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Maurice Lomré (Traducteur)
EAN : 9782211239547
368 pages
L'Ecole des loisirs (24/08/2022)
4.09/5   58 notes
Résumé :
Imaginez une nuit de tempête durant laquelle tout va de travers. Les éléments se déchaînent et un bateau se fracasse sur les récifs. Le fanal du phare qui devait guider le navire ne s'est pas allumé. Que s'est-il passé ? Imaginez aussi une imposante et inquiétante demeure, la Maison Noire. Elle appartient à l'amiral et on prétend qu'elle abrite un monstre. Qui peut croire ça ? La fille du gardien du phare apportera des réponses à ces deux questions et à beaucoup d'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Quatrième de couverture intrigante, couverture bleutée un brin étrange, citations d'Andersen et de Brecht en épigraphe… Ce roman néerlandais avait de quoi piquer notre curiosité !

D'emblée, une tragédie semble se nouer : la tempête monte, le phare ne s'allume pas, un bateau fait naufrage. Responsable du désastre, le gardien de phare est incarcéré et sa fille Loupiotte envoyée travailler dans la Maison Noire. Celle qui abriterait un monstre, selon la rumeur… Quels sont les secrets enfermés dans la petite chambre du haut ? La quête de vérité de la fillette l'entraînera à la rencontre de personnages aussi bizarres qu'inoubliables !

Les mots de Annet Schaap sont puissants. Ils brillent, résonnent comme un conte ou même comme une comptine. Ils rendent les personnages presque tangibles, déploient un univers dense, sombre et étrange, mais où l'espoir luit comme un phare.

Peut-être induite en erreur par la gaieté de la couverture (celle qui a été choisie en Allemagne donne d'emblée une tonalité toute autre, vous pouvez vous faire votre propre idée en cliquant sur le lien ci-dessous), j'ai d'abord été surprise par la noirceur du propos. Une noirceur de ces contes (là encore) où les pères sont dysfonctionnels, les mères disparaissent et les enfants ne sont à l'abri de rien.

Mais Loupiotte porte bien son nom, elle rayonne, scintille même. Elle ne se laisse pas arrêter par les barrières sociales et les préjugés ; elle sent bien que l'amour, l'amitié, l'authenticité sont plus importants. Elle apprend à faire confiance à l'autre pour prendre confiance en elle-même. C'est beau de la voir, portée par la force de l'entraide, voguer irrésistiblement vers la liberté.

La narration, qui fait bifurquer l'intrigue à plusieurs reprises, aurait sans doute gagné à être plus linéaire. Il y a peut-être quelques longueurs au milieu du roman alors que le dénouement est très rapide. Je n'en suis pas moins ravie d'avoir découvert une vraie belle plume.

Un roman poétique, à la fois décalé et intemporel qui a fasciné mon moussaillon de onze ans et demi.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Incontournable Octobre 2022


Version courte:

Imaginez une variation de l'histoire de "Édouard aux mains d'argent": la fille du gardien du phare relogée contre son gré dans un manoir lugubre, au sommet d'une colline, où l'on dit qu'il habite un monstre; elle y découvre une famille atypique, composée d'une mère célibataire un brin angoissée, de son fils adulte ayant une déficience intellectuelle, mais une dextérité fort habile pour le découpage, un mystérieux vieil homme gardien des lieux, qui a une intuition fine, et un jeune garçon à moitié poisson, qui des suites d'un intense gavage cognitif, en est rendu à se croire humain handicapé un jour capable de marcher. C'est l'histoire de personnages brisés, qui ensemble vont apprendre à faire quelque chose de difficile: faire confiance.


Version exhaustive:


Cette brique de 350 pages de la collection "Médium" de la maison École des Loisirs m'aura évoqué l'univers maritime, le conte de "la petite sirène" et le film de Tim Burton "Édouard aux mains d'argent", avec une singularité quand aux dialogues, parfois portés par les éléments et les absents. J'ai trouvé à ce roman d'origine néerlandaise un certain charme, avec ses représentations diverses et son accent mit sur les handicaps, tout en abordant des thèmes parfois difficiles. Alors, plongeons y!


