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Elisabeth Landes (Traducteur)
EAN : 9782081238206
144 pages
Editions Arthaud (15/09/2010)
4.15/5   41 notes
Résumé :

Désertes ou peuplées d'étranges créatures, paradis perdus ou contrées dantesques, les îles ont ceci de magique qu'elles inspirent la crainte autant que la fascination. Cet Atlas des îles abandonnées nous emmène en voyage clans des territoires éparpillés sur le globe, à la frontière du monde tangible et de l'imagination. Dans les eaux polaires du Nord, l'île Solitude est murée clans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Les îles abandonnées sont comme toutes les îles des bateaux immobiles » dixit Olivier de Kersauson qui préface magnifiquement ce très bel ouvrage au charme désuet, entièrement habillé de bleu pâle et de jaune éclatant du plus bel effet.
Vous conviendrez aisément qu'il s'agit là d'une aubaine propice à l'évasion immobile, échouée sur une chaise longue, cernée par la canicule ambiante…

Comment l'aborder ? ( l'ouvrage évidemment )
J'opte sans hésitation pour la méthode aléatoire, accoster au hasard des pages, des anecdotes et des cartes finement dessinées par l'auteur elle-même - aucune photo ici, charme désuet oblige. Une double page par île, texte à gauche, carte à droite. Maquette sobre mais efficace, dans un style explorateur du XIXème siècle. C'est beau, très agréable à consulter et instructif. Certains récits ne manquent pas de saveur, d'autres sont carrément effrayants - une île n'est pas nécessairement paradisiaque, plusieurs sont même franchement inhospitalières, inhabitées.

Solitude, Déception, Possession…
Rodolphe, Raoul, Franklin…
Ou des îles plus connues Clipperton, de Pâques, Sainte-Hélène.
Une cinquantaine d'îles au total, perdues « à mille milles de toute terre habitée », majoritairement dans l'océan Pacifique.
Des informations classiques, situation, superficie, habitants, mais l'intérêt réside surtout dans le choix volontairement subjectif des anecdotes, légendes, histoires authentiques ou invraisemblables de chacun des textes de présentation.
Naturellement tous ne présentent pas le même attrait, mais l'ensemble est narré dans un style agréable et souvent poétique qui donnerait presque l'impression de consulter de courtes nouvelles insulaires.

Une réussite selon moi à condition de ne pas chercher un ouvrage de géographe exhaustif sur les îles abandonnées, ce n'est clairement pas l'objet du livre.
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Gamin, j'avais pour sous-main un planisphère sur lequel mes yeux ne cessaient de se poser, et un globe terrestre illuminé. Plein de copains avaient les mêmes objets dans leur chambre, sans que cela ne déclenche chez eux le moindre intérêt pour la géographie. Chez moi, miracle, la consultation des atlas est devenu un moyen d'imaginer le monde et ses richesses.

Cet Atlas des îles abandonnées, qui s'intéresse aux confettis parsemés un peu partout dans les océans, ces points microscopiques des mappemondes, est franchement un trésor. L'objet est beau, à l'ancienne, avec une police d'écriture soignée. La tranche est d'un jaune passé.
Les cartes déroutent un peu au départ : la représentation graphique se limite le plus souvent aux contours de l'île et au relief. Il faut dire qu'il n'y a souvent rien d'autre à y ajouter, s'agissant pour un bon nombre d'îles inhabitées. Tout au plus parfois une petite bourgade et un début de route menant nulle part. La mer entourant ces endroits est figurée par un bleu pâle peu usité. L'échelle semble absente, puis on la découvre en bas à gauche, petits pointillés s'étalant de 1 à 5 kilomètres. Du coup, toutes les îles évoquées sont représentées à la même échelle. Lorsque la graphie fait apparaître un tout petit ensemble au centre d'une page, il s'agit véritablement d'une toute petite surface.

L'introduction « Le paradis est une île, l'enfer aussi », est en soit très intéressante. Judith Schalansky rappelle la difficulté, voire l‘impossibilité, de trouver une représentation graphique adéquate : « Toutes les projections en faussent les représentations. Les distances sont inexactes, ou bien les angles, ou les rapport des surfaces entre elles. On aura, par exemple, une représentation du monde qui respectera les angles, mais où les proportions des pays sont scandaleusement faussées et où l'Afrique, deuxième continent en superficie, a exactement la grandeur du Groenland, deuxième île au monde certes, mais en réalité quatorze fois plus petite ».
Petite pensée au passage pour mon sous-main, qui m'a toujours fait passer les terres polaires pour des espaces immenses de la taille de continents.

