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EAN : 9782070445400
112 pages
Gallimard (05/01/2012)
3.13/5   15 notes
Résumé :
Antonio Pellizzari, directeur de la Scala, démissionne pour changer radicalement de vie : il transforme sa somptueuse villa en orphelinat. Cette métamorphose en "père des orphelins" semble pour le moins étrange au narrateur, qui connaît la nature égoïste et hédoniste de Pellizzari. Or, en quittant le bureau de son ami, le narrateur reconnaît les boutons de manchettes qu'on lui a volés quleques mois auparavant...

Un livre trouble, doux-amer, sur le men... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jusqu'où doit aller la conversion d'un homme pour que ses péchés soient absous ? Doit-il se montrer à tous sous son vrai jour, se dépouiller de son honorabilité, affronter le ridicule, renoncer à sa réputation dans le monde, afin que ses fautes soient expiées ? La pénitence doit-elle passer par une abdication totale de sa vanité, de son orgueil, de sa réputation ? A quoi juge-t-on la valeur d'un repentir ?

Lorsqu'il apprend que son ami Pellizzari a radicalement changé de vie, le narrateur, a bien du mal à le croire. Quoi ? Pellizzari, cet « homme qui s'était toujours adonné à son travail et à ses plaisirs intimes avec habileté et dureté pour les premiers, raffinement et indulgence pour les seconds », cet homme intransigeant, rusé, insensible, dont la vie privée recelait tant de mystères qu'elle n'en finissait pas d'alimenter les mauvaises langues, cet homme-là aurait abandonné ses fonctions de directeur du théâtre de la Scala ? Il aurait renoncé au monde et à ses frasques pour transformer sa luxueuse villa lombarde en un orphelinat pour garçonnets ?...
Pellizzari, « l'esthète, l'hédoniste, l'affairiste, le pirate de l'opéra lyrique, le mystérieux érotomane, le sadique, le voyeur, le maître des chiens danois, l'imprésario impitoyable, l'exploiteur que des centaines de musiciens d'orchestre, de choristes et de chanteurs détestent », se serait ainsi brusquement métamorphosé en « père des orphelins » et se consacrerait désormais entièrement, avec l'aide d'une poignée de religieuses, à l'éducation de garçons abandonnés…

Rentrant en Italie après un long voyage, le narrateur, administrateur théâtral et homme vieillissant, tient à en avoir le coeur net. La conversion de son ami le remplit de curiosité et de méfiance, il donnerait cher pour savoir jusqu'à quel point celle-ci s'est opérée.
Il l'apprendra en se rendant chez son vieil ami, où, après une scène de confession larmoyante qui le laisse « l'esprit hésitant entre le respect et l'agacement, la cruauté et la méfiance, la pitié et l'ironie », il reconnait, traînant sur le bureau, des boutons de manchette lui appartenant et qui lui ont été dérobés quelques mois plus tôt….
Lorsqu'il confronte Pellizzari à ces objets volés, celui-ci ment éhontément avec un calme et une assurance en totale contradiction avec le poignant repentir dont il a fait montre peu auparavant.
Plusieurs mois plus tard le narrateur découvrira les tenants et aboutissants réels de l'histoire de Pellizzari…

Grand nom de la littérature contemporaine italienne, l'écrivain turinois Mario Soldati (1906-1999) s'est également illustré dans le cinéma pour lequel il a réalisé une trentaine de films et développé, dans les années 1940, « le calligraphisme », un mouvement qui, par opposition au néo-réalisme de ces années-là, portait une grande attention à la forme, à la pureté et au raffinement visuel, notamment avec l'adaptation d'oeuvres littéraires ; un cinéma « écrit » faisant référence aux enluminures des manuscrits anciens.

Il n'est donc pas étonnant de retrouver sous la belle plume de Soldati, l'oeil expert du cinématographe qui réussit brillamment à photographier en quelques phrases économes, mesurées, impeccablement calibrées, la région Lombarde, un coin de tonnelle, les douceurs d'une fin d'automne…« combien de fois avais-je songé, à la place de la Scala, au brouillard, à l'odeur familière du mois de décembre à Milan et revu les lumières discrètes et le velours rouge de mon cher Cova, une salade de truffes, un petit risotto sauté, une bouteille de champagne, une fille insouciante ! »

Mais s'il a l'art de planter ses décors en quelques mots bien tournés, Soldati n'est pas en reste en ce qui concerne l'analyse des comportements, l'examen des mentalités et l'étude des moeurs bourgeoises.
Avec un regard plein de finesse et de subtilité, l'auteur épingle les ambigüités, le mensonge derrière le masque de la respectabilité, l'hypocrisie sous la parure de la vertu et l'orgueil derrière la componction.
De son éducation bourgeoise, stricte et religieuse, Soldati a bâti une oeuvre forte pleine d'interrogations et de réflexion sur les valeurs morales, sur la notion de remords, de culpabilité, et sur l'ambivalence des sentiments humains englués par les tourments et les désirs de contrition et de repentance.
Sous les apparences trompeuses, la vérité émerge, mais est-il bien nécessaire de la divulguer au grand jour quand l'image de sa propre abjection peut briser irrévocablement un homme ?