Emilia est fille du gardien du phare, mais on l'appelle "Loupiote". Un soir de tempête, la jeune fille constate avec consternation qu'il n'y a plus d'allumettes pour allumer la lentille. À bien des égards, Loupiote assume beaucoup de responsabilités dans ce phare, car son père a perdu la moitié d'une jambe et est souvent en état d'ébriété. Elle tâche donc d'aller acheter des allumettes, mais les choses ne se passeront pas comme prévu. le phare est donc resté éteint en pleine tempête, causant le naufrage d'un bateau. de cet incident va découler deux choses: le constat de la situation familiale de Loupiote et de leur dette. Barricadant le père dans son phare avec une armée d'allumettes, les instances du village envoie la jeune fille dans une grande maison sombre et isolée, celle d'un amiral, où, paraitrait-il, réside un monstre. Loupiote fait alors la connaissance de gens y vivant: Martha, domestique de son état, Lennie, son fils, Nick, sorte de gardien des lieux, et Edward, un enfant possédant des cheveux verts et ce qui s'apparente grandement à une queue. Plongée malgré elle dans un environnement plutôt hostile, la jeune fille doit travailler pour éponger la dette de sa famille, mais sa présence en ces lieux pourrait bien apporter une fraicheur grandement salvatrice.


Je disais donc que ce roman m'évoquait l'histoire d'Édouard aux mains d'argent, de Tim Burton. Tout comme dans ce film devenu culte, nous avons une résidence sombre en retrait d'une petite communauté, où suite au décès d'un homme très savant, on y découvre un "Monstre". Si Édouard et Edward n'ont pas le même handicap, l'un doté de mains ciseautés et l'autre une queue de triton, nous avons également un talent commun. Edouard avait la particularité de tailler artistiquement des buissons avec ses habiles doigts en métal, et j'observe le même talent en la personne de Lennie, avec des cisailles. le parallèle m'amuse beaucoup.


Tout comme dans Edouard aux mains d'argent, le thème de la différence est assez central. Loupiote intègre une famille atypique, avec une Martha angoissée, un Lennie qui a une déficience intellectuelle, un Edward dont on a poussé la sidération physique à un haut niveau et un Nick mystérieux, qui semble avoir une conscience aigu du monde qui l'entoure. Il est bien sur fort triste de constater que Loupiote et Edward partagent le même mauvais traitement de la part de leur père. Dans le cas de Loupiote, c'est de la maltraitance et de la parentification. Elle a des responsabilités d'adulte qu'elle ne devrait pas avoir a assumer et qui sont source de stress pour elle. Je note aussi la grande dépréciation qu'on entretient à son endroit tout comme à elle-même. Loupiote se sent stupide et on lui fait sentir qu'elle l'est. Eward, pour sa part, est l'enfant ayant une force - ses compétences aquatiques forts conventionnelles pour un triton - mais qu'on a rabaissé au statut d'handicap. Grâce à un discours qui s'apparente beaucoup à de la sidération, on a fait croire à cet enfant qu'il est malformé. Un peu comme une version réelle de l'adage "on n'apprend pas à un poisson à grimper aux arbres", Edward est contraint d'apprendre à marcher. Et bien sur, il échoue lamentablement, ce qui n'aide pas ce garçon qui cultive un gros sentiment d'infériorité. On le voit notamment dans sa façon de rabaisser Loupiote quand à son analphabétisme et sa maladresse mémorielle. Lennie, enfin, est un personnage attachant. Considéré comme un simplet, il a néanmoins de grandes forces, physiques, mais aussi affectives. Il est loyal, tendre, serviable et gentil.


Les adultes aussi sont contrastés entre eux, dans ce roman. Madame Amalia, institutrice qui a été chercher Loupiote chez elle pour la transplanter cavalièrement dans la maison de l'Amiral, père d'Edward, m'a semblé bien austère. Elle se croit dotée d'une grande bonté, alors qu'en réalité, elle semble apprécier de pouvoir imposer sa vision des choses, sans la moindre considération pour les besoins et les opinions d'autrui. Elle m'a rappelé ces individus qui allaient chercher les enfants autochtones dans leur communauté pour les mener vers un pensionnat chrétiens, alors qu'ils se croyaient investie de la sainte mission d'éduquer ces "sauvages". Des gens qui se croyaient "bons", alors qu'ils ont causer beaucoup de mal.


