Ilium est l'un des noms désignant la ville antique de Troie, et
Dan Simmons s'inspire de l'Iliade d'
Homère, en la transposant dans un univers futuriste. Dans le système solaire, quelques milliers d'années après qu'un virus appelé le Rubicon a anéanti l'humanité, seuls ont survécu quelques milliers d'humains qui disparaissent mystérieusement. La terre est passée sous le contrôle exclusif d'une nouvelle sorte d'humains, les posthumains, au corps modifié par les nanotechnologies et à l'ADN améliorée. Réfugiés dans des habitats spatiaux et dotés d'une technologie très avancée, notamment dans le domaine de la physique quantique, ils n'ont pas été atteints par le virus. Ils repeuplent la terre d'« humains à l'ancienne », avec quelques légères modifications génétiques, et leur offrent une vie terrestre limitée à cent ans, mais rendue agréable par les robots serviteurs qui s'occupent de toutes les tâches, et libérée de toute crainte des blessures, de la maladie et de la mort grâce à la « firmerie » chargée d'assurer l'entretien de leur corps. Ces humains perdent rapidement toute culture, connaissance et technique, et mènent une vie facile remplie de fêtes.
Sur les satellites de Jupiter, les robots envoyés puis abandonnés par les posthumains ont développé une société et une culture propres : ce sont les Moravec. Certains d'entre eux vouent, parallèlement à leurs taches quotidiennes, une passion débordante à l'étude littéraire de certaines oeuvres humaines, comme celles de
Proust et de
Shakespeare. Mais ces Moravec s'inquiètent des quantités importantes d'énergie quantique détectées sur une planète Mars récemment terraformée et qui menacent la structure de l'univers.
Sur une terre antique, la guerre de Troie fait rage, et les héros de l'Iliade s'affrontent depuis déjà neuf ans. Tous les dieux du panthéon grec sont présents, bien vivants, et dotés de pouvoirs puissants et d'une technologie très avancée. Ils observent les combats du mont Olympe sur Mars et se réjouissent, influant de plus en plus sur le déroulement de la guerre. Zeus a ressuscité une poignée de spécialistes de l'Iliade ayant vécu à différentes époques, dont le personnage principal Thomas Hockenberry qui était historien à notre époque, afin de s'assurer que le conflit se déroule conformément au récit d'
Homère. Ces érudits, les « scholiastes », sont équipés de protections hautement technologiques, mais limitées, qui leur permettent de se mêler aux combattants, notamment en prenant l'apparence de personnages mineurs du récit.
On suit en fait trois groupes de protagonistes différents en même temps, qui évoluent à divers endroits de l'univers :
- Thomas Hockenberry se voit chargé par Aphrodite, la déesse la plus fervente partisane de Troie, de faire en sorte que les Achéens perdent la guerre et d'assassiner sa rivale Athéna. Elle lui donne quelques petits gadgets pour ça tels que le casque d'invisibilité qu'elle a subtilisé à Hadès et le médaillon TQ qui lui permet de se téléporter n'importe où. Et bien entendu, tout va dégénérer du fait des interactions qu'il va avoir avec les dieux et les héros achéens et troyens.
- Mahnmut et Orphu sont deux moravecs passionnés par
Shakespeare et
Proust qui quittent les lunes de Jupiter où ils sont installés pour partir en mission de reconnaissance sur Mars
- un groupe d'humains à l'ancienne, totalement assistés et habitués à une vie oisive sur Terre.
L'histoire est passionnante mais il faut quand même rentrer dedans. C'est dense, avec de nombreuses références littéraires et scientifiques, et ça ne se lit pas facilement même si l'écriture de
Dan Simmons reste toujours agréable. Je n'ai eu aucun problème pour rentrer dans la partie sur la guerre de Troie, que j'ai trouvée d'entrée excellente. Peut-être parce que les personnages de la mythologie grecque me sont familiers.
Par contre, j'ai eu plus de mal pour les moravecs et, surtout, pour les humains qui sont vraiment à baffer. Mais au final, malgré cette mise en place un peu lourde, j'ai fini par m'attacher à tous les personnages et l'intrigue est vraiment passionnante.
Je vais quand même faire une petite pause avant d'attaquer la suite,
Olympos, qui a l'air tout aussi consistante. Mais c'est un très bon
Dan Simmons !