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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 94 sur 103
EAN : 9782253142188
189 pages
Le Livre de Poche (07/05/2003)
3.51/5   68 notes
Résumé :
Un matin, sur la plate-forme d'un autobus, on vole le portefeuille de Maigret. Le matin suivant, son portefeuille lui est restitué par la poste et il reçoit un appel téléphonique du voleur lui demandant un rendez-vous. Maigret s'y rend et apprend de son voleur, François Ricain, que sa femme, Sophie, a été assassinée.

Adapté pour la télévision italienne en 1972, sous le titre Il Ladro solitario, par Mario Landi, avec Gino Cervi (Commissaire Maigret), e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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"Le Voleur de Maigret" est l'un de ces romans qui ne tient qu'à un fil pour qu'on l'écarte ipso facto, en le taxant d'impossibilité, voire d'incohérence. Mais l'affaire est si finement amenée, avec cette magie de l'atmosphère qui vous enveloppe en toute innocence avant de vous enserrer dans une étreinte insidieuse à laquelle vous ne songez plus à vous arracher tant elle vous hypnotise par l'art consommé qu'apporte Simenon d'abord à vous la dépeindre, puis à vous y tailler un habit des plus élégants, rien que pour vous, l'un de ces costumes que, quand il vous arrivera de relire ce texte, vous réenfilerez avec la certitude d'un luxe créé uniquement pour vous ! ... L'auteur belge fait de vous, en quelque sorte et rien que pour ce livre-là, un lecteur tout neuf qui fait pourtant partie de ses intimes, de ses plus proches amis, même et cela vous fait si chaud au coeur que, bien que le doute vous effleure lors de l'explication finale, vous détournez la tête et, en pleine conscience, délibérément, vous embrassez le raisonnement de l'auteur.

Pourtant, pourtant, vous sentez bien que le "voleur" qui a délesté Maigret, ce beau matin-là, sur la plate-forme de l'autobus, de son portefeuille avec argent, papiers d'identités et médaille de la PJ, aurait aussi bien pu NE PAS LE FAIRE et que, du même coup, l'intrigue tout entière tombait à l'eau. Vous le percevez d'autant mieux que vous avez eu tout votre temps pour apprécier le caractère impulsif, colérique, incontrôlé en fait, du personnage. Et cependant, vous marchez avec Maigret.

Fidélité au personnage ? Fidélité à l'auteur ? Quand vous en arrivez au tome VIII des aventures du célèbre commissaire, vous êtes, et depuis longtemps, un vrai mordu de l'un comme de l'autre. Emettrait-on désormais devant vous des doutes sur la faculté de François, dit Francis, Ricain, à sauter sur l'occasion qui va lui permettre de retourner à son avantage une situation qui se décompose à vue d'oeil, que vous monteriez sans hésiter au créneau, prêt à batailler pour Simenon et pour la logique de son roman.

D'un autre côté, et l'on en revient à ce que j'écrivais au tout début de cette fiche, le fil si ténu auquel se rattache toute l'intrigue peut peut aussi être réel, comme la Tour Eiffel sur le Trocadéro. Certes, sa finesse encourage à le tenir pour improbable mais la Vie est bourrée, que dis-je, elle déborde, elle explose ! de ce genre d'improbabilités. Après tout, le grand Sherlock Holmes, autre fumeur de pipe renommé celui-là, ne l'a-t-il pas exprimé, oui ou non, en d'autres circonstances : "Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable soit-il, est nécessairement la vérité."

Dans "Le Voleur de Maigret", notre commissaire se fait dérober son portefeuille sur la plate-forme d'un autobus. Portefeuille qu'on lui renvoie dès le lendemain, par la poste, sans qu'il y manque une seule coupure, une seule carte : même la médaille, si symbolique, est intacte. Peu après, coup de fil de l'auteur du vol qui s'excuse mais qui affirme qu'il était dans un tel état que ... D'ailleurs, il serait heureux de pouvoir entretenir le commissaire d'un problème qui ... A moins que le fameux commissaire Maigret ne le juge trop menu fretin pour accepter de le rencontrer ...

Le ton est donné. Et l'on sait bien que Maigret va se rendre à la rencontre de son "voleur."

