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EAN : 9782070293377
531 pages
Gallimard (14/05/1976)
4.26/5   42 notes
Résumé :
À l'heure où le naturalisme (thèse selon laquelle tout ce qui existe – objets et événements – ne comporte de cause, d'explication et de
fin que naturelles) exerce une force philosophique et scientifique grandissante, l'œuvre de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) suscite un regain d'intérêt en raison de son mot d'ordre : le retour aux choses mêmes.
Merleau-Ponty pose comme originaire l'étude de la perception : le corps n'est pas seulement une chose, qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il n'est pas vrai de penser comme les empiristes que ma vie soit déterministe - mais il n'est pas vrai non plus comme le prétendent les idéalistes que je puisse impulser à mon existence un virage à 180 degrés à chaque moment. Ma liberté reste limitée au champ des possibles que m'offre le monde et la manière dont ce que je suis m'y projette. Prétendre que je pourrais choisir demain de débuter une nouvelle vie ou de démarrer une nouvelle carrière ne peut être un acte libre que s'il colle à ma manière d'être au monde, celle qu'en tant que sujet j'ai adopté depuis ma naissance, et dont l'adoption de comportements affectés par le passé m'ont détourné. En fait, ma liberté se limite à tenter en chaque instant de devenir ce que je suis, de rendre ma projection dans le monde aussi authentique que possible, de mettre mes pensées en actes, de faire coller mon existence à mes intentions. Tout engagement qui sortirait de ces conditions m'éloignerait de l'authenticité de ma vie et moi de moi-même.

Cela suppose bien sûr que je sache ce que je veux ou que je sois sûr de mes vérités. le puis-je ? Dans l'absolu, non. Les vérités absolues n'existent pas, il n'y a que l'histoire sédimentée en moi qui me tienne lieu de vérité, celle de mon expérience, les évidences nées de mes idées avec lesquelles je perçois le monde depuis ma naissance. Mes idées jaillissant malgré moi et se sédimentant passivement, je me suis beaucoup cru vivre dans l'authenticité par le passé, et je me suis aperçu que ce n'était pas le cas. Ma conscience est en éternelle recherche d'elle-même, une nouvelle vérité en remplace une ancienne, mon authenticité se construit. La seule manière que j'ai de me détromper, c'est d'agir. Agir, agir, agir pour confronter une idée au monde, l'y projeter avec une intention entière, percevoir de nouvelles sensations, faire naître des idées et des évidences : je ne suis qu'une expérience, un champ de possibles.

Mais pourquoi en est-il ainsi ? pourquoi ne puis-je atteindre à la vérité suprême, absolue, qui me dégagerait de toutes ces années où je me trompe d'action, de toutes ces expériences loupées ou du moins détrompées ? Simplement parce que la seule manière que j'ai de faire l'expérience de la réalité est de la percevoir. Rien d'autre que moi ne me dit ce qui est vrai dans le monde. Ma subjectivité est le gage de ma liberté ; si je possédais une vue d'ensemble sur le monde, je serais Dieu, un être qui sait tout, intemporel, situé nulle part et partout à la fois, bref, je ne serais pas moi. Mon doute (car il m'arrive d'appliquer des opérations réflexives par la raison, après coup, toujours après coup, sur mes évidences perçues), est la clé de ma certitude. Je doute de mes vérités, donc je garde jusqu'à ma mort une chance de les rapprocher de l'authenticité de ma manière d'être au monde.

Pour m'aider à comprendre le monde (et au passage ce que je fais là), mon corps est le médium qui projette ma conscience dans le monde et qui en perçoit, par ses sens, les phénomènes. Il possède en lui la connaissance des structures du monde et du temps, il est le monde et il est le temps. Mon corps n'est pas mon outil, c'est moi en temps que sujet, ma conscience n'existe pas sans lui, je suis au monde un corps projeté vers un avenir sur la base de son histoire. Mon existence est une suite de gestes physiques ou verbaux qui projettent ma conscience, toute occupée à ce travail, dans le monde. C'est pourquoi je ne me vois pas moi-même, sauf lorsque je fais le vide en moi et continue de constater que quelque chose pense. C'est que quelque chose existe, c'est moi.
