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Mi-Kyung Choi (Traducteur)Jean-Noël Juttet (Traducteur)
EAN : 9782070359134
256 pages
Gallimard (03/09/2009)
3.88/5   173 notes
Résumé :
Enigmatique et pénétrante, l'atmosphère de "La Vie rêvée des plantes" irradie d'un mélange déroutant d'infinie délicatesse et de violence extrême. Comme dans le jeune cinéma coréen, l'audace narrative l'emporte; on est pris à la gorge.

Contraint d'espionner sa propre mère pour un mystérieux commanditaire, Kihyon est confronté à d'obscurs secrets de famille. Par tous les moyens, il tente de réparer les blessures du passé, entre une mère au comportement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre « La vie rêvée des plantes » du coréen Lee Seung-U est délicat à résumer car il comporte tant de choses indicibles...juste raconter l'histoire c'est lui ôter tout ce qui l'entoure, cet espace par moment surnaturel, la nature décrite vibrante de vie, son onirisme et son ésotérisme, l'écoulement du temps, parfois lent, parfois suspendu, pouvant tourner en rond ou filer. Oui, son atmosphère. Ce récit est beau et m'a fait du bien, m'a même par moment envoutée, notamment du fait de la présence de belles métaphores surréalistes de l'amour, de l'amour passion, absolu, basées sur la nature. Il distille une sorte d'apaisement, de caresse, de doux flottement, ce malgré quelques passages durs, voire crus.

« Elle s'était tue. Les rayons du soleil passaient à travers les mailles ajourées du rideau. La poussière voltigeait comme des éphémères dans la lumière. La mélodie, lente et mélancolique, s'immisçait doucement à travers cette danse immatérielle ».

Après des années d'absence et d'errance, Kihyon revient dans le giron familial où dominent silence et non-dits. le père notamment ne dit jamais rien et ne s'occupe que de ses plantes au point d'être fantomatique, la mère, froide et distante, tient un restaurant, ce qui lui prend tout son temps, et son frère, pourtant promis à un bel avenir, Uhyon, se terre désormais dans sa chambre depuis qu'il a perdu ses deux jambes durant son service militaire. Kihyon vit de petits boulots et notamment exerce le métier de détective privé. Il est chargé par un mystérieux commanditaire de suivre sa propre mère. Cette curieuse filature va lui permettre de lever le voile sur le secret de cette femme et de comprendre pourquoi son frère ainé a toujours été préféré par sa mère…au point d'ailleurs qu'elle l'amène, sur son dos, voire les prostituées afin d'assouvir ses pulsions sexuelles. Ce d'autant plus que Sunmi, la petite amie de Kihyon, n'est plus là. Sunmi dont Uhyon était tombé fou amoureux.

« Elle avait ce teint pâle de plante poussée dans l'ombre. Ses longs cils palpitaient ».

Ce retour après toutes ces années nous montre un Uhyon bien plus mature, plus lucide, qui se rend compte de sa responsabilité dans le drame survenu et le destin de son grand frère. Il tente, avec beaucoup de sensibilité et de courage, de redonner un sens à la vie de son ainé au destin brisé.

Un livre sur les secrets, les silences, terreau de toute histoire de famille dans lequel Lee Seung-U plante des graines d'espérance. Y poussent alors, dans une sorte d'onirisme, des arbres dont les racines s'enlacent, dont les troncs se mélangent au point de ne former qu'un, dont les feuilles se caressent, dont les frondaisons frôlent les cieux… Une nature qui nous montre le chemin, nous guide vers l'essentiel.

« Un arbre effectivement voluptueux, svelte et souple comme un corps de femme. Il enlaçait le pin dans une tendre étreinte. J'imagine que, sous terre, leurs racines s'entremêlaient dans une intimité encore plus scandaleuse ».

Une lecture magique dans laquelle la violence côtoie la douceur, la bassesse conjugue la grandeur d'âme, le drame s'entrelace à la poésie, les penchants bestiaux se déclinent en amour pur et en bonté, la crudité en sensualité, « La vie rêvée des plantes », je le sens, va rester en moi et va diffuser ses particularités que, en tant que lectrice occidentale, j'ai du mal à mettre en mots. C'est un ressenti avant tout, comme une main qui vient nous caresser pour nous transcender.

« Ce qui en nous est le plus apte à exprimer les sentiments, n'est-ce pas la main ? de cette main, émanaient une tendresse, une affection extrêmes, perceptibles même pour quelqu'un qui regardait à bonne distance. Cette main câline et aimante glissait sur les cheveux de l'homme, ses oreilles, ses yeux, ses lèvres. Et à chacune de ses caresses, le visage s'éclairait, s'illuminait d'or ».

