Un immense MERCI à Babelio, Masse critique…et aux éditions des Femmes pour l'envoi de cette publication…il y a déjà un mois !
Reconnaissance d'avoir reçu cet ouvrage qui m'a offert l'occasion précieuse de découvrir cette auteure indi…
« Maman demande un passeport à l'Aîné. Elle n'a pas l'intention d'aller vivre chez lui, elle pense à voyager ? Tous stupéfaits.
Ils se raisonnèrent, bon, c'est la fin de sa vie, faisons-lui ce plaisir. C'est bien qu'elle eut envie de quelque chose pour elle. (…) On l'accompagnera, on la promènera.
Au Pakistan. Dit Amma. Tous crurent qu'ils avaient mal entendu, et personne n'y fit trop attention.
Même à cet âge le désir reste le désir et pourquoi mourir avec des regrets pour ce qu'on n'a pas vu ? (p. 227)”…
Une vaste fresque centrée sur ce personnage d'Amma, la mère et grand-mère, désespérée par la mort récente de son époux….que ses enfants essayent de sortir de sa léthargie, de sa volonté non-dite de mourir et rejoindre son mari…Heureusement, les circonstances changeront et la vie de cette vieille femme, reprendra le dessus, avec des projets qui vont, pour le coup déstabiliser son fils, un peu moins sa fille, moins conventionnelle… le récit évoluera en même temps que « l'ancêtre »… « révolutionnant » son entourage, avec des désirs soudains…et ses idées fantasques !
Une lecture qui, pour ma part, n'a pu se faire, en continu, tant le récit est foisonnant, déborde , explose… de mille détails sur une famille indienne…je l'ai lu, alternativement à d'autres ouvrages… afin de savourer, assimiler la densité de ce récit, se déroulant sur trois périodes distinctes : la première met en scène l'Aîné, le fils d'Amma, mère, grand-mère et veuve de 80 ans, qui l'héberge selon la tradition , depuis la mort de son époux ; elle reste couchée, se laisse mourir ; L'Aîné, haut fonctionnaire prépare un immense banquet festif pour marquer sa retraite ; il se prépare à déménager… mais la mère ne veut pas le suivre, elle se réfugiera chez sa fille, célibataire, et jeune femme indépendante… elle commencera à reprendre vie…et à exprimer des projets, des envies...
Lecture qui se mérite.. il faut abandonner toute idée préconçue, se laisser porter par une lenteur extrême, par un univers poétique et étrange, où tout est « Etre vivant » : les objets, comme la nature, comme les animaux sont totalement personnifiés, traités comme des personnages , à part entière; de très longues descriptions , digressions existentielles, dont des commentaires des personnages, eux-mêmes, interpellant le lecteur , une absence fréquente de ponctuation…
De magnifiques images au fil de cette fiction comme celle qui suit :
“Sa soeur vit l'Aîné en train d'arroser les fleurs, le tuyau à la main. le soleil brillait et un flot doré éclatant filtrait à travers l'arbre du fond du jardin, comme si le Tout-puissant s'était frictionné les mains dans le soleil et qu'il en tombait des gouttes de lumière. (p. 23)”
Je dois avouer, que cette lecture m'a demandé de grands efforts, au vu de mes préférences habituelles, étant plutôt attirée par des styles épurés, et un rythme de narration plus soutenu !
Ce qui m'a le plus intéressée, hormis les personnages attachants de Amma, la grand-mère, de son fils et de sa fille , aux personnalités complémentaires...ce sont les abondants détails fourmillant, concernant l'histoire indienne, les traditions et les usages de ce vaste pays !
Narration des plus déroutantes mêlant tous les genres : poésie, légendes, digressions philosophiques et récit, chronique familiale ! Personnages attachants dont Amma, figure féminine -pivot, abordant le veuvage, l'existence, et la vieillesse, à sa façon… ! Une immense fresque dépeignant et la vie privée d'une famille et l'histoire et les particularités d'une nation !
Encore tous mes remerciements aux éditions des Femmes et à Babelio ! Ma curiosité envers cette auteure est en éveil ; j'ai d'ailleurs noté pour aller plus loin… un autre roman de cette Dame des Lettres indiennes, me faisant très envie : «
Maï, une femme effacée » [ InFolio, 2008 ]