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Un essai très complet sur la perception. Pour Merleau-Ponty, qui critique aussi bien l'intellectualisme que l'empirisme, il s'agit de redonner toute son importance au corps, qui n'est ni un simple instrument perceptif ni une dégradation de l'idéel. Sa démarche phénoménologique est classique mais elle se démarque toutefois de celle de Husserl car il ne s'agit pas, à proprement parler, d'idéalisme transcendantal. Il s'agit d'ailleurs de réévaluer la séparation entre le sujet immanent et l'objet transcendant, d'affirmer une certaine transcendance perceptive générale dans laquelle le sujet se jette pleinement par son corps, et d'éviter de faire du Je un Je constituant. Merleau-Ponty met en avant l'inhérence du monde transcendant (au sens husserlien plus que "métaphysique"), son phénomène obligé, qui n'est pas à traiter comme objet. Sur le plan rédactionnel on constate que Merleau-Ponty développe longuement ses chapitres : il y a peu de découpage en sous-parties, le texte est dense. Toutefois, puisqu'il s'agit de phénoménologie, on peut y retrouver une certaine fluidité. Plus que Sartre, avec lequel il n'y avait pas encore de rupture, cet essai représente une belle illustration du caractère français de la phénoménologie.
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Travail intéressant mais assez indigeste à lire.
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Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
[ Découverte progressive de la vue chez les aveugles-nés opérés de la cataracte ]

C’est là ce qui demeure vrai dans les fameuses descriptions empiristes d’une perception non spatiale. L’expérience des aveugles-nés opérés de la cataracte n’a jamais prouvé et ne saurait jamais prouver que l’espace commence pour eux avec la vision. Mais le malade ne cesse de s’émerveiller de cet espace visuel auquel il vient d’accéder, et en regard duquel l’expérience tactile lui paraît si pauvre qu’il avouerait volontiers n’avoir jamais eu l’expérience de l’espace avant l’opération. L’étonnement du malade, ses hésitations dans le nouveau monde visuel où il entre montrent que le toucher n’est pas spatial comme la vision. « Après l’opération, dit-on, la forme telle qu’elle est donnée par la vue est pour les malades quelque chose d’absolument neuf qu’ils ne mettent pas en rapport avec leur expérience tactile », « le malade affirme qu’il voit mais ne sait pas ce qu’il voit (...). Jamais il ne reconnaît sa main comme telle, il ne parle que d’une tache blanche en mouvement ». Pour distinguer un rond d’un rectangle par la vue, il lui faut suivre des yeux le bord de la figure, comme il le ferait avec la main et il tend toujours à saisir les objets que l’on présente à son regard. Que conclure de là ? que l’expérience tactile ne prépare pas à la perception de l’espace ? Mais si elle n’était pas du tout spatiale, le sujet tendrait-il la main vers l’objet qu’on lui montre ? Ce geste suppose que le toucher s’ouvre sur un milieu au moins analogue à celui des données visuelles. Les faits montrent surtout que la vision n’est rien sans un certain usage du regard. Les malades « voient d’abord les couleurs comme nous sentons une odeur : elle nous baigne, elle agit sur nous, sans cependant remplir une forme déterminée d’une étendue déterminée ». Tout est d’abord mêlé et tout paraît en mouvement. La ségrégation des surfaces colorées, l’appréhension correcte du mouvement ne viennent que plus tard, quand le sujet a compris « ce que c’est que voir », c’est-à-dire quand il dirige et promène son regard comme un regard, et non plus comme une main. Cela prouve que chaque organe des sens interroge l’objet à sa manière, qu’il est l’agent d’un certain type de synthèse, mais, à moins de réserver par définition nominale le mot d’espace pour désigner la synthèse visuelle, on ne peut pas refuser au toucher la spatialité au sens de saisie des coexistences. Le fait même que la vision véritable se prépare au cours d’une phase de transition et par une sorte de toucher avec les yeux ne se comprendrait pas s’il n’y avait un champ tactile quasi spatial, où les premières perceptions visuelles puissent s’insérer. La vue ne communiquerait jamais directement avec le toucher comme elle le fait chez l’adulte normal si le toucher, même artificiellement isolé, n’était organisé de manière à rendre possibles les coexistences.
