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EAN : 9782843045820
307 pages
Zulma (10/05/2012)
3.31/5   36 notes
Résumé :
Au moment où Yu apprend qu’il est muté à Sori, lointaine province à l’ouest de la capitale, son épouse décide de l’abandonner à son sort sous prétexte d’aller rejoindre un ex-amant. Yu part donc seul à Sori où il a pour mission de remplacer le manager Pak. Mais impossible de trouver celui-ci, ni même les bureaux du Gangsan Complex Resort. Alors qu'il s'est réfugié dans l'auberge de montagne qui surplombe Sori, Yu se retrouve piégé par une énigmatique prostituée. Dép... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Sori, terminus. Tout le monde descend. Sorry, terminus d'une vie. Yu a mis le cap à l'ouest. Mutation indésirée comme le sentiment de se débarrasser de cet employé. Premier objectif, trouver ses nouveaux bureaux, mais toute la ville ne semble pas connaître sa société. Second objectif alors, trouver l'ancien responsable, mais toute la ville ne semble pas le connaître non plus. Étrange sentiment d'être dans un lieu hostile. le vent, probablement, qui fait courber l'échine. La poussière, certainement, qui rentre dans les yeux, colle au costume, couleur ocre. Poussière d'une vie. Yu déambule, sans but même. Il y fera de drôles de rencontres, face au Sosan-bong, cet étrange montagne qui se pare de couleurs phosphorescentes certains matins.

J'ai l'impression de ne pas avoir tout compris, tant la complexité du roman se teint de philosophie et de mysticisme. Mais c'est justement ce sentiment d'être par moment perdu qui donne une valeur inestimable au roman. Pris par l'onirisme de l'auteur, je me souviens encore de « la vie rêvée des plantes ». le style est différent mais j'ai cette même envie, une fois la dernière page tournée, de le relire, car je sais que je découvrirais une autre histoire à chaque nouvelle relecture. Il y a des romans qui méritent en effet plusieurs lectures tant le scénario est riche, l'auteur distille des moments de grâce, de rêve, de spiritualité aussi. Il y est question de foi, de croyance et de vie après la mort. Même mort, je crois que j'aurais envie de le relire, et de revivre cette histoire. En attendant, je me construis pierre après pierre ma demeure pour l'au-delà, pour l'après, pour m'abriter contre ce vent qui colle à la peau.

[...]
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Lorsque Yu est muté à Sori, son épouse en profite pour le quitter et rejoindre un ancien amant devenu alcoolique et joueur invétéré.
C'est un lieu bien étrange qui attend Yu, vent, tourbillon de poussière ocre, air poisseux qui colle à la peau.

« Merde et merde ! quel putain de bled… Mais chaque fois qu'il jure, la poussière lui rentre dans la bouche et l'oblige à la fermer. »

Il n'y a pas que le climat qui est hostile dans ce non-lieu. Arrivé sur place, impossible de trouver Pak, l'homme qu'il doit remplacer et avec qui il a rendez-vous. Les bureaux de l'entreprise sont également introuvables. Alors qu'il s'est réfugié dans l'auberge de montagne qui surplombe Sori, Yu se retrouve piégé par une énigmatique prostituée. Dépossédé de tout, il est emporté dans une aventure en spirale, comme dans les pires cauchemars.
Le lecteur est entraîné avec lui dans une histoire où le réel flirte constamment avec le fantastique.
Ce livre m'a rappelé «Epépé » de Ferenc Karinthy en ce sens que l'on se retrouve dans un pays mystérieux, à la frontière de deux mondes.
Pour ma part j'y ai vu une errance au-delà de la mort dans ce qui pourrait être le purgatoire.
Un livre à la fois intéressant et déconcertant mais qui ne laisse pas indifférent.
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Parmi ses auteurs préférés, le coréen Lee Seung-U cite volontiers Dostoïevski, Hesse, Gide, Camus et Kafka. L'influence de ce dernier est particulièrement évidente dans son dernier roman traduit en français, Ici comme ailleurs, 6 ans après la parution du mémorable La vie rêvée des plantes. Oserait-on dire que cette influence est écrasante ? Oui, assurément et, quelles que soient les qualités du livre, cette impression de "à la manière de" incite à éprouver une légère déception, en comparaison de son ouvrage précédent (qui pourrait d'ailleurs lui être postérieur dans le temps, son éditeur français ne le précise pas). Dans un premier temps, le caractère absurde et, somme toute, amusant, des mésaventures de Yu, cadre en disgrâce, muté dans une ville obscure où la météo est aussi exécrable que l'accueil des autochtones, ne manque pas de sel et se dévore avec appétit au fil des pages qui voient les avanies se multiplier pour le singulier héros du roman. A partir du milieu du récit, c'est une atmosphère de cauchemar avec une touche de fantastique qui attend le lecteur, jusqu'à un dénouement apocalyptique. Lee est moins convaincant dans ce registre, semblant chercher systématiquement la surprise, à coups de rebondissements qui, du fait de leurs accumulations, ôte du mystère au profit d'une symbolique un peu lourde. Ce n'est pas qu'on perde le fil, c'est qu'il semble plombé et que, à en rajouter, c'est un effet de saturation qui se produit. Malgré tout, eu égard à la production encore inédite de l'auteur (plusieurs romans et recueils de nouvelles), on est plus que curieux de découvrir d'autres facettes de cet écrivain au très fort potentiel.
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Lu dans le cadre du challenge asiatique lancé par Ev3.
Catégorie #11 Polar, thriller, terreur, horreur