Les personnages de la foire, qui arriveront plus tard dans le roman, inspire quand à eux beaucoup de compassion. Considérés comme des "bêtes de foire", ils n'ont plus le droit à leur humanité et sont sous le joug d'un gardien imbu de sa personne. le personnage d'Oswald, de petite taille, avait pour sa part une grande empathie. C'est un de mes personnages préférés.


Je pourrais prendre encore beaucoup de temps pour détailler chaque personnage, qui sont, je le constate, plutôt nombreux, mais je condenserai en disant qu'ils sont diversifiés et assez différents les uns des autres. Mention spéciale à la maman de Loupiote, qui ne s'est pas laissée descendre au rang de "possession" par son premier mari. Et sur la maman d'Edward, un dernier mot: C'est elle qui semble inspirée du conte de la "Petite Sirène", car c'est sans voix et dotée de jambes dans un court laps de temps qu'elle rejoint l'homme qu'elle aime sur la terre ferme. Il est aussi notable que les sirènes de cette histoires sont beaucoup plus près de ce que le folklore maritime concevait des sirènes ( à savoir dangereuses et féroces) que les versions édulcorées modernes.


C'est un roman où les personnages sont bousculés par la vie, certains assurément plus que d'autres. On abordera la violence parentale, mais également le deuil, le sentiment d'impuissance, le jugement social, la peur du changement et les étiquettes stigmatisantes. Ce n'est donc pas un roman particulièrement joyeux, peu s'en faut. Toutefois, la lumière progresse dans cette histoire. Un papa qui prend acte d'être aller trop loin et qui cultive une culpabilité d'autant plus féroce qu'elle ne peut plus être noyée dans l'alcool. Un père absent qui craignait plus que tout de voir son fils être traité de montre, mais qui a fini par le traiter comme tel. Une maman décédée, qui veille sur sa fille, en dehors des frontières matérielles. Un petit garçon complexé et colérique qui tente de survivre à un monde qui n'est pas le sien. Une petite fille qui se découvre le même caractère déterminé que sa mère et qui voit au delà des jugements hâtifs. Une bande de pirates qui se montrent solidaires en dépit de leur statut de bandits. Une famille dépareillée qui s'était trouvée un équilibre grâce à une petite fille naturellement altruiste. La joie de progresser, de se découvrir des forces, de croire en soit.


Au début, il faut s'habituer au texte un peu décalé. Certains éléments, comme le vent, parlent. On ignore s'ils parlent vraiment ou si tout cela est la résultante de l'imaginaire des personnages, mais le flou entretenu peut déconcerter certains lecteurs. Je dirais que c'est un peu des deux. Parfois, quand on est proche de quelqu'un, on a l'impression qu'on peut entendre ses commentaires ou imaginer ce qu'il nous dirait. C'est à cette impression que je songe dans le cas des personnages, quand Nick entend Loupiote, quand Loupiote entend sa mère et Edward son père. On cultive un certain monologue intérieur et il n'est pas rare que l'influence des gens de notre entourage y prenne part, parfois malgré nous. Quand aux éléments, et bien, ça leur donne une personnalité le vent se montre souvent moqueur et implacable et je ne doute pas que de notre perceptive, il ait l'air de cela, en pleine tempête. Nous ne sommes pas grand chose face aux forces de la Nature. le texte a aussi parfois des alternances pas toujours évidentes entre les personnages. Je constate aussi qu'il y a relativement peu de descriptions du physique des personnages, hormis les "bêtes de foire".