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L’exemple des instrumentistes montre encore mieux comment l’habitude ne réside ni dans la pensée ni dans le corps objectif, mais dans le corps comme médiateur d’un monde. On sait qu’un organiste exercé est capable de se servir d’un orgue qu’il ne connaît pas et dont les claviers sont plus ou moins nombreux, les jeux autrement disposés que ceux de son instrument coutumier. Il lui suffit d’une heure de travail pour être en état d’exécuter son programme. Un temps d’apprentissage si court ne permet pas de supposer que des réflexes conditionnés nouveaux soient ici substitués aux montages déjà établis, sauf si les uns et les autres forment un système et si le changement est global, ce qui nous fait sortir de la théorie mécaniste, puisque alors les réactions sont médiatisées par une saisie globale de l’instrument. Dirons-nous donc que l’organiste analyse l’orgue, c’est-à-dire qu’il se donne et garde une représentation des jeux, des pédales, des claviers et de leur relation dans l’espace ? Mais, pendant la courte répétition qui précède le concert, il ne se comporte pas comme on le fait quand on veut dresser un plan. Il s’assied sur le banc, il actionne les pédales, il tire les jeux, il prend mesure de l’instrument avec son corps, il s’incorpore les directions et les dimensions, il s’installe dans l’orgue comme on s’installe dans une maison. Pour chaque jeu et pour chaque pédale, ce ne sont pas des positions dans l’espace objectif qu’il apprend, et ce n’est pas à sa « mémoire » qu’il les confie. Pendant la répétition comme pendant l’exécution, les jeux, les pédales et les claviers ne lui sont donnés que comme les puissances de telle valeur émotionnelle ou musicale et leur position que comme les lieux par où cette valeur apparaît dans le monde. Entre l’essence musicale du morceau telle qu’elle est indiquée dans la partition et la musique qui effectivement résonne autour de l’orgue, une relation si directe s’établit que le corps de l’organiste et l’instrument ne sont plus que le lieu de passage de cette relation. Désormais la musique existe par soi et c’est par elle que tout le reste existe. Il n’y a ici aucune place pour un « souvenir » de l’emplacement des jeux et ce n’est pas dans l’espace objectif que l’organiste joue. En réalité, ses gestes pendant la répétition sont des gestes de consécration : ils tendent des vecteurs affectifs, il découvrent des sources émotionnelles, ils créent un espace expressif comme les gestes de l’augure délimitent le templum.

Tout le problème de l’habitude est ici de savoir comment la signification musicale du geste peut s’écraser en une certaine localité au point que, en étant tout à la musique, l’organiste rejoigne justement les jeux et les pédales qui vont la réaliser. Or le corps est éminemment un espace expressif. Je veux prendre un objet et déjà, en un point de l’espace auquel je ne pensais pas, cette puissance de préhension qu’est ma main se lève vers l’objet. Je meus mes jambes non pas en tant qu’elles sont dans l’espace à quatre-vingts centimètres de ma tête, mais en tant que leur puissance ambulatoire prolonge vers le bas mon intention motrice. Les régions principales de mon corps sont consacrées à des actions, elles participent à leur valeur, et c’est le même problème de savoir pourquoi le sens commun met dans la tête le siège de la pensée et comment l’organiste distribue dans l’espace de l’orgue les significations musicales. Mais notre corps n’est pas seulement un espace expressif parmi tous les autres. Ce n’est là que le corps constitué. Il est l’origine de tous les autres, le mouvement même d’expression, ce qui projette au-dehors les significations en leur donnant un lieu, ce qui fait qu’elles se mettent à exister comme des choses, sous nos mains, sous nos yeux. Si notre corps ne nous impose pas, comme il le fait à l’animal, des instincts définis dès la naissance, c’est lui du moins qui donne à notre vie la forme de la généralité et qui prolonge en dispositions stables nos actes personnels. Notre nature en ce sens n’est pas une vieille coutume, puisque la coutume présuppose la forme de passivité de la nature. Le corps est notre moyen général d’avoir un monde. Tantôt il se borne aux gestes nécessaires à la conservation de la vie, et corrélativement il pose autour de nous un monde biologique ; tantôt, jouant sur ces premiers gestes et passant de leur sens propre à un sens figuré, il manifeste à travers eux un noyau de signification nouveau : c’est le cas des habitudes motrices comme la danse. Tantôt enfin la signification visée ne peut être rejointe par les moyens naturels du corps ; il faut alors qu’il se construise un instrument, et il projette autour de lui un monde culturel. À tous les niveaux, il exerce la même fonction qui est de prêter aux mouvements instantanés de la spontanéité « un peu d’action renouvelable et d’existence indépendante ». L’habitude n’est qu’un mode de ce pouvoir fondamental. On dit que le corps a compris et l’habitude est acquise lorsqu’il s’est laissé pénétrer par une signification nouvelle, lorsqu’il s’est assimilé un nouveau noyau significatif.
