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Un des livres à lire si l'on veut comprendre, essayer de comprendre les Algériens et l'Algérie vis à vis de la France et de l'Occident.
Un gamin utilisé de manière passive puis active, par le FLN puis les islamistes.
La rue Darwin est un quartier, une favela, de Belcourt à Alger. La misère y est reine, gouverne et unit. Les puissants peuvent être algériens ou français.
Le gamin, devenu adulte se retrouve seul responsable de sa vieille mère rue Darwin à Belcourt. Et en même temps en contact avec les puissants algériens. Ses frères et soeurs, eux, ont choisi (et réussi) l'exil.
La rue Darwin s'ajoute aux dossiers de l'exil et des doubles cultures.
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Ce roman très autobiographique entraîne le lecteur dans l'enfance assez surréaliste du jeune Yazid en Algérie, plus précisément dans le quartier Belcourt, celui de Camus, dans une petite rue, la rue Darwin, où l'enfant avait trouvé un refuge familial protecteur durant son enfance bahutée. Ce livre est l'histoire de cinquante ans d'Algérie, d'un pays agricole, riche, aux traces encore bien vives de l'ottoman, jusqu'à nos jours et aux ravages désastreux de l'après décolonisation, immédiatement consécutifs à ceux de la guerre des années soixante puis des guerres civiles qui ont touché ce pays depuis lors.
Le fil d'Ariane de cette évocation est le destin complexe de ce jeune Yazid, échouant à Paris pour les raisons de santé affaiblissant sa mère, puis revenant chercher rue Darwin, la clé de toute son histoire.
Le livre vaut bien sûr par cette intrigue quasi autobiographique, mais à mon sens il vaut surtout par le style superbe de l'auteur. de la façon la plus positive qui soit certaines des phrases du livre sont réellement proustiennes, c'est un vrai compliment de ma part, tant elles sont ciselées, pesées, articulées, et construites dans une vision de la littérature faisant tout particulièrement honneur à la langue française. Ailleurs les mots sont rares, recherchés, ici et là une phrase courte que l'on note tant son poids sémantique est fort.
Enfin pour tous ceux qui croient connaître nos frères du nord de l'Afrique, abandonnez l'espace de ces pages tous vos préjugés, tout le passé sédimenté de l'histoire entre la France et l'Algérie, et vous découvrirez combien il y a d'humanité, la plus profonde, dans cet ouvrage, dans les personnages si réels qui y sont évoqués.
Je ne peux achever ces lignes sans saluer le courage de l'auteur n'hésitant pas à afficher clairement ses opinions politiques et religieuses.
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En refermant « Rue Darwin », j'ai eu le sentiment d'avoir voyagé en terre connue. L'Algérie bien sûr mais surtout tous les thèmes : le chaînon manquant, la recherche de ses origines, l'âge avancé, regrets et remords, la mort de la mère, élément déclencheur du retour sur le passé, les difficultés à retrouver un passé révolu, la nostalgie, la dispersion de la fratrie déçue par les opportunités de la nouvelle Algérie, tout cela sur fond de guerre, les difficultés du quotidien, des personnages féminins forts.
Je me suis plongé dans cet ouvrage sans pouvoir le lâcher. Un très beau roman sensible, émouvant, toujours avec cette pointe d'humour qui adoucie des situations les plus dramatiques.
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Yazid, tel est le nom du narrateur, raconte les souvenirs de son enfance en Algérie. Yazid est un enfant sans mère, du moins ne l'a-t-il jamais vu, enlevé dès sa naissance à sa mère biologique, il s'est retrouvé chez Djéda, la maîtresse d'un immense domaine hérité de sa tribu dont la fortune provenait d'une maison de tolérance implantée sur le domaine où elle accueillait les jeunes filles en détresse.
A travers Yazid, c'est l'auteur que l'on entend nous parler de la vie en Algérie pendant les différentes périodes de son histoire depuis les années 1950, de ses réflexions sur l'Islam et les religions en général, sur la mort, sur la vie. La lecture n'est pas aisée, en raison notamment des sauts que le narrateur effectue au grès des souvenirs qu'il évoque et aussi parfois de termes dont la compréhension nécessite le recours à un dictionnaire (ce fut mon cas pour quelques mots, somme toute pas trop nombreux) ainsi que le défilé de personnages que l'on a parfois du mal à rapporter à la vie de Yazid. le style de l'écriture de Boualem Sansal est brillant, comme à l'accoutumé. Il serait tout de même dommage de renoncer à la lecture de ce livre trop tôt si l'on rebuté d'entrée.
La fin du livre donne enfin la clé de la naissance de Yazid par sa propre mère sur le point de mourir, mais c'était un secret qu'elle se devait de garder. Je garde de ce livre l'écho d'une grande tristesse, de beaucoup de nostalgie et des cris de révolte du narrateur et de l'auteur.