Bref, malgré un style d'écriture parfois un peu confondant, j'ai trouvé le tout captivant et même doté d'une centaine poésie un peu mélancolique. Oui, ça respire la tristesse, mais le tout se referme sur l'espoir. Les personnages convergent vers une fin partagée et dont certains poursuivront leur route ensembles. les personnages moins sympathiques sont en reste, ce qui demeure dans le ton du conte moderne: les gentils gagnants, les méchants perdants. Les personnages plus nuancés trouveront une chance de faire amande honorable. La fin s'ouvre sur des possibles heureux. Un bon roman qui malgré certains aspects similaires à d'autres histoires, reste original dans plusieurs angles. Et je suis toujours heureuse de voir un personnage féminin avoir suffisamment d'estime de soi pour aller de l'avant, surtout une force tranquille comme Loupiote, qui use de sa colère seulement quand il le faut. Parce que oui, la colère peut être une force, surtout quand il s'agit de se battre pour la justice, le bien-être de soi et des autres et la liberté. Ah! Et je suis ravie de voir enfin un garçon-sirène! Enfin...un triton, plutôt.


Ce roman est illustré dans les entre-parties, et s'intitule très justement "Lumière" en néerlandais, son titre original.


Pour un lectorat à partir du troisième cycle primaire, 10-12 ans.
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Emilia Waterman dite Loupiote vit avec son père Augustus dans un phare dont ils gèrent le bon fonctionnement sur une presqu'île ; or, une nuit de tempête, Loupiote s'aperçoit qu'il ne reste plus d'allumette pour allumer le feu au sommet du phare et malgré tous ses efforts pour rejoindre la terre ferme et aller à l'épicerie, elle échoue et un navire s'abîme sur la côte. le shérif prend l'affaire en main, Augustus est condamné à dédommager l'armateur de 5.000$ et sa fille lui est enlevée par Mlle Amalia, l'institutrice du village. Loupiote est envoyée à la Maison noire de l'Amiral où elle est accueillie par Martha, son fils Lennie et l'homme de maison, Nick ; elle est condamnée à y travailler pendant sept années pour participer au paiement des dommages causés par son père. Une légende laisse croire qu'un monstre vit dans ce manoir et Loupiote découvre qu'il y a bien une créature dans une des chambres…


Annet Schaap a étudié dans une école d'art à Kampen, une commune néerlandaise située dans la province d'Overijssel.(Christelijke Academie voor Beeldende Kunsten) et plus tard à la Royal Academy of Art de la Haye. En 1988, elle illustre son premier livre pour enfants, Joppe, Julia en Jericho de l'écrivaine autrichienne Christine Nöstlinger. Annet Schaap a continué à illustrer de nombreux livres - près de 250 oeuvres illustrées à ce jour ! - de nombreux auteurs dont Francine Oomen, Jacques Vriens, Mieke van Hooft, Thea Dubelaar, Janneke Schotveld, Liesbeth van der Jagt, Paul Biegel et Astrid Lindgren. Ses illustrations ont également été publiées dans des magazines pour enfants, tels que Okki et Taptoe.

En 2017, elle fait ses débuts en tant qu'auteur avec le livre Lampje pour lequel elle remporte le Nienke van Hichtum-prijs, le Woutertje Pieterse Prijs et le Gouden Griffel. En 2020, le livre a été nominé pour le prix Carnegie Medal, c'était la première fois qu'un livre traduit était nominé pour le prix. L'Ecole des loisirs permet aujourd'hui aux jeunes lecteurs français de lire ce texte multi-primé.


Annet Schaap a connu un grand succès avec ce roman aux Pays-Bas adapté en dessin animé ; après une traduction en anglais, il est actuellement traduit dans plusieurs langues et sa nomination pour le prix Carnegie Medal a renforcé l'intérêt pour ce texte. Il s'agit d'un roman fantastique sombre. L'intrigue se déroule dans une contrée imaginaire qui ressemble à la côte de la mer du Nord ou de la mer Baltique mais il y a un shérif et la monnaie du pays est le dollar et nous savons que Annet Schaap a trouvé l'inspiration lors d'un voyage autour des lacs canadiens - où elle a d'ailleurs rencontré son mari ! La jeune héroïne, orpheline de mère, pauvre et sans éducation, se retrouve dans un manoir sombre et humide où elle rencontre un triton, fruit des amours d'un capitaine de vaisseau et d'une sirène ; alors que la créature marine vit recluse et souffre d'accès de violence, l'héroïne va l'apprivoiser et découvrir son histoire.

