J'ai rencontré
Imad Saleh à Tours en octobre 1973. Nous venions de nous inscrire en 1ère année de Sociologie. Nos professeurs seraient
Roger Establet,
Jean Duvignaud et
Madeleine Guilbert.
Très vite nous avons échangé sur nos origines respectives, lui le Syrien Palestinien de Homs, et moi le fils d'Espagnols immigrés en Algérie puis en France.
De 1973 à 2001 nous avons été très proches et puis selon la formule consacrée, la vie nous a séparés.
La dernière fois que nous nous sommes vus, il m'avait convaincu de devenir administrateur d'entraide travailleurs migrants...
Ce live qu'il m'a dédicacé me rappelle ses chansons, car avant tout, Imad est un chanteur, guitariste, accompagné au darbouka par son cousin, Selman, qui anima beaucoup de réunions et conférences sur la Palestine, dont le fameux 6 heures pour la Palestine à Tours en 1975.
Vu d'aujourd'hui, la perception que nous avions alors du conflit entre Israel et la Palestine, semble presque Angélique, pleine d'Espoir, comme écrit si bien
Jean-Marie Laclavetine dans la préface, "on ne trouve pas de colère dans les mots d'
Imad Saleh."
Le temps n'était pas à la colère alors, mais à la négociation, à l'opiniâtreté, à la volonté de faire progresser l'image de la Palestine.
"S'il y a un espoir pour ces deux peuples (...) il est dans la compassion du faible pour le fort."
Imad pleure la maison où il aurait dû naître dans le quartier Ouadi El Nesmas à Haïfa, emporté par la guerre de 1948 et le massacre de Deir Yassin, il rapporte ces mots de sa mère :
"Ce sont des événements que tu n'aurais pas aimé vivre, mon fils"
(...) et nous avons, comme beaucoup d'autres, quitté la Palestine par bateau vers le Liban."
et de son père :
"Nous avons échangé notre patrie contre des vies sauves. Mais à quoi servent-elles maintenant ?"
Les poèmes de
Imad Saleh restituent ce voyage vers nulle part, même si les endroits qu'il évoque portent des noms qui font la fierté de leurs habitants, Altiré, Haïfa, Homs, Damas, Safad, Jerusalem, Hebron, Gaza....
Derrière chacun de ces noms, une même question :
Quand l'heure du délice sonnera-t-elle
pour annoncer le beau paysage de la terre ?
Quand soufflera le vent frais
pour balayer la douleur et le chagrin ?
Dis,
combien de siècles faudra-t-il
pour apprendre le trésor de l'amour
et connaître enfin sa grâce ?
A lire absolument et de toute urgence