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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 9 sur 103
EAN : 9782253142980
188 pages
Le Livre de Poche (19/02/2003)
3.69/5   107 notes
Résumé :

Le roman se déroule à Fécamp, avec des références à une pêche à la morue au large de Terre-Neuve. L’enquête dure quatre jours et se déroule en juin, à partir du café qui donne son nom au titre du roman.

Après trois jours passés en mer sur l’Océan, un chalutier de Fécamp, Jean-Marie Canut, le mousse, a été emporté par une lame. Peu après le retour de l’Océan, le capitaine Octave Fallut est retrouvé mort par strangulation dans l'un des bassi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la lettre d'un ancien camarade d'école, devenu lui-même instituteur à Quimper, qui contraint le commissaire Maigret, prêt à partir en vacances en Alsace, comme d'habitude chaque année, à se poser d'abord à Fécamp. Mme Maigret n'est pas très, très enthousiaste mais elle suit le mouvement et tous deux descendent à l'Hôtel de la Plage. le fond de l'affaire ? Pierre le Clinche, ancien élève de Jorissen, l'ex-camarade de classe de Maigret, s'est embarqué en qualité de télégraphiste sur "L'Océan", un chalutier parti pêcher la morue trois mois à Terre-Neuve. A peine rentré au port et l'équipage débarqué dans sa quasi intégralité, on retrouve le commandant, le capitaine Fallut, noyé dans le bassin. Et il est clair qu'il n'y est pas tombé par hasard ... Tout porte à croire que le Clinche est l'assassin - ou, à tout le moins, qu'il est mêlé au crime d'une façon ou d'une autre. Son ancien professeur ne veut pas y croire, sa fiancée, Marie Léonnec, accourue en quatrième vitesse de Quimper, est dans le même cas, l'amour en plus et, de façon générale, il faut bien reconnaître que la réputation du jeune homme est bonne ...

Alors ? ...

C'est dans une atmosphère de bistrots empuantis par le rhum et les alcools forts, si chers au coeur des marins, surtout lorsqu'ils "font" Terre-Neuve, tout enfumés par les cigarettes brunes et les cigares de mauvaise qualité et sans cesse troublés par les bagarres des marins qui viennent boire leur solde toute neuve avant de repartir s'engager pour n'importe où et parfois, dans des conditions pires que les précédentes, en d'autres termes dans une atmosphère pesante, à couper au coupeau et où, dissimulé derrière sa pipe avec ses silences renfrognés, dubitatifs et même exaspérés, le commissaire a quelquefois bien du mal à distinguer les uns et les autres, que se déroule l'action. Cà et là, une échappée, au bord de la mer ou à l'Hôtel de la Plage, établissement plus classique et où clients difficiles et rixes d'ivrognes sont sévèrement proscrits. Hélas ! Ne voilà-t-il pas qu'y déboulent un beau jour - le Hasard, bien certainement - un certain Gaston Buzier, rentier-proxénète de son état ,et sa compagne, Adèle, née Noirhomme à Belleville. le Clinche, qu'on vient de libérer faute de preuves et qui déjeune, l'air absent et malheureux, avec sa fiancée et les Maigret, en profite pour se tirer un coup de pistolet dans le ventre.

Pour les marins du coin, qu'ils y aient embarqué ou pas, une seule explication est de mise : "L'Océan" avait la poisse. Et dès le début. La preuve : on n'avait pas encore retiré l'ancre qu'un homme tombait d'un mât et se brisait la jambe. Renvoyé illico dans ses foyers, la malheureux, encore bien content de s'en tirer à si bon compte ... Et puis, le deuxième ou le troisième jour après avoir pris la mer, voilà que le mousse du bord, Jean-Marie, est emporté par une lame ! Avec ça, l'équipage ne cesse d'évoquer le comportement de "fou" du capitaine, un homme pourtant posé d'habitude, que, à la stupeur de tous, on a vu ordonner de lancer les filets là où, de mémoire de Terre-Neuva, on n'avait jamais rencontré une seule morue. Un comportement qui avait déteint sur le Clinche et sur le chef mécanicien : dès le troisième jour de voyage, ils rôdaient les uns autour des autres - et essentiellement autour de la cabine du capitaine, que celui-ci fermait désormais à clef - et on les suspectait de ne pas se déplacer sans arme.