Voilà ce que m'a procuré ce livre à chaque fois que je l'ouvrais. Je crois. Un esprit surnaturel l'habite.



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Après des années d'absence, Kihyon revient vivre auprès des siens, dans la maison familiale où règne le silence. Sa mère tient un restaurant qui lui prend tout son temps. Son père ne s'occupe que de ses plantes. Son frère, Uhyon, vit reclus depuis qu'un accident durant son service militaire l'a privé de ses deux jambes.
Kihyon exerce en dilettante le métier de détective privé est chargé par un mystérieux commanditaire de suivre sa propre mère. Sa filature lève le voile sur le grand secret de cette femme qui lui a toujours préféré son aîné. Ne va-t-elle pas, depuis qu'il est amputé, jusqu'à le conduire dans des motels où il peut assouvir ses pulsions sexuelles avec des prostituées qu'elle se charge de trouver ? Ce frère, étudiant brillant et engagé, passionné de photographie, promis à un bel avenir, adoré par ses parents, a toujours été source d'admiration et de jalousie pour Kihyon, jalousie exacerbée par la présence de Sunmi, sa petite amie dont il s'était follement épris. Mais avec son retour, Kihyon, plus mûr, plus lucide, prend conscience de sa responsabilité dans le destin de Uhyon et va tenter de redonner un sens à la vie du jeune homme qui vit très mal sa nouvelle condition.

Entre délicatesse et violence, poésie et réalité crue, le récit de Kihyon est une confession où l'espoir fou de réparation se substitue peu à peu à la culpabilité. Dans cette famille qui vit dans le silence et les non-dits, les sentiments couvent comme le feu sous les braises. le père, effacé, négligé, est pourtant celui qui unit et aide, de loin, les siens à se redécouvrir.
Flirtant avec la mythologie et le fantastique, cette histoire poétique sait aussi se faire violente et érotique. Une lecture intrigante et envoûtante qui prouve encore une fois combien la littérature coréenne, étrange et subtile, recèle des petites merveilles méconnues. A découvrir.
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Refermer ce livre m'a confirmé un désarroi qui grandissait en moi avec le temps qui passe : au plus je lis, et au plus je me rends compte que jamais je n'arriverai à lire tous ces livres qui attendent bien sagement dans leur coin pour me faire rêver...

Connaissant mes goûts pour les découvertes littéraires, je me suis cette fois envolé pour la Corée du Sud, avec le premier roman traduit en français (chez Zulma - dont on connait l'art de dénicher les perles) d'un auteur majeur dans la littérature coréenne contemporaine... comme souvent injustement inconnu sous nos lattitudes... ce voyage ne pouvait donc que me plaire sur papier; et il a comblé mes espérances.

A la fois mystérieux avec un zeste subtil de fantastique, mais également à haute teneur poétique de par son univers teinté de plantes et d'arbres, ainsi qu'une réflexion sur les relations et les non-dits entre les membres d'une famille, ce livre m'a fait penser à un savant mélange entre Yoko Ogawa et Murakami. Décidément, la littérature asiatique ne cessera jamais de me surpendre.

Un roman à apprécier également entre les lignes. Je ne peux donc que vous conseiller de vous laisser bercer comme moi par ce fort joli conte.
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Écrire un livre, c'est « entrer dans la vase ». Cette phrase de l'auteur, Lee Seung-U, pour résumer la genèse de son roman. Je me suis longtemps interrogé sur la signification de cette phrase. A quel moment de la vulgaire boue peut entrer dans le processus créateur de l'auteur ? Et puis, j'ai eu mal à la tête. Alors j'ai arrêté de réfléchir et j'ai bu une bière. Je me suis senti mieux. Et j'ai pu apprécier.

J'ai repensé à cet arbre, un palmier du brésil qui poussa dans un univers plus hostile au bord d'une falaise de Corée du Sud. Une graine à l'origine brésilienne qui traversa les courants, les flots et qui se déversa dans cette boue venue s'échouer sur le rivage coréen. Avec vents et marées, de l'attention et de l'amour, cette graine a su se développer et capter l'âme d'un couple, celui d'un amour brisé.

La lecture est toute fraîche. Pourtant, je me rends compte que j'ai un mal fou à rassembler mes idées sur le sujet. Il y a tellement dedans. Tellement quoi, vous allez me dire ? de l'émotion, des sentiments, de la passion mais aussi de la rage et de la haine. Une violence des sentiments aux deux extrêmes entre amour et déchirement. C'est une magnifique lecture et une surprenante découverte. Des secrets, des histoires de famille, des silences. Mais aussi des arbres, du soleil, de la magie, de l'espérance. de la poésie en somme, symbolisée par la présence de ces arbres et de cette nature quasi mystique.