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Ainsi, la parole, chez celui qui parle, ne traduit pas une pensée déjà faite, mais l’accomplit. A plus forte raison faut-il admettre que celui qui écoute reçoit la pensée de la parole elle-même. A première vue, on croirait que la parole entendue ne peut rien lui apporter : c’est lui qui donne leur sens aux mots, aux phrases, et la combinaison même des mots et des phrases n’est pas un apport étranger, puisqu’elle ne serait pas comprise si elle ne rencontrait pas chez celui qui écoute le pouvoir de la réaliser spontanément. Ici comme partout il paraît d’abord vrai que la conscience ne peut trouver dans son expérience que ce qu’elle y a mis elle-même. Ainsi l’expérience de la communication serait une illusion. Une conscience construit, – pour X, – cette machine de langage qui donnera à une autre conscience l’occasion d’effectuer les mêmes pensées, mais rien ne passe réellement de l’une à l’autre. Ce-pendant le problème étant de savoir comment, selon l’apparence, la conscience apprend quelque chose, la solution ne peut pas consister à dire qu’elle sait tout d’avance. Le fait est que nous avons le pouvoir de comprendre au-delà de ce que nous pensions spontanément. On ne peut nous parler qu’un langage que nous comprenons déjà, chaque mot d’un texte difficile éveille en nous des pensées qui nous appartenaient auparavant, mais ces significations se nouent parfois en une pensée nouvelle qui les remanie toutes, nous sommes transportés au centre du livre, nous rejoignons la source. Il n’y a là rien de comparable à la résolution d’un problème, où l’on découvre un terme in-connu par son rapport avec des termes connus. Car le problème ne peut être résolu que s’il est déterminé, c’est-à-dire si le recoupement des données assigne à l’inconnue une ou plusieurs valeurs définies. Dans la compréhension d’autrui, le problème est toujours indéterminé, parce que seule la solution du problème fera apparaître rétrospectivement les données comme convergentes, seul le motif central d’une philosophie, une fois compris, donne aux textes du philosophe la valeur de signes adéquats. Il y a donc une reprise de la pensée d’autrui à travers la parole, une réflexion en autrui, un pouvoir de penser d’après autrui qui enrichit nos pensées propres.
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La vraie philosophie est de rapprendre à voir le monde, et en ce sens une histoire racontée peut signifier le monde avec autant de profondeur qu’un traité de philosophie. Nous prenons en main notre sort, nous devenons responsables de notre histoire par la réflexion, mais aussi bien par une décision où nous engageons notre vie, et dans les deux cas il s’agit d’un acte violent qui se vérifie en s’exerçant.
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Nous sommes habitués par la tradition cartésienne à nous déprendre de l'objet : l'attitude réflexive purifie simultanément la notion commune du corps et celle de l'âme en définissant le corps comme une somme de parties sans intérieur et l'âme comme un être tout présent à lui-même sans distance. Ces définitions corrélatives établissent la clarté en nous et hors de nous : transparence d'un objet sans replis, transparence d'un sujet qui n'est rien que ce qu'il pense être. L'objet est objet de part en part et la conscience conscience de part en part. Il y a deux sens et deux sens seulement du mot exister: on existe comme chose ou on existe comme conscience.

