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EAN : 9782070412563
466 pages
Gallimard (17/12/1999)
3.82/5   30 notes
Résumé :

Philippe Dargens, fils d'un élégant aventurier, directeur de cinéma, a réussi à s'introduire dans une famille d'armateurs de La Rochelle, les Donadieu.

Pour faire fortune, il ne recule devant rien : il fait la conquête de sa belle-mère qu'un testament éloignait des affaires, il écarte ses beaux-frères...

Il trahit peu à peu tous les idéaux de sa jeunesse et utilise son entourage pour satisfaire ses ambitions.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une fin septembre froide et très humide sur La Rochelle, dans les années trente. Ce mercredi, un cinéma se vide de ses spectateurs et Philippe, le fils de Frédéric Dargens, propriétaire du cinéma, va retrouver Martine, en catimini. Celle-ci est tendue, blanche et fiévreuse, elle insiste pour que Philippe la regarde dans les yeux. Son père, Oscar Donadieu, a disparu le samedi précédent et elle désire savoir s'il est bien complètement étranger à ce malheur.
Oscar Donadieu, appelé l'Armateur, menait son entreprise et sa famille d'une main de fer. L'empire Donadieu se dresse quai Vallin, dans une grande bâtisse austère où l'Armateur, son fils Michel et son beau-fils Olsen travaillent, chacun à son étage, pour gérer les chalutiers et le charbon Donadieu. Ils habitent tous un hôtel particulier rue Réaumur, les familles occupant également chacune leur étage.
Mais voilà qu'à marée basse, on retrouve Oscar Donadieu noyé, le corps collé dans la vase du bassin de la Rochelle.
L'enquête rapide (il faut éviter toutes sources de scandale) conclut à la noyade accidentelle. Ce n'est pas le sujet du roman qui va plutôt se pencher sur l'incapacité de ses descendants et de sa femme à maintenir l'entreprise à flots et la sauver du naufrage. La forteresse Donadieu, bien installée dans la bourgeoisie Rochelaise, va prendre l'eau par toutes les fissures que les éléments de la famille vont s'échiner à élargir jusqu'à en faire de profondes crevasses.

Chez ces gens-là, il y a la mère, privée de mondanités par les règles imposées par son mari, et qui va commencer à vouloir tout régenter et surtout recevoir chez elle. Mais elle confond gestion d'une entreprise et fréquentations bourgeoises ! le fils aîné, Michel, n'a pas été épargné par l'auteur. C'est un mollasson écoeurant, gémissant sur son sort, dont l'unique souci est de séduire ou forcer secrétaires et autres bonnes. Les deux derniers, Martine et Kiki, étouffent dans ce cercle familial et ne pensent qu'à fuir. Kiki, chétif et malingre, a hérité de ce sobriquet car son père le jugeait indigne de porter le prénom de la famille : Oscar. Va-t-il confirmer le diagnostic paternel ou éclore ?

En périphérie de cette famille, Frédéric Dargens est un peu le négatif du cliché petit bourgeois qu'incarnait Oscar Donadieu. Fils de Banquier, grande fortune, il s'est retrouvé ruiné quand la banque a sauté et a ouvert un cinéma qui vivote entre des spectacles de danseuses et de prestidigitateurs et dans lequel il habite dans un réduis, vivant en bohème. Il fréquente à l'occasion les danseuses, comble du déshonneur pour cette bourgeoisie bien pensante. Malgré cela, il est l'ami, le confident de l'épouse de Donadieu ainsi que de sa belle-fille Eva. Il assurera le trait d'union entre les deux familles.
Son fils Philippe a séduit Martine, la seconde fille d'Oscar Donadieu. Il s'introduit dans sa chambre en transitant par le jardin de la bonne d'à côté, Charlotte, s'acquittant d'un droit de passage charnel. Plutôt bel homme, parangon d'ambition, il n'aura de cesse d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour parvenir à ses fins et tenter de créer sa propre dynastie. Arrivera-t-il à entrer dans la famille par la grande porte ?