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Alors que le narrateur Yazid a rassemblé ses frères et soeurs autour de sa mère mourante à Paris, une voix lui murmure de retourner rue Darwin. Rue Darwin à Alger c'est la rue de son enfance après qu'il a quitté le village et le clan de la grand-mère Djéda, maîtresse femme qui régnait sur des bordels aux quatre coins de l'Algérie et d'ailleurs et autour de laquelle grouillait tout une population de prostituées et de bâtards…A la fois mère maquerelle au grand coeur et femme d'affaire intraitable, elle avait bâti un empire menacé aujourd'hui par l'hypocrite religion…A Alger il a retrouvé une famille, sa mère adoptive, son beau-père et les petits. Mais le secret a été bien gardé, seules quelques paroles entendues ont fait leur chemin. Et devant cette femme qu'il est resté seul à soigner au pays, ses autres enfants étant parti en France, au Canada ou ayant cédé aux sirènes de l'islamisme, il s'interroge sur ses origines. Et se lance sur les traces du passé.

Et il va découvrir ce qu'au fond de lui il savait déjà…Issu de deux univers incompatibles que seule l'amitié de sa mère et de Farroudja a tenu unis par un fil ténu, né dans un monde disparu, il analyse avec amertume la dérive de son pays après l'indépendance. Loin de gagner en liberté, ce dernier s'est au contraire enlisé dans les voies du marxisme puis de la religion, la guerre civile en permanence, laissant partir ses enfants vers des destinations plus attractives et patauger les autres dans la misère et le ressentiment. Avec une lucidité non dépourvue d'humour, Boualem Sansal nous conte le périple de cette famille atypique mais révélateur de l'évolution d'une Algérie qui s'est peu à peu fermée à toute ouverture, toute forme de tolérance, se repliant sur ses archaïsmes et la corruption. Mais malgré un constat plutôt pessimiste, on sent son attachement pour cette terre qui possède une histoire plus riche et cosmopolite que certains voudraient le faire croire.
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Sentiment étrange que procure cette lecture. Emballé par le fond et impressionné par le style très châtié (gardez le Littré à portée de main pour revoir les définitions de : amphigourique, aboucher, térébrant, mutique, irréfragable, etc), je n'ai pourtant jamais été totalement transporté par ce récit qui gagnerait beaucoup à se conclure plus rapidement : c'est dans les dernières pages que les questions trouvent des réponses, que les hypothèses sont vérifiées, que le style devenu moins diffus permet enfin à l'histoire moins confuse de donner vie aux personnages. Et jusqu'à ce dénouement, on se demande bien où l'auteur veut nous amener et si ce ne sont pas là que les élucubrations plus ou moins métaphysiques d'un djédi (un grand-père). le contexte politique, important dans cette histoire de "Mafiosa" transposée à Alger, est supposé connu, ce qui peut laisser le lecteur novice sur le sujet (Alger avant et après la guerre) un peu incrédule et renforce ce sentiment d'imprécision, d'un récit flou et vague. Restent tout de même quelques belles pages, comme celles-ci : "De ton Islam tout blanc, très vénérable et festif, ils ont tiré un breuvage de sang et d'amertume et s'en soûlent comme jamais mécréant ne l'a fait avec son impiété" (page 35) ou "C'est peut-être une loi essentielle de la vie qui veut que l'homme efface son histoire première et la reconstitue de mémoire comme un puzzle impossible, dans le secret, à l'aune de son expérience et après bien des questionnements et des luttes, ainsi et seulement ainsi il peut faire le procès du bien et du mal, ces forces qui le portent dans la vie sur le chemin de son origine" (page 225).
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Un conte, une fable où l'Algérie serait au coeur … Une réflexion sur la vie à travers les yeux de Yazid son parcours, ses réflexions, ses questionnements qui vont l'accompagner tout au long de sa vie.
Aura – t' il des réponses ?
Un roman fabuleux et rageur où Boualem Sensal nous y décrit l'Algérie des années 50 à aujourd'hui. Il s'insurge et dénonce avec véhémence mais lucidité et fatalité une Algérie qui tente de vivre et de se reconstruire !! Une Algérie complexe et déchirée …

Des sentiments, des sensations exacerbées ! Mais où parfois au détour d'une pensée, d'une phrase, pointe une note d'ironie, une note d'humour !
L'on y croise des personnages fascinants, charismatiques et « bousculées » !!