Les textes choisis pour illustrer ces îles surprennent. Là où on pourrait s'attendre à un descriptif géologique ou à des explications sur la faune et la flore, Judith Schalansky se limite délibérément à une simple anecdote. Mais ces petites histoires en apprennent beaucoup sur l'aridité de certains paysages, sur l'impossibilité d'aborder des côtes inhospitalières, sur le climat infernal, ou l'omniprésence de colonies d'oiseaux marins, et aussi sur la bêtise humaine. Quand quelques hommes se retrouvent seuls jetés sur un rivage inhospitalier et finissent par se disputer un illusoire titre de roi.

Tour à tour, Judith Schalansky détaille la présence ancienne de peuples pour lesquels la confrontation à la modernité a été une calamité (île de Pâques), la montée des eaux du fait du réchauffement climatique avec l'île Takuu, les découvertes des grands explorateurs (Cook)… le monde est divers, constitué pour l'essentiel de mers et d'océans, et ce livre le rappelle magnifiquement.
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L'atlas des îles abandonnées est un recueil d'historiettes toutes plus savoureuses les unes que les autres.
Savamment préfacé par Olivier de Kersauson, l'introduction de l'auteur allemande nous rappelle les enjeux d'un atlas : politique, social, culturel...
L'ouvrage se découpe ensuite selon les localisations géographiques de ces îles abandonnées e Dieu et des hommes : Océan pacifique, atlantique, indien, antarctique.
Ces récits pleins de fureur et de bruits, sont autant d'odes au voyage, à l'homme et sa bêtise, à la nature.
Judith Schalansky nous emmène dans une bien curieuse aventure au fil de ces quelques cinquante îles avec talent. le style est net, parfois clinique, parfois empreint de romantisme. Ce livre est une excellente découverte. Et il est beau, à la manière de ces atlas d'autrefois.
À lire d'urgence par tous les amateurs de voyage.
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Etonnant exercice de poésie décalée, parfois joliment hermétique, sur les îles obscures du monde entier.

Paru en 2009 en Allemagne, et récompensé du prix du « plus beau livre de l'année », cet atlas n'en est pas un, mais une forme de construction littéraire, qui peut évoquer le magnifique « Last and Lost » des éditions Noir sur Blanc. Judith Schalansky a recensé, de manière joliment subjective, une cinquantaine d'îles « abandonnées » (mais pas nécessairement désertes), dans le monde entier, fournissant pour chacune une carte dessinée à la main, à la manière des ouvrages du XIXème siècle, et une anecdote, écrite pour l'occasion ou tirée de quelque récit ancien, créant ainsi un livre d'une étonnante poésie...

« Dans le journal de bord sont rigoureusement consignés les travaux de maintenance du chef mécanicien et les niveaux d'huile et d'essence des différentes machines. Mais l'ultime mention se joue des colonnes, on a marqué au stylo rouge : 23 novembre 1996. Aujourd'hui, réception de l'ordre d'évacuation. Ai vidangé les conduites et arrêté le générateur diesel. La station est... le dernier mot est illisible. » (Ile Solitude, Russie)

« En 1962, les Français de la première mission sur l'île en baptisent le massif septentrional du nom du plus fameux fabricant de rêves que leur nation ait jamais produit. Désormais, portent le nom de Jules Verne une chaine de monts escarpés sur cette île et un cratère de la face cachée de la Lune... » (Ile de la Possession, France)

« Chaque année, le Department of Conservation néo-zélandais envoie pour douze mois un collaborateur sur cette île, à cela près inhabitée. Neuf volontaires l'épaulent les mois d'hiver ou d'été, et restent chacun un maximum de six mois. Mais : « Tout le monde n'est pas fait pour vivre sur une île aussi isolée que Raoul », observe le Department dans sa brochure d'information. » (Ile Raoul, Nouvelle-Zélande)