Ce petit monde va graviter de la Rochelle à la maison de vacances de St Raphaël, puis à Paris. Avec, toujours, les descriptions de Simenon, ruelles, maisons, mais aussi lumières, odeurs, sensations. « Malgré l'heure, de la rosée tremblait encore sur les herbes du talus et le soleil était voilé par l'haleine humide de la terre. »
Les pages se tournent vivement, laissant des empreintes d'égoïsme, de veulerie, d'ambition, de manipulation, d'amour fou, de médiocrité, de vices… le clan Donadieu ayant perdu son pilier, il paraît peu probable qu'il arrivera à colmater les lézardes qui se creusent.
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Le "Testament Donadieu" est jusqu'ici le seul roman de Simenon qui ne soit étiqueté "Tome I" ou "II" et que j'ai lu directement sans faire l'arrêt d'usage devant un autre titre, qu'il fût de l'écrivain liégeois ou non. Tout cela en raison de l'intensité extraordinaire du précédent roman "dur", ce "Quarante-Cinq Degrés A L'Ombre" dont le héros, le Dr Donadieu, n'est qu'une version définitivement adulte de l'un des protagonistes du "Testament ...", Oscar, surnommé "Kiki" par toute la famille. Dans "Le Testament ...", il n'a guère que quinze ans au début et vingt-et-un à la fin et rêve déjà de s'embarquer pour parcourir les océans. Il faut bien avouer que, à considérer le triste spectacle que lui a jusqu'ici donné sa famille, le lecteur comprend très vite ce désir éperdu de s'enfuir là où il n'y a pas de Donadieu.

La famille est l'une des plus riches de Bordeaux. Elle a pignon sur rue presque depuis le grand-père mais c'est Oscar, le fils unique et choyé, qui a achevé de la consolider. Les "Pêcheries Donadieu", les "Boulets (de charbon) Donadieu", entre autres, c'est lui. Ses affaires prospèrent et tout roule. Question génération aussi car il a eu plusieurs enfants. L'aîné, Michel, personnage d'une veulerie rare et que, comme la pressentant, son père a refusé qu'il portât le digne prénom d'"Oscar", n'en dirige pas moins l'une des principales sections de la vaste entreprise familiale. Marthe, la cadette, qui a la tête solidement ancrée sur les épaules, et qui a épousé un homme de la même trempe, Olsen, lequel a tout naturellement trouvé sa place dans la famille. Martine, la benjamine, qui nous paraît tout d'abord comme une jeune fille sans grande personnalité mais qui, à la fin, nous prouvera qu'elle est bien, elle aussi, la digne fille de son père défunt, et enfin celui qui hérité du prénom, Oscar, adolescent de quinze ans boutonneux et mal dans sa peau, de santé fragile, aux tendances peut-être un peu homosexuelles (voir ses rapports avec le jeune précepteur qu'on finit par lui donner au deuxième tiers du livre, Edmond) et qui ne rêve que de s'en aller par mers et océans.

C'est au début, qu'Oscar Donadieu Père disparaît, un jeudi soir, pour ne reparaître, à l'état de cadavre, dans l'un des bassins du port, que la semaine suivante. Aucune violence observée : il reste entendu que, dans les ténèbres de pluie et de vent, il aurait perdu l'équilibre et glissé. Et cela restera la version officielle jusqu'au bout.

Pourtant, comme toujours d'ailleurs lorsqu'un notable de ce genre trouve une mort sinon mystérieuse, en tous cas marquée au coin de l'insolite, les survivants n'en pensent pas moins. Martine, la propre fille de Donadieu, qui est amoureuse folle de Philippe Dargenz, un jeune homme bien élevé et séduisant mais que la mauvaise gestion de la fortune familiale force à repartir de tout en bas s'il veut se faire une place dans la vie, est elle-même persuadée que son amant est responsable de ce décès. Pourquoi ?