L'expérience du corps propre au contraire nous révèle un mode d'existence ambigu. Si j'essaye de le penser comme un faisceau de processus en troisième personne - « vision », « motricité », « sexualité » - je m'aperçois que ces « fonctions » ne peuvent être liées entre elles et au monde extérieur par des rapports de causalité, elles sont toutes confusément reprises et impliquées dans un drame unique. Le corps n'est donc pas un objet. Pour la même raison, la conscience que j'en ai n'est pas une pensée, c'est-à-dire que je ne peux le décomposer et le recomposer pour en former une idée claire. Son unité est toujours implicite et confuse. Il est toujours autre chose que ce qu'il est, toujours sexualité en même temps que liberté, enraciné dans la nature au moment même où il se transforme par la culture, jamais fermé sur lui-même et jamais dépassé.

Qu'il s'agisse du corps d'autrui ou de mon propre corps, je n'ai pas d'autre moyen de connaître le corps humain que de le vivre, c'est-à-dire de reprendre à mon compte le drame qui le traverse et de me confondre avec lui. Je suis donc mon corps, au moins dans toute la mesure où j'ai un acquis et réciproquement mon corps est comme un sujet naturel, comme une esquisse provisoire de mon être total. Ainsi l'expérience du corps propre s'oppose au mouvement réflexif qui dégage l'objet du sujet et le sujet de l'objet, et qui ne nous donne que la pensée du corps ou le corps en idée et non pas l'expérience du corps ou le corps en réalité. Descartes le savait bien, puisqu'une célèbre lettre à Élisabeth distingue le corps tel qu'il est conçu par l'usage de la vie du corps tel qu'il est conçu par l'entendement.

Mais chez Descartes ce savoir singulier que nous avons de notre corps du seul fait que nous sommes un corps resté subordonné à la connaissance par idées parce que, derrière l'homme tel qu'il est en fait, se trouve Dieu comme auteur raisonnable de notre situation de fait. Appuyé sur cette garantie transcendante. Descartes peut accepter paisiblement notre condition irrationnelle : ce n'est pas nous qui sommes chargés de porter la raison et, une fois que nous l'avons reconnue au fond des choses, il ne nous reste plus qu'à agir et à penser dans le monde. Mais si notre union avec le corps est substantielle, comment pourrions-nous éprouver en nous-mêmes une âme pure et de là accéder à un Esprit absolu ? (pp. 230-232)
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Vidéo de Maurice Merleau-Ponty
Fanny Arama Camille Froidevaux-Metterie Najat Vallaud-Belkacem Kaori Ito La façon dont une culture traite le corps – en particulier le corps des femmes – dit une profonde vérité sur cette culture. le corps est en effet une construction : il prend forme au cours de notre vie et en fonction de nos relations, il est modelé par nos choix, mais également forgé par les institutions, leurs diktats et leurs requêtes. Les sciences humaines et la philosophie ont mis en évidence cette construction sociale du corps – cette « incorporation » : le corps est façonné, comme l'a montré Foucault, par une kyrielle de dispositifs disciplinaires qui en font une « chair » à racheter, une force de travail à employer, un organisme à soigner, mais aussi, dirait Merleau-Ponty, le véhicule de notre advenir au monde que l'être au monde nous oblige à ajouter sans cesse. Mais le corps n'est jamais neutre : il est déterminé entre autres par des facteurs de race et de genre. Réfléchir sur le corps construit implique donc qu'on analyse la manière dont il est construit, qu'on voie quels corps sont construits, selon quels différentiels, et qu'on mette au jour les effets qui produisent les inégalités de pouvoir entre les hommes et femmes. Dans une telle construction sociale, l'empreinte machiste a été déterminante: aussi le corps féminin a-t-il été façonné selon les désirs des hommes. Quelle vérité sur le corps des femmes – maternité, menstruations, ménopause, apparence, sexualité… – apparaîtrait si, dans une perspective féministe, on déconstruisait cet ensemble iconique et idéologique dans lequel l'homme a trouvé les outils de sa domination, sinon les justifications de sa violence symbolique et réelle exercée sur les corps des femmes ?
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