Un avant-propos de quelques pages, fort bien écrit, explique la nature du projet de cette jeune Allemande, et la manière dont elle a procédé. Et comme l'ajoute Olivier de Kersauson dans sa préface : « Les îles abandonnées sont comme toutes les îles des bateaux immobiles. Une façon d'être sur la mer sans être obligé de travailler ; un bateau que l'on ne commande pas, et qui permet d'être un navigateur paresseux. Mais celles-là n'ont ni capitaine ni habitants. Morceaux de roche ou de corail découverts par hasard, visités parfois, rarement habités, souvent désertés. Est-ce les hommes qui ne voulaient plus d'elles, ou elles qui ne veulent pas des hommes ? » Un livre fascinant, donc, aux anecdotes mystérieuses qui, dans leur dépouillement et leurs ellipses, évoqueront tour à tour Jules Verne, en effet, William Vollmann ou encore Albert Sanchez Piñol...
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A l'instar du Livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa, cet ouvrage peut et doit s'ouvrir au hasard. Pour partir vers les rêves, les voyages et les utopies.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
En 1962, les Français de la première mission sur l’île en baptisent le massif septentrional du nom du plus fameux fabricant de rêves que leur nation ait jamais produit. Désormais, portent le nom de Jules Verne une chaîne de monts escarpés sur l’île de la Possession et un cratère de la face cachée de la Lune - deux pôles qu’il atteint sans peine au cours de ses Voyages extraordinaires.

Île de la Possession - Océan Indien
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Les Banabans n’enterrent pas leurs morts. Ils laissent les cadavres exposés devant leur hutte jusqu’à ce que la chair se décompose. Alors seulement, ils lavent les ossements dans la mer. Le crâne est conservé séparément. Les ossements du corps sont enfouis sous la maison et le crâne sous la pierre des terrasses, où les jeunes gens jouent avec les frégates.

Île Banaba - Océan Pacifique
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Sur Pukapuka, nul ne se soucie de savoir si une jeune fille est vierge quand elle se marie. Dans leur langue, il n'existe même pas de mot pour cet état physiologique. Une femme célibataire qui met au monde un enfant jouit d'un respect accru, elle augmente même ses chances de trouver un époux, car son futur à la preuve de sa fécondité.

Île Pukapuka - Océan Pacifique
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Même les cochons ici sont noir et blanc, comme si ces animaux étaient faits exprès pour les soixante-quinze habitants de Pingelap qui ne peuvent voir les couleurs. Ni le pourpre flamboyant du soleil couchant, ni l'azur de l'océan, ni le jaune vif de la papaye mûre, ni l'intense vert pérenne de la jungle touffue d'arbres à pains, de cocotiers et de mangroves. La faute en revient à la mutation du chromosome numéro huit et au cyclone Lengkieki , qui a ravagé l'île il y a des siècles de cela. De nombreux habitants ont péri alors, et seule une vingtaine d'entre eux survécut à la famine qui suivit, dont des porteurs du gène récessif , qui fut bientôt dominant dans le contexte de la consanguinité. Aujourd'hui, dix pour cent des habitants sont affectés d'une complète cécité aux couleurs. Ailleurs, ils sont moins d'un sur trente mille. On les reconnait à leur visage baissé, au perpétuel clignement de leurs yeux, au frémissement de leurs paupières qui se ferment sans arrêt, et aux rides qui se forment au-dessus de leur nez à force de cligner des yeux. Ils évitent le jour, la lumière, et ils ne quittent bien souvent qu'au crépuscule leurs cabanes dont les fenêtres sont tapissées de feuilles de couleur. Mais dans l'obscurité, ils déploient une grande activité et se meuvent plus librement que nul autre. Nombre d'entre eux affirment se souvenir toujours de leurs rêves, et certains disent même voir, la nuit, les bancs sombres de poissons d'eau profonde, qu'ils reconnaissent à la faible lueur lunaire reflétée par les petites nageoires. Leur monde a beau être gris, ils soutiennent pouvoir distinguer des choses qui restent cachées à ceux qui voient les couleurs- une polyphonie insoupçonnée de lueurs et de clairs- obscurs. Ils ne cessent de pester contre la niaiserie des discours sur la splendeur des couleurs, qui , à leur sens, nous détournent de l'essentiel: la richesse des formes et des dégradés, des structures et des contrastes
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Toutes les projections en faussent les représentations. Les distances sont inexactes, ou bien les angles, ou les rapport des surfaces entre elles. On aura, par exemple, une représentation du monde qui respectera les angles, mais où les proportions des pays sont scandaleusement faussées et où l’Afrique, deuxième continent en superficie, a exactement la grandeur du Groenland, deuxième île au monde certes, mais en réalité quatorze fois plus petite.
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