Parce que voici la famille Donadieu décapitée et un empire à reprendre - et que Philippe est un redoutable, mais là très redoutable ambitieux qui ne s'est jamais remis de la faillite de son père.. le plus riche empire portuaire de la ville après celui des Vallin - et encore, après, avant, c'est une question de nuances et de balances des comptes selon l'année civile écoulée ... Certes, au début, Mme Donadieu Mère, la veuve et amie d'enfance de Frédéric Dargenz, le père de Philippe, s'amuse un peu à vouloir diriger la boîte. "S'amuser" parce que, toute sa vie durant, Oscar Donadieu l'a écrasée et confinée au rôle de génitrice et de maîtresse de maison alors que cette femme, beaucoup plus intelligente et fine qu'on ne le croit, aurait pu lui rendre de grands services. Mais l'usage était ainsi à l'époque : les épouses des grands notables ne travaillaient pas et surtout pas chez leur mari.

Puis, de mentalité plus libre mais aussi, il faut bien le dire, moins retorse que son époux, elle se laisse prendre au charme de Philippe qui, lentement mais sûrement, finit tout naturellement par l'appeler "Maman." Martine en effet est enceinte et les convenances doivent être respectées. Quant à Philippe ...

Même si l'on ne parviendra pas à prouver sa responsabilité dans le décès de Donadieu Père, on ne peut nier que ce Philippe Dargenz, qui a le physique parfait d'un acteur de cinéma, joue bel et bien au moins triple jeu. Il lui est facile de brosser Michel Donadieu, très porté sur les femmes et toujours pris entre deux avortements ou deux pensions à payer, dans le sens du poil : un peu d'argent, l'une de ces merveilleuses machinations que Philippe abrite dans sa tête et hop ! le problème de Michel est escamoté. D'une façon ou d'une autre.. le beau-frère Olsen, lui, pourvu que l'affaire prospère et qu'on l'y maintienne à sa Direction des Pêcheries, se contrefout de qui détient le pouvoir: ce qui l'intéresse, c'est le rendement et le travail sérieux. Marthe, elle, est nettement plus méfiante mais elle n'est pas de ces gens qui ignorent où se trouve leur intérêt. Dans leur cas, le troc consiste en : "Nous fermons les yeux, tu épouses Martine et tu mènes la grande vie à Paris tandis que nous, nous régnons sans partage sur Bordeaux."

Martine ... Martine tantôt entretient, tantôt efface de sa mémoire, en espérant que ce sera pour toujours, les pires soupçons que continue à lui engendrer la nuit du décès de son père, nuit d'orage et d'éclairs ... Mais de toutes façons, une épouse peut-elle témoigner contre son époux et en aurait-elle d'ailleurs la volonté ? ... Quant à Kiki, quinze ans, il n'y comprend pas grand chose. Les liens qui le rattachent à la dernière de ses soeurs présenteront pour certains quelque chose de semi-incestueux mais ce qui le domine, lui, et depuis longtemps, ce à quoi il est prêt à tout sacrifier, ce n'est pas la redéfinition exacte de la mort de son père, qui ne l'appréciait guère, soit-dit en passant, le considérant comme un doux rêveur à la pauvre santé, mais la soif de dire adieu et même le mot de Cambronne aux Pêcheries, aux Boulets, à tous les trucs estampillés Donadieu.

De santé fragile dans son enfance - ce qui n'a pas accru l'amour du père pour lui, répétons-le - il a un certain retard dans ses études que, après deux fugues effectuées hors de deux boîtes-à-bachot, la famille décide de résoudre au domicile, avec l'aide d'un précepteur un peu plus âgé que lui, Edmond, jeune homme de bonne famille lui aussi et très cultivé et qui, oh ! miracle ! (il y a parfois, chez les rescapés du clan Donadieu, une sorte d'étonnante candeur) est lui aussi un fou de la mer ! La preuve, il aide Kiki à construire son premier bateau ! Ca, c'est de l'éducation !

Six ans vont passer jusqu'à ce que Kiki, tout étonné de se voir appeler à nouveau - et très respectueusement - "M. Oscar", soit contraint de retrouver sa famille, toujours si écrasante, à l'occasion de la double inhumation de Philippe Dargenz et de son épouse Martine, née Donadieu. Pour faire court, cette dernière, qui ne s'est en fait jamais habituée à ce que son beau mari, si tendre au début, se mette avec ardeur à la chasse au gibier - et aux maîtresses - a décidé de le tuer. Ensuite, elle s'est suicidée et, le premier coup ayant manqué, elle s'est enfoncé le revolver (ou l'automatique, je ne sais plus), dans la bouche.

