"Je me suis habituée peu à peu à l'idée de la mort comme à une idée plate,une solution comme une autre si cette maladie ne s'arrange pas".
Voici les mots qu'écrit
Françoise Sagan, intoxiquée au palfium en1957, dans
Toxique,le journal écrit durant sa cure de ...désintoxication.
Droguée,elle est droguée, en état de manque et pour émerger de cette déchéance elle attend chaque jour la douleur de "la bête en elle" qui réclame son du, une ampoule salvatrice pour tenir le coup.
Des mots s'alignent au jour le jour, dépendance,dépression,angoisse,demande d'aide,sacrifices,souffrance alors que le personnel soignant curieux s'affaire et que sa bande de joyeux drilles, compagnons de bringues alcoolisées l'entoure de signes amicaux.
Un témoignage poignant utile aux drogués, un portrait émouvant de cette écrivain à l'oeuvre abondante entre romans(
Bonjour tristesse prix des critiques 1954),essais et pièces qui plongée dans d'innombrables lectures au fond de son lit, pioche l'espérance violente chez Appolinaire, le merveilleux de la pluie chez
Carco et les enfants en deuil chez
Rimbaud pour quêter une possible guérison et écriture personnelle.
Ce que j'ai vraiment aimé dans ce livre c'est la symbiose parfaite entre les émotions ressenties par
Françoise Sagan hospitalisée et les illustrations de Bernard Buffet (sur la maladie personnifiée) en lame de couteau,hachures,griffures en noir et blanc, la schizophrénie latente fort bien rendue par de maigres femmes en souffrance ou des décors de chambre d'hopital austère, le tout accompagné des mots de
Sagan que le peintre écrit lui même de son écriture anguleuse,agressive,dure,pâteuse, à moins que ce ne soit le numéro de la chambre 815 qui exprime sa propre sensibilité perdue momentanément à travers l'artiste qu'il est lui !