[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Voilà un roman qui confirme qu'il y a les lectures que le mainstream impose, et celles que l'on découvre, à chercher, vous savez cette perle précieuse. Alors... Il y a ce qu'on voit, et surtout ce qu'on ne voit pas. Par exemple, prenons un arbre, il y a le tronc, solide et droit. Il y a les feuilles que le vent fait déplacer, frôler, caresser celles des autres arbres, sans que jamais le tronc fasse un pas. Aucun tronc ne rentre en contact avec un autre. Et il y a les racines, invisibles, et pourtant primordiales, essentielles, vitales, qui s'entremêlent. Pensez-vous que ceci ne s'applique qu'à la forêt toute entière ? Non. C'est aussi vrai pour les hommes. Voilà ce que ce roman coréen viendra vous révéler : son onirisme est saisissant. Vous pensez lire l'histoire d'une famille ? Ne pas se laisser berner par l'histoire du narrateur : l'auteur nous rappelle que l'arbre ne doit pas cacher la forêt immense des significations et des symboles. Et pourtant ce n'est pas un roman sur un arbre, quoique ! Enfin vous verrez... Vous trouverez le synopsis de ce livre ailleurs, par l'éditeur en premier, pas ici. Parce qu'au delà des mots, le ressenti : il y a ce qu'on voit et, surtout, surtout, ce qu'on ne voit pas.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Le taxi s'est arrêté sur une hauteur d'où l'on avait une vue plongeante sur la mer. Une mer écailleuse, qui étincelait, métallique, mue d'une impulsion perpétuelle. Je croyais buter sur une montagne, mais c'est la mer que je trouvais. Je ne m'y attendais aucunement et j'ai poussé un cri lorsqu'elle s'est offerte. On eût dit une forêt sauvage écartant soudain les pans de son manteau pour laisser paraitre l'immense étendue d'eau. Qu'une forêt sauvage enveloppe la mer dans les pans de son manteau est une image qui ne peut qu'appartenir à un mythe ou à un conte. Toute forêt n'est-elle pas sacrée ? Elle enserre en elle-même la genèse première. Elle est le temple premier des dieux et, dans ce temple, certains arbres sont devenus objets de culte car ils sont habités par les divinités.
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Lui, il était supérieur, à moi, aux autres, de tous les points de vue. Dès son enfance, il avait fait la joie et la fierté de ma mère. Qu'un fils pareil fût réduit à cela devait être une souffrance intolérable pour elle. Les autres ne le voyaient peut-être pas, mais moi je m'en rendais parfaitement compte.
Fallait-il pour autant qu'elle le porte sur son dos pour l'emmener voir les putes ? Son affection devait-elle aller jusqu'à s'occuper de ce genre de choses ? Était-ce sa façon de lui montrer qu'elle l'aimait sans limites ? Dans ce cas précis, pouvait-on parler encore de l'amour d'une mère pour son fils ? Là, j'avais du mal à comprendre.
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- Pourquoi riez-vous? -
Lorsque, ouvrant des yeux ronds, elle m'a posé la question, moi je songeais à toute autre chose. Rouge à lèvres moiré, short moulant, la fille n'avais pas l'air d'apprécier. Sans doute me prenait-elle pour un client réfractaire. Bien entendu, je ne me souciais guère de savoir si elle avait un tant soit peu d'humour. Je me disais seulement que son rouge à lèvres faisait un peu bizarre. Rien de plus.
(incipit)
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Sous cet arbre qui plongeait et qui lançait ses palmes dans le ciel, elle s’était déshabillée sans aucune honte, telle Ève au jardin d’Éden, et elle s’était étendue sur le corps de l’homme. Nulle impudeur dans leur nudité. Par l’union de deux corps incomplets, ils avaient crée un seul corps. Cette scène curieuse avait tout d’un rituel. Oui, c’est bien la notion de rite qui rendait le mieux compte de cette scène, davantage en tout cas que les mots « hallucination », « mirage » ou « rêve ». Mais de quel rite s’agissait-il donc ?
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Je me suis senti envahi de compassion pour mon frère. Jusque-là, je pensais comprendre sa souffrance et sa tristesse. Mais ma compréhension n'était que partielle. Il souffrait d'avoir renoncé à occuper une place en ce monde, il souffrait davantage encore de devoir se supporter tel qu'il était. Il voulait transcender sa condition, devenir pur esprit, échapper enfin aux lourdes contingences de sa vie. Cela n'était possible que par la métamorphose. Renoncer à sa condition présente pour se transmuer en un autre être, quelle entreprise à la fois démesurée et désespérante ! Vouloir se métamorphoser, n'est-ce pas le désir le plus fou, le plus absolu ?
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Une libraire de Mollat présente La vie rêvée des plantes
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