Yu, jeune salaryman est muté dans la ville de Sori. Cette mutation cache une mise au ban par sa société et sa hiérarchie sans que les causes d'un tel traitement ne lui soient réellement expliquées. Dans l'indifférence crasse de sa femme qui a renoué avec son ancien amant, il débarque dans cette petite ville de l'ouest enclavée entre lac et montagne, raccordée par une unique route au continent, et fait face à l'hostilité et au dédain de ses habitants. Sori semble animée d'un souffle étrange. Ville accueillant exclus, voyous et réfractaires aux normes sociétales, elle semble engloutir ceux qui s'en approchent. le roman aborde la longue descente de Yu aux enfers. La violence n'est pas frontale comme dans un thriller classique ou un roman horrifique. Pas de sang, ou de corps découpés, juste une misère affective et sociétale, image d'une Corée froide ou la loi du plus fort (et du plus malin) fait rage.
Cette lecture m'a parfois déconcertée car le sujet semble changer en milieu de roman avec l'arrivée d'un nouveau personnage principal, Noé, le fou de la montagne... Il s'agit au final d'un twist permettant de révéler le véritable coeur de ce roman, le portrait de Sori, une ville sans scrupule dont le coeur bat dangereusement.
Bonne lecture !

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Le supplice des Heures.
"A vrai dire, ce n'est pas seulement une question de distance. de même que les Terriens ne peuvent comprendre les pensées ni les lois de ceux qui vivent sur d'autres planètes, les gens de là-bas, loin de Sori, ne peuvent comprendre ce qui se passe ici. Quand l'écart est trop grand, on ne peut s'intéresser aux autres. Ce qui est différent inspire de la peur".
J'ai retrouvé dans ce roman des échos des oeuvres majeures de Kobo Abe, l'auteur se réclame d'ailleurs une filiation avec Dostoïevski, Kafka et Camus. L'histoire est celle d'une descente aux enfers, d'un écroulement qui se fait tout en lenteur, comme celui d'un château de sable prit par les premiers assauts de la marée. C'est l'histoire d'une mise au placard, plutôt que se faire licencié un homme est muté dans une ville éloignée de la capitale, une ville prise entre un lac et une montagne où il va immédiatement se heurter aux habitants du lieu, ses premières impressions le déstabilise, comme une anesthésie précédant un dépeçage opéré par des "assassins sans couteaux". Lenteur et cruauté président à l'écriture fine et implacable de l'auteur, le protagoniste de cette histoire reste profondément
humain alors même qu'il se heurte à une logique où domine l'injustice. L'auteur nous montre comment Yu se heurte au quotidien, dans ce qui fait l'essence même d'un citoyen, comment il est peu à peu raboté face à la minéralité de cette injustice, mais qu'il existe aussi des forces qui la dépassent. de nombreuses questions philosophiques jalonnent le roman, celle de la liberté est beaucoup développée, étirée, triturée dans tous les sens, celle de notre finitude est un chant désespéré, quant à celle de nos croyances ? Elle est sont comme une lueur sur la montagne...
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critiques presse (1)
Bibliobs
04 août 2014