Oui, c'est comme ça, il y a des bateaux qui ont la poisse. Et tous, fatalistes, de hausser les épaules, attablés au zinc devant leur verre de rhum. Ca ne s'explique pas, la poisse, mais il faut s'en méfier. Même P'tit Louis, qui est né à Paris et n'a donc pas connu dans son enfance les contes et les histoires de matelot, partage l'avis des autochtones : la poisse, ça existe et il ne faut pas plaisanter avec elle. Fallut a plaisanté sans doute : il en est mort, l'imbécile.

Bien qu'il admette volontiers que la vie est loin d'être un beau rêve toujours ensoleillé, Maigret suspecte au moins autant cette "poisse" dont tout le monde parle mais que personne n'a vue, que l'équipage de "L'Océan" et pratiquement tous ceux qui s'intéressent, d'une façon ou d'une autre, à le Clinche. Mais il a beau faire et défaire les pièces du puzzle dont il dispose, il lui faudra un certain temps avant de comprendre. Et au lecteur aussi, d'ailleurs. Nous ne sommes pas ici en présence de l'une de ces aventures du commissaire où l'on devine très vite de l'identité de l'assassin. Là, c'est jusqu'au bout qu'on se pose des questions. Cela, ajouté à l'ambiance exceptionnelle et à la complexité certaine des personnages, m'incite à vous recommander tout particulièrement la lecture d'"Au Rendez-Vous des Terre-Neuvas." ;o)
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Je me replonge dans les romans de Georges Simenon et retrouve le célèbre Jules Maigret, commissaire de son état. ‘'Au Rendez-vous des Terre-Neuvas'' fait partie des premiers romans de la série, écrits alors que l'auteur n'avait pas 30 ans.

L'intrigue se passe à Fécamp, ville que Simenon connaissait bien puisque, au cours d'une visite en 1929, il y avait commandé un bateau dont il avait suivi la construction ; bateau sur lequel il résidera en famille quelques années.

C'est une enquête non officielle : Maigret et sa femme sont venus à Fécamp en vacances, séjour motivé par la demande d'assistance d'un instituteur, ancien ami de Maigret.
Le commissaire-vacancier va déambuler dans toute la ville, prendre contact avec tous ceux qui, de près ou de loin ont un rapport avec le Capitaine Fallut, assassiné le soir du retour de son bateau après une campagne de pêche de trois mois… le principal point de ralliement de tous ces pêcheurs est le bar ‘'Au Rendez-vous des Terre-Neuvas''. Nous voilà plongés dans le monde de la mer : un monde d'hommes avec une vie hors du temps des terriens, secrets, légendes, incommunicabilité avec les gens de la terre…
Une femme va venir chambouler tout ce petit monde entraînant jalousie, possessivité et obsession, un cocktail déclencheur de drame.

N'étant pas l'enquêteur officiel chargé d'élucider ce crime, Maigret se refuse à intervenir dans les destins et/ou projets des protagonistes de ce drame… il connaît si bien les failles humaines !!
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Je ne vous ferais pas l'injure de vous présenter l'écrivain Georges Simenon pas plus que le personnage littéraire qui fit son succès : le commissaire Maigret.

Juste quelques chiffres tout de même pour récapituler la carrière de l'un et de l'autre :

Georges Simenon (1903 - 1989) est l'auteur de près de 200 romans de plus de 150 nouvelles dont les ventes dépassent le demi-milliard d'unités et est l'auteur belge le plus traduit au monde.

Le commissaire Maigret est un personnage né en 1929, mais le premier roman le mettant en scène (« Pietr-le-Letton ») date de 1931. Il est présent dans 75 romans, 28 nouvelles et certaines de ses enquêtes ont été adaptées au cinéma et à la télévision.

La liste des acteurs ayant interprété Maigret est longue, mais on peut citer quelques noms tels Jean Gabin, Eli Wallach, Gino Cervi, Rowan Atkinson, Bruno Cremer, Jean Richard, Harry Baur, Albert Préjean et Michel Simon, rien que ça.