Le scandale est énorme, tous les comptes sont à refaire (parce que Philippe Dargenz, emporté par cette mentalité de joueur de poker qu'il avait héritée de son père) faisait danser depuis un ou deux ans l'Entreprise sur la corde raide, et avec ça il faut parlementer avec le curé pour que le couple Dargenz puisse reposer côte à côte en terre consacrée, auprès d'un Oscar Donadieu Père probablement furieux.

Le seul petit détail sur lequel le lecteur ayant déjà lu "Quarante-Cinq Degrés A L'Ombre" n'arrive pas à se fixer, c'est l'âge d'Oscar. L'action du roman précédent se passe semble-t-il dans les années trente et le Dr Donadieu aurait alors dans les quarante ans. Même s'il fut un enfant tardif, on n'arrête pas de se demander comment, avec de pareilles dates, il a pu échapper à la guerre 14-18. Georges Simenon, on le sait, clamait haut et fort qu'il ne se relisait jamais. On peut y trouver ici une preuve infaillible.

Ceci posé, "Le Testament Donadieu" est un roman d'une puissance exceptionnelle, où la justesse d'analyse des caractères et le déroulement de l'intrigue, au sein d'une société qui ne respecte que l'argent et la réussite, touche ni plus ni moins au génie. Ce Philippe Largenz prêt à tout pour réussir - voire à tuer - et la toile serrée des Donadieu qui l'entoure, se rétrécissant et se ramollissant en fonction de ses intérêts personnels, sans oublier le personnage tout à fait "à part" de Kiki, futur Dr Donadieu, dont on a pu admirer la profonde humanité dans "Quarante-Cinq Degrés A L'Ombre", tous ont quelque chose d'indiscutablement balzacien.

Quel plus grand compliment peut-on faire à cet ouvrage qu'il ne faut surtout pas manquer de lire dans la fabuleuse et protéiforme saga des romans de Simenon - et en respectant l'ordre imposé par l'auteur : "Quarante-Cinq Degrés à l'Ombre" et "Le Testament ..." Personnellement, je n'en vois pas. Bonne lecture ! Vous n'êtes pas près d'oublier les Donadieu. ;o)
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Ce roman, en 3 parties, se déroule successivement à :
- La Rochelle (les dimanches de la Rochelle) p 9
- Saint Raphaël (les dimanches de Saint Raphaël) p 195
- Paris (les dimanches de Paris) p 329

Intrigue on ne peut plus convenue ; écriture bâclée ; dénouement en pétard mouillé...

Rien à sauver dans ce désastre littéraire.

Simenon est un écrivain excessivement prolifique, ce qui le conduit, trop souvent à la prolixité.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[...] ... - "Vous tenez à assister à la consultation ?" avait questionné le professeur.

Et, un quart d'heure durant, il palpa la poitrine maigre et nue du gamin, qui se laissait faire avec résignation.

- "Je te fais mal ?

- Non !

- Tu n'as jamais mal ici ?

- Non !

- Respire ..."

Il respirait docilement.

- "Tu as bon appétit ?

- Oui !

- Pourquoi es-tu parti, l'autre nuit ?"

Mais le professeur vit les visages de sa Mme Donadieu et de sa fille, soupira, se leva.

- "Si vous voulez me donner quelques chances de succès, je vous demanderai de me laisser seul avec l'enfant, car vous l'intimidez."

Elles se retirèrent dans un voisin et le docteur changea de ton, eut l'air de rire, dit à l'enfant :

- "Remets ta chemise, fiston !"

Puis, à brûle-pourpoint :

- "Dis donc, elle n'est pas drôle, ta soeur !"

Mais le regard de Kiki restait soupçonneux.

- "Raconte-moi à quoi tu joues quand tu ne travailles pas.

- Je ne joue pas !

- Avec qui parles-tu ?

- Je ne parle pas.