Celui-ci, un certain François Ricain, que ses amis parisiens préfèrent appeler Francis, lui raconte alors une histoire incroyable. En rentrant chez lui l'avant-veille, il a trouvé son épouse, assassinée d'un coup de revolver. Paniqué, il s'est enfui et comme il voulait, sur le coup, prendre un train pour il ne sait plus où, il a subtilisé le portefeuille que Maigret porte toujours - sa femme la lui reproche-t-elle assez souvent, cette détestable habitude ! - dans sa poche revolver. Parce que, question argent, Ricain est plutôt mal embarqué. Découvrant, avec l'effarement qu'on devine, l'identité de celui qu'il vient ainsi de détrousser, il s'arrête et se prend à réfléchir. Maigret, on ne le répètera jamais assez, aime les histoires qui sortent de l'ordinaire : il accompagne donc Ricain jusque chez lui où, de fait, il constate que la Nature a commencé depuis un certain temps déjà son douloureux et peu ragoûtant travail de recyclage ...

Evidemment, Ricain jure, sacre, hurle, proteste qu'il n'est pour rien dans le meurtre de sa femme, Sophie. Et le lent processus se met en route : Maigret, qui croit assez à son histoire, le laisse en liberté et se met à interroger à droite, à gauche ...

Le schéma habituel.

Disons-le sans exagération : on est captivé. Vérité criante des personnages, crédibilité des "visions" qu'ils échangent entre eux sur tel ou tel des leurs, des dialogues haute-couture pour chacun d'eux, ambiance énorme de puissance, on passe de lame en lame, sur l'océan déchaîné par un Simenon au maximum de sa verve et de sa ruse, inspiré à fond par Ricain et l'univers bohème où il se complaît, ou encore on s'abandonne avec confiance, tout au haut des trapèzes, au porteur qui vous attend et vous entraîne dans un tourbillon auquel, malgré le danger que vous percevez derrière lui, vous ne tenez pas à vous soustraire. Vous voulez savoir ... C'est si facile d'écrire cela, à propos de Simenon et de son oeuvre. Dans chacun de ses romans, policier ou pas, on s'acharne à connaître le fin mot de l'histoire et plus il sera noir, plus on restera épaté par l'aisance et le naturel de l'ensemble. Plus on lit Simenon, plus on se dit que cet homme descendait d'une lignée de colporteurs qui, à la veillée, dans les villages esseulés, racontaient, au bénéfice de tous, de ces histoires qui, longtemps, très longtemps, restaient à serpenter parmi les rêves et les cauchemars de la maisonnée, bien après que le colporteur s'en fût allé dans le froid, sur la route, au petit jour qui se levait ... Sincèrement, il ne peut y avoir d'autre explication logique.

Livre dont l'intrigue repose sur un "à peu-près", "Le Voleur de Maigret" est aussi, paradoxe incompréhensible propre au génie, l'un des romans les plus magistraux de la série. Fascination, hypnose littéraire, absorption volontaire et contrôlée dans les méandres d'une histoire pour laquelle on comprend bien que l'auteur ne s'est pas assuré toutes les garanties habituelles mais qui n'en demeure pas moins une merveilleuse, une inégalable acrobatie réalisée sans filet. C'est cette absence de filet qui capture le regard, qui donne le grand frisson : va-t-on suivre Simenon ? Va-t-on lui faire confiance pour rattraper au vol tout à la fois l'affaire - et notre foi en lui et en son art ?

Avec lui, j'ai sauté dans le vide et ... tout en sachant désormais ce que je sais, je suis prête à recommencer : "Le Voleur de Maigret" est un vrai chef-d'oeuvre, qui virevolte et nous fait prendre des vessies pour des lanternes, où l'auteur demande à son lecteur, avec une rare impudence : "Chiche ?" et où, tous en choeur, nous répondons : "Chiche !" C'est le spectacle d'un prestigieux prestidigitateur dont les spectateurs sont à la fois les complices et les victimes - mais des victimes joyeusement, pleinement consentantes.