« Au rendez-vous des Terre-Neuvas » est le neuvième roman, dans l'ordre d'écriture, mettant en scène Maigret et a été écrit en août 1931.

Alors qu'il s'apprête à partir en Alsace pour ses vacances annuelles, le commissaire Maigret reçoit un courrier d'un ancien camarade de Quimper qui lui demande de prouver l'innocence d'un jeune télégraphiste accusé du meurtre du capitaine du chalutier sur lequel il venait de passer trois mois en mer.

Jules Maigret décide alors de changer la destination de ses vacances et débarque, en compagnie de sa femme, sur les côtes bretonnes afin de plonger son nez dans cette triste affaire.

Car, très vite, Maigret est pris à parti par la fiancée du suspect qui le conjure d'innocenter le jeune homme (19 ans). Mais le policier va se retrouver face à la superstition et à l'opacité et le silence du monde de la mer. Ce qu'il se passe en mer reste en mer.

Et Maigret est persuadé que le meurtre du capitaine est lié aux évènements qui se sont déroulés durant la campagne de pêche. Les rares confidences qu'il parvient à obtenir laissent entendre que des tensions existaient entre le capitaine et le télégraphiste, que le capitaine avait un comportement étrange, loin de l'irréprochabilité et du professionnalisme pour lesquels il était connu, qu'un jeune mousse est mort durant la campagne, emporté par la houle...

Ce qu'il y a de plus intéressant, dans les enquêtes du commissaire Maigret, ce sont l'ambiance des enquêtes et le caractère du personnage.

Question ambiance, on peut dire que le lecteur est servi avec cette chape de plomb qui recouvre le meurtre du capitaine Fallut en particulier et de la campagne de pêche en général. Les marins sont des taiseux et des superstitieux qui ont tôt fait de mettre les étranges évènements sur le compte du mauvais oeil. Puis, quand ils sont à terre, ils sont tellement alcoolisés qu'on ne peut rien en tirer.

Du côté du caractère du commissaire, là aussi, le lecteur trouve de quoi se régaler. le bonhomme se montre tout aussi taciturne que d'ordinaire, voire bourru.

En plus, il faut bien avouer qu'il n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent à part son flair. Flair qui lui indique que le télégraphiste est innocent du meurtre, mais qu'il a quand même quelque chose à cacher... peut-être bien le nom de l'assassin. Flair qui lui laisse à penser que toute l'affaire prend coeur dans un évènement qui s'est déroulé à bord du bateau.

Et on retrouve le commissaire Maigret dans sa principale activité, la réflexion. Il cherche à se mettre dans l'ambiance, dans la peau du capitaine, dans celle du télégraphiste et celles d'autres personnages du drame.

Simenon-Maigret décortique toute cette mécanique en fin de roman afin de reconstituer les évènements et découvrir le coupable. Mais comme souvent, chez Maigret, les coupables sont parfois un peu innocents et les innocents quelque peu coupables. Et c'est alors plus une histoire de moralité qu'une histoire de Justice qui prime.

Autant dire, pour conclure, que « Au rendez-vous des Terre-Neuvas » réunit à peu près tous les bons ingrédients des meilleures enquêtes de Maigret écrites jusque-là (bon, il n'y en a eu que 9 à ce stade).

Une fois encore, l'eau, la brume, les embruns, ont un rôle important et confère une ambiance lourde, pesante, voire oppressante, mais surtout opaque dont le voile ne peut se déchirer qu'en revenant sur le passé, plus ou moins lointain.

Une fois encore, Maigret réfléchit plus qu'il n'agit, parvient à dénouer les fils de l'intrigue en se mettant à la place des protagonistes...

Une fois encore, Maigret n'est pas manichéen, borné à la stricte loi de la justice, il est un homme, un policier complexe.

Et, enfin, une fois encore, l'auteur et le personnage s'attardent sur des détails, mais des détails qui font toute la différence, tant au point du dénouement de l'intrigue que du plaisir du lecteur.