Annet Schaap emprunte à la fois au conte la construction du récit romanesque avec le parcours initiatique de l'héroïne mais elle renverse les rôles en attribuant le rôle du sauveur au féminin et celui du sauvé au masculin ; elle s'inspire évidemment librement des contesHans Christian Andersen et tout d'abord évidemment à la petite fille aux allumettes mais surtout elle reprend le personnage de la sirène et un long passage au coeur du roman est un hommage à l'histoire tragique de la petite sirène mettant en scène la soeur de celle-ci dans une galerie de monstres.

L'action est ramassée sur quelques actions successives, l'intrigue dure peu de temps et il y a peu de lieux : le phare, le manoir, le port, le bourg, la forêt. Toute la tension provient du sentiment d'étrangeté, d'allusions horrifiques et d'un malaise lancinant. Comme dans les contes, il est question de parents défaillants et cruels, de dangers à surmonter pour rester en vie, d'omniprésence de la mort.


Le roman s'adresse à des lecteurs aguerris à des récits littéraires. Il n'est d'ailleurs pas surprenant que ce texte soit celui d'une illustratrice tant le pouvoir des images dans ce roman est envoûtant.
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Depuis que je me suis mis à relire certains classiques de la littérature pour enfants tels qu'Anne de GreenGables ou Les Quatre filles du Dr March, j'ai également envie de découvrir les titres qui seront peut-être les classiques de demain. C'est ce que je pressentais en voyant la présentation de la fille du phare, ce ne fut malheureusement pas le cas à lecture de ce titre de part trop déstabilisant.

Avec sa superbe couverture toute de bleue avec son dessin naïf à la Sempé, ce roman avait de gros atout pour lui : c'est un bel objet livresque doté d'illustrations entre les grandes parties que j'ai trouvées parfaites pour accompagner le propos de l'oeuvre et mettre dans l'ambiance ; et c'est un titre qui promettait une belle évasion avec ce phare, ces monstres et cette sirène en couverture. Mais à la lecture, même si j'ai retrouvé ces marqueurs, cela ne s'est pas passé comme prévu.

Malgré une lecture vraiment très bien ciblée pour son public, qui n'a pas été sans me rappeler Les Orphelins Baudelaire, belle série à succès, dans sa narration et plume un peu vieillotte, je n'ai jamais vraiment réussi à rentrer dans l'histoire. La faute à un ton trop décalé de bout en bout qui m'a semblé manquer d'émotion à cause de nombreuses scènes que j'ai trouvées écourtées, comme coupées dans leur élan. Impossible alors de vraiment plonger dans cette ambiance malgré ses atouts.

Je ne mentirais pas, si vous ne ressentez pas ce heurt comme moi, je pense que l'histoire doucement tragique de cette petite fille qui vit seule avec son père dans un phare et qui se retrouve enlevée à lui du jour au lendemain pour suspicion de maltraitance avant d'être placée dans une riche maison pour travailler, devrait vous émouvoir. Il y a là tous les codes d'une certaines littérature enfantine qui fonctionne : un pauvre père, veuf, esseulé qui noie son chagrin dans l'alcool et ne fait plus attention à sa fille ; une petite fille triste mais débrouillarde qui adore son père ; des adultes extérieurs qui pourraient sembler méchants du point de vue d'un enfant de par leur ingérence maladroite ; un nouveau lieu de vie et ses habitants mystérieux. Tout est réuni pour créer un récit qui est censé happer et interroger.

J'ai apprécié, malgré ses faiblesses dont je parlais plus haut, la découverte du mystérieux nouvel environnement de Loupiote / Emma. C'était touchant de la voir découvrir, en frissonnant, les lieux. J'ai aimé la relation qu'elle va tisser avec le fils du propriétaire, un garçon mystérieux doté d'une queue, qui n'arrive pas à marcher. Cependant, j'ai trouvé assez maladroit la façon dont l'histoire va peu à peu s'orienter vers lui, légèrement au détriment de Loupiote avant de revenir brusquement sur celle-ci. le va-et-vient est mal géré. C'est dommage parce que par contre le traitement de la différence de chacun, elle, est bien faite, que ce soit illettrisme d'Emma, la difformité d'Edward ou le retard mental de Nick. L'autrice en parle avec finesse et subtilité, intégrant ces personnages à l'histoire, leur faisant vivre à leur tour l'aventure qui se joue, sans différence, ce qui m'a beaucoup plu.