Récompensé par le Prix Strega en 1954 avec « Les lettres de Capri », l'auteur offre une très intéressante variation sur le sens du repentir dans ce bref récit qui témoigne d'une ampleur psychologique et d'un sens de l'observation pleins de subtilité et d'acuité.
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Un directeur de théâtre apprend que l'un des ses amis et confrère a brusquement abandonné ses responsabilités de Directeur de la Scala (Milan) pour diriger un orphelinat dans sa villa transformée pour l'accueil de ses pensionnaires. le narrateur cherche à comprendre les raisons de ce qui apparaît comme une conversion et qui n'est, en fait, qu'un nouveau masque posé sur une vertu inaccessible. Sur une situation qui aurait pu faire imaginer une hagiographie, l'auteur a élaboré une belle perception de l'âme humaine et de l'un de ses travers couramment inscrit dans la vie quotidienne. Lorsque la vertu est inaccessible, vaut-il mieux adopter le prix d'une rigoureuse discipline dans le travail ou, au contraire, mêler au travail le plaisir dans sa sincérité, adopter le romantisme dans la débauche ? A chacun sa réponse.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Toi, qui as tant d’argent, et qui est seul dans la vie, toi qui n’as personne à qui penser, personne à soigner, toi qui n’as aucun poids, aucun remords, aucune maladie, aucune responsabilité, toi, qui es fort et en bonne santé : si tu es ainsi, c’est seulement parce que tant d’autres ne le sont pas, tant d’autres qui, en souffrant, travaillent pour toi, te permettent de manger, de t’habiller, de dormir et de t’amuser !
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Je me suis toujours méfié (et les faits ne m'ont jamais donné tort) des conversions, de quelque nature qu'elles soient. Je ne crois pas que l'homme, qu'aucun homme au plus profond de lui-même, puisse vraiment changer.
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Le jeune homme éclata en sanglots et commença à se plaindre, comme les Romains de Rome savent le faire quand leurs intérêts sont en danger et que seul "er core" peut encore les sauver.
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Video de Mario Soldati (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mario Soldati
Le corps humain - Paolo Giordano .Le peloton Charlie, envoyé en « mission de paix » en Afghanistan, rassemble des soldats de tous les horizons : Cederna, le fort en gueule, Ietri, son jeune « disciple », la blonde et courageuse Zampieri, Mitrano, le souffre-douleur, ou encore Torsu, à la santé fragile. Encadrés par un colonel vulgaire, un capitaine austère et l?adjudant René, ils vont être confrontés au danger, à l?hostilité, à la chaleur, à l?inconfort, à la rébellion du corps humain et au dés?uvrement à l?intérieur d?une base avancée, bastion fantomatique au milieu du désert. Mais aussi à eux-mêmes : à leurs craintes, leurs démons, leur passé qui les rattrapent. Une épidémie de dysenterie les rapproche du lieutenant Egitto, médecin qui vient de rempiler afin de fuir une histoire de famille douloureuse. Enfin, une opération à l?extérieur de la base, qui se transforme en cauchemar, fait voler en éclats leurs certitudes. Plus qu?un roman de guerre, Le corps humain est un roman d?apprentissage où le conflit armé apparaît comme un rite d?initiation au monde adulte, et la famille comme un champ de bataille tout aussi redoutable. Né en 1982 à Turin, Paolo Giordano est docteur en physique théorique. Il collabore à plusieurs journaux italiens. Son premier roman, La solitude des nombres premiers, a été un best-seller international traduit dans quarante pays et dont Saverio Costanzo a tiré un film en 2010. Nathalie Bauer, docteur en histoire, auteur de romans, a traduit plus de cent ouvrages italiens en français dont des ?uvres de Mario Soldati, Primo Levi, Natalia Ginzburg, Elisabetta Rasy. Traduit de l'italien par Nathalie Bauer Retrouvez toutes les nouveautés de la rentrée littéraire Seuil 2013 : http://www.rentree-seuil.com ... et tout notre catalogue sur : http://www.seuil.com
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