Au final, plus je découvre Maigret et plus j'apprécie Maigret et « Au rendez-vous des Terre-Neuvas » s'avère être un très bon roman de la série qui ne peut que participer à mon attachement grandissant à celle-ci.
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Maigret soupire, mais à la lecture d'une lettre d'un vieil ami d'école, il demande à Mme Maigret de remplacer leurs immuables vacances en Alsace par un séjour à Fécamp.

Le café du port de Fécamp baptisé « Au Rendez-vous des Terre-Neuvas », son atmosphère bruyante, enfumée, où les marins s'enivrent en rentrant de campagne.
Le chalutier l'Océan est rentré après trois mois passés en mer. Cette campagne qui, dès le départ, semble placée sous le mauvais oeil, se termine tragiquement par l'assassinat du capitaine dans le bassin du port. C'est le tout jeune télégraphiste Pierre le Clinche qui est inculpé et l'ami de Maigret, impressionné par sa position et sa renommée dans la Police Judiciaire, lui demande d'innocenter le jeune homme.

Mais les marins sont des taiseux lorsqu'ils ne sont plus uniquement entre eux. Maigret remarque rapidement que la colère suinte de partout dans cette histoire de marins. Son pas se fait de plus en plus lourd à mesure que le mystère pèse et plombe cette atmosphère marine poisseuse et lugubre. Mais Maigret s'obstine, à la recherche de l'essence même du drame qui lui échappe. Il tente, dans ce bar et à bord du chalutier à quai, de reconstituer le départ de cette campagne où le malaise s'est visiblement rapidement ressenti dans tout l'équipage.

L'odeur aux alentours est tenace et salée avec toute cette morue que l'on décharge.
Toujours avec des mots minutieusement choisis, sans besoin d'étalage, Simenon sait décrire les expressions faciales, les attitudes, les ressentis de peur et de malaise de ses personnages d'une manière saisissante.
Une petite lecture de quelques heures dans une atmosphère pesante admirablement retranscrite, dans ce milieu de marins du temps des Terre-neuvas, avec des hommes victimes de passions destructrices.
Un très bon Maigret où j'ai apprécié également la présence, bien que très discrète, de Mme Maigret.
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Écrit en 1931
Octave Fallut, capitaine du chalutier l'Océan, a été lynché et jeté a' la bordure du port de Fécamp à l'arrivée de son bateau, après trois mois de pêche à la morue en mer du Nord. Lejeune télégraphiste du bateau, le Clinche, est arrêté. Un ancien ami de Maigret, instituteur à Quimper, qui connaît bien la fiancée de le Clinche, demande le commissaire Maigret en vacance en compagnie de madame Maigret de prouver l'innocence de ce dernier .Tout cette embrouillamini a' cause d'une femme de légères moeurs a ‘ bord du chalutier l'océan en catimini ce qui a engendré des conséquences désastreuses en série pour tout l'équipage du chalutier .Un style très simple moins de personnages pour éviter la pétaudière Un Maigret toujours égal a' lui-même placide et imperturbable .Ce roman se dévore goulument et nous tient en haleine jusqu'au au dernier chapitre .

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Le patron vint au-devant de Maigret à qui il serra la main, non sans une certaine gêne.

- "C'est vrai, ce que l'on raconte ? ... Le Clinche s'est tiré une balle de revolver ? ..."

Les consommateurs buvaient, par contenance. Il y avait là P'tit Louis, le nègre, le Breton, le chef mécanicien du chalutier, quelques autres encore, que le commissaire avait fini par connaître de vue.

- "C'est vrai !" fit Maigret.

Et il remarqua que le chef mécanicien s'agitait, soudain mal à l'aise, sur la banquette de moleskine.

- "Un fameuse campagne !" grogna quelqu'un dans un coin, avec un accent normand très prononcé.

Et ces mots-là devaient assez bien traduire l'opinion générale car des têtes se baissèrent, un poing frappa une table de marbre tandis qu'une voix faisait un écho :

- "Une campagne de malheur, oui ! ..."

Mais Léon toussa pour rappeler ses clients à la prudence, leur désigna un marin en vareuse rouge qui buvait tout seul dans un coin.

Maigret alla s'asseoir près du comptoir, commanda une fine à l'eau.