L'aventure fut vraiment étrange et déstabilisante dans son écriture et son ambiance générale qui semble recouverte d'une épaisse brume. Elle se partage entre découverte de la vie au phare d'Emma, basculement dans les mystères d'une nouvelle demeure, recherche de l'identité d'Edward et des raisons de ses particularités et sauvetage du père d'Emma. On passe pour cela avec aisance d'un lieu à l'autre : phare, manoir (Maison Noire), foire, mer. L'autrice joue sur plein de registres : mer / piraterie, aventure, fantastique. C'est très divers et on n'a pas le temps de s'ennuyer. Si ce n'était ce sentiment de manque d'aboutissement à chaque fois, qui s'est encore plus fait sentir dans la fin très abrupte qui appelle presque une suite, cela aurait pu être une très belle lecture avec des thèmes forts autour du handicap et de la différence. Je regrette donc vraiment ses maladresses qui sont vraiment propres à l'autrice et non à l'âge cible, comme je peux le reprocher parfois.

J'ai donc vécu un moment assez singulier avec cette lecture. Entre fascination face aux aventures fantastiques vécues par la jeune héroïne et frustrations face à des sentiments inaboutis que l'autrice a tenté de me forcer à ressentir : tristesse face à la situation misérable de ces enfants, espoirs de reconnaissance parentale, dépassement de soi et acceptation. Au final, c'est un thème que je n'attendais pas : la différence, qui a tiré son épingle du jeu et m'a séduite. Malgré ses faiblesses, je serais curieuses de voir ce que l'autrice a à proposer d'autre pour voir si elle pourrait corriger cela. Une aventure humaine inattendue.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Annet SCHAAP. La fille du phare.

Encore une fois c'est la couverture qui m'attire. Cette sirène qui se fraie un passage au sein des flots bleu. Au loin ce phare qui éclaire la houle… Les tons pastel indiquent de la douceur, de la tendresse, de l'amitié, de l'amour… .L'histoire débute de façon extraordinaire. Une petite fille, Emilia, dite Loupiote, brave la tempête afin de ce rendre au village pour acheter des allumettes. Sans ces précieuses allumettes, le phare ne brillera pas cette nuit et un naufrage se produira. Comment une petite fille d'une dizaine d'années peut-elle emprunter ce gué particulièrement dangereux, alors que Augustus, son père demeure au foyer. Il a perdu l'usage d'une jambe et à sombré dans l'alcoolisme…Les corvées sont dévolues à Loupiote….

Suite à ce naufrage, et à la perte d'un bateau, le shérif décide de condamner le père et sa fille à dédommager le préjudice. le gardien du phare va être cloîtrer à demeure dans le phare. La porte d'entrée est scellée. Il devra, chaque soir gravir la soixantaine de marches pour allumer la mèche du phare et l'éteindre chaque matin. Il ne pourra plus sortir de ce lieu  : chaque jour une vieille lui portera son repas. Il faut régler une somme de 5000 dollars pour éponger la dette occasionnée par le fracas sur les rochers du bateau. Et Loupiote va devoir gagner la Maison Noire de l'Amiral où elle effectuera de nombreux travaux. On dit qu'un monstre habite ce manoir… Il faudra sept années à ce père et à sa fille, pour apurer la dette ! Martha, l'employée de maison règne sue cette vaste demeure en l'absence de son propriétaire. Elle a un fils Lennie, un peu attardé. Il y a fort à faire dans cette vaste propriété. La poussière abonde et les araignées tissent leurs toiles, la vaisselle est entassée dans l'évier, les pelouses doivent être tondues, les arbres taillés. Et ce monstre que personne n'a vu !

