Très dépaysant, ce roman au titre énigmatique nous transporte en Egypte dans la dernière décennie du XIXème siècle. Un pan d'histoire que personnellement je ne connaissais pas du tout.
Et pour cause, je ne pense pas qu'on nous ait beaucoup parlé sur les bancs de l'école de la colonisation de l'Egypte, d'abord sous domination française puis britannique mais relevant de l'empire ottoman et ayant un prince "de paille" à sa tête. Vous dire si c'est d'un compliqué ! Et pourtant l'auteur, Robert Solé, qui maîtrise bien son sujet sans assommer le lecteur de son érudition, parvient à nous intéresser à ce contexte politique complexe et nous faire même vivre la guerre du Soudan qui opposa les madhistes à l'armée britannico-égyptienne.
A travers le regard d'un couple de photographes de la communauté gréco-catholique des Syriens d'Egypte, le lecteur découvre la vie quotidienne des Cairotes et les différentes communautés qui composent alors la société égyptienne. En plus de traiter de l'histoire personnelle de Milo et Doris tout en exposant ce qu'était la photographie à cette époque et son évolution rapide au gré des progrès techniques, Robert Solé nous dépeint avec réalisme et simplicité des scènes officielles et officieuses tantôt édifiantes, tantôt humoristiques.
A défaut de m’être vraiment attachée aux personnages, j'ai été heureuse de me coucher moins bête après la lecture de ce roman, et c'est bien là un des enjeux principaux de la littérature.
Challenge Globe-trotter 2019
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
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Un régal, du début à la fin, et plein de véritables anecdotes, quel caractère cette femme. Ce livre m'a poussé à chercher et lire (fer et feu au Soudan).
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Popinot détourna aussitôt la conversation en évoquant un livre sur l'émancipation de la femme égyptienne qui agitait tous les salons du Caire. Son auteur, un certain Kassem Amin, s'en prenait à la polygamie, à la répudiation et au port du voile. Il s'était attiré immédiatement les foudres des ulémas.
- Enfin, un homme courageux qui ose dénoncer le Moyen Age dans lequel nous nous trouvons ! s'écria Ibrahim. On continue à élever nos soeurs et nos cousines comme on le faisait il y a mille ans. Cloîtrées à la maison, elles passent leur vie étendues sur un sofa, à fumer ou à croquer des friandises. Cette vie stupide n'est pas seulement néfaste à leur santé : elle leur fait perdre toute intelligence.
- A quoi sert-il d'abolir l'esclavage des individus si c'est pour établir celui des nations ?
- Il y a de la beauté dans chaque visage. C'est au photographe de la révéler.
De près, sous le soleil, la pyramide de Khéops était rose et violette. Je fus frappée, une fois de plus, par la majesté des lieux. C'était la troisième ou la quatrième fois que je m'approchais de cette masse gigantesque mais, à chaque fois, le choc était le même.
Payot - Marque Page - Robert Solé - Les méandres du Nil