On ne parlait plus. Chacun cherchait une contenance. Et Léon, en metteur en scène habile, proposait au groupe le plus important :

- "Vous voulez les dominos ? ..."

C'était un moyen de faire du bruit, d'occuper les mains. Les dominos à dos noir furent mélangés sur le marbre de la table. Le patron s'asseyait près du commissaire :

- "Je les ai fait taire," souffla-t-il, "parce que le type qui est dans le coin à gauche, est le père du gosse ... Vous comprenez ? ...

- Quel gosse ? ...

- Le mousse ... Jean-Marie ... Celui qui est passé par-dessus bord le troisième jour ..."

L'homme tendait l'oreille. S'il n'avait pas entendu les mots, il avait compris qu'il était question de lui. Il fit signe à la fille de salle de lui remplir son verre et le vida d'un trait, avec un sursaut de dégoût. ... [...]
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[...] ... C'était le Maigret maussade, aux mains derrière le dos, à la pipe vissée entre les dents, qui se tenait, l'échine ronde, dans un coin de la cellule. Il avait prévenu les autorités qu'il ne s'occupait pas officiellement de l'enquête et qu'il ne suivait celle-ci qu'en curieux.

Plusieurs personnes lui avaient décrit le télégraphiste et l'image qu'il s'en était faite répondait trait pour trait au garçon qu'il avait sous les yeux.

Un grand jeune homme maigre, au complet correct, encore que fripé, au visage grave et timide à la fois de premier de classe. Des taches de rousseur sous les yeux et des cheveux coupés en brosse.

Il avait sursauté quand la porte s'était ouverte. Il était resté un bon moment très loin de la jeune fille qui s'avançait. Elle avait dû se jeter dans ses bras, littéralement, y rester de force, tandis qu'il lançait à la ronde des regards éperdus.

- "Marie ! ... Qui est-ce qui ... ? Comment ... ?"

Il était troublé au plus haut degré. Mais ce n'était pas l'homme à s'agiter. Les verres de ses lunettes seuls étaient embués. Ses lèvres frémissaient.

- "Il ne fallait pas venir ..."

Et il épiait Maigret qu'il ne connaissait pas, puis fixait la porte restée entrouverte.

Il n'avait pas de faux-col, pas de lacets à ses chaussures, mais par contre une barbe de plusieurs jours, roussâtre. Tout cela le gênait, malgré le drame. Il se tâtait avec embarras le cou nu, la pomme d'Adam saillante.

- "Est-ce que ma mère ... ?

- Elle n'est pas venue ! Mais elle ne croit pas non plus que tu sois coupable ..."

La jeune fille, elle non plus, ne parvenait pas à donner libre cours à son émotion. C'était comme une scène ratée, peut-être à cause de la crudité de l'atmosphère ?

Ils se regardaient et ils ne savaient que dire, ils cherchaient leurs mots. Alors Marie Léonnec désigna Maigret.

- "C'est un ami de Jorissen ... Il est commissaire à la Police Judiciaire et il accepte de nous aider ..."

Le Clinche hésita à tendre la main, n'osa pas le faire.

- "Merci ... Je ..."

C'était raté sur toute la ligne et la jeune fille, qui s'en rendait compte, avait envie de pleurer. N'avait-elle pas compté sur une entrevue pathétique qui convaincrait Maigret ?

Elle regardait son fiancé avec dépit, avec même une pointe d'impatience.

- "Il faudra que tu lui dises tout ce qui peut être utile à ta défense ..."

Et Pierre Le Clinche soupirait, gauche et ennuyé. ... [...]
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Jamais encore Maigret n’avait eu l’occasion de le détailler de la sorte. Le visage était à la fois très jeune et très vieux, comme il arrive souvent chez les adolescents qui ont eu une enfance pénible.
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Il n'y avait plus que des familles, sur la plage qui exhalait la douceur d'un soir d'été. Un bateau noir gravitait insensiblement sur la ligne d'horizon, pénétrait dans le soleil, en ressortait de l'autre côté, comme on traverse un cerceau de papier.
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— Une belle sottise que j’ai faite ! lançait-elle. Je vous jure que si c’était à recommencer ! On devrait toujours se méfier des hommes timides qui vous parlent de mariage…
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"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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