignait de jolies femmes, Bosch les scènes d’horreur, Breughel les banquets et la neige, Renoir les femmes dodues, Modigliani les maigres et Van Gogh la géniale et malheureuse rencontre d’une oreille, d’un pont et d’une chaise….
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C’est pour leurs amies que les femmes ont des amants, ce n’est pas pour elles-mêmes ! C’est parce que l’amour physique est à la mode et supposé nécessaire à l’équilibre du corps ou de l’ego….Que sais-je ? Non, je vous le demande : n’est-ce-pas grâce à Freud que les gigolos existent.
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- Où est mon jambon ? Siffla-t-elle sévèrement.
- Mon Dieu ! Vous le vouliez ?... Je croyais que vous l’aviez laissé !... Je suis désolé ! dit l’Attaché d’ambassade, Chevalier de la Légion d’Honneur, abonné à l’Opéra et reçu partout comme le meilleur ami des Sévigné, entre autres.
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La Chenard et Walker resplendissait sous ce beau soleil de juin 40 et ce d'autant plus qu'elle était entourée d'une nuée d'engins poussiéreux et bruyants qui la prėcėdaient ou la suivaient et,parfois ,la doublaient sur une autre file.Tout ce convoi se traînait sur une nationale devenue trop étroite, ponctuée de quelques arbres maigrichons et grisâtres : une nationale déchiquetée de temps en temps par les rafales forcenėes et orageuses des Stukas et,d'une manière permanente,par celles tout aussi violentes d'un soleil de saison
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Vidéo de Françoise Sagan
Extrait du livre audio « La Laisse » de Françoise Sagan lu par Stéphane Ronchewski. Parution numérique le 27 mars 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-laisse-9791035413873/
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