Quelle sensibilité et quelle écriture !!
Conquise par ce roman qui nous transporte au delà des frontières !
Boualem Sensal … un auteur à part ! Un poète au ton rageur.
Lien : https://lespatchoulivresdeve..
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Un Algérien part à la recherche de son identité, de celle de son pays et de sa religion (ou du moins de la religion culturellement dominante) dans un roman un peu compliqué dans sa structure, mais servi par une écriture vive, riche, incisive qui donne de nombreux coups de canif, qui va jusqu'à scarifier et ainsi bien rendre compte des états d'âme de l'écorché qu'est le narrateur. Tout se passe comme si l'histoire d'une (de deux) famille(s) ne servait que de support à l'expression des prises de position de l'auteur sur l'histoire contemporaine de son pays ("Abdelaziz 1er" est clairement visé), la guerre (" ... sacrée machine à écourter l'enfance.") et la religion ("Je me dis que les phobies se soignent mais je me dis aussi qu'un monde sans imams serait nettement plus sûr. S'il en faut quand même, alors on doit les tenir loin de la mosquée, c'est trop dangereux un homme qui squatte une tour et qui de là-haut appelle à la sainteté chez les autres, car en vérité il n'est rien de plus crédule que le croyant, ni de plus pressé : il se croit appelé plus vite qu'à son tour.")

Boualem Sansal a du courage, mais aussi un sens développé de la provocation et un évident courage, à publier un ouvrage aussi vindicatif tout en continuant de vivre en Algérie.
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Boualem Sanasal n'est pas encore assez connu, malgré ses nombreux prix littéraires. Cet auteur nous éblouit par son style alerte et imagé, sans fioritures, percutant et attendrissant à la fois. Pourquoi n'avoue-t-il pas que son roman est autobiographique ? Cet ecrivain algérien se penche sur le passé de sa famille, de sa mère en particulier à travers plusieurs générations.très beau style, livre sincère, émouvant et intéressant . de beaux personnages et une belle écriture. Juste un passage avec quelques longueurs, mais une page intéressante d'histoire dans cette Algérie des années 50. A lire.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Avant de mourir, la mère du narrateur Yazid Kadri a prononcé ces paroles: « Va, retourne à la rue Darwin. » Cette directive, ou plutôt ce souhait, il y obéira. Il laissera Paris et la France pour revenir sur les lieux de son enfance. Alger. Rue Darwin. Eh oui, cette artère qui a donné son titre au roman ! Cette prémisse, c'est un prétexte pour Boualem Sansal pour inventer une famille originale et aborder (de façon superficielle) l'histoire de l'Algérie. Et peut-être, par la bande, évoquer avec nostalgie quelques uns de ses propres souvenirs…

Je m'attendais à l'évocation d'un récit d'enfance, dont le point central aurait été cette rue Darwin, là où tous les enfants circulaient, dérobaient des fruits au marchants, jouaient à des jeux, braillaient, regarder les petites filles par des fentes secrètes, etc. Mais non. C'est-à-dire, il y a un peu de cela mais très peu. Cette rue Darwin, il ne s'y passe passe grand chose, c'est essentiellement là où se trouvait la maison de Lalla Sadia, la ‘'grand-mère'' du narrateur. Les souvenirs du narrateur se rapportent donc surtout à cette maison et à sa famille. L'aïeule, c'est une matriarche toute puissante, riche comme Crésus, qui tient d'une main de fer sa famille. Elle aura su naviguer habilement à travers les bouleversement du XXe siècle : colonisation, décolonisation, guerre d'Algérie, république, etc. Parfois, ces événements toucheront de façon plus personnelle la tribu de Yazid, dans tous les cas, ils marqueront le garçon qui essaiera de chercher l'amour maternel et de démêler sa généalogie compliquée, jusqu'au secret entourant sa naissance.

Ainsi, Rue Darwin est un roman ambitieux et c'est tout à l'honneur de Boualem Sansal. Malheureusement, j'arrivais difficilement à concilier les bouleversements de la société algérienne avec les aléas de Yazid, qui menait une existence somme toute plutôt extraordinaire. Je n'arrivais pas à m'identifier à lui. Pareillement pour les autres membres de son clan (même s'ils étaient colorés et intéressants). Leurs aventures étaient assez différentes de celles de la majorité d'Algériens, telle que je me l'imagine. Les Kadri me faisaient penser davantage à un clan à la Don Corléone ou quelconque famille de mafieux italiens…

Je l'admets, c'est un peu réducteur mais je n'y peux rien, cette idée a teinté toute ma lecture du roman. Ceci dit, d'autres éléments m'ont plu. J'ai trouvé assez réaliste et moderne l'idée de cette fratrie (Yazid a deux frères et deux soeurs, si je ne me trompe pas) disséminée à travers le monde mais qui n'hésite pas à tout laisser de côté pour se réunir à Paris au chevet de la mère mourante. Aussi, le retour du protagoniste au pays natal est une occasion pour l'auteur de parler d'identité ou la quête des origines. C'est un thème universel auquel il est difficile de ne pas sentir interpelé. Pareillement pour ce qui est de ressasser de vieux souvenirs. Ça marche à presque tous les coups. Donc, je n'ai pas détesté Rue Darwin. Disons que je m'attendais à autre chose, surtout après avoir et adoré plusieurs autres romans de Boualem Sansal.
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