Loupiote, très courageuse va l'affronter : quelle surprise, Edward est un enfant, comme elle mais présentant une particularité. Il n'a pas de jambes mais une queue comme les sirènes. Parviendra-t-elle à l'apprivoiser ? Les tentatives d'approche de ce garçon qu'elle nomme Poisson, complètement désorienté, condamné à la solitude, à l'exclusion vont-elles réussir ? Loupiote est fort patiente. N'ayant fréquentée l'école que deux semaines, elle lui demande de lui apprendre à lire et à écrire.

Pourquoi cet enfant vit-il reclus dans cette immense mansarde, ne voyant qu'épisodiquement son père, l'amiral ? Ce dernier parcourt les mers, les océans de longs mois et ne rentre guère qu'une fois par an ! Une amitié va naître entre ses deux êtres ; Loupiote désire remettre Poisson dans son univers. Une histoire fantastique se déroule sous nos yeux. Ce récit me rappelle : « Une sirène à Paris » de Mathieu MALZIEU ( à lire). Les sirènes, les pirates, un cirque itinérant, l'amitié, la force de Loupiote font de ce récit initiatique une belle histoire qui va plaire aux jeunes enfants. de l'irréel, de la féerie, de la magie, des relations humaines unissant les principaux acteurs font vivre toutes la vie rocambolesque de Poisson. Un hymne à l'exclusion, à la différence, à la camaraderie, à la fraternité, à la sympathie. Bonne lecture à nos chers têtes blondes. de fort belles illustrations, en noir et blanc, telles des eaux-fortes, ponctuent ce récit.
10/08/2023).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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critiques presse (2)
LeSoir
09 mai 2023
Dans ce premier roman, Annet Schaap plonge dans les eaux troubles de l’humanité, qui, telle la lentille d’un phare, alterne ombre et lumière.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Liberation
06 octobre 2022
Outre cette accumulation, et des tas de rebondissements dont deux enterrements, l’attrait de la Fille du phare tient à la personnalité de Loupiote-Emilia. La petite fille apprivoise tous les êtres autour d’elle, et d’une façon très moderne se joue des barrières, des convenances.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Une presqu’île est une île à peine reliée à la terre ferme, telle une dent de lait qui ne tient plus qu’à un fil. Sur la presqu’île de cette histoire se dresse un phare haut et gris, dont la lumière tournante éclaire pendant la nuit une petite ville située en bordure de mer. Ce phare guide les bateaux et évite qu’ils ne s’écrasent sur les rochers disposés malencontreusement au milieu de la baie. Il rend l’obscurité moins obscure, le vaste monde moins vaste, et l’océan immense moins immense.
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Le naufrage de ce bateau , c'est très grave. Quelqu'un doit en endosser la responsabilité, il le sait bien. Or la responsabilité est un œuf pourri que l'on se rejette, encore et encore. Personne ne veut l'attraper, personne ne veut être éclaboussé.
Il peut imaginer cet œuf en train de voler dans les airs. Le propriétaire du bateau accuse l'armateur. L'armateur, qui a perdu sa cargaison, se retourne contre le capitaine. Le capitaine met en cause les éléments. La tempête ! Les vagues déchaînées ! Le malencontreux rocher qui se trouvait au milieu de la baie !Mais essayez de traîner un rocher devant un tribunal. Essayez de le presser afin de récupérer l'argent perdu. Tout ce que vous obtiendrez, ce seront des doigts écorchés.
Qui attrapera l’œuf, qui endossera la responsabilité ?
pages 33-34.
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Se rappeler, c'est ce qui est difficile. Sa tête est tellement emplie de chansons, d'histoires, de choses qu'elle doit apprendre, de choses qu'elle voudrait oublier mais qui reviennent sans cesse. Elle oublie souvent ce qu'il lui faut se rappeler,mais elle se souvient toujours de ce qu'elle voudrait oublier.
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Les livres sur l'étagère sont morts de rire. "C'est difficile, hein" gloussent-ils. "Hé oui, ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir lire, cela demande des années et des années d'étude. Regardez-moi cette enfant, cette jeune servante, elle croyait qu'elle arriverait à lire en un rien de temps. Qu'est-ce qu'elle s'est imaginé ? Chacun à sa place ..."
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Les oiseaux marins planent dans le ciel autour de la tour et crient joyeusement comme s'ils s'adressaient au soleil.
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