A lire, à lire et à relire. Parce que c'est grand, provocateur, inégalable et machiavélique en Diable. "Le Voleur de Maigret", ou le roman de Simenon qui vous fait franchir la ligne de son Equateur personnel - la boucle d'oreille bien gagnée que vous arborez fièrement à votre oreille droite parce que, la "Ligne de Simenon", en le suivant ici jusqu'au bout, vous avez bien gagné le droit d'en porter la marque à jamais. "Votre" médaille de Maigret, en somme. ;o)
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Ecrit en 1966
L'aspect en perspective de ce roman
Le milieu cinématographique dont s'occupe Maigret est corrompu et dominé par l'arrivisme. le héros se perd en voulant être « trop intelligent », car l'intelligence est vaine qui « ne s'appuie pas sur une certaine force de caractère ».
Résumé

Un matin, sur la plate-forme d'un autobus, on vole le portefeuille de Maigret. le matin suivant, son portefeuille lui est restitué par la poste et il reçoit un coup de fil du voleur lui demandant un rendez-vous. Maigret s'y rend et apprend de son voleur, François Ricain, que sa femme, Sophie, a été assassinée. Ricain craint qu'on l'inculpe et demande à Maigret de croire à son innocence. Très nerveux, Ricain est un homme étrange, un peu prétentieux, mais Maigret lui fait confiance, le laisse libre et commence son enquête en interrogeant les connaissances du couple : Carus, qui était l'amant de Sophie Ricain ; Maki, le sculpteur pour qui Sophie a posé nue et qui a couché avec elle ; Dramin ; Huguet ; enfin, Nora, maîtresse de Carus, qui détestait Sophie. Puis, grâce aux témoignages de Huguet, Maigret apprend que quelques minutes avant le meurtre, le couple s'est disputé ; sans doute Sophie a-t-elle dit à Ricain qu'elle avait un amant, qu'il était un raté ; Ricain, blessé dans son idéalisme, n'a pu le supporter et a tiré sur sa femme. Puis il a pensé à ce plan audacieux : voler Maigret et tout lui rendre pour que celui-ci croie à son innocence. Dernier geste théâtral de Ricain : quand Maigret se rend chez lui pour l'arrêter, il s'est coupé les veines, mais pas assez pour éviter les Assises, où il va sans doute jouer le rôle de l'être exceptionnel qui a failli réussir un meurtre parfait en dupant un policier.
Avis
Se faire subtiliser son portefeuille dans l'autobus, c'est déjà rageant! Mais pour peu qu'on soit flic, c'est carrément insultant... Et si vous êtes le commissaire Maigret en personne, alors là c'est le comble de l'ironie! Eh bien, figurez-vous que c'est exactement ce qui arrive ici à ce pauvre Jules, mais alors qu'il cède à la mélancolie bien légitime d'avoir perdu sa belle médaille de la PJ (matricule 0004), voilà que la petite mésaventure de notre cher commissaire prend un tour inattendu et que celui-ci se retrouve avec un cadavre sur les bras... et conséquemment une intéressante enquête à gérer! Une de ces petites enquêtes comme on les aime, bien sûr, pleine d'allées et venues grincheuses dans le petit vieux Paris, de demis bien mousseux dégustés au hasard des troquets, de suspects interrogés la pipe au bec... Une enquête où les silences, comme d'habitude, comptent autant que les paroles, sinon davantage, et au terme de laquelle Maigret accouche son coupable plus qu'il ne le confond... Ah, quel bonheur que de suivre ce cher Jules dans ses pérégrinations et de savourer la prose si simple et pourtant unique du grand Georges...
Le duo Simenon , Maigret est un regal c'est le mot
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Pauvre Maigret, sa journée commence mal : bousculé dans l'autobus, il se fait voler son portefeuille ! Et sa plaque de police... Bougon, il doit ensuite enquêter sur un meurtre, qui lui est révélé par... son voleur lui-même !
Maigret plonge dans un milieu d'artistes, plus ou moins loupés, dans un cercle de faux amis, pour essayer de cerner la personnalité de la morte et de son mari, le "voleur"...
Un très bon épisode, avec moult haltes dans les bistrots et de délicieuses pages de repas divers !
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Maigret est charmé par le printemps qui vient mais perd de sa bonne humeur lorsque on lui dérobe son portefeuille alors qu'il fume sa pipe sur la plate-forme d'un autobus. Quelques heures plus tard, la rencontre avec son voleur « repenti » va lui faire découvrir le monde du cinéma et une certaine bohème parisienne. Son humeur va encore baisser d'un cran quand François Ricain, son voleur, le conduit dans son appartement ou il a découvert un peu plus tôt sa femme assassinée.