Porté par l’écriture violemment poétique de Lee Seung-u, star de la nouvelle littérature coréenne, ce roman qui pousse le sinistre jusqu'au point où il devient comique emprunte son principe aux sables mouvants: plus on s’y débat, plus on s’y enfonce.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"Toutes les mères du monde ont une capacité de perception extraordinairement sensible. Chez les animaux, la mère crie lorsqu'elle perçoit un danger. S'il advient quelque chose de néfaste, une mère a le cœur retourné, elle est bouleversée. Même après que le cordon ombilical a été tranché, elle continue d'entendre le cœur de son enfant. Êtres humains ou animaux, c'est pareil. Une mère, c'est comme ça. Mon cœur souffre, je suis très inquiète, je n'en peux plus. Je ne sais pas où tu es, ni dans quelle situation. Allez, rentre vite! J'ai besoin de te voir pour être rassurée." Pour ne pas laisser l'émotion affecter sa voix, Yu rentre son menton, reprend son souffle: " D'accord, maman. Je vais faire comme tu dis." Si elle lui avait trouvé la voix bizarre, il aurait prétendu avoir un rhume.
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Yu ne se sent pas de taille à lutter contre un vent qui rugit comme un molosse en furie, contre les tourbillons de poussière ocre, contre l'air poisseux qui vous colle à la peau comme des tiques, contre la saleté des rues. Il ne peut que se plaindre. Même s'il avait voulu lutter, ces réalités ne se seraient pas laissées faire. Le vent, l'air, c'est à dire les molosses en furie et les tiques, étaient là avant lui, bien avant qu'il se décide à partir pour Sori, avant même qu'il apprenne le nom de cette localité. Ils n'ont pas été ajoutés un jour à Sori, ils lui sont constitutifs.
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Le vent a des hurlements de bête féroce. Au moment de quitter sa voiture, Yu a l'impression qu'un molosse enragé se jette sur lui. Il a un mouvement de recul. Le long des rues, papiers sales et sacs plastiques tourbillonnent sous la bourrasque. Quelques véhicules cahotent sur la chaussée éventrée en soulevant des nuages de poussière ocre. Les rares passants, silencieux, font la gueule. Les bâtiments bas à deux ou trois étages, passablement décrépits, couverts d'enseignes délabrées, semblent se tasser sur eux-même comme des chiens battus. On dirait que les rayons du soleil subissent eux aussi la loi du vent. L'absence d'arbre amplifie le sentiment de désolation. Où suis-je donc ? Se demande le nouvel arrivé. L'air lui colle à la peau comme une gale. Il se campe dans une posture de défense. Ouais, c'est pas la joie ! Et de secouer ses cheveux et ses vêtements comme pour en chasser une vermine.
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Le policier l'écoute, renfrogné, puis lance : "Vous n'êtes pas d'ici ? - Non ", répond Yu. Ici, on a beau essayer de cacher qu'on vient d'ailleurs, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. L'air et le vent façonnent le tempérament, l'allure et même l'odeur du corps. Pour s'acclimater, il faut du temps, et plusieurs générations pour s'assimiler aux autochtones. Inutile donc de cacher qu'on vient d'ailleurs. Parfois, ce sont les efforts que l'on prodigue pour dissimuler son origine qui vous dénoncent.
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C'est bien Noé le Fou ! constate-t-il. Mais à quel titre un homme ordinaire porte-t-il un nom aussi accablant ? Noé le Fou, ce n'est pas son vrai nom, c'est un surnom qui lui a été donné. Il ne le porte pas de droit, il lui a été donné par un quidam, par une personne parmi d'autres. Dont on peut approuver les opinions... ou pas. Noé le Fou n'est donc pas forcément fou. Avoir l'air fou ne veut pas dire qu'on le soit ; de même, ne pas le paraître ne signifie pas toujours qu'on ne le soit pas. L'air qu'on a, cela sert à alimenter les opinions...
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Une libraire de Mollat présente La vie rêvée des plantes
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