- Ce doit être gai ! Qu'est-ce que tu fais, alors ?

- Je lis.

- Tu sais nager ?

- Non !

- Comment ! Tu habites au bord de la mer, tu es fils d'armateur et tu ne sais pas nager ? Est-ce que seulement tu sais monter à cheval ?

- Non !

- Vous n'avez pas de chevaux ?

- Mon frère et mon beau-frère en avaient mais on les a revendus l'année dernière, pour donner l'exemple des restrictions, quand on a diminué le personnel de dix-pour-cent.

- Pourquoi avais-tu choisi Les Sables-d'Olonne ? Tu y est déjà allé ?

- Non. J'ai vu sur la carte que c'était le port le plus proche, sauf Rochefort, où on nous connaît.

- Tu es déjà allé à Paris ?

- Non !

- Où es-tu allé ?

- A Berck, dans une clinique, pendant six mois.

- Quelle est celle de tes soeurs que tu préfères ?

- Martine !

- Quel âge a-t-elle ?

- Dix-sept ans.

- Pourquoi elle n'est pas venue avec vous ?

- Parce qu'elle est partie." ... [...]
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[...] ... Il avait quand même rapproché sa chaise du fauteuil, car il avait besoin d'un contact, et sa main était posée sur celle de Martine. Mais elle gardait son sang-froid. Elle l'écoutait. Elle voulait comprendre.

Le difficile, c'était de prononcer les premières phrases, dans ce salon trop grand, trop éclairé, surtout pour eux qui avaient l'habitude des mots balbutiés peureusement dans l'obscurité.

- " ... J'ai pensé qu'au milieu d'un monde que je méprise je découvrais soudain quelqu'un de différent ..."

Elle secoua la tête. Elle sentait que ce n'était pas vrai et lui-même n'y mettait pas la conviction voulue. Il l'avait prise parce qu'il était fier de voir une jeune fille s'offrir à lui, simplement, et surtout une Donadieu, une jeune fille appartenant à cette forteresse hautaine et où on ne l'admettait, et rarement, qu'avec condescendance.

Mais après ?

Il ne savait pas? et surtout il ne savait que lui dire.

- "Vous ne pouvez pas comprendre, Martine ..."

Il se troubla. A cause de la lumière, il venait de lui dire vous et il venait de se rattraper en se rapprochant encore, en se penchant pour l'embrasser.

- "Non ... Pas maintenant ... Je veux comprendre parce qu'il faut que nous prenions une décision ... Je n'en peux plus ... J'étouffe ...

- Tu vois ?

- Qu'est-ce que je vois ?"

Il avait saisi la balle au bond. L'éloquence lui venait enfin.

- "Tu viens de tout expliquer d'un mot ! ... Tu étouffes ... Tu étouffes parce que tu vis dans un monde qui ne sait pas vivre, qui tourne en rond entre des murs sans même apercevoir les fenêtres ... Et que, si un rayon de soleil pénètre par ces fenêtres, on se hâte de fermer les rideaux, par crainte d'être tenté de s'évader ... Ecoute-moi, Martine ! ... Les mots abîment tout mais tu veux qu'on les prononce ...

" Il y a au monde quelque chose que je déteste, une façon d'être, certaines maisons, certaines gens qui y sont enfermées et ce n'est pas de ma part, je te le jure, une envie provoquée par la richesse ...

"Je hais la maison Donadieu comme je hais la maison Mortier ou la maison Varin, comme je hais ce Cercle où une douzaine de vieux messieurs attendent, pleins de dignité, le caveau de famille qui ne changera pas grand chose à leur état ...

"Je hais ta soeur et son mari ... Je hais Michel ... Je hais ... Je les hais parce qu'ils gâchent de belles possibilités et qu'ils finiraient par me faire croire à la laideur du monde ...

" Tu étais toute seule là-dedans, avec tes yeux fiévreux, ta faiblesse, ta volonté de vivre ..."

Elle secoua la tête. Elle sentait encore dans ce discours comme une note discordante. ... [...]
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C'était une femme qui adorait tout.Elle n'aimait rien. Elle adorait !
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