Le commissaire est un peu désemparé devant un monde qu'il connait mal. Ricain ne lui fait-il d'ailleurs pas remarqué qu'il ne peut vraiment le comprendre, question de générations sans doute… C'est le monde de la nuit, mais loin de Pigalle et des cabarets, celui des fêtes et des discussions interminables dans les bars, également celui de la promiscuité entre les êtres et d'une liberté sexuelle qui va marquer les années soixante. L'évocation de certaines pratiques à faire bondir les féministes prend une toute autre dimension aujourd'hui :

- Et M. Carus ?
- Carus a autant de filles qu'il en veut, toutes celles qui ont envie de faire du cinéma ou de la télévisions…
- Il en profite ?
- Je crois…

La peinture du milieu du cinéma dont s'occupe Maigret est ici intéressante. Ces jeunes filles et ces jeunes gens avides de réussite, tous liés autour de Carus, le producteur prodigue dont ils attendent beaucoup, ne sont finalement dominés que par leur ambition et font peu de cas des liens qui pourraient les unir. Journaliste, scénariste, sculpteur… ce ne sont que des gens qui ne se connaissent pas vraiment et qui, en fait, ne se respectent pas les uns les autres. La scène dans laquelle Maigret observe toute cette faune au Vieux pressoir, où elle a ses habitudes, tel un gros chat qui attendrait le moment opportun pour attaquer, est à ce propos assez extraordinaire. Loin des enquêtes de voisinage – « Je t'avais bien dit que c'était celui-là… Je me demande s'il reviendra… Il parait qu'il fait tout lui-même et il y a des chances pour qu'il nous questionne les unes après les autres. » – c'est ici l'attente et la rude que privilégie Maigret, dans le restaurant comme au quai des Orfèvres quand il met un des protagonistes pendant des heures à la « glacière », la salle d'attente vitrée près des bureaux du commissaire et des inspecteurs.

Le voleur de Maigret est un roman assez atypique en ce sens qu'il propose un plan compliqué échafaudé par l'imagination fertile d'un personnage intelligent mais instable – « Il passait sans transition de la déraison au bon sens, de la panique aveugle au raisonnement le plus lucide. » – qui se perd en voulant être trop intelligent, car l'intelligence est vaine si elle « ne s'appuie pas sur une certaine force de caractère ». Un roman intéressant pour l'étude d'un milieu très différent de celui auquel Maigret est en général confronté – les beatniks sont rarement mentionnés dans l'oeuvre – mais qui pèche par une intrigue un peu trop complexe pour être parfaitement crédible.
Lien : http://maigret-paris.fr/2019..
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Les Maigret sont de véritables capsules temporelles. Ils nous racontent Paris et la France des années 30 à 60 (à peu de choses près, mais sans la guerre). Une époque où les hommes portaient un chapeau, fumaient la pipe et des cigarettes partout où c'était possible (et c'était possible partout !). Ces années qui verraient arriver les yéyés et sonnerait la fin des maisons closes.

Les concierges étaient omniprésentes (oui, souvent des femmes) et seraient bientôt remplacées par des digicodes et des cameras de surveillance. Une époque où le petit vin blanc démarrait la journée et où les hommes pichtronnaient du matin jusqu'au soir (le commissaire le premier !).

Ici, c'est une histoire un peu alambiquée (pas forcément le meilleur opus) dans laquelle le commissaire commence par se faire voler son portefeuille avec sa médaille !

S'en suit une plongée dans le monde des petites mains du cinéma, auteurs en devenir, petit producteurs et starlettes prêtes à tout pour un petit rôle. Tiens, rien n'aurait changé ou oserait-on croire que #metoo viendra casser tout ça ?
Lien : https://www.noid.ch/le-voleu..
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - "C'est ici que vous habitez ?

- Ecoutez-moi, commissaire ..."

Il était plus pâle, plus nerveux que jamais.

- "Avez-vous déjà fait confiance à quelqu'un, même quand toutes les preuves étaient contre lui ?

- Cela m'est arrivé.

- Que pensez-vous de moi ?

- Que vous êtes assez compliqué et que trop d'éléments me manquent pour vous juger.

- Parce que vous me jugerez ?

- Ce n'est pas ce que je veux dire. Mettons pour me faire une opinion.

- Est-ce que j'ai l'air d'une crapule ?

- Certainement pas.

- D'un homme capable de ... Non ... Venez ... Il vaut mieux en finir tout de suite."

Il l'entraînait dans la cour, le conduisait vers l'aile gauche des bâtiments où, au rez-de-chaussée, on voyait un certain nombre de portes alignées.

- "Ils appellent ça des studios ..." grommela l'inconnu.

Et il tirait une clef de sa poche.

- "Vous allez m'obliger à entrer le premier ... Je le ferai, quoi qu'il m'en coûte ... Si je tourne de l'oeil ..."

Il poussa la porte de chêne verni. Elle donnait sur une entrée minuscule. Une porte ouverte, à droite, laissait apercevoir une salle de bains avec ce qu'on appelle une demi-baignoire ou baignoire sabot. Elle était en désordre. Des serviette traînaient sur le carrelage.

- "Ouvrez, voulez-vous."

Le jeune homme désignait la porte, fermée celle-ci, qui se trouvait devant eux et le commissaire fit ce qu'on lui demandait.

Son compagnon ne s'enfuit pas. L'odeur, pourtant, était écoeurante malgré la fenêtre ouverte.

Près d'un divan transformé en lit pour la nuit, une femme était étendue sur le tapis marocain à dessins multicolores et des mouches bleues tournoyaient en bourdonnant autour d'elle. ... [...]
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« C’était un mauvais moment à passer. Dans presque toutes ses enquêtes, Maigret connaissait cette période plus ou moins longue de flottement pendant laquelle, comme disaient tout bas ses collaborateurs, il avait l’air de ruminer.Durant la première étape, c’est-à-dire quand il se trouvait soudain face à face avec un milieu nouveau, avec des gens dont il ne savait rien, on aurait dit qu’il aspirait machinalement la vie qui l’entourait et s’en gonflait comme une éponge.
Il l’avait fait la veille au Vieux-Pressoir, sa mémoire enregistrant à son insu les moindres détails de l’atmosphère, les gestes, les jeux de physionomie de chacun.
S’il ne s’était senti aussi las, il serait allé ensuite au Club Zéro que fréquentaient certains des membres de la petite bande.
A présent, il avait absorbé une quantité d’impressions, tout un fouillis d’images, de phrases prononcées, de mots plus ou moins importants, de regards surpris, mais il ignorait encore ce qu’il en ferait.
Ses familiers savaient qu’il valait mieux ne pas lui poser de questions, ni le regarder d’un œil interrogateur, car il deviendrait volontiers bougon. »
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[...] ... Un silence encore, puis enfin :

- "C'est moi ..."

Une voix d'homme, même assez grave, mais l'accent aurait pu être celui d'un enfant qui hésite à avouer une désobéissance.

- "Mon portefeuille ?

- Oui.

- Vous ignoriez mon identité ?

- Bien sûr. Autrement ...

- Pourquoi me téléphonez-vous ?

- Parce que j'ai besoin de vous voir ...

- Passez à mon bureau.

- Non. Je ne veux pas aller Quai des Orfèvres.

- On vous y connaît ?

- Je n'y ai jamais mis les pieds.

- De quoi avez-vous peur ?"

Car on devinait de la peur dans la voix anonyme.

- "C'est à titre privé.

- Qu'est-ce qui est à titre privé ?

- Que je voudrais vous voir. Cette solution m'est venue à l'esprit quand j'ai lu votre nom sur la médaille.

- Pourquoi avez-vous volé mon portefeuille ?

- Parce que j'avais besoin d'argent tout de suite.

- Et maintenant ?

- J'ai changé d'avis. Je n'en suis pas encore sûr. Il vaudrait mieux que vous veniez le plus vite possible, avant qu'il ne me vienne une autre idée ..." ... [...]
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Elle a au moins trente ans et, si on la nettoyait de tous ses fards, on lui en donnerait probablement quarante… Elle est mince, c’est vrai, si mince qu’on lui compte les os…
» Du noir et du vert autour des yeux, pour leur donner du mystère, paraît-il, mais cela ne fait que lui donner l’air d’une sorcière… Pas de bouche, parce qu’elle supprime les lèvres avec une couche de pommade blanche… Et, sur les joues, du blanc verdâtre… Voilà Nora…
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Parfois une fenêtre se refermait, une lampe s’éteignait. Des couche-tôt. Puis, au quatrième étage, ce fut le tour d’une fenêtre de s’éclairer. C’était un peu comme les étoiles qui se mettent soudain à briller ou à disparaître